Vers chez les blancs de Philippe Djian
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un écrivain fatigué
Les écrivains qui n'ont plus rien à dire parlent de leur statut d'écrivain asséché. Même Irving est tombé dedans ! On fait de la métalittérature faute de mieux, en quelque sorte.
Djian a eu son heure de gloire avec « 37°2 le matin » qui est devenu un film célèbre.
Il nous fait ici le portrait d'un écrivain qui aurait eu son heure de gloire aussi et qui en serait bien loin. Un écrivain qui, devenu impuissant de la littérature, compenserait par son activité sexuelle. Ce qui nous donne un récit désabusé et cochon, pierre que Djian élève à son tour sur le monument de la littérature pornographique (« (…) chacune de mes giclées menace de lui ressortir par les narines », écrit-il par exemple.). Il remplit (aussi…) des pages qui, bien souvent, sont de très conscientes caricatures de ce genre littéraire. C’est un peu comme s'il nous disait : « Je pisse de la copie rigolote comme je veux. Et je peux même vous prouver qu'un pro de l'écriture peut faire aussi du mauvais porno ».
Et il le prouve.
N’empêche que ça se laisse lire. C'est habile, enlevé, parfois amusant, toujours facile. Une phrase que je retiens (mais que faisait-elle dans ce contexte ?) et qui évoque le Canada : « Dans ce pays, le ciel était si immense que le jour devait se lever avec peine ». C'est mignon, non ? Et ce qui est amusant, c’est que j’ai eu la même impression là-bas : les ciels sont plus grands que chez nous. Un passionné de planeur m’a donné l’explication : les conditions climatiques moyennes en Amérique du Nord sont telles que la couche nuageuse est la plupart du temps plus haute qu'en Europe, d’où cette impression de majesté.
Je sais, cela n'a plus grand chose à voir avec le bouquin. Mais Djian fait ça tout le temps, alors, c'était pour vous montrer.
Les éditions
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Vers chez les blancs [Texte imprimé] Philippe Djian
de Djian, Philippe
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070419449 ; 9,70 € ; 31/10/2001 ; 447 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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N'est pas Bukowski qui veut
Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 51 ans) - 7 janvier 2011
Je le dis tout de suite je n'ai pas pu dépasser la page 54, la cause certainement à tous ces bons bouquins qui me restent à lire. Comme je n'ai pas vu de différence entre la page 1 et la page 54, je m'arrête donc là.
L'écriture est très correcte, ça coule sans obstacle, son problème c'est qu'elle n'a rien à raconter d'intéressant.
Pornographie, quand tu nous tiens ...
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 5 janvier 2007
De la difficulté d’écrire du sexe, du porno, commente Francis à propos de Patrick qui apparemment y excelle.
- Il est doué pour écrire les scènes de cul, c’est assez rare …
- Oui, je dois avouer qu’il me sidère. Il ne se rend même pas compte à quel point il est bon dans ce domaine … En général, c’est un sujet que tout le monde évite et les quelques-uns qui veulent s’y risquer se cassent la gueule. C’est comme avec une voiture de course : les trouillards freinent avant le virage et les gros bras foncent droit dans le mur. Moi, il y a plus de vingt ans que j’essaye … Alors, croyez-moi, quand il y en a un qui sort du lot, je sais le reconnaître. Et un écrivain qui a ce don a tous les autres. »
Du coup Djian nous en met quelques couches, ou pour nous prouver que c’est vain, ou pour nous montrer qu’il peut faire. Résultat des courses : c’est vain. Un peu comme un film porno où la variété des plans reste relativement réduite !
Ca reste Djian avec un style plaisant mais le fond attache un peu ! Dommage !
Nos protagonistes finiront plutôt rincés de la tête avec drame à la clef mais on a bien l’impression plutôt qu’il ne s’agissait pour Djian que d’écrire un porno.
Le meilleur Djian
Critique de Bertrand (, Inscrit le 22 mai 2004, 51 ans) - 22 mai 2004
Sur le plan de style, déjà. Depuis des années Djian le clame (et dans Ardoise, il en remet une couche) : les meilleurs écrivains sont ceux qui réussissent à décrire convenablement une scène de cul. C'est un des thèmes principaux de ce livre, et pourquoi pas. La sexualité, puis la pornographie, sont des questions essentielles, Djian tente d'y aaporter des éléments de réponse, et rien que pour ça, merci. Son héros est un écrivain déchu, fasciné par un auteur plus jeune et déjà génial qui plante magnifiquement les descriptions sexuelles. Et tout au long du roman, Djian à son tour s'y essaie, de plus en plus loin, de plus en plus fou, et de plus en plus épuré. On est face à une mise en abîme exemplaire : l'écrivain fasciné par les scènes de sexe et qui décrit un écrivain fasciné par les scènes de sexe... Ces fameuses descriptions ne sont autres qu'un jeu subtil entre l'auteur et son alter-ego romanesque. C'est très fort.
Sur le fond, Djian propose une réflexion sur l'art du roman, qui devient vite vertigineuse. Prenons l'exemple de l'épisode avec Madonna. Au-delà du gag, il y a un auteur qui dépasse son propre roman pour nous en expliquer la formule, l'alchimie, la démonstration par les faits. Cet épisode pose une question simple, écho parfaitement calibré avec le thème du roman lui-même : qu'est-ce qu'un roman, sinon un jeu de faux-semblants entre les lecteurs et une certaine vérité ? Un roman, c'est cela, pour Djian : une histoire qui balade le lecteur vers un fantasme, une illusion géniale, euphorique, mais une illusion. Et c'est ce qui en fait toute sa force. A ma connaissance, personne ne l'a exposé de façon plus frappante.
Donc, je relis mon titre et je me tape sur l'épaule : un chef-d'oeuvre, ce roman. Et tellement plus qu'un simple roman. Le meilleur Djian.
N'est pas Miller qui veut
Critique de CCRIDER (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans) - 13 janvier 2004
UN MONDE D'ILLUSIONS
Critique de Teacher (Pulnoy, Inscrit le 4 juillet 2002, 58 ans) - 6 juillet 2002
La première page du roman nous expose le prétexte au déchainement des scènes pornographiques: la femme et les enfants du narrateur sont morts dans un accident d'avion. Il les aimait. Maintenant il est seul. Et bientôt, l'appel du sexe est là. Comment ne pas trahir la mémoire et l'amour de sa femme tout en s'adonnant au sexe? Alors, l'auteur de roman pornographique Djian déploie un stratagème: le narrateur croit que sa femme vit encore et qu'elle le pousse dans les bras des autres femmes. Et voilà: on peut passer aux choses sérieuses: place au cul. Pour un porno, c'est déjà une belle histoire. Et question cul, on est servi: tous les ingrédients du porno sont là.. Mais contrairement au porno classique, l'intrigue n'est pas là pour amener les scènes de cul mais ce sont les scènes de cul qui font progresser le récit, le propos du roman. La pornographie en est le thème et non le but. Elle lui permet de parler des deux thèmes fondamentaux de la littérature: le sexe et l'amour, de la façon singulière qu'ont les hommes et les femmes d'appréhender ces deux éléments. De plus, le narrateur semble vouloir réhabiliter le sexe dans la littérature: oui, le sexe est créatif, jouissif, ludique. Fort de l'acceptation posthume par sa femme de l'idée que,
pour l'homme, le sexe et l'amour sont deux choses bien différentes tout semble résolu pour lui. Pourtant , c'est sa femme morte qui accepte cette situation mais pas Nicole, la femme avec laquelle il s'adonne aux jeux les plus pervers. Celle ci devient amoureuse. Le sexe pour le sexe crée des jalousies (et ce , malgré l'absence de sentiments).. Donc cet équilibre apparemment trouvé fondé sur le sexe pour le sexe avec acceptation de l'épouse n'est qu'illusion.
Ce n'est pas pour rien si Francis, le narrateur est un écrivain et si le roman se passe dans le monde littéraire, mileu superficiel où l'argent et l'illusion règnent. Tout n'est qu'illusion: le talent, le succès, la réussite. Patrick, l'auteur à succès du moment est victime (tout en en bénéficiant) de cette illusion. On fait tout pour lui faire croire qu'il est un dieu. Patrick subit toutes ces illusions et est déphasé. L'argent le pourrit, il n'écrit plus, il a des problèmes de couple. Quant au narrateur, il vit lui aussi dans l'illusion: l'illusion que sa femme décédée vit encore avec lui, l'illusion que sa femme est l'amour éternel et que par amour elle l'autorise à se vautrer dans la débauche. Il est même paranoïaque. Pourtant, il est finalement moins déphasé que Patrick. En effet, ses illusions à lui, il ne les subit pas mais il les crée, il agit. Il veut garder ses propres illusions tout en s'accomodant avec la réalité. Mais contrairement aux illusions de Patrick , ses illusions à lui sont fondamentales.
Djian dévoile toutes les illusions. La seule certitude , c'est la difficulté à être, vivre, se trouver. On doit jongler avec tous les instants de bonheur, avoir recours aux artifices (sexe, sentiments, algues ) tout en sachant que ce ne sont que des artifices et des illusions. La littérature participe à cela : montrer la superficialité de certaines illusions et créer les illusions fondamentales.
Et alors Pendragon ?...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 11 décembre 2001
Sacré Philippe !
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 11 décembre 2001
Mmmouais...
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 11 décembre 2001
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