Eloge de l'infini de Philippe Sollers

Eloge de l'infini de Philippe Sollers

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Kinbote, le 2 décembre 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 28 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 572ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 8 093  (depuis Novembre 2007)

Exercices d'admiration

Philippe Sollers travaille à sa postérité littéraire, il collecte les articles qu'il a fait paraître précédemment dans des livres-sommes de plus en plus gros pour faire montre de son érudition et de sa capacité d’écriture.
Après « Théorie des exceptions », « La guerre du goût », voici venu « Eloge de l’infini », puisque « Défense de l'infini » était déjà pris par Aragon.
En fait, le souci louable de l'auteur, outre celui de passer à la postérité au même titre que ceux dont il parle, est de faire reconnaître le 20 ème siècle au travers de ses artistes marquants : Artaud, Bataille, Picasso, Debord et de quelques œuvres phares, à une époque où la sensibilité serait plus marquée par celle du 19 ème siècle malgré l'écran de fumée de la technologie et de la marchandisation à outrance, à une époque où effectivement on aurait tendance à faire l’impasse sur les apports artistiques du siècle qui vient de s’écouler. Sollers n'est jamais si bon que lorsque ses articles ou essais courts constituent des exercices de pure admiration et qu'il n'évoque pas les qualités supposées d’un artiste dans le but de mettre en évidence les mêmes chez lui. Possédant une écriture vive, jamais ennuyeuse, parfois elliptique qui passe sur les articulations, capable de nous brosser le portrait d'un écrivain en trois ou quatre feuillets, Sollers se révèle un pédagogue brillant.
De qui nous parle Sollers dans ce volume ? Côté peinture, il y a la trilogie Cézanne, Picasso, Bacon, mais aussi Twombly et De Kooning. Il défend la Venise claire et rayonnante, opposée à l'image convenue d’une Venise triste et moribonde, le regard singulier de Proust sur le temps, la Société du Spectacle de Debord, Artaud mais relativisé (tout n’est pas bon chez Artaud !), l’isolement de Bataille, Jarry, l’Amérique des Hemingway, Faulkner et Fitzgerald, la naissance littéraire de Céline. Il évoque aussi la voie chinoise qu'il suit personnellement depuis quelques décennies, les femmes bien sûr. Il opère un retour sur les figures annonciatrices du 20 ème siècle que furent en poésie Mallarmé, Lautréamont ou Rimbaud, de même que sur le 18 ème siècle des libertins et des Lumières...
Près de onze cent pages d’éloges, donc. Mais Sollers investit des valeurs sûres (même si pas assez lues ou connues). Il est à regretter qu’il ne s’engage pas plus dans ce volume sur des écrivains ou artistes contemporains, même s'il le fait dans sa revue, « L’infini » (tiens, tiens !) ou la collection du même nom qu’il dirige chez Gallimard. Ainsi il mettrait davantage sa notoriété au service des autres et ne profiterait pas du renom d’artistes, véritables certes, pour asseoir un peu plus la sienne.

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Leçons de littérature et de philosophie

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 18 février 2011

Cette anthologie d'articles des années 1990 - pour faire simple - permet d'approfondir ses connaissances en histoire littéraire, surtout des auteurs et des philosophes.
Le style est vif, le fond brillant, l'ensemble un tantinet cabotin. Ses amitiés et ses goûts font preuve de fidélité, on lui donne donc le droit à l'auto-promotion et à l'auto-commentaire, dont il se tire sans trop d'orgueil.
Artaud, Rimbaud, Verlaine, Mauriac sont envisagés sous un jour nouveau et plus complet à la fois. Céline fait l'objet d'une réhabilitation, Venise est en effet montré comme un joyau solaire, et non moribond. Il lutte contre les clichés et idées reçues, ce qui fait toujours du bien.

Tu t'es trahi! L'assassin est... AAAAAAARRRRRGGGGGGGHHH (réponse à Syllah-o?)

5 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 13 décembre 2001

J'aime les greniers, ce sont des endroits encombrés où il fait bon se perdre. On finit toujours par tomber sur des choses intéressantes en s'y promenant. Tout ce qui se trouve dans les greniers est sans doute intéressant, mais on n'y cherche jamais la même chose, on n'y cherche jamais vraiment quelque chose d'ailleurs...
Il ne faut parfois pas être trop catégorique. Je suis sûr qu'il est possible qu'il existe quelque part un livre qui serait signé Syllah-o, que je l'aie lu ou non importe peu, ces discussion littéraires ne devant pas toujours être prises dans le sens littéral.
Je suis étonné que tu puisses considérer comme une possibilité mon étonnement au cas improbable où nous nous rencontrerions. Mais peut-être nous sommes nous déjà rencontrés...
J'ai une petite question pour toi, quand peut-on réellement se définir comme étant écrivain?
Je n'ai jamais pensé que tu demandais au mortel d'être commun mais c'est vrai que tes quasi-contradictions en sont parfois de vraies. La médiocrité ne me déplaît pas trop, elle a ses charmes elle aussi...
Peut-on considérer qu'il y a du retard dans une réponse? Je m'interroge à ce propos. Qui donc décide du délai raisonnable qui nous est imparti pour répondre aux diverses sollicitations qui nous échoient? C'est à coup sûr une personne bien importante...
Je viens de survoler ta critique éclair super longue. Je suis encore désolé de m'être mal fait comprendre, je ne te vois pas comme un "critiqueur destructeur" comme tu sembles le penser. Je ne suis pas contre le fait qu'on dise du mal d'un livre. Je n'ai donc pas à reconnaitre que tu te débrouilles aussi bien dans l'éloge appuyé que dans la polémique. Personnellement je préfère quand même la polémique (que je ne qualifierai jamais de vaine) à l'éloge. Je doit pourtant avouer que jusqu'ici mes critiques ne sont que très positives et insipides.
Enfin voila, je ne sais plus ce que j'avais à dire en commençant, alors je me suis contenté de te répondre dans un délai qui je l'espère te paraitra raisonnable. Dans ton infinie bonté je te serais reconnaissant de ne pas trop stigmatiser mes fautes diverses lors de ta prochaine conversation avec notre cher Ph. S. il doit bien y avoir des sujets de conversation plus passionnants...
ps: je ne réponds aux questions que quand je crois être sûr qu'elles sont posées.

à mon ami Syllah-o...

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 12 décembre 2001

... puisque je suis ainsi à point nommé... Est-ce encore une petite vantardise, une petite pique, un calembour, une calembredaine, une galéjade, ou autre... ? Ou bien as-tu réellement eu mon ami Ph. S. en ligne ??? (<-- intérêt non déguisé !) Bon d'accord, je ne suis pas naïf, mais je n'ai jamais dit que je n'essayai pas de cultiver ce côté naïf que chaque être humain se doit d'avoir pour rester... humain, justement ! ;-)

Mon grain de poivre dans la mer asséchée (pour Virgile)

5 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 12 décembre 2001

J'aime le poivre pour ses propriétés sternutatoires. Il est recommandé parfois d'éternuer : ça dégage les sinus en même temps que ça désencombre la cervelle. Je ne dis pas cela pour toi, mais enfin, si quelqu'un se sent visé...
Comment ça, tu aimes les livres de Syllah-o ? Aucun livre signé de ce nom n'existe, nulle part. Veux-tu dire que tu aimes certains des livres que j'ai cités dans mes critiques, ou bien dois-je prendre cela comme un encouragement à signer désormais mes livres Syllah-o ? Tu chercherais la dédicace que cela ne m'étonnerait qu'à moitié ! Autant te le dire : c'est non. Ni fleurs, ni couronnes, ni dédicaces... Hi ! hi ! hi ! (Comprends que tout ceci est un couplet moqueur.)
Mon personnage te déplaît ? Tiens donc ! Décidément, je suis un veinard. Mais que sais-tu de moi ? A moins peut-être que tu ne confondes l'auteur et ses créatures de papier... Tu aurais raison alors, car je ne suis pas réputé pour engendrer des personnages très sympathiques. Je n'ai pas dit que je les façonnais à mon image, non, non. Tu serais étonné si nous nous rencontrions : je suis quelqu'un de jovial, après minuit surtout, devant un verre de bon vin rouge ou une bière blanche de Hoegaarden avec dedans l'indispensable rondelle de citron. Moi, j'aime beaucoup Virgile, moins le poète des "Bucoliques" que le cicérone de Dante dans "La divine comédie". Te prénommes-tu vraiment Virgile, ou... Homère ? Ho ! ho ! ho !
Selon toi, je manœuvre de façon à rendre acceptables par le commun des mortels mes quasi-contradictions. Hum ! Je ne demande pas au mortel d'être commun, figure-toi. J'aime pas trop ce qui est "commun, trop commun" (eût dit Nietzsche). Mes quasi-contradictions en sont peut-être de vraies. A toi de décider. Pour moi, c'est la même chose. Quant à manoeuvrer... Pas de stratégie digne de ce nom sans tactique élémentaire. Je sais où je vais, mais je dispose pour m'y rendre de plusieurs chemins plus ou moins balisés. Je choisis à ma convenance selon le but à atteindre. Je vais droit ou bien je sinue, ça dépend de l'intention, des jours, de mon humeur. Disons que certaines figures chères à l'escrime me séduisent : l'esquive, prélude à l'estocade. Je ne prétends pas être une fine lame, mais enfin, je m'applique, comme en toutes choses ici-bas, parce que je déteste la MéDIOCRITé. Toi aussi, j'espère. Ha ! ha ! ha !
Je te réponds avec 4 jours de retard. Je n'en avais pas l'intention, voulant me concentrer sur la critique de livres qui me tiennent à coeur, puis voilà, je me suis dit que tu serais sans doute vexé de m'avoir titillé sans obtenir de réponse qu'un silence peut-être méprisant.
Si tu as lu ma dernière - longue - critique éclair (Gérard de Nerval, "Sylvie"), tu sauras que je ne suis pas si démon ni loup qu'il ne paraît. Ma première vraie critique (Alain de Botton, "Comment Proust peut changer votre vie") sera, je l'espère, mise en ligne bientôt, et tu reconnaîtras, ainsi que les autres (mes amis Jules, Pendragon, Eric B., jusqu'à Pétoman au pseudonyme odorant), que je me débrouille aussi bien dans l'éloge appuyé que dans la polémique. Et bien sûr personne ne me croira si je dis que je préfère l'éloge à la vaine polémique...
Salut à toi, ô Virgile. "Nel mezzo del cammin di nostra vita..." (premier vers de "L'Enfer" de Dante, pour ceux qui l'ignoreraient, et une incitation de plus à lire ou à relire une oeuvre impérissable).
P.S. - Nous avons beaucoup ri par téléphone, l'autre soir, un certain Ph. S. et moi. Nous parlions des critiques... La bidonnade !

Et moi, je dis:

8 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 10 décembre 2001

Vive Merlin!!!!
Un peu d'anti-sérieux, que diable!

et réponse à Syllah-o...

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 10 décembre 2001

Et bien, que t'arrive-t-il ? Je n'ai cru déceler aucune allusion piquante, ennuyante, irritante, perverse, ironique, méchante, titillante, chatouillante ou autre dans tes extases et métastases... Serait-ce que la réponse de la bergère ait trouvé grâce à tes oreilles. Mais là, je me gausse et je prends des risques... Ce simple éclair pour marquer mon accord avec toi : concentrons-nous sur les livres et sur nos critiques de ceux-ci, car s'il est vrai que la polémique intelligente enrichit nos réflexions, ce n'est point le but de ce si magnifique site. ... et Pendragon, c'est pour Uther, of course ! Pas pour Arthur, ce sale retourneur de veste... ;-)

A propos d'Auster

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 décembre 2001

Auster décrit la vie, oui, mais bien souvent un type bien particulier de vie... Il me semble surtout fasciné par le hasard qui joue un rôle très important dans son oeuvre. Il y a "La musique du hasard", mais surtout "Moon Palace" où se hasard va même un peu loin... ce qui n'enlève cependant rien à la grande qualité de ce livre (c'est presque, selon moi, son meilleur). Auster est aussi un auteur très porté vers l'intériorisation, par une sorte de "double", comme dans la trilogie New-Yorkaise, mais là aussi le hasard joue un rôle, et il va dans la science fiction avec "Le voyage d'Anna Blum", mais laquelle ! Dans "Léviathan" c'est la révolte contre une certaine Amérique et l'amitié. "Monsieur Vertigo" est encore autre chose, sauf si ce n'est le hasard aussi qui met ce gamin face à un homme qui lui apprendra à voler. A nouveau, je ne peux pas comparer avec Sollers que je ne connais pas assez.
Cela dit, Sollers verrait nos critiques éclairs parler plus des autres que de lui, à part pour sa pub, il ne serait peut-être pas ravi !...

Réponse à Virgile...

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 10 décembre 2001

Cela vient un peu tard et la question (ou la prémisse) se retrouve bien plus loin, mais les éclairs fusent à ce point qu'il est parfois difficile de les suivre... Cela dit, et désolé pour Sollers qui n'est pas le centre d'intérêt de cette critique éclair, quand j'écris que je trouve Eco "imbuvable", c'est une douce ironie, un clin d'oeil... voire même une aporie puisque j'adoooooore Eco, mais que la plupart des gens à qui j'en parle le trouvent, lui, imbuvable. Quant à la comparaison Auster - Sollers, ils ne sont comparables que dans le sens où ils décrivent la vie avec une forme de philosophie très nette. Le style n'est pas le même, la vantardise de l'un est en balance avec la sensibilité de l'autre, mais c'est la vie quand même, reflétée par une autre facette du diamant ;-)...

La mémoire et les livres

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 décembre 2001

C'est marrant, Sorcius, ta réaction de te forcer à oublier un livre que tu as bien aimé pour le redécouvrir après. Je sais aussi que je relirai ce livre un jour, mais je l'emmagasine en attendant, je vis avec, je m'en sers, je vais en relire des phrases, les savourer, m'en délecter... Le jours où je le relirai vraiment, je sais que je vais y trouver bien d'autres choses en plus que la première fois. Et cela parce que la vie, nous faisant évoluer, j'y verrai des choses qui ne m'avaient pas frappé, ou pas autant, à la première lecture. Comme quoi, le monde merveilleux des livres est d'abord et avant tout la réaction qu'il provoque chez chacun et l'une est différente de l'autre...Un exemple: soulignant au crayon dans mes livres, en relisant Zorba, j'ai constaté que, jeune, je n'avais souligné que les phrases dites "dures" c'est à dire plutôt manichéennes. Quelques années plus tard, j'ai constaté que je ne reniais pas ces phrases soulignées, mais que les nouvelles qui l'étaient contenaient bien plus de choses plus nuancées, plus fines. A chaque époque de la vie sa façon de sentir les choses et un livre. Là se trouve surtout pour moi le plaisir de la relecture.

L'amour des livres, l'oubli des livres

8 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 9 décembre 2001

Ceci n'a rien à voir avec Sollers, que je n'ai pas lu...
Mes étoiles sont pour la critique éclair de Virgile.
C'est marrant, ce fait d'oublier certains livres et pas d'autres... Quand je regarde ma bibliothèque, je me demande parfois ce que tel ou tel bouquin peut bien raconter, alors que je sais pertinemment que je l'ai lu.
D'un autre côté, quand j'adore un livre, je le relis quelques années plus tard (ou je sais que je le relirai un jour), et pendant ces années où il dort paisiblement sur une étagère bien confortable, je me force littéralement à oublier l'histoire, les mots, les personnalités, pour avoir la joie et le bonheur de les redécouvrir plus tard. Et quel joie, et quel bonheur que cet amour des livres.

Précision

5 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 9 décembre 2001

La nouvelle de Patrick Suskind en question s'intitule exactement "Amnesia in litteris".

Merci Jules!

5 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 9 décembre 2001

Que tu sois ou non spécialiste de Sollers importe peu, je voulais juste avoir un avis à ce propos et je te remercie de me l'avoir donné.
A part ca le fait que tu ne te souviennes pas de quoi parlaient les livres de lui que tu as lu me fait penser à une nouvelle de Patrick Suskind, intitulée je crois "amnesia sui generi" où il parle justement d'un lecteur qui prend un livre commence a le lire et trouve un passage tellement bien qu'il veut le souligner ou l'annoter. A ce moment il s'aperçoit que cela a déjà été fait, et de la façon exacte dont il voulait le faire. Il poursuit sa lecture et s'aperçoit que ce livre, c'est lui-même qui l'avait annoté, alors qu'il ne se souvenait même pas l%2

Réponse à Virgile

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 8 décembre 2001

Pas évident pour moi de te répondre... Je suis très, très loin d'être un spécialiste de Sollers. Comme j'ai eu l'occasion de le dire, ne n'ai lu que deux livres de lui et ils m'ont tellement peu marqués que je devrais retourner devant ma bibliothèque pour en donner les titres et que je serais incapable de dire ce qu'il y a dedans (et je vous jure que pour moi c'est rare !...) Par contre, j'estime assez bien connaître Auster et c'est un auteur que j'aime bien, un peu moins cependant que d'autres Américains (Roth, Harrison, McCarthy, Salinger, Salter etc.) même si certains de ses livres sont vraiment excellents !... Je dirais donc que, pour moi, il n'y a aucune comparaison ! Mais je tiens à dire que nous avons tous des "amours" en littérature qui peuvent parfois être très différents les uns des autres... On aime l'un pour certaines choses et d'autres pour autre chose. A défaut, nous nous lasserions vite ! En tout cas, je peux citer quasi tous les livres d'Auster sans aller devant ma bibliothèque et j'en connais l'histoire.

Mon grain de sel dans l'océan déchaîné... (pastiche?)

5 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 8 décembre 2001

J'aime bien les livres de "Syllah-o", dommage que son personnage me déplaise, j'ai lu de lui des critiques-éclair qui m'ont montré à quel point il pouvait manoeuvrer de façon à rendre ses quasi-contradictions acceptables par le commun des mortels. Enfin, heureusement que des mortels hors du commun circulent ici de temps en temps...
Je n'ai jamais lu Sollers, je ne dirai donc rien à son propos, mais alors que vient faire cette critique éclair ici? Bonne question, Bluewitch connaît peut-être la réponse... :o)
Pendragon, un petit mot pour toi, je suis toujours épaté que tu trouves Eco imbuvable, je ne sais plus si je te l'avais dit ou non dans une critique éclair sur L'ile du jour d'avant alors je me répète peut-être (se répéter c'est parfois la meilleure façon de se faire comprendre, mais cela non plus n'a rien à faire ici!).
Un autre point d'étonnement (oups, l'étonnement ne serait-il finalement pas monopolisé par une certaine personne?) me fait encore parler, Pendragon compare un peu Sollers à Auster. Or Jules aime Auster si mes souvenirs sont bons, alors Jules, je te demande, comme j'aime moi aussi Auster (enfin ses livres, enfin, la plupart d'entre eux) si les romans de Sollers y sont effectivement apparentés d'une quelconque manière que ce soit à ton avis?
Sur cette question un peu stupide je vous laisse, ça faisait longtemps que je n'étais plus venu traîner mes guêtres par ici mais je me rends compte que c'est toujours aussi distrayant les petites batailles d'égos!
ps: oui, je sais, je suis un piètre pasticheur!:op

Extases et métastases d'un pur cyranoïaque

5 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 8 décembre 2001

Et Pendragon, d'où cela vient-il ? Je te félicite en tout cas de n'être point susceptible, et je m'en veux de ne m'en être pas rendu compte, car j'étais persuadé que tu l'étais. Disons que certains indices m'ont induit en erreur.
J'égratigne, puis je me rétracte derrière l'humour ? Non, puisque l'humour accompagne mes égratignures. J'ai l'humour un chouïa piquant, oui. Ma chatte aussi, d'ailleurs. Lorsque je l'embête, elle sort ses griffes. Dieu a voulu donner des griffes aux chats, et à certains hommes de l'esprit. Il serait vexé, je pense, qu'on délaissât de si remarquables outils.
Je ne sais si ma culture surpasse la tienne. Cela serait, quelle importance ? Je connais un tas de gens très cultivés qui sont de sinistres imbéciles, de piètres amants, des cœurs secs, voire des crapules. Je préfère de beaucoup l'intelligence. Et l'intelligence je la découvre partout. Ainsi, je connais un paysan à l'intelligence redoutable, devant qui je me sens parfois niais. Il n'est pas cultivé, certes. Et alors ? Il n'a pas cette prétention. La culture n'est un critère distinctif (et sélectif) que dans les milieux où ça pense, où ça cause, où la culture est un enjeu (plus souvent social qu'intellectuel, mais soit). ‚a fait beaucoup de gens cultivés pour quelques esprits véritablement intelligents. Au passage, je précise que je ne fais partie d'aucune coterie. Je suis un solitaire. Comment appelle-t-on ça ?... Ah oui : un franc-tireur.
L'allusion à Cyrano est judicieuse. On pourrait croire que tu me connais physiquement. Mon nez me distingue. Là siège le flair. L'organe créant la fonction, je pense être doté d'un certain flair.
Toi aussi, d'ailleurs. La preuve, c'est que tu as tout pigé. Cependant, j'aimerais que tu ne m'enlèves pas ma jolie majuscule. Je suis un petit Malin, ai-je écrit. Je n'irais sûrement pas me vanter d'être au surplus un malin minusculaire. Qu'on me permette ce témoignage de modestie.
Je préférerais n'avoir pas à signaler que mes observations sont empreintes d'humour. C'est à mes lecteurs de le remarquer. S'il n'est pas perceptible, c'est que finalement je n'ai pas tant d'humour que ça. Un triste sire, en somme, un triste Cyrano...
Je n'accuse personne en particulier d'être parano (à moins qu'on insiste). J'ai fait le constat suivant : "Au hit-parade des maladies du siècle, tout de suite après la névrose vient la parano." J'observe cela tous les jours dans ma vie d'observateur pointu des moeurs contemporaines. Je m'étonne qu'on ne me félicite pas d'avoir, en plus d'un flair actif, d'assez bons yeux. Il est vrai que le parano, de Bergerac ou d'ailleurs, l'esprit rivé en permanence sur ses fantasmes de persécution, ne peut dans le même temps s'en dégager pour promener sur le monde un regard vierge de fantaisies introspectives ("fantaisie" au sens ancien de "produit de l'imaginaire"). Là, étant un écrivain (et certainement pas un "écrivant" !), j'ai peut-être sur vous un certain avantage : l'une des qualités requises par l'écriture est l'étonnement. Le regard étonné que je pose sur le monde met en branle toute une machinerie complexe débouchant sur l'écriture, ou plus exactement la réécriture du monde. Mais basta ! c'est de la cuisine interne. Je veux dire ceci, que je m'étonne chaque jour, sincèrement, de constater les ravages de la parano. Je m'en étonne et je m'en désole. J'en ris aussi, bien sûr : l'humour étant, a-t-on dit, la politesse du désespoir.
Si tu prétends n'avoir pas de style, moi, je veux bien te croire. Je ne suis pas systématiquement retors. Je crois volontiers ce que l'on me raconte. Et je te croirais aussi si tu affirmais avoir du style. Pourquoi n'en aurais-tu pas ?
Ne t'imagine surtout pas qu'à chacune de tes réponses je vais ajouter une demi-étoile à Sollers. Je te vois venir, tu sais.
Cela dit, je pense qu'il faudrait nous reconcentrer sur la littérature et porter nos jugements sur les livres et moins sur nos susceptibilités respectives. Je m'en voudrais de donner raison à Michel Onfray quand il professe que les critiques sont une engeance de rats et de chiens. Non ? Nous pourrions peut-être, par la même occasion, mettre le Sollers un peu de côté. Je n'aime pas à imaginer un Sollers se frottant les mains à l'idée que nous nous crêpons le chignon à son propos.
La bonne blague, ce serait que Philippe Sollers et Syllah-o ne fassent qu'une seule et même personne. Arf !

le berger... la bergère... et sa réponse

10 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 8 décembre 2001

Tu sais, Syllah-o (entre parenthèses, d'où te vient ce nom ?), je ne suis pas particulièrement susceptible. On peut même dire que je ne le suis pas du tout, mais il me semble qu'il est un peu facile d’égratigner puis d'ensuite se rétracter derrière l'humour. Bien sûr, tu possèdes une culture qui dépasse grandement la mienne, bien sûr, ton style, ta verve, etc... font de toi un "personnage" que je n'hésiterai pas à comparer à Cyrano (si, si, c'est un compliment !), mais tu es aussi un petit malin (sans majuscule)... Tu "justifies" tes critiques éclair, tu nous demande gentiment de tout prendre avec intelligence, hauteur et humour et puis, la pique : "La perfidie, en effet, demande un certain style. Je conçois que tu ne veuilles pas t'y frotter." et bien entendu, je ne puis me sentir insulté puisque 1) c'est de l'humour et 2) je n'ai quand même pas la prétention d'être un "écrivant" de style. Ensuite de quoi, tu nous reproches un tantinet de rester dans les bas-fond, voire même de cultiver la paranoïa (la preuve en est de cette critique, "vous voyez, je vous l'avais dit !"). Et voilà comment ton message passe, comment tu fais mouche... bien joué ! Sans style, peut-être, mais naïf certainement pas ! Et comme je suis encore moins un mouton et qu'en plus j'adore les "dialogues", je réponds, que veux-tu, c'est ainsi ! Cela dit, merci pour la demi étoile, quelle générosité dans le geste, un vrai Cyrano vous dis-je !

Polémique ! Point d'exclamation

5 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 7 décembre 2001

Là où il n'y a pas de verve, point de plaisir non plus. Je suis un petit Malin (la majuscule est importante), et j'aime à taquiner mon monde. Je suis bien plus espiègle que réellement acrimonieux. Je pratique volontiers l'ironie mordante à l'instar de mon maître Paul Léautaud. Je n'agresse personne ici. Pourquoi tant de susceptibilité ? Il ne me viendrait pas à l'esprit de traiter quiconque de "pauvre petit critiqueur". Il y a des pauvres ici ?
Contre qui veux-tu que je me venge ? Philippe Sollers ? Mais Philippe est un être absolument délicieux ! Et franchement, qu'ai-je dit qui puisse passer pour vengeur ? Je n'ai rien à venger, aucun honneur bafoué. Je l'ai dit : je défends mes passions. Et j'invite tout le monde à faire de même.
Je jouis d'une santé florissante et n'ai besoin d'aucune médication particulière. Tous les trois ou quatre ans, une légère grippe. Je ne soigne pas mes grippes au Valium.
Mon prochain roman, pas plus que les précédents (si tant est que j'écrive des romans), n'ont besoin de publicité. Il y a des gens dont c'est le métier. Le mien est d'écrire. Que je sache, je n'ai parlé nulle part de ma production. Je n'ai pas cette intention. Personne, du reste, ne saura qui je suis.
La perfidie, en effet, demande un certain style. Je conçois que tu ne veuilles pas t'y frotter.
Je répète que je n'insulte personne. Quelques égratignures ne font pas le crime, ni même l'affront. Prenons un peu de hauteur (l'air y est frais) et dégageons-nous des bas-fonds (l'air y est malsain). Au hit-parade des maladies du siècle, tout de suite après la névrose vient la paranoïa. Il est possible que le Valium puisse alors être indiqué.
Tu cherches dans mes propos des sous-entendus qui n'y sont pas. J'ai pour habitude de m'exprimer sans fards et, me semble-t-il, assez clairement. Du moins, je m'y efforce. Si je devais insulter (pourquoi le ferais-je ?) quelqu'un, je le ferais à plume découverte (comme on dit : à visage découvert). La phrase que tu me reproches, où tu crois percevoir une insulte déguisée, C'EST DE L'HUMOUR. Sarcastique, soit, mais de l'humour. J'ai dit que mon meilleur ami était un grand admirateur de Philippe Sollers, et mon ami est un type extraordinaire d'intelligence, de sensibilité, de finesse et... d'humour, raison pour laquelle nous pouvons nous chamailler pendant des heures autour de Sollers sans nous étriper comme de vulgaires chiffonniers.
Il semblerait que mon style me vaille quelques aigreurs. Que surtout personne ne se rende malade à cause de moi ! Est-ce mon ton qui déplaît ? On peut ne pas le goûter, c'est sûr (sûr ou amer ?). Je pense qu'avec le temps, et avec un minimum de bonne volonté, vous finirez par me lire dans une perspective humoristique, exactement comme il faut lire les extravagances du pamphlétaire (Bloy, par exemple, Bernanos, Léon Daudet, Tailhade ou Céline, bien sûr).
Rien que pour te plaire, j'ai ajouté une demi-étoile à Sollers.
J'arrête, sans quoi on va finir par me trouver aimable.

Polémique ? Point d'interrogation.

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 7 décembre 2001

Dis donc Syllah-o, mets-tu autant de verve dans tout ce que tu fais, ou est-ce spécialement pour les pauvres petits critiqueurs que nous sommes ? Vengeance personnelle ? Pénurie de valium ? Envie de publicité pour ton prochain roman ? Mais je cesse là mes perfidies, ce n'est pas dans mon style. Tu écris que tu n'insultes pas au passage les gens qui aiment Sollers, mais tu écris aussi, je cite, "ma sensibilité (ou mon intelligence ?) m'interdit de goûter l'encre sublime du roi Philippe d'Aquitaine." Est-ce à dire que ceux qui y goûtent sont soit insensibles, soit dénués d'intelligence ? Ce n'est pas une insulte, non, elle est trop déguisée pour l'être sans doute !?

Un pétomane à Las Vegas

4 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 6 décembre 2001

Nous parlons ici, je crois, de livres et d'auteurs. Chacun exprime son opinion, en toute subjectivité (c'est ce que la charte du site indique). C'est ce que je fais, et c'est ce que tu fais. Sollers est un homme public, donc il s'expose à la critique (manquerait plus que ça qu'il lui échappe). Il n'est pas donné à tout le monde d'être un grand écrivain. Il ne m'est pas donné d'interdire à ceux à qui Sollers plaît de le lire et d'en goûter les finesses, et je ne n'estime pas devoir les insulter au passage, ce que tu te permets avec moi (jette un coup d'œil sur mon profil pour constater que je ne suis pas même l'ombre d'un intellectuel). Lorsque l'insulte (ou l'insinuation) paraît, le débat tombe au niveau des pâquerettes. Je n'ai cure de m'abaisser à ce piètre niveau. Peut-être est-ce cela, selon toi, être un intellectuel ? Alors vive les intellos ! J'ai le goût de la polémique, oui, mais j'argumente, je donne mes raisons (ou déraisons). Je critique Sollers et sa littérature sans m'en prendre intellectuellement à ses admirateurs, parmi lesquels mon meilleur ami, qui lui non plus n'a jamais jugé nécessaire de me traiter d'intellectuel ou de rat puant parce que ma sensibilité (ou mon intelligence ?) m'interdit de goûter l'encre sublime du roi Philippe d'Aquitaine.
Que Sollers apparaisse fréquemment dans des émissions littéraires, c'est normal : il est un écrivain. Sollers en général relève le niveau des émissions (littéraires) auxquelles il participe (tu vois que je ne le hais point). Seulement, voilà : on ne vend pas de cierges dans une poissonnerie, ni du pain dans une pharmacie. On ne vend pas non plus de livres dans un cirque, et c'est pourtant ce qu'a fait Sollers dans l'émission incriminée. Je n'ai pas dit qu'il le faisait systématiquement. Qu'un écrivain fasse la promotion de son ouvrage, c'est on ne peut plus normal (irais-je dire le contraire, moi qui écris ?). Il y a des endroits pour ce faire, et une certaine manière de le faire. Ce que Sollers a toléré pendant une heure lors de cette émission n'est pas digne de lui, c'est tout. Cela ne fait pas de lui un écrivain en tout méprisable. Je suis aussi capable de dire tout le bien que je pense de Sollers, figure-toi... quand il y a du bien à en dire littérairement parlant (Casanova, Vivant Denon...)
J'ai dit ce que je pensais de cette interview à New York. Lis ce livre, ensuite on en reparlera. Le livre est exécrable : qu'y puis-je ? Eût-il été bon que je me fusse répandu en éloges à son propos (aïe ! je sens qu'on ne va pas aimer mes subjonctifs imparfaits).
Je pense, comme toi, que Sollers devrait donner un concert à Las Vegas, et Johnny Hallyday écrire un livre sur Besançon. Tu n'as que de très excellentes idées.
Je n'ai fait aucune réflexion à propos de "L'humanité". La réflexion est extraite d'un livre de Guy Debord, je l'ai clairement indiqué. Que Debord ait raison là aussi n'est que l'effet du hasard. Ce serait très présomptueux d'attribuer le génocide stalinien à quelques plumitifs d'une quelconque feuille de chou française. Ils n'ont pas tant de pouvoir.
Je n'ai jamais déboursé le moindre centime pour acheter un livre signé Sollers. Je trouve mon bonheur en bibliothèque, et mes amis me prêtent volontiers des ouvrages, sachant que je ne les écorne pas, ni ne les souille, même quand leur auteur me déplaît. Je pourrais toutefois bourse délier en achetant des livres de Sollers et ne pas me sentir humilié pour la cause. Si Sollers enrichit mon intelligence (ou excite ma verve polémique), il est normal qu'il soit rétribué.
On devrait supprimer ma critique ? Parce qu'elle te déplaît ? Monsieur prône la censure ? On pourrait peut-être aussi m'exclure du site, n'est-ce pas ?
Je trouve fascinant le visage d'Amélie Nothomb, et expressif son rire, très communicatif. J'aime moins ses chapeaux extravagants. Que veux-tu ? les intellectuels de mon espèce goûtent peu la fantaisie...

à monsieur l'intellectuel

1 étoiles

Critique de Pétoman (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 48 ans) - 6 décembre 2001

Syllah-o, qui n'aime Sollers, est il admirateur d'Amélie Nothomb?? Sollers est un homme public qui se sert des médias, ce qui me semble normal. A lire la réflexion de Syllah-o sur "L'humanité", on croirait que ce journal est responsable du génocide stalinien, n'importe quoi... quand Johnny a été faire un concert à Las Vegas, on se demande pourquoi puisqu'il aurait pu le faire à Besançon... hein, pourquoi chercher une interview à New York??? Sollers fait ce qu'il veut et d'ailleurs, tout le monde
sait que Sollers est un amoureux de New York alors pourquoi ne pas se faire interviewer là bas? Et pour ceux qui détestent tant Sollers, je conseille tout simplement de ne pas le lire... Syllah-o a le droit de le critiquer mais, se faisant, il enrichit Sollers en achetant ses bouquins. Sollers lui fait donc la nique. Bravo à lui. Je ne pouvais ne pas réagir. Je comprendrai que l'on supprime ma critique mais alors qu'on retire également la sienne... non mais. Et vive Sollers...

Rapide réponse

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 6 décembre 2001

Sur Queneau : j'ai lu et n'ai pas aimé "Les Fleurs bleues". Sur Sollers : peu importe sa vie et ses idées, seuls ses écrits m'intéressent. Sur les physiciens nucléaires : j'en suis un ! Et pourtant, je me targue d'être un "vrai" littéraire... admettons que je sois probablement un cas rare...

Un renard à New York

4 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 6 décembre 2001

Sollers est un écrivain surfait, mais non méprisable. Il est un peu ma bête noire, l'écrivain sur qui je me défoule quand la littérature se pavane. Je ne doute pas que le bonhomme soit charmant. En tout cas j'aime à l'entendre, il s'exprime bien et dit des choses pertinentes, souvent drôles et fines. Seulement voilà : j'ai déjà entendu ces choses ailleurs, et j'ai le sentiment que Sollers ne fait que récolter chez d'autres ce qu'il n'a pas semé. En quelque sorte un parasite, sublime si on veut. Je ne prétends pas à l'infaillibilité, mais je fais confiance, toujours, à mes impressions, surtout quand elles durent, et c'est le cas avec Sollers, qui est un renard, lui même s'en vante.
Je reproche à Sollers de trop apparaître dans les médias, de courber parfois le chef devant la crapule pour vendre sa littérature, et cela n'est pas digne du grand écrivain qu'il pourrait être s'il n'était à ce point pénétré de lui-même. Il y a 3 ou 4 ans, il était invité sur France-Inter dans l'émission de Ruquier. Je me suis demandé ce qu'il venait faire parmi cette bande de sinistres guignols. J'ai écouté l'émission. Pendant une heure Ruquier et sa bande (Bravo, Miller, etc.) se sont foutu de sa poire et de sa coiffure en particulier. Pendant une heure ! Et Sollers ne disait rien, qui faisait : "Oui, bien sûr..." d'un ton où certes le dédain perçait, mais il n'a pas bronché, n'a pas fait d'esclandre, n'a pas quitté l'émission ni même en trois phrases bien senties (il en est capable, pourtant) remis à leur place ces clowns hilares. Pourquoi ? Parce que tout de même, en une heure, son nom a été cité plusieurs fois, ainsi que le titre du livre qu'il venait vendre en bon épicier, et le nom de Gallimard, son éditeur. J'appelle ça du putanisme.
N'arrivant pas à achever un seul de ses romans, j'ai lu "Conversations à New York" (je ne suis pas sûr du titre), un livre d'entretiens. J'aime d'ordinaire ce genre d'ouvrages. Je trouve extrêmement prétentieux de la part d'un écrivain français d'aller se faire interviewer (entretenir ?) à New York, sans nécessité autre que d'être là où, paraît-il, ça se passe. Mais que se passe-t-il donc à New York ? Il ne se passe rien à Calcutta, à Pékin, à Tombouctou ? Si, bien sûr, mais à New York, Monsieur, on est au cœur du monde civilisé, ça Guggenheim et ça Carnegie Hall, à New York ! New York, n'est-ce pas, est la capitale intellectuelle et artistique des Etats-Unis, autant dire de l'Occident, et un écrivain ne peut décemment prétendre à quelque envergure s'il n'a pas été vu à New York, ou mieux, interviewé (ou entretenu). Du reste le livre est un tissu de vantardises et d'auto-célébrations avec la bénédiction de Proust et de Joyce, écrivains sur lesquels Sollers compte pour assurer une postérité qu'il espère éclatante. Sollers doit beaucoup leur en vouloir d'avoir écrit avant lui des livres dont il eût tant aimé être l'auteur.
On me reproche parfois d'être un peu trop soucieux du style (la forme) en littérature, au détriment du fond. Il existe un tas d'auteurs que je ne peux lire à cause d'une forme lâche, chaotique ou éclatée. Une femme peut me séduire par sa beauté, son intelligence, sa culture : si elle est nippée comme l'as de pique, je ne peux empêcher le soupçon de m'envahir, d'imaginer des dessous douteux. C'est ainsi. L'habit ne fait pas le moine, mais il y contribue ! Et en littérature le style révèle la pensée mieux que les idées (voir à ce propos Céline, "Le style contre les idées"). Le style, c'est la pensée. La forme et le fond sont indissociables, et les écrivains qui me séduisent savent allier les deux. Ceux-là sont grands. Mais Sollers ?
Sollers a-t-il un style dont on puisse dire qu'il lui appartient en propre ? Sollers n'a pas de style, les ayant tous. Il a tout lu et à peu près tout imité, avec beaucoup de talent, c'est indéniable. Mais la petite musique interne qui fait que Sollers est Sollers et non Céline, Proust ou Joyce ? Il n'y en a pas. Lui-même en conviendrait, je crois. La moindre ligne de Céline ou de Thomas Bernhard prouve Céline ou Bernhard. Rien de pareil chez Sollers. J'imite, donc je suis. "Je" est tous les autres. Cette manière de recyclage porte un nom : le kitsch. Ne jamais perdre de vue que Sollers a commencé à écrire en faisant des pastiches, notamment de Proust. Il en est donc resté au stade de l'exercice. Il fait encore ses gammes. Reconnaissons qu'il a choisi d'excellents maîtres, preuve que le gaillard, tout de même, a du goût.
Sollers pense que Debord est un penseur de premier plan, il l'a écrit, dit et répété. Debord ne pense pas que Sollers soit un grand écrivain. Voici ce qu'il en dit dans "Cette mauvaise réputation..." : "Dans 'L'humanité' du 5 novembre 1992, dégoûtant journal tout aussi chargé de sang et de mensonges que les comptes du docteur Garetta, il y a même quelques éloges à mon propos. Mais ce n'est qu'insignifiant, puisque signé Philippe Sollers."
Queneau à présent. Pendragon, tu ne perds pas grand-chose en ne pouvant achever un livre de Raymond-la-Science. Puis-je cependant te recommander "Les fleurs bleues" ? Etiemble, qui s'y connaît, trouve qu'il s'agit là d'un roman taoïste. Je n'ai pas très bien compris en quoi, mais enfin, c'est amusant.
Queneau et sa bande, c'est le débarquement des mathématiques en littérature. Les années 50 nous ont valu la "plus formidable tentative d'intimidation de la part du non-littéraire" (Gracq). Les mathématiciens, les ingénieurs et les métaphysiciens se sont infiltrés dans la littérature avec la prétention de lui imposer leurs méthodes. Cela a donné l'Oulipo (une bande de gamins pas bien méchants), le Nouveau Roman (un abysse de prétentions et d'ennui), l'existentialisme et ses vigoureux procédés, le structuralisme et toute la sociologie flanquée d'une belle brochette d'allumés frottés de psychanalyse lacano-jungo-freudienne ! La littérature, hélas ! en reste contaminée à notre époque encore. À tout qui pense et qui aime un tant soit peu la littérature, je recommande toujours de lire le maître ouvrage de Julien Gracq, écrit en 49 : "La littérature à l'estomac". Ce livre reste d'une brûlante actualité. Que dirait le physicien nucléaire au littérateur qui se mêlerait d'imposer à la physique nucléaire une syntaxe et des procédés littéraires ? "Foutez-moi le camp !" aboierait-il, non à tort.

Cabale !?

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 6 décembre 2001

Je constate avec plaisir que notre nouveau critiqueur a la plume facile... Cela dit, ne connaissant pas personnellement Sollers, sa vie publique, sa vie privée et ses frasques, je ne puis que me référer à sa littérature, à ce que je lis de lui ! J'ai lu "Le Lys d'Or" en juin 2000 et c'était ma première rencontre avec Sollers... et je suis tombé sous le charme de cette écriture si réelle, si proche de la vraie vie. Un peu comme Auster. Bien sûr, il n'y a pas à proprement parler d'histoire, de début, de fin et d'intrigue. Bien sûr, c'est un peu de l'auto encensement, de la vantardise. Oui, c'est tout cela, mais l'écriture est magique... et cela sauve tout... à mes yeux. Je lis également des auteurs comme McInerney (très bon conseil de Jules) ou Tartt qui sont plus tangibles, plus profonds, plus réels... mais encore une fois, l'écriture reste merveilleuse et la psychologie inhérente au roman. C'est ainsi, je m'en excuse (si c'était nécessaire), mais je privilégie le style au contenu...
Mais, tant qu'à critiquer et/ou ouvrir une polémique... je n'ai par exemple jamais pu terminer un Queneau (auteur pourtant reconnu), j'en ai essayé trois et chacun s'est vu attribuer la cote fatidique de 0/20 !!! Alors Sollers... ben c'est comme Eco, imbuvable, oui, mais j'aime !

L'infini ment, petit !

4 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 5 décembre 2001

J'ai un énorme problème aussi avec Sollers à qui je reproche de se chauffer un peu trop dans le giron de pointures littéraires incontestées. Il y a chez lui, et cela se sent, un côté faiseur, brillant, certes, mais faiseur. Sollers prend peu de risques en littérature et en art : il n'aime que les très grands. Parce qu'ils sont grands, ou parce que Sollers en espère des retombées pour sa propre postérité ? Moi qui lis comme je respire, et qui écris au surplus, je n'ai jamais éprouvé autant de malaises avec un écrivain qu'avec ce filou de Sollers. Je ne le sens pas. Y a un truc pas net chez lui, une sorte de clinquant culturel tout à fait désagréable. Sollers n'oublie jamais de poser, et je le soupçonne de vouloir relayer Breton dans la papauté d'une certaine littérature hédonisto-sadienne. L'un de mes amis, écrivain lui aussi, et sollersien farouche, n'est pas avare de ses enthousiasmes et considère Sollers comme un très grand écrivain. Nous discutons de cela parfois pendant des heures, livres et articles à l'appui. Je me suis donc décidé un beau jour d'empoigner le Sollers par les cornes et de le lire vraiment, en commençant par "Femmes". Après 30 pages j'étais nerveux comme un pou, agacé au suprême. J'ai abandonné le livre après 150 pages, extrêmement irrité. J'ai essayé d'autres livres, et toujours la même irritation, la même envie d'étrangler l'auteur et de lui intenter un procès pour usurpation de majesté. Beaucoup de mal à comprendre ce phénomène de rejet viscéral, unique en ce qui me concerne. Le problème avec Sollers c'est qu'on voit son image avant de penser à l'oeuvre qui n'est tout de même pas celle d'un plouc ! L'écrivain cache l'œuvre, ce qui n'est jamais bon. Sous chaque phrase on entend : "Je suis Philippe Sollers, et je suis un écrivain, un très grand écrivain !" C'est déplaisant au possible ! Qu'on songe à la discrétion d'un Réjean Ducharme, d'un Hugo Claus. Sollers talentueux, soit, mais pas si grand écrivain que ça. On verra plus tard que son apport à la littérature se réduit à : nada. Sollers a tellement peur de louper le bon wagon pour la postérité qu'il a toujours pris soin d'enfiler toutes les défroques à la mode : La psychanalyse, le roman d'avant-garde, le maoïsme, aujourd'hui l'hédonisme. Comment voulez-vous prendre au sérieux un type qui a eu ou qui a pour idoles Mao, Casanova, Sade, Jean-Paul II ? On a jadis appelé Gide "le contemporain capital". Sollers eût tant voulu tenir lui aussi ce rôle à notre époque ! Hélas ! la littérature n'est plus aujourd'hui qu'un tout petit jardin que quelques maniaques férus de belles-lettres continuent d'entretenir et d'ensemencer avec infiniment de soins, et de ce jardin Sollers n'est que l'un des nains. La littérature des tocards (Houellebecq, Angot...) et des baudruche à la Sollers ne donnent pas de si belles fleurs qu'il faille porter leurs promoteurs en triomphe et aboyer au génie chaque fois que l'un d'eux rote.

A Pendragon, à propos d'opinions

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 5 décembre 2001

Je suis tout à fait rassuré: nous pouvons diverger, mais il m'étonnerait que cela puisse être au point d'aller plus loin... J'insiste: Sollers est certainement un bon écrivain et je le mets nettement plus haut que celui que tu évoques dans ta critique éclair ! Par contre, contrairement à ce que tu as l'air de penser, Eco, Miller et Bukowski ne font pas partie de mes écrivains favoris (pour le dernier j'ai simplement dit avoir aimé "Facteur"). Et peut-être honte à moi, mais c'est comme ça ! Par contre, dès que possible, dans ma liste de lectures en attente, je lirai le Sollers que tu me conseilles. Quant au problème de fond que j'ai évoqué, je vais tenter de m'expliquer. La culture et l'écriture sont de très belles choses, mais j'aime aussi qu'il y ait un peu plus. Tous les livres que j'ai aimés n'ont peut-être pas ce plus, Dumas par exemple, mais, en général j'aime le trouver chez un auteur. Je le trouve chez Dostoïevski (avec un style pas terrible), je le trouve chez Yourcenar avec une écriture superbe et une très grande culture, je le trouve chez Malraux, Camus, Jim Harrison, Cormac McCarthy, Russell Banks, Philip Roth, Kadaré, le Kundera de l'époque d'opposition, et bien d'autres. Mon grand ami Louis-Ferdinand avait pour habitude de dire "le style, pas les idées", partant du principe qu'en matière d'idées tout avait déjà été dit et que donc seule comptait la façon de le dire. Il a raison et pas. Quant à la culture, ce n'est pas dans "Le Voyage" qu'on risque de la trouver, mais qu'est ce qu'il nous donne en plus !... Nous pourrions discuter de cela des heures et avoir raison chacun. C'est un simple point de vue, une question de goût. Nombreux sont ceux, autour de moi, qui me reprochent souvent de lire "trop sérieux". Et pourquoi pas: ils ont peut-être raison ! Mais si moi j'ai besoin de ça ?... Pas toujours, j'aime aussi Astérix, Dumas et d'autres choses légères, mais alors cela doit vraiment me distraire, sinon c'est une perte de temps. De nouveau, une simple question personnelle...

Hé, là-bas !!!

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 5 décembre 2001

Rassure-toi, Jules, une fois n'est pas coutume, mais je ne puis, cette fois, être d'accord avec toi ! Tu nous dis qu'il écrit bien et qu'il est cultivé... et tu attends plus !!! Mais quoi de plus ? Une histoire ? Est-ce réellement là le noeud du problème ? Une profondeur ? Est-ce à chaque fois nécessaire ? Je m'étonne de t'entendre dire cela car il me semble que tu apprécies Eco, Miller ou Bukowski... et Sollers est un mélange des trois. Oui, je suis d'accord avec toi, on reste un peu sur sa faim... mais Sollers reste un écrivain digne de ce nom, qui "vaut" qqch, pas comme certains (dont je tairai le nom) qui reçoivent des prix dieu sait comment ou qui tirent à 250000 exemplaires simplement parce qu'il y a un peu de sexe ou de provoc'... Le style et la culture ! Que demander de plus ? Et... n'avais-tu point écrit que tu allais commencer "Le Coeur absolu", suite à ma critique... Cela dit, si tu dois lire un Sollers de plus, essaie quand même de commencer (et finir) "Le Lys d'or", c'est, à mon sens, son meilleur.

Pas fana du tout de Sollers

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 5 décembre 2001

Je n'ai lu que deux livres de lui "Les Folies Françaises" et "Le Secret", mais je ne suis vraiment jamais arrivé à vraiment entrer dans un de ces livres. Entrer au point de me donner l'impatience de poursuivre, l'envie d'en lire un autre... Non, j'ai subi, j'ai attendu que ça passe...Il écrit bien, oui, il est cultivé, oui, mais après tout cela ?...

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  voyage dans le temps 4 Virgile 18 février 2011 @ 20:47

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