Pays perdu de Pierre Jourde
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Pas de doute
Pierre Jourde, certains devaient l'attendre au tournant de ces rudes lacets ! Plus vindicatifs, plus à vif encore, mais plus sournois aussi que ces quelques personnes qui, se considérant mal évoquées - à tort, vraiment - dans Pays Perdu, s'en sont pris physiquement à l'auteur.
Je veux parler de tout ceux, journalistes, éditeurs, scribouilleurs que "La littérature sans estomac" avait épinglés ! A raison, cette fois !
Parce que, voilà, c'est bien dommage pour eux, mais il faut le reconnaitre: Pierre Jourde est un authentique écrivain.
Dans "Pays perdu", Pierre Jourde fouille sans concession, et avec un talent, une sincérité évidents, un stylet qui ne se ménage pas, développe parfois avec acharnement, ne lâche prise qu'après avoir épuisé le sujet, les tréfonds sombre d'une humanité qui se délite à l'écart de presque toute socialité. Et c'est terriblement convaincant.
Les éditions
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Pays perdu [Texte imprimé] Pierre Jourde
de Jourde, Pierre
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266143783 ; 7,35 € ; 11/02/2004 ; 166 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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La bouse de vache comme une oeuvre d'art !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 31 octobre 2020
"Pays perdu" est publié en 2003 aux éditions L'Esprit des péninsules et crée la polémique.
Un village au bout du monde quelque part dans le Cantal, le pays des volcans.
"On est loin de tout, un cul-de-sac... " Une petite Mongolie inhabitée.
La narrateur revient au pays avec son frère pour toucher l'héritage du cousin Joseph.
2 citadins qui vont prendre une énorme claque à la vue du dépérissement du village et de ses habitants.
Ils arrivent pendant la cérémonie des funérailles de la jeune Lucie. Une cérémonie très codifiée qui exacerbe la "ruralité" dans son pourrissement, son extrême solitude, ses moeurs d'un autre âge et son inexorable dépérissement.
Une population âgée, des hommes souvent célibataires, rudes, chaleureux et violents.
"Des morts, des morts timides et chuchotants, venus d'un autre temps, maintenus dans le nôtre par aberration ou par magie. Le savaient-ils ? "
Marie-Hélène Lafon était -jusqu'à aujourd'hui- ma référence en matière de romans sur la ruralité.
Je viens de prendre une gigantesque claque à la lecture de ce bijou littéraire.
Des chapitres aussi sublimes les uns que les autres.
Ecrire juste en décrivant "la merde", l'alcool dévastateur, la violence animale, la brutalité irréfléchie de forces de la nature solitaires.
De la très grande littérature, un style incroyable, un vocabulaire rare et une force d'évocation unique.
Un roman qui ne peut laisser indifférent par sa singularité.
Chapeau bas Mr Jourde !
Un moment d'égarement
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 1 mai 2014
Plusieurs fois il faut se redire que tout ça se passe ici et maintenant, que dans les petits villages reculés la vie est une autre vie, faite de traditions, de ruralité, de ripailles en communauté dont on ne sort que titubant.
A la fin, le narrateur et son frère reprennent la route, ferment la parenthèse et s'en retournent dans la "vraie vie".
Mais, au fait, quelle est la vraie?
La vérité nue, simplement: sans complaisance, ni malveillance
Critique de Provisette1 (, Inscrite le 7 mai 2013, 12 ans) - 8 décembre 2013
Je partage l’intégralité des propos de Bebmadrid dans sa critique: juste et pertinente.
Car, oui, si l'auteur nous évoque avec un immense talent et la distanciation nécessaire ce monde rural où se mêlent "des temps différents", ce monde où "rares sont les maisons où l'alcool n'a pas ses victimes, ses esclaves... où "l'alcool est entré dans le sang", un monde "à l’espèce répandue des vieux célibataires", un monde où même mourir devient un problème, un monde, hélas!, si réel dans la campagne dite "profonde", il met, en conséquence, à nu des réalités humaines qu'il n'ignore pas depuis l'enfance, les ayant connues au plus près, des vérités qui ont, sans nul doute, blessé chacun des villageois décrits dans ce "Pays perdu".
En qualité de lectrice mais ayant vécu de nombreux mois dans un de ces "pays perdus"- abandonnés, sans conteste, pour moi- j'ai, donc, lu ce livre en tant qu'oeuvre littéraire mais, dans le même temps, en tant que chronique sociologique d'un monde ignoré d'une immense majorité.
Pierre Jourde est un écrivain rare, un écrivain qui sublime même la mort.
Un livre marquant. Précieux.
Une réalité crue
Critique de Bebmadrid (Palma de Mallorca, Inscrit le 29 novembre 2007, 45 ans) - 26 décembre 2011
Effectivement, on peut reconnaître qu'il n'y va pas de main morte avec le village et ses habitants: l'alcoolisme, les rivalités entre familles, l'odeur de merde (trois pages consacrées aux différents types de fiente!), etc...
Mais en même temps, on ne trouve aucune agressivité dans le livre. Jourde n'est pas insultant, il se limite à nous offrir une description crue et réaliste de ce petit hameau profondément enfoui dans la nature.
J'ai été séduit par ce roman, l'écriture est superbe et le vocabulaire est d'une grande richesse. Il dépeint la France rurale et sa désertion progressive.
Profonde France
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 26 mars 2011
Ce pays perdu est plutôt du côté du Centre de la France, ou tout au moins dans un Massif couramment qualifié de Central. Ce n’est pas que rural, c’est aussi montagnard. Circonstance plutôt aggravante en terme de développement, de dynamisme, de vie même, simplement. Il y en a combien de ces villages dont la vie s’effiloche inexorablement et dont le futur s’écrit définitivement au passé ?
Le roman commence avec l’arrivée de deux frères, qui manifestement ont eu l’occasion de vivre au village (vacances) et qui refont la route en voiture, l’un d’entre eux héritant d’un Joseph, lointain cousin qui lui lègue sa masure. Une masure, oui, mais une masure où, peut-être, on imagine que des biens pourraient être cachés.
Pierre Jourde ne nous épargne rien de la difficulté d’accès (et on s’étonne que les villages se désertifient !). Puis c’est l’arrivée et, comme une revue d’effectif, les retrouvailles avec ceux d’ici, qui survivent encore, vaille que vaille. Atmosphère sombre – d’hiver froid – nihilisme sociétal, ou quasi, mais la langue de Pierre Jourde fait merveille pour nous toucher sur le présent et le devenir de ce village (on n’ose parler de futur !) et de ceux qui y vivent. Comment ceux-ci ont-ils pu si mal interpréter la démarche ?
C’est dommage. Mais reste « Pays perdu ».
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