L'autobiographie de Malcolm X de Alex Haley, Malcolm X

L'autobiographie de Malcolm X de Alex Haley, Malcolm X
( The autobiography of Malcolm X)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Oburoni, le 11 avril 2009 (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
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Malcolm X

1962. Suite à une interview qu'il lui a donnée pour "PlayBoy", un éditeur contacte Alex Haley pour lui proposer d'écrire la biographie de celui qui se considère alors comme étant "le Noir le plus en colère d'Amérique" : Malcolm X.

Pourquoi pas ?

Haley relaye l'idée à Malcolm X. Ce dernier donnera sa réponse après deux jours à peine à y réfléchir : il est d'accord. Les deux hommes se rencontreront donc deux à trois heures par jour pendant plus d'un an. Le résultat sera cette puissante et poignante "Autobiographie".

Et pourtant ! L'écriture fut loin d'en être simple... Malcolm X, même s'il accepte de se dévoiler, ne cache pas sa défiance envers les intellectuels noirs dont Haley fait partie -ces "Oncle Tom" qu'il accuse d'être les toutous des Blancs. Il faudra du temps au journaliste-écrivain pour gagner la confiance du leader. Il est de plus, à cause de ses engagements récents, en pleine période de stress. Persuadé d'être surveillé par le FBI, il est aussi menacé de mort par ses anciens alliés qui n'hésiteront d'ailleurs pas à incendier sa maison puis, finalement, l'assassiner.
On le devine : le livre est écrit dans une ambiance des plus tendues et paranoïaques; et le travail s'en termine de manière brutale.

Si l'assassinat de Malcolm X fut tragique, on se rend compte qu'il termine logiquement une vie faite de haine et de violence.

Du meurtre de son père -pasteur Baptiste membre du mouvement de Marcus Garvey- par la Légion Noire ( un groupuscule raciste et violent proche du Ku Klux Klan ); en passant par son adolescence de délinquant trimballé par les Services Sociaux de familles d'accueil en foyers, de foyers en centre de détention; jusqu'à sa vie de criminel dans le ghetto d'Harlem, New York, où il atterrit alors qu'il a tout juste 17 ans, on commence par suivre le parcours d'un jeune Noir comme il y en a tant d'autres dans l'Amérique d'alors: ignorant, paumé, sans avenir, dont même l'espoir s'est pris au piège d'une société raciste. Pourtant, dans cette vie de loser, un déclic va se produire.

1946. Il est condamné à 10 ans de prison pour cambriolages... et la prison va le transformer : il y découvre l'Islam.

Attention ! L'Islam en question est loin d'être modéré. Contesté même par les musulmans du Moyen-Orient, il adhère en fait à une secte de fanatiques, la Nation de l'Islam, menée par un illuminé, Elijah Muhammad, dont l'idéologie religieuse est fortement imprégnée de racisme anti-Blancs.
Pour ces Musulmans Noirs les Blancs ne sont en effet ni plus ni moins que des diables à visages humains, et pour s'en défendre ils prêchent un genre de ségrégation raciale où les deux races vivraient fermement à part.

Lorsqu'il est libéré sur parole en 1952, Malcolm X (en prison il a renié son nom de famille, Little, car il lui venait du passé d'esclave de sa famille) voyagera à travers le pays, fondant des mosquées, prêchant le message d'Elijah Muhammad, vomissant sa haine des Blancs. Ses succès, son charisme, en font vite le numéro deux de la secte; et lorsque celle-ci est en plein essor, inquiétant autant les Blancs que les Noirs adeptes de l'intégration, c'est tout naturellement qu'il devient une célébrité que les médias s'arrachent.

L'homme est à la fois populaire et haï, il fait scandale, divise, devient une figure Noire avec laquelle il faut compter à l'heure où les Afro-américains sont en pleine lutte pour les droits civiques.

Raciste, accusé d'être un prêcheur de haine, son pèlerinage à La Mecque en 1964 va pourtant, encore, le changer. Un autre déclic bouleversant, en sens inverse cette fois.

Il va en effet, suite à ce pèlerinage, devenir un autre homme. Il rejette la violence, abandonne sa prose raciste et, suite logique, commence à prendre ses distances avec la Nation de l'Islam et son leader; avec qui les rapports commençaient de toutes façons à se fissurer. Seulement voilà : on ne quitte pas un tel mouvement aussi facilement et, après une intense période de menaces et de tensions au cours de laquelle Malcolm X tente de se reconstruire, créant même son propre mouvement (L'Organisation pour l'Unité Afro-américaine) des membres de la secte finiront par l'assassiner lors d'un meeting en 1965.

On referme un tel livre avec un goût de gâchis dans la bouche. L'homme, doté d'un tel charisme, d'une telle expérience de vie, s'est dépensé dans la haine et la violence... pour rien. On se dit que son talent aurait pu servir une grande cause car, finalement, il avait compris -même tard- et puis... "Malcolm X est mort de ce qu'il prêchait" diront certains; oui, mais l'homme était en passe de changer... Qui peut dire ce qu'il serait devenu ?

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Les éditions

  • L'autobiographie de Malcolm X [Texte imprimé] Malcolm X et Alex Haley trad. de l'américain par Anne Guérin introd. de Daniel Guérin
    de X, Malcolm Guérin, Daniel (Préfacier) Haley, Alex (Collaborateur) Guérin, Anne (Traducteur)
    Pocket / Presses pocket (Paris).
    ISBN : 9782266056335 ; 55,00 € ; 01/01/1993 ; 328 p. ; Poche
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"Je fais partie des 22 millions de Noirs victimes de l'américanisme..."

9 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 8 octobre 2014

Prière pour le loup dans la bergerie, cette autobiographie concerne bien plus de champs que l'on croit d'abord, et en particulier le capitalisme sauvage sinon ce matérialisme éhonté; qui fait de notre société ce qu'elle est avant tout...

Malcom X dit juste ce qu'il pense en tant que Noir, et même si il a été qualifié de fasciste ou de radical illuminé par ces nombreuses vipères et mauvaises langues; son monde ne peut que séduire quand il nous raconte son histoire de trafiqueur du ghetto jusqu'à celle de l'objecteur de conscience qu'il était devenu - sitôt ce métier de vendeur de meubles de banlieue heureusement, bien vite, achevé. Malcom X, né à Harlem puis ensuite assassiné à Harlem, est dans le détail précis et embêtant de la vie quotidienne; il énonce franchement toutes ses opinions, chacun devant demander plus et ne rien laisser à ces porcs de la ploutocratie qui nous gouvernent. Et ces miettes qu'ils nous jettent de faire leur tombeau.

D'autre part et sans même parler de tous ces bâtons dans les roues que des minus lui ont mis , son récit fait plus que tirer sur cette vision dégénérée de l'homme Noir, vu à peu de choses près comme un jouet par un certain milieu qui croit voir la réalité telle qu'elle est ! Il faut bien souligner le fait qu'il soit junkie ou prêcheur, Malcom X réalise toujours les choses à fond et à leur terme. D'ailleurs ce ne sont pas les références qui manquent pour qui découvrira son récit, enfin, comme il le dit lui-même, Malcom X préférera toujours ce bon vieux raciste du Sud à cet hypocrite et très fourbe renard du Nord...

Parceque Malcom X est quant à lui du coté de l'espoir et non de l'acquis, comme tant d'autres de ces leaders vendus aux mass-médias.

On constate donc qu'il n'est en rien dans la posture et qu'il démontre en parlant de la vie quotidienne que chacun de nos actes compte, avant toute croyance.

J'apporterais juste un bémol quant à la fin du livre et à sa vision finale de la Nation de l'Islam (groupe d'ailleurs responsable de son assassinat) , l'islamisme étant une religion à proscrire de toute urgence ainsi que, de toute façon, n'importe quel dogme intégriste - et simplement mensonger.

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  Plus édité..dommage! 3 LIZ78 28 juillet 2011 @ 21:32

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