Une vie à coucher dehors de Sylvain Tesson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Destins et histoires inattendus
Une quinzaine de nouvelles où il est question de destin, d'histoires de vies qui se répètent, d'absurdité, de machisme (thème cher à Sylvain Tesson qui en a déjà parlé dans "l'immensité...").
Tesson sait nous embarquer dans ses histoires grâce à une narration riche et fluide. Son vocabulaire y est juste, précis, qu'il parle de botanique, d'histoire, de minéraux, de géographie (son domaine de prédilection)... Il a le sens de la nouvelle, de l'intrigue courte avec une fin bien sentie, souvent inattendue quelquefois dans une belle volte-face.
Grand voyageur, il nous balade dans les coins les plus divers du monde, en Géorgie, en Ecosse, en Afghanistan...et où qu'il soit, il se montre féroce avec la religion, les hommes qui oppriment, la connerie humaine.
Il n'y a que la dernière nouvelle qui ne m'a pas convaincue. Même si elle se passe en Bretagne...
Un très bon moment de lecture.
Les éditions
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Une vie à coucher dehors [Texte imprimé], nouvelles Sylvain Tesson
de Tesson, Sylvain
Gallimard
ISBN : 9782070124664 ; 18,00 € ; 12/03/2009 ; 196 p. ; Broché -
Une vie à coucher dehors [Texte imprimé] Sylvain Tesson
de Tesson, Sylvain
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070437917 ; 6,90 € ; 14/10/2010 ; 208 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (10)
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un malheur est vite arrivé
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 3 mars 2022
Les nouvelles aussi....
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 12 janvier 2020
Ce recueil de nouvelles le fait tout aussi bien.
C'est certes parfois inégal mais quel recueil de nouvelles ne l'est pas !
Celui-ci est l'occasion de partir et de découvrir différents lieux et héros.
Les romans de S. TESSON sont bien , ses nouvelles aussi…
Délicieux !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 25 juillet 2019
Il nous emmène un peu partout dans le monde : en Géorgie, en Afghanistan, en Sibérie, en Grèce, en Bretagne, en Mer Egée, …
Pointons tout particulièrement :
« L’Ours » : le long périple d’un homme solitaire en Sibérie qui sera confronté à un ours dont la patte s’était prise dans un piège. Notre tueur va recevoir une sacrée raclée.
« Le rêve de Jenny » : une jeune fille tombe à l’eau dans la mer Egée …
« Naufrage » : En 300 avant J.C., une horde de barbares fonce vers la Mer Egée …
« La chance » : une femme sauvée de la noyade par une tortue ; un équipage sauvé d’un tremblement de terre par des dauphins.
« Particule » : la vie très tumultueuse d’une particule.
« Le Phare » : la nuit de Noël d’un gardien de phare russe et un autre breton.
Tout cela est délicieux à souhait !
Extraits :
* Edolfius devenait mauvais. La Géorgie était une veille catin affalée au piémont du Caucase. Elle s’était livrée à tous. Les Turcs, les Russes, même les Grecs étaient venus ici, s’infiltrant par d’étroits défilés.
* - Les musulmans, dit Anglade, ne connaissent que la loi du Ciel. Dieu décide, l’Homme exécute. Mais l’Islam ne pourra s’opposer à la marche du temps. Le Progrès le laminera.
- Vous plaisantez, dit Farnèse. Il y a les femmes ! La charia ne reculera jamais à cause d’elles ! Les musulmans disposent d’un formidable système de prestation, mieux rodé que n’importe quelle entreprise capitalistique. Une moitié du genre humain a mis l’autre à son service. Les hommes ont institué une sorte d’esclavage, le service du sexe en plus. Ils ne lâcheront jamais le privilège de disposer d’un prolétariat corvéable à merci.
* Ils étaient venus à bout du premier litre. La vodka ne fait jamais de mal lorsqu’on la boit à deux. Le principe du toast a été inventé par les Russes pour se passer de la psychanalyse. Au premier verre, on se met en train ; au second, on parle sincèrement ; au troisième, on vide son sac et, ensuite, on montre l’envers de son âme, on ouvre la bonde de son cœur et tout – rancœurs enfouies, secrets fossilisés et grandeurs contenues – finit par se dissoudre ou se révéler dans le bain éthylique.
Inégal
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 24 septembre 2015
Car telle est la démarche de Sylvain Tesson : plutôt que de privilégier le style, il préfère raconter avant tout des histoires, des contes, pour essayer d’éclairer la conscience du lecteur, qui parfois, manque de recul sur la vie, sur l’autre. Malgré l’idéalisation de l’étranger, de l’ailleurs que nous vendent les média et les agences de voyages, cet ailleurs ne rime pas forcément avec meilleur. Par exemple, on brime les femmes en pays musulman, et même si parfois ces dernières n’ont pas toute la place qu’elles méritent dans nos sociétés « civilisées », ces sociétés peuvent se targuer de donner les mêmes droits aux plus faibles… la modernité fait des ravages partout, comme en Angleterre, quand on découvre qu’un éleveur de porc vit très mal son métier, réduit à n’être que le pourvoyeur de viande des consommateurs avides.
De belles perles donc, l’asphalte est la meilleure d’entre elles, avec des messages assez pessimistes pour la plupart… on ne se prend pas beaucoup à espérer chez Sylvain Tesson, mais en même temps, notre temps ne nous incite pas vraiment à l’optimisme…
Nouvelles variées et très divertissantes
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 21 mai 2012
Les nouvelles sont variées et très divertissantes. Certaines m’ont plu plus que d’autres. Je pense à celle intitulée « L’asphalte » et aussi « La statuette » de même que « La particule » et « Le phare ». Ce sont mes préférées. Monsieur Tesson possède une belle imagination et ses textes sont fort agréables à lire. Son style me plaît au plus haut point. J’aime le lire, il cumule des qualités qui sont pour moi importantes chez un écrivain : la sincérité, le souci de l’environnement, la franche camaraderie, l'amour de la nature sauvage et une sensibilité profonde envers le destin du genre humain. Son talent de raconteur et sa grande érudition ne peuvent que déboucher sur des textes savoureux où l’être humain affronte les éléments naturels avec ses faibles moyens et où la force et la grandeur de la nature acquièrent une dimension démesurée en comparaison de la faiblesse de l’humain qui se débat pour sa survie et bien souvent, perd la partie face aux éléments déchainés.
Un homme qui ne me laisse pas indifférente et dont les livres ne m’ont pas encore déçue bien au contraire. Il y a quelque chose chez lui qui m’attire et m’envoûte. Je ne donne pas la note parfaite car quelques nouvelles m'ont parues plus faibles, avec une fin prévisible.
« La lumière pénétrait obliquement dans les futaies. Un rayon traversait parfois les branchages et venait toucher un tronc ou éclairer un carré de glace. Partout des traces de lièvres, d’hermines et de renards entremêlaient des chapelets dans la poudreuse et racontaient le roman de la nuit précédente. L’air piquait le fond du nez et si l’on inspirait trop fort les lames du froid lacéraient les muqueuses. Le mieux était de respirer à travers la laine des écharpes. Le froid coupe l’inspiration. »
« Les moutons étaient posés dans les champs comme des œufs durs sur la mâche. Le crachin recouvrait leur suint d’une pellicule argent. »
Nuit blanche avec...Sylvain Tesson!
Critique de Hirondelle. (, Inscrite le 24 avril 2012, 62 ans) - 25 avril 2012
J'ai encore passé la nuit avec... Sylvain Tesson ! Bon, n'exagérons pas: disons plus exactement que j'ai partagé le sort de ses personnages, dans un recueil de 15 Nouvelles haletantes."Une vie à coucher dehors".
Une fois encore, Sylvain Tesson nous envoûte et nous laisse K-O.
J'en frissonne encore. On passe du brûlant au glacial, comme quand on a la fièvre. Mais on n'abandonne pas pour autant.
De Valparaiso à Vladivostok, en passant, entre autres, par l'Ecosse, la Géorgie, le Népal, en mer, ou sur une île abandonnée du Pacifique, on est trimbalé aux côtés de victimes désignées par un doigt aveugle et implacable: une impression d' "Ausweglosigkeit" nous étreint :pas d'échappatoire possible!
La mort, tapie, renifle patiemment sa future proie, qui ne sait encore rien de ce qui la guette. ce n'est pas terrifiant... C'est palpitant...
On est de suite dans l'ambiance avec "Asphalte" ,la première Nouvelle. Le tragique nous empoigne. On attaque la suivante. Et puis une autre encore.
Parfois, on se prend à espérer, on respire, on pense, "ouf"...Il ne reste plus qu'une dizaine de lignes.. Et bang! En un bref épilogue, ou en une seule ligne, on se prend un coup de bambou sur la nuque.
J'ai particulièrement aimé "L' île",, "La chance", "La Fille".
Comme toujours, S. Tesson ne lésine pas pour nous embarquer dans son monde. On a l'impression qu'il connaît tout sur tout; rien ne lui semble étranger: la géographie, la météo, la navigation, l'Histoire...
Son style est acéré.
Son écriture est belle: ses métaphores sont somptueuses. "Le sapin" en est un bel exemple. (Dans ce récit, on est complètement mené par le bout du nez)...
L'épilogue du "Lac", nouvelle qui nous enserre dans l'étau glacial de la Sibérie est "gratiné" aussi !!!
Et ce qu'il connaît par dessus tout, c'est l'âme humaine: ses désirs, ses rêves, et ses désillusions. Des marins aux bûcherons, en passant par une "Top- Modèle" ou un juge obsédé par la vérité, (la Nouvelle la moins tragique!), jusqu'au naufragé qui préfère crever abandonné sur son île plutôt que de regagner notre "pauvre "monde, on est phagocyté par le destin de ces anti- héros ordinaires...
Alors, la dernière ligne avalée, (avec une once d'espoir malgré tout?), on se claquemure sous sa couette, bien comme dans un igloo, parce que, cette nuit, la neige a déposé une légère pellicule sur la ville.
Vraiment pas une nuit à coucher dehors !
Répétitif
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 3 avril 2012
Malgré tout, j’ai beaucoup apprécié certaines d’entre elles, et en particulier Le bug, où toutes les femmes du monde se rebellent le même jour contre l’oppression silencieuse qu’elles subissent jour après jour. Je ne résiste pas non plus à l’envie de vous citer quelques phrases du Phare, nouvelle qui clôt ce recueil :
« La vodka ne fait jamais de mal quand on la boit à deux. Le principe du toast a été inventé par les Russes pour se passer de la psychanalyse. Au premier verre, on se met en train; au second on parle sincèrement; au troisième on vide son sac, et, ensuite, on montre l’envers de son âme, on ouvre la bonde de son coeur, et tout – rancoeurs enfouies, secrets fossilisés et grandeurs contenues – finit par se dissoudre ou se révéler dans le bain éthylique. »
Savoureux, non ?
Noirceur, ironie, chutes brutales sont au rendez-vous de ces petites histoires acides et cruelles. Dommage qu’elles ne soient pas toutes marquantes – je pense en avoir déjà effacé certaines de mon esprit au moment où j’écris ce billet – car l’ensemble ne me donne guère envie de découvrir plus avant Sylvain Tesson.
des nouvelles noires mais quel délice !
Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 24 février 2011
Cette réédition dans une collection accessible est une bonne initiative.
Si vous recherchez des nouvelles qui finissent bien, passez votre chemin et vite.
Si par contre vous souhaitez faire un voyage extraordinaire à la rencontre de destins souvent tragiques et jamais banals, cette œuvre vous « ravira »
Ces histoires parfois bien « noires » ne vous empêcheront pas de sourire, bien au contraire.
Après une nouvelle où la chute est pleine d'humour, l'auteur nous plonge sans transition dans le monde moderne, si inhumain....
Les interrogations sur l'avenir de l'humanité nous entraînent dans les élevages industriels de porcs
Ces pauvres bêtes ne voient le jour qu'au moment où les camions les emportent pour l'abattage final . L'éleveur, désespéré n'arrive même pas à croiser le regard des animaux... quand en plus son propre fils n'ose pas avouer être fils d'un« agriculteur » industriel, rien ne va plus pour lui comme pour nous...Vive le retour à la terre, à bas les antibiotiques et les stalles concentrationnaires …. !
Les femmes, martyrisées, considérées comme des objets de plaisirs et de reproduction n'acceptent pas leur condition...Elles se révolteront là bas dans le pays où règne l'obscurantisme religieux mais aussi ici dans l'occident où le machisme ambiant reste présent.
« les historiens ne purent jamais se mettre d'accord sur la cause de ces événements. Personne ne sait ce qui se passa. L'effondrement fut si soudain qu'il balaya toute explication. Les décombres ensevelirent les témoins. Des mauvais vents emportèrent les souvenirs. »
Cette série de nouvelles marque le lecteur et participe à notre réflexion commune : comment changer ce monde qui tourne si mal ?!
Jean-François Chalot
Quinze nouvelles cruelles
Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans) - 16 septembre 2010
Au total quinze nouvelles plutôt cruelles pour ne pas dire désespérées proposées dans cet ouvrage par Sylvain Tesson, écrivain voyageur surtout connu pour ses récits d'explorations à pied, à cheval ou à vélo. Une sorte de dernier aventurier bien sympathique. Toutes sortes de pays mais surtout la mer et les régions sauvages ou désertiques servent de cadre à ces histoires qui ont toutes en commun un grand désenchantement pour ne pas dire un pessimisme absolu. Presque toutes se terminent mal. Crimes, assassinats ou accidents mortels y abondent. La sottise humaine est partout. Les hommes sont souvent alcooliques ou machos. Les femmes les subissent ou se rebellent (« Le bug »). Les intrigues sont intéressantes, les chutes soignées allant même jusqu'au double rebondissement voire à la dérive fantastique (« La crique »). Certaines nouvelles sont plus faibles que d'autres (« Le phare »), mais l'ensemble est de bonne tenue. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ce livre a obtenu le Prix Goncourt 2009 des nouvelles.
A l'encre de l'aventure
Critique de Callista (, Inscrite le 15 juillet 2009, 49 ans) - 15 juillet 2009
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