La vie en sourdine de David Lodge
(Deaf Sentence)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 21 avis)
Cote pondérée : (1 190ème position).
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Une bonne tranche de plaisir
Voilà un roman qui se lit vite et fait plaisir. L’écriture est très agréable, sans un seul moment d’incompréhension ou d’égarement et avec un vocabulaire qui offre parfois le plaisir de découvrir de nouveaux mots.
Présenté par l’éditeur comme le journal intime d’un malentendant, "la vie en sourdine" est cependant clairement un roman mais de source autobiographique.
Les problèmes d'ouïe du narrateur me l'ont rendu très sympathique par l'humour qui s'en dégage et les situations qui m'ont parfois semblé familières.
Dès les premiers chapitres du livre, il apparaît que l'étudiante à la thèse sur les lettres de suicidés sera l'élément majeur du roman et l'on pressent les nombreux problèmes à venir. Cependant, celle-ci n'interviendra qu'en pointillés; tout comme le père de l'auteur.
Mais au final, lorsque l'on constate que le roman se termine assez brutalement sur la mort du père, dans un même souffle, on se dit que c'était donc là l'élément principal et que "la vie en sourdine" n'est peut-être qu'une tranche de vie de David Lodge. Pas forcément la plus belle ni la plus triste, juste un morceau choisi, livré à la façon d'un journal intime, dans son intention et non dans le style littéraire, et reçu avec beaucoup de plaisir.
Comme le dit l'éditeur : "comique, tragique et merveilleusement autobiographique" (même si le tragique reste assez supportable).
Les éditions
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La vie en sourdine [Texte imprimé], roman David Lodge traduit de l'anglais par Maurice et Yvonne Couturier
de Lodge, David Couturier, Yvonne (Traducteur) Couturier, Maurice (Traducteur)
Payot & Rivages
ISBN : 9782743618445 ; 22,00 € ; 28/08/2008 ; 413 p. ; Broché -
de David Lodge
de Lodge, David
Adult Pbs
ISBN : 9780141041049 ; 11,60 € ; 20/05/2009 ; 308 p. ; Broché -
La vie en sourdine [Texte imprimé] David Lodge traduit de l'anglais par Maurice et Yvonne Couturier
de Lodge, David Couturier, Yvonne (Traducteur) Couturier, Maurice (Traducteur)
Payot & Rivages / Rivages poche. Bibliothèque étrangère
ISBN : 9782743628260 ; EUR 9,50 ; 14/05/2014 ; 464 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (20)
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Une merveille de roman
Critique de Andre_garon (, Inscrit le 17 février 2017, 53 ans) - 17 février 2017
Desmond est un éminent professeur de linguistique à la retraite, il est veuf et il s'est remarié avec une femme qui dirige un petit magasin de décoration. Leurs enfants sont adultes mais Desmond s'ennuie chez lui et il devient de plus en plus sourd. David Lodge nous offre un nouveau roman dans le milieu universitaire qu'il aime particulièrement. C'est drôle, cynique, plus personnel aussi, mais tendre.
Les prothèses auditives tombent toujours en panne de piles quand il ne faut pas et Desmond est coupé des conversations et se met dans des situations mal à propos. Ainsi, il se retrouve à aider sans le vouloir une doctorante mythomane et perverse sur sa thèse portant sur les lettres de suicidés.
Troubles de l'âge, situations décalées du couple, naufrage de la vieillesse du père qu'il faut accompagner, c'est un roman touchant et drôle et qui se lit tout seul. .
Une mention spéciale pour la description du week-end à Center Parcs avec un couple d'amis : si vous connaissez cet endroit, le récit est hilarant, car c'est très réaliste ! A souligner aussi les moments tragiques comme la visite d'Auschwitz et l'hospitalisation du père.
Écrit à la première et à la troisième personne, rempli de théories linguistiques auxquelles il faut parfois s'accrocher, je n'ai pas vraiment perçu l'aspect « journal », même si les dates ponctuent le récit, la forme s'effaçant, j'ai vraiment aimé ce roman, cette histoire mêlant les thèmes chers à Lodge avec beaucoup toute la dérision qu'on lui connait.
A ne pas rater.
Une vie d’où sourd le cocasse
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 30 avril 2013
La surdité est comique, écrit-il avec une ironie très british ; c’est sur le ton de l’humour et en pratiquant largement l’autodérision que Lodge nous raconte sa rencontre avec Alex Loom (pourquoi ce nom me fait-il irrésistiblement penser au tableau de Gauguin où l’on voit deux Tahitiennes dont l’une porte un plateau sur lequel semblent reposer ses seins ?, mystère de la linguistique et des associations d’idées) et les péripéties qui s’ensuivent.
Si la surdité est comique, la vieillesse, elle, est tragique. Le vieux papa de Desmond, tout décrépit dans sa petite maison d’un quartier populaire de Londres, en est un constant rappel.
J’ai lu ce livre d’abord pour son thème ; j’ai appris par exemple que Goya était sourd et qu’il existait des chiens de sourd ! Je trouve que Lodge ne met pas assez l’accent sur la frustration extrême que peuvent ressentir les sourds du fait des difficultés qu’ils ont à communiquer mais il faut dire que son héros, à l’instar du professeur Tournesol, est juste un petit peu dur d’oreille. La surdité profonde ou sévère est beaucoup moins comique.
Un autre David Lodge
Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 68 ans) - 24 octobre 2012
Coincé entre sa surdité, un père qui sombre dans la démence, une étudiante à l'opportunisme inquiétant et une épouse qui se réalise, le héros va vivre douloureusement son quotidien. Son journal est la trame de l'oeuvre : angoisse quasi perpétuelle, malgré un certain humour décalé.
J'avoue avoir été ennuyée par certains passages où D Lodge explicite médicalement la surdité ou nous fait un cours de linguistique appliquée ...
Mais, dans l'ensemble, ce livre est fascinant, et je sais que je le relirai : quel meilleur compliment faire à un auteur ?
Derrière les rires
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 septembre 2011
Et puis il y a cette manière habile, pas forcément discrète, avec laquelle l'auteur se met lui-même en scène à travers l'un ou l'autre de ses personnages; on peut aisément ressentir la souffrance ou le bonheur de manière effiace car cela sent un vécu aisément partagé puisque bien connu et donc plus facile à communiquer, dans tout ce que cela peut avoir de complexe.
"La vie en sourdine" ne déroge pas à ces principes et j'ai retrouvé Lodge avec plaisir.
Avec toujours une façon parfois un peu précieuse dans ce qu'elle peut avoir de détaillé et de méprisant à narrer les événements du quotidien et ce qui compose la vie d'autrui; tout cela est très piquant et le format adapté, celui d'un journal, est bien vu.
Au creux de ces lignes pleines de vie se noue au fil des pages une réflexion sur notre propre regard à l'autre, sur l'isolement dont il peut être victime, par maladie ou handicap et sur notre place à tous au sein de ce monde cruel qui nous accueille.
Lodge n'a pas une réponse unique, il a plusieurs solutions, absurdes ou non et au final, après le rire, il y a le questionnement, ce n'est jamais vain.
Les ennuis d'un professeur à la retraite
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 18 juillet 2011
Il émane de ce récit un charme certain bien que parfois, l'histoire du père du narrateur m'ait laissé un arrière-goût amer. Tous les lecteurs qui ont soigné un parent en phase terminale reconnaitront les étapes décrites par monsieur Lodge sur les soins à donner et l'état désespéré du malade. J'ai failli abandonner tellement cela a fait remonter à la surface des souvenirs que je préfèrerais oublier mais cela n'aura pas le même impact sur tout le monde selon leur propre expérience de vie. Heureusement que l'auteur saupoudre son récit d'un zeste d'humour salutaire car cela vient alléger une chronique qui autrement serait bien morne et déprimante.
mi-figue mi-raisin
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 15 juin 2011
Après sa lecture, on ne voit plus les sourds de la même manière, on ne peut qu'être plus compréhensif.
Par contre, il y a beaucoup trop de passages inutiles qui alourdissent le roman.
Comme une impression que l'on doit arriver à un certain nombre de pages avec le risque de laisser dans la mémoire un sentiment d’ennui !
S’adapter au temps qui passe et aux limites de la vie
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 10 juin 2011
C’est le journal qu’il tient le soir qu’on lit. Il montre ainsi ses réticences à assumer son nouvel handicap et à prendre conscience de ses limites même si elles gênent sa vie sociale. En effet, il oublie souvent de remplacer les piles de son appareil auditif, ... ou ne le met pas tout le temps. C’est la difficulté à changer, à accepter la nouveauté qui est pointée du doigt, et d’autant plus qu’il s’aperçoit de l’irréversibilité du phénomène. Il donne aussi un aperçu des relations amoureuses d’un couple vieillissant, avec ses craintes de décevoir l’autre.
La bienveillance des proches qui se moquent gentiment de sa coquetterie et surtout le partage avec ses pairs, avec qui il apprend à lire sur les lèvres, vont l’amener à une vision du monde plus apaisée et satisfaite de la vie.
Le style très descriptif, avec des passages parfois un peu trop explicatifs sur son domaine de prédilection qu’est la linguistique, est toutefois vivant et non dénué d’humour. J’ai passé des moments agréables et parfois souri à la lecture de ce livre, mon premier de cet auteur. J’ai envie d’en lire d’autres.
IF-0611-3736 – ZcLE100611
« La surdité est toujours comique »
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 1 mai 2011
Desmond décide donc d’ouvrir un journal intime le 1° novembre 2006 - qu’il tiendra jusqu’en mars 2007 - pour raconter sa vie, conserver une certaine activité intellectuelle et ne pas trop perdre le contact avec une vie sociale qui se réduit sous les effets conjugués de sa surdité et de sa retraite. Cette narration des banalités de la vie quotidienne et de tous les pièges que celle-ci tend à ceux qui sont affligés du même handicap que lui, n’a rien de très original même si elle lui permet de montrer avec une réelle finesse dans l’observation et dans l’analyse, le drame de la surdité, l’angoisse et les affres de la vieillesse, la rupture sociale imposée par la retraite, le déclin de la sexualité et son influence sur la vie en couple.
Même si le discours sur la surdité est très intéressant, pour le reste, Lodge nous convie à partager ses petites misères qui n’ont rien de bien exceptionnelles et qui ne nous intéressent pas particulièrement. Un livre bavard, bien trop long, comme il semble nécessaire d’en écrire pour prétendre à certains prix littéraires britanniques. Et, il n’a même pas fait l’effort d’un brin de créativité puisqu’il a choisi de raconter sa vie, au moins pour l’essentiel, « La surdité du narrateur et le personnage de son père ont pour origine ma propre expérience », sous la forme la plus simpliste du journal intime.
Pour ma part, j’oublierai beaucoup de choses, surtout cet épisode farfelu avec la jeune et jolie thésarde qui cherche à le manipuler, pour ne conserver que cette angoisse face à la déchéance qu’il ressent de plus en plus, surtout quand il voit son père dans lequel il lit son avenir comme dans un miroir. Et peut-être, aussi, le côté pathétique de son handicap car son ampleur n’est pas appréciée, ni reconnue, par ceux qui n’en sont pas affectés pour qui la surdité ne semble pas être un handicap réel. « La surdité est toujours comique » et elle n’est pas prise au sérieux, ce qui rend encore plus dramatique.
Humour et sensibilité
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 29 avril 2011
Je ne reparlerai pas de ses rencontres avec Alex, jeune fille trouble, ni de son séjour marquant en Pologne.
Je me suis quelquefois ennuyée pendant la lecture de passages sur la linguistique ou pendant les envolées lyriques pour éviter de laisser une parole qu'il ne pourrait pas entendre à son interlocuteur.
Par contre, ce que je retiendrai de ce livre, c'est son humour; des quiproquos drôles sur des compréhensions approximatives ou le morceau d'anthologie sur la comparaison entre cécité et surdité: mais à quoi ressemblerait un chien pour sourd? (Il aura pourtant la réponse à un cours de conversation labiale!)
Je me joindrai à l'auteur pour féliciter les traducteurs: le roman reposant souvent sur des jeux de mots du vocabulaire anglais, des citations ou des poèmes, j'ai trouvé admirable leur travail.
Je retiendrai aussi la sensibilité avec laquelle l'auteur décrit la difficulté de vivre avec ce handicap ou de vivre avec une personne souffrant de surdité.
Le sourd et la thésarde
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 31 mars 2011
Il met ici en scène Fred, ancien professeur de linguistique, personnage qui a encore un pied dans l’université, puisque il est amené à prêter assistance à une thésarde « une groupie , doctoresse, importune et peu scrupuleuse », mais qui est déjà confronté à la vacuité d’une retraite en opposition avec l’hyperactivité de son épouse, aux déficiences de la vieillesse puisqu’il est atteint de surdité, et à l’image de la dégradation physique et psychique que lui présente son propre père.
Le roman nous montre avec un humour constant les problèmes liés à sa surdité, source fréquente de confusions souvent cocasses quand il communique avec autrui et qu’il cherche à masquer par ce qu’il appelle « des prouesses conversationnelles », et à atténuer par des prothèses auditives dont il ne maîtrise pas bien le fonctionnement.
Sa surdité le contraint à se replier sur lui-même et lui permet un regard acéré sur le monde d’aujourd’hui et sur certaines habitudes : un regard plein d’humour et de distance sur le Center Park « un camp de concentration débonnaire » où il passe le réveillon, sur la tradition de réception du Boxing Day, « une épreuve mondaine » - surtout pour un sourd -, sur l’art contemporain, sur la vie universitaire, sur les groupes de thérapie .
Plus on avance dans la lecture, moins l’humour est présent. Il laisse place à la tonalité grave ou tragique. D’abord lors de la visite à Auschwitz, puis lors de la mort de son père, enfin avec les souvenirs de l’aide à mourir apportée à sa première épouse. Si l’humour procède d’un regard décalé sur nos faiblesses, il vient un moment où il est nécessaire de regarder en face certains aspects tragiques de la condition humaine.
Un bon moment de lecture.
David Lodge, égal à lui-même
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 28 mars 2011
J'ai passé un bon moment donc, mais il n'empêche : une fois terminé, le livre ne restera pas longtemps dans ma mémoire, et il me laisse un peu le sentiment désagréable d'avoir perdu mon temps.
Morale : mieux vaut être sourd que mort
Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 4 mars 2011
La tendresse y est très présente et une lucidité teintée de noirceur s'installe au fil du récit pour une réflexion romancée sur la mort.
J'ai passé un agréable moment, mais n'en ressors pas complètement chamboulée. Je n'ai pas ressenti cet empressement à dévorer les pages comme lorsqu'un roman me bouleverse, m'intrigue ou me passionne.
J'ai simplement laissé filer l'histoire. C'était bien. Tout juste bien.
Et pour finir, l'éclairage apporté sur la mort, cette inexorable fin de tout et de nous, ne m'a pas touchée.
La surdité est comique, la mort est tragique
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 17 février 2011
C’est mon premier Lodge alors je ne savais pas trop quoi prendre au sérieux ? D’autant plus que le récit, en progressant, s’apparente aux récents et lucides écrits de Philip Roth portant sur la déchéance du corps.
J’ai lu parfois avec passion et à d’autres moments dans un complet désintérêt marqué par l’exaspération d’une abondance de détails inutiles. Une autofiction intelligente, sympathique, mais inégale.
Un peu foutraque …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 27 janvier 2011
En remerciements, David Loge nous en informe :
« La surdité du narrateur et le personnage de son père ont pour origine ma propre expérience, mais les autres personnages du roman sont de pures fictions, comme l’est la ville anonyme du Nord où se déroule l’essentiel de l’histoire, tout autant que l’université. »
Desmond, professeur de linguistique anglais, à la retraite depuis peu, vit mal celle-ci. Sa femme, à la tête d’une boutique de décoration active, jette une lumière crue sur son inactivité. Il se sent plus ou moins à sa remorque. Et surtout, surtout, Desmond n’entend plus correctement, ce qui l’isole du monde extérieur et peut lui faire commettre quelques impairs. C’est d’ailleurs ainsi que débute le roman, ou « comment répondre oui à des questions qu’on n’a pas comprises peut vous emmener en galère ».
« Il comprend que c’est une question en raison de l’intonation montante et parce que ses yeux bleus s’élargissent légèrement, ses sourcils se froncent, et cela exige évidemment une réponse. « Oui », dit-il, en prenant le risque ; et, comme cela semble lui faire plaisir, il ajoute vaillamment : « Absolument. » Elle pose une autre question à laquelle il répond également par l’affirmative, et alors, à sa grande surprise, elle lui tend la main. Manifestement, elle va quitter la réception. « Ravi de vous avoir rencontrée », déclare-t-il en prenant la main et en la serrant. Elle est fraîche et légèrement moite au toucher. « Comment avez-vous dit que vous vous appeliez – avec tout ce bruit, je n’ai pas très bien saisi. » Elle prononce de nouveau son nom mais en vain : le prénom sonne vaguement comme « Axe », ce qui n’est pas plausible, et le nom de famille est totalement inaudible, mais il ne peut se permettre de lui demander de répéter une nouvelle fois. « Ah, oui », dit-il, hochant la tête, comme s’il était content d’avoir assimilé l’information. « Eh bien, c’était très intéressant de parler avec vous. » »
C’est ainsi que Desmond se retrouve aux prises avec une étudiante américaine en linguistique qui l’a embringué dans la confection de sa thèse et qui est prête à tout, notamment au chantage …
Ceci pourrait constituer la réelle chair du roman mais, bizarrement, on a l’impression que ça n’est qu’un aspect accessoire, la surdité de Desmond et ses efforts pour tenter d’atténuer ce handicap étant l’autre aspect. Ce sujet « bipolaire » m’a un peu gêné, je l’avoue.
Il y a de l’humour dans tout cela –c’est traité à l’anglaise – mais ç’aurait certainement pu être davantage réussi.
Pour réparer des ans…
Critique de Isis (Chaville, Inscrite le 7 novembre 2010, 79 ans) - 21 janvier 2011
Les thèmes abordés sont néanmoins ici beaucoup plus graves.
Il y mène en effet une profonde réflexion sur la vieillesse, la maladie et le handicap ; également au programme, une «excursion» à Auschwitz et Birkenau au cours de laquelle notre héros garde ses oreillettes pour «entendre le silence», un silence troublé seulement par le crissement de ses souliers sur la neige…
Certains passages, notamment celui du réveillon de fin d’année, restent très drôles, à la limite même du burlesque : ainsi, au cours de cette réunion familiale, Desmond Bates croit être tombé en panne de piles pour son appareil auditif… et cela, un «boxing day» ! Mais, bien sûr, comme tous les hommes –c’est lui qui parle !- il n’avait pas su bien chercher dans son tiroir… Son épouse va heureusement mettre la main sur la précieuse munition et le sauve d’une situation bien embarrassante au cours de laquelle il n’avait pas trouvé d’autre solution que celle d’inonder ses interlocuteurs d’un flot de paroles pour dissimuler son embarras.
Au total, un bon moment de lecture même si la prose est nécessairement moins sémillante que dans ses précédents ouvrages.
Un bout de vie ...
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 19 janvier 2011
L'histoire est un morceau de Vie : il n'y a rien d'extraordinaire dans le sens où cette histoire sans but particulier pourrait être celle de n'importe qui. Le début a été assez pénible pour moi, le style a été difficile, lourd et les blocs de phases qui se sont succédés sans retour à la ligne pour prendre ma respiration m'ont épuisé. Cependant, je dois admettre qu' après avoir accepté le style, la lecture a été plus aisée : un temps d'adaptation je suppose... L'humour n'a pas été évident pour moi : il y a des situations qui font sourire mais sans plus.
Alors vous pourriez me dire que a priori, je n'ai pas aimé ? Mais si, il y a des choses qui m'ont plu ou plutôt que j'ai trouvé intéressantes comme la vie d'une personne qui devient sourde (comprendre les difficultés, apprendre que les chiens pour sourds existent, et bien d'autres choses...), la lecture labiale (qui fonctionne réellement je le certifie pour avoir eu une amie ne lisant que sur les lèvres : c'était fantastique !!). J'ai trouvé ce livre assez triste et fataliste mais le gros avantage principal que j'y trouve c'est qu'il me dérange : je m'explique ... Parler des suicides, c'est pas donné à tout le monde, parler de la syntaxe des lettres de suicidés non plus. Et bien David Lodge l'a fait, et bien je trouve. La description du camp d'Auschwitz est vraie, sombre et inspire le respect. C'est lourd en images, en atmosphère mais c'est aussi très bien écrit !
Alors oui, je suis contente d'avoir lu ce livre dans le cadre du prix 2011 de CL car ce n'est pas un livre que j'aurai ouvert toute seule. Alors Merci CL !
Quand dérision rime avec émotion
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 24 décembre 2010
Dès le début, cela commence fort : c'est original, profondément drôle, instructif, ludique, mais émouvant aussi. Professeur Desmond, en linguiste accompli, joue avec les mots comme d'autres jouent avec leur vie ; ceux qui transmettent leurs dernières pensées par l'intermédiaire d'une lettre avant de mettre fin à leur jour, et dont une jeune thésarde recueille scrupuleusement les écrits, histoire que nous suivrons en second plan.
Desmond nous conte donc son quotidien de retraité, mais aussi d'handicapé, avec une franche dérision. Le livre doit être encore plus drôle en anglais comme le suggèrent les traducteurs, car de nombreux jeux de mots et chansons en langue anglaise nous sont communiqués.
Le récit est construit sous forme de journal intime, ce qui n'est pas franchement la forme la plus adaptée je trouve, mais cela ne gâche en rien cette lecture captivante.
La statut de retraité qu'il considère comme léthargique, le détachant peu à peu du "carrousel socioculturel", permet à Desmond d'évoquer de nombreuses choses qui le turlupinent, et ses réflexions sur de nombreux sujets qui ne laisseront personne insensible.
C'est d'abord la relation avec son père qui m'a profondément marquée. Ce vieux père perdu entre solitude et démence, qui vit isolé loin de son fils, sa dernière famille. Et Desmond, partagé entre pitié, culpabilité et lassitude. Qui nous livre ses doutes, sans langue de bois, sans peur du jugement. Il fait des heures de route pour lui rendre visite régulièrement, avec pour seule motivation le devoir plus que l'envie. Et lorsqu'il s'en va, déclare "J'ai levé le bras une dernière fois pour le saluer et suis parti pour la gare le coeur léger mais en me sentant coupable. Une bonne chose de faite."
Et lorsqu'ils se rendent à la cafétéria du coin, comme à chaque fois, "une femme d'âge mûr à une table tout près me sourit d'un air compatissant et, quand nous passons près d'elle, elle dit : "ils peuvent très têtus à cet âge, hein?".
Beaucoup de vérités je pense concernant cette relation particulière parent-enfant lorsque les rôles s'inversent et que l'on réalise que ça n'ira qu'en s'empirant.
Une autre relation me semble dépeinte avec beaucoup de vérité ; celle avec sa seconde épouse, qui, elle, n'est pas encore à la retraite. Tous les deux ont construit un nouveau foyer, rassemblant leur famille respective, ce qui est propice à de nombreuses et comiques querelles. C'est l'occasion pour Desmond de revenir sur son très émouvant passé, mais aussi sur la religion catholique de sa deuxième femme, dont il ne saisit pas très bien la dévotion.
Malgré son statut de retraité, Desmond a la possibilité de continuer un peu sa carrière en tant que chercheur. Prétexte pour nous dévoiler un peu le monde étrange des chercheurs en "sciences douces". Desmond a été toute sa vie professeur de linguistique, métier qui le passionnait. Pour autant, je n'ai toujours pas compris en quoi précisément consistait la linguistique, si ce n'est qu'elle n'a rien à voir avec la phonétique, la grammaire et les langues étrangères!
C'est enfin le thème du handicap, et plus précisément de la surdité, qui est particulièrement développé, et qui nous livre aussi les scènes les plus cocasses. Nous révélant aussi au passage que les appareils auditifs n'ont pas autant évolué que les télévisions, ordinateurs et autres nouvelles technologies au service de la majorité, et sont encore loin d'être parfaits.
Bien loin de s'apitoyer sur son sort, Desmond met en avant la chance qu'il a de ne pas être aveugle, ou se compare aux "sourdingues" célèbres.
Bien d'autres souvenirs, réflexions, aventures vous seront racontés, inutile de trop en révéler, David Lodge le fait à la perfection. Sans oublier son regard critique sur notre société, profondément vrai. Comme par exemple lorsqu'il est outré d'emprunter un livre à la bibliothèque un livre surligné copieusement au fluo bleu, ce qui le fruste pour la journée, et le pousse à vouloir trouver le coupable, à faire intervenir la bibliothécaire etc.. Pour finalement nous avouer : "Bizarrement, il est plus facile de focaliser sa colère et son désespoir sur ces offenses à la raison et à la bienséance relativement triviales que sur les choses plus graves qui menacent la civilisation, comme le terrorisme islamique, Israël et la Palestine, l'Irak, le sida, la crise de l'énergie et le réchauffement climatique, choses qui semblent échapper à tout moyen de contrôle."
Contente de voir que que Lodge est un romancier prolifique après cette lecture qui réunit tous les critères d'un très bon livre.
quel plaisir!
Critique de Clara33 (, Inscrite le 29 septembre 2008, 77 ans) - 13 avril 2010
La surdité de Desmond est au coeur de ce roman. Nous découvrons tous les affres de cet handicap qui prête souvent à sourire, provoquant quiproquos et situations ubuesques. Notre héros accumule les "malentendus" parfois très cocasses lorsque les piles de son appareil auditif tombent en panne." La surdité est toujours comique dit-il". Surtout, elle provoque la perte de bien des petits plaisirs de la vie. Comment écouter la musique ou aller au théâtre lorsque l'on est gêné par une surdité que les meilleurs appareils auditifs peinent à maitriser? Le repli sur soi et la solitude sont au bout du chemin.
David Lodge évoque aussi les relations difficiles entre un fils et son père vieillissant au caractère irrascible.
Il sait nous émouvoir enfin en relatant sa visite au camp d'Auschwitz dans une solitude totale.
Toutes ces situations ont des accents de vérité qui nous touchent. Il y a du vécu dans cette vie de Desmond Bates.
David Lodge a ainsi écrit une chronique douce amère sur la vie d'un jeune retraité, avec un humour irrésistible. C'est toujours drôle et cocasse et le lecteur prend un plaisir jubilatoire à suivre les péripéties de Desmond Bates que l'on quitte à regret comme un vieil ami.
Joli retour !
Critique de Manumanu55 (Bruxelles, Inscrit le 17 février 2005, 45 ans) - 28 juillet 2009
Situations cocasses (surtout dues aux problèmes d’ouïe), tendresse, passé familial, humour anglais,… Et puis les 100 dernières pages m’ont laissé le souffle court, alors qu’on est loin d’être dans un thriller. David Lodge a le don de me faire aimer ses histoires et ses personnages.
Hormis « L’auteur, l’auteur », je pense que je relirai tous ses nombreux romans dans les prochaines années !!!
Condamné au silence
Critique de Missef (, Inscrite le 5 mars 2007, 59 ans) - 5 juillet 2009
Comme dans Therapy, où le personnage principal souffrait d’une douleur inexplicable au genou, Desmond se met à tenter d’analyser son mal, cette incapacité à communiquer avec le reste du monde et à s’en faire comprendre. Ironiquement, c’est un spécialiste du langage qui se retrouve dans l’impossibilité d’user de ce moyen de communication précisément, et qui devra, s’il ne veut pas finir complètement prisonnier du silence, se résoudre à apprendre à lire sur les lèvres. Autre ironie, et l’on oscille entre comique et pathétique, l’appareil auditif de Desmond semble bien peu efficace : ses piles tombent en panne aux pires moments et il ne cesse de l’oublier ou répugne à le porter à cause de l’inconfort qu’il procure et de son inutilité dans certaines situations.
Dans un roman à la fois drôle et émouvant, Lodge nous fait toucher du doigt la douleur provoquée par un handicap souvent moqué (contrairement à la cécité, qui immanquablement attire la sympathie, remarque le personnage), cette condamnation à la solitude qui le guette à plus ou moins long terme, quand il n’entendra plus rien du tout…
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