Théâtre I de August Strindberg
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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Le théâtre de Strindberg
Il s'agit d'un recueil de cinq pièces de théâtre toutes écrites entre 1887 et 1892 donc avant la crise terrible relatée dans " Inferno ". On alterne ici entre drames et comédies. Le tout demeure tout de même assez léger et je n'ai pas retrouvé l'écrivain tourmenté et angoissé dans ces écrits, l'écrivain qui me fait tant vibrer et avec qui j'entretiens une histoire d'amour passionnée. Toutes les pièces cependant comporte une large part autobiographique ce qui les rend certes très intéressantes du point de vue documentaire et aussi littéraire. De plus, elles se lisent avec une grande facilité et un plaisir évident tellement elles sont bien écrites et d'une construction parfaite.
Dans " Camarades ", Strindberg met en scène un jeune couple de peintres résidant à Paris, qui désirent vivre leur mariage selon la nouvelle mode, la femme étant l'égale de l'homme en tout. Ils s'installent donc dans leur nouvelle vie en bons camarades et non comme mari et femme. L'union va bien pendant un certain temps mais l'attitude fière et dominatrice de Bertha finit par avoir raison de l'amour d'Axel qui trouve une issue à ce piège marital, issue qui lui est salutaire mais qui en va tout autrement pour Bertha. Dans cette pièce, on retrouve un thème cher à Strindberg soit la dénonciation du mouvement féministe de l'époque qu'il avait en horreur. Pour lui, l'émancipation de la femme et son désir d'épanouissement dans le travail et les arts était de la pure foutaise. La femme était faite pour prendre soin de son époux et de ses enfants et rester bien tranquille au foyer. Un côté pas très sympathique du grand écrivain mais je lui pardonne tout… La pièce est qualifiée de comédie mais elle tourne au drame sur la fin.
" Et si toute ces histoires de féminisme n'étaient que de la blague ? - C'est tout de même un grand mouvement ! - Il y a tant de mouvements ! Les uns nous font avancer, les autres nous ramènent en arrière ! N'importe quelle sottise peut provoquer un mouvement dès l'instant que, autour d'elle, elle groupe une majorité ! "
" Tu mentiras donc toujours ! Dans le temps, je n'avais rien compris, je t'en faisais un crime ; mais maintenant, je m'en rends compte, c'est une infirmité naturelle. "
" Paria " est une pièce étrange. Écrite à la fin de 1888, c'est une adaptation dramatique d'une nouvelle de l'écrivain Ola Hansson. Un archéologue en plein travail de fouilles reçoit de l'aide d'un visiteur venant d'Amérique. Bientôt s'établit entre les deux hommes un dialogue qui tournera à l'affrontement, chacun menaçant l'autre de dévoiler au grand jour des secrets honteux sur leur vie passée. Il y aura un gagnant et un perdant dans cette joute verbale qualifiée à l'époque par Strindberg de " lutte des cerveaux ". J'ai grandement appréciée cette pièce.
Strindberg a écrit " Devant la mort " en 1892 et il y reprend le thème du Roi Lear. Trois filles vivent dans une pension de campagne dirigée par leur père. Mais la ruine menace et les trois enfants égoïstes et gâtées accablent de reproches le pauvre homme qui trouve une issue tragique à sa situation désespérée. Très sombre celle-là et pathétique.
" Il ne faut pas jouer avec le feu " est une comédie de mœurs légère et très divertissante écrite en 1892. Un jeune couple expérimente la difficulté de rester fidèles l'un envers l'autre lorsque des amis proches viennent habiter sous leur toit. Assez savoureux mais très léger.
" Le lien " est un drame qui se joue au tribunal. Un baron et une baronne sont en instance de divorce et se disputent la garde de leur fils unique. Écrite en 1892, Strindberg s'inspire de son propre divorce d'avec sa première femme, Siri von Essen. On sent que l'écrivain est triste et désabusé. Il narre les déchirements et les dégâts qu'entraînent les querelles qui détruisent irrémédiablement le lien supposément puissant du mariage. Je crois que Strindberg vénérait le mariage et souffrait de voir à quel point un couple pouvait le détruire et, par le fait même, se détruire l'un l'autre avec férocité et acharnement. Sa sensibilité en était écorchée vive de même que son âme.
Du très bon théâtre mais je préfère Strindberg romancier que dramaturge.
Les éditions
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Théâtre I de August Strindberg
de Strindberg, August
l'Arche
ISBN : B0000DUXQ1 ; 18/09/1958 ; 203 p. ; Broché
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