De Marivaux et du Loft : Petites leçons de littérature au lycée de Catherine Henri

De Marivaux et du Loft : Petites leçons de littérature au lycée de Catherine Henri

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Béatrice, le 14 mars 2009 (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 838ème position).
Visites : 4 714 

Le niveau baisse-t-il ? La prof qui ne baisse pas les bras

Le quotidien au lycée en 20 chapitres. Un quotidien littéraire vécu par une prof hyper motivée. Elle choisit pour ses élèves l’épisode des croissants de Mme Verdurin dans Le Temps retrouvé ou un extrait de La vraie vie de Sebastian Knight de Nabokov. Faire comprendre des textes pointus – un véritable défi.

Plus loin un extrait de Rousseau. Le jeune Branko, d’origine serbe et très croyant, ne comprend pas. « Ce n’est pas une religion s’il n’y a pas de rite, pas d’interdit ». La prof lui parle avec sagesse et patience. Du coup, un cours sur la mise en question de la religion au XVIIIe siècle est devenu une leçon de vie. Un témoignage brillant.

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Les éditions

  • De Marivaux et du Loft [Texte imprimé], petites leçons de littérature au lycée Catherine Henri
    de Henri, Catherine
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070321315 ; 6,40 € ; 30/11/2006 ; 137 p. ; Poche
  • De Marivaux et du Loft : Petites leçons de littérature au lycée
    de Henri, Catherine
    P.O.L.
    ISBN : 9782867449413 ; EUR 14,20 ; 06/03/2003 ; 151 p. ; Broché
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Faut-il enseigner la littérature au lycée ?

5 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 24 janvier 2018

Catherine Henri, professeur dans un lycée de Paris, relate ici, à travers une dizaine de textes, quelques-unes de ses expériences de cours de français de l’année scolaire 2001-2002. Elle y dit la difficulté de mobiliser des élèves de plus ou en plus difficiles à motiver et à la concentration volatile, happés par le flot des images, tel évidemment, en cette année 2001, la toute première saison de « Loft Story » ou bien encore, dans un autre registre, l’accumulation jusqu’à l’écœurement, des tours en feu du World Trade Center. Dans ces conditions la professeure nous montre ses tentatives pour relier la littérature au monde du réel, de faire réfléchir ses élèves ou ses étudiants de BTS sur des textes parfois difficiles.

Dans ce recueil à vrai dire très court (à peine cent cinquante pages dans mon édition P.O.L, et par là un peu frustrant je dois dire), il est réconfortant de lire l’engagement d’une enseignante envers sa discipline qui trouve les ressources, avec plus ou moins de succès parfois il est vrai (elle ne nous cache d’ailleurs rien de ses échecs, avec une belle honnêteté) d’amener ces jeunes lycéens vers les rives parfois escarpées de la littérature. Certains chapitre, celui de « Marivaux et du Loft », ou bien celui sur « Saint-Simon, l’Abbé Dubois et Salim » sont à ce titre tout à fait édifiants. Une partie du recueil est aussi plus strictement poétique, intimiste : des portraits fait par petites touches de ses élèves de milieu modeste on aperçoit une France des pauvres, des paumés, des décrochages scolaires. Et c’est aussi la compassion d’une professeure vers ces élèves qui se lit en filigrane comme avec le touchant chapitre intitulé « il faut les laisser dormir » (en classe !...).

Je le confesse : au delà de la brièveté de l’ouvrage, j’ai été gêné par une approche que j’ai trouvé assez technique de la littérature (au moins j’aurai appris ce qu’est un apologue), au détriment de l’émotion et des sentiments, mais je me dis que c’est là dû à mon manque de culture en la matière (et que j’en suis vexé !). J’ai trouvé quand même dommage qu’au delà de l’enseignement de la littérature, elle n’évoque pas la question plus générale de la lecture. J’ai été aussi assez étonné (et impressionné) par le niveau des textes étudiés par les lycéens : je me dis que décidément j’ai beaucoup de lacune dans mes classiques !

Il ne faut donc pas attendre dans De Marivaux et du Loft à trouver un long exposé d’innovation pédagogique ou d’anecdotes croustillantes (Catherine Henri se refuse à livrer ses perles) : il s’agit plutôt d’un regard lucide et tendre sur le métier de professeur et sur ses élèves, ainsi qu’une défense de l’enseignement de la littérature comme outil pour comprendre le monde qui nous entoure, écrit dans une très belle langue qui rend bien hommage à sa discipline.

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