Le Discours sur la tombe de l'idiot de Julie Mazzieri

Le Discours sur la tombe de l'idiot de Julie Mazzieri

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Janair, le 2 mars 2009 (Lyon, Inscrite le 20 juin 2004, 74 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (56 035ème position).
Visites : 4 353 

La rumeur

« En plein jour. Ils l’ont jeté dans un puits de l’autre côté du village. Ils l’ont pris par les jambes et l’ont fait basculer comme une poche de blé. En comptant un, deux, trois. Le maire et son adjoint. »

Ce sont les premières lignes de ce premier roman. Ils étaient deux, deux pour débarrasser le village de l’idiot. Celui qui pissait sur la porte de la mairie, qui bavait et crachait, qui se couchait sur son ombre et qui n’avait pas de nombril.
Chronique de village, chronique de la bêtise et de la haine ordinaire, de la peur de ce que l’on ne comprend pas.
Un meurtre a été commis mais la vie continue mais pour l’un des coupables la culpabilité arrive, tenace et envahissante.

Le village s’interroge, les bruits se répandent, la rumeur comme un cancer va envahir le village, l’idiot a disparu juste quand arrive dans la ferme des Fouquet un nouvel ouvrier agricole, justement... Et puis il y a ce corps que l’on trouve au fond d’un fossé, c’est l’ouvrier, c’est sûr...qui d’autre ? Ce bouc émissaire fait l’affaire du Maire.

Je vous laisse découvrir la suite de l’histoire, Julie Mazzieri sait dire la violence impulsive, la peur de l’étranger ou tout simplement de l’inconnu, elle s’abstient de tout jugement moral.
Un vrai régal en cinq parties, avec des phrases courtes, sans aucun pathos, sans émotion apparente.
Son écriture a le coupant de la faux, la dureté de la pierre Un récit concentré, très maîtrisé.
Une réussite.

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Les éditions

  • Le discours sur la tombe de l'idiot [Texte imprimé] Julie Mazzieri
    de Mazzieri, Julie
    J. Corti
    ISBN : 9782714309877 ; 9,39 € ; 08/01/2009 ; 244 p. ; Broché
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Vivre à la campagne

7 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 21 août 2012

Je commenterai brièvement ce roman parce que je veux avant tout souligner que Julie Mazzieri est une Québécoise dont le nom de famille est Ouellette. L’auteure a abordé la mentalité villageoise alors que les gens de la ville aspirent à aller vivre à la campagne. Elle contredit en fait la fable du Rat de ville et du rat des champs de La Fontaine. Ah, la sainte paix de la campagne ! Le roman dénonce ce préjugé tenace. Comme disait saint François de Sales : « Là où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie. » Le roman illustre cet aphorisme de belle façon à travers des assassinats qui, semble-t-il, ne touchent que les grands centres. Pourtant, chaque année, de nombreuses municipalités ont à déplorer la mort violente de ses habitants.

Au lieu de s’attacher aux écarts de conduite, l’auteure s’en prend à la mentalité pernicieuse qui y conduit. Chacun porte sa part d’ombre. Et l’occasion fait le larron comme il peut devenir un héros dans un autre contexte. En somme, ce roman au rythme soutenu examine, au-delà de la violence des communautés fermées, l’étroitesse d’esprit de ceux qui sont responsables des rumeurs qui poussent tous et chacun au poteau d’exécution. Cette thématique est traitée par de nombreux écrivains. Pour n’en citer que deux, mentionnons La Héronnière de Lise Tremblay (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/9324) et Les Noces villageoises de Nicole Filion (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/3296).

Bref, les crimes commis dans ce roman ne servent que de prétexte à une analyse psychologique d’une portée sociale.

Une bonne idée qui ne mène à rien

4 étoiles

Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 18 août 2012

Dans la quatrième de couverture, on nous informe que Le discours sur la tombe de l’idiot n’est pas un roman policier. En effet, il ne l’est pas, et c’est fort bien car ce n’est pas ce que l’on cherchait. Par contre, on nous promettait, derrière une « essence policière », un roman sur la culpabilité. On se projetait donc dans un Crime et châtiment au Québec, on imaginait le maire et son adjoint rongés par le remord d’avoir commis ce meurtre gratuit et l’on se demandait si leurs rapports avec le reste de la population seraient altérés, pourquoi ils avaient commis ce crime, et surtout s’ils accepteraient que l’ouvrier agricole fraîchement débarqué chez les Fouquet endosse le costume du coupable idéal.

Le principal avantage du roman, c’est qu’il nous surprend : en effet, rien de tout cela n’arrivera, ni ne sera abordé. Bien vite, le meurtre de l’idiot ne sera qu’anecdotique — d’ailleurs, les villageois ne semblent même pas bien intéressés de savoir s’il est bien mort ou seulement disparu. De même, cet autre meurtre qui tombe comme un cheveu sur la soupe n’aura là encore aucune autre utilité que de décontenancer le lecteur qui s’attendait à ce qu’on retrouve le corps de l’idiot, et non celui d’une seconde victime dont on ne sait rien et qui ne jouera plus aucun rôle dans l’intrigue. Quant à la conscience, elle ne semble pas trop titiller le maire, quant à l’adjoint, hormis quelques crises là encore anecdotiques, on n’en parlera plus.

En fait, tout cela ressemble à un acte manqué : comme si l'auteur avait eu une bonne idée et beaucoup d'ambition, mais n'avait su les mener à bien et avait renoncé devant l'ampleur de la tâche.

A la place d’un « roman sur la culpabilité » (je cite la quatrième de couverture), on a donc un bête roman sur la vie d’un village de campagne avec tous les clichés que cela peut comporter sur l’ignorance crasse des paysans et la rumeur publique qui désigne immédiatement l’étranger comme cause de tous les maux et de tous les événements sortant un peu de l’ordinaire auxquels est confrontée la petite communauté. Le tout n’est pas forcément déplaisant et, à vrai dire, ça se laisse lire et c’est plutôt bien écrit, malgré une légère tendance de l’auteur à abuser des mots techniques et inusités (ceux-ci étant souvent forts laids, on ne peut d'ailleurs pas vraiment dire qu’ils contribuent à la beauté du texte). Le problème, c'est donc qu'il n'y a guère plus et surtout pas de fond.

Notons aussi qu’aucun des personnages n’est vraiment attachant et que l’auteur passant systématiquement du coq à l’âne, il n’a jamais l’occasion de les fouiller si bien qu’ils ne restent finalement que des stéréotypes unidimensionnels et cadrent ainsi parfaitement avec le reste du roman.

La critique est sévère, mais c’est une vraie déception. Le thème du meurtre gratuit, par ce qu’il évoque dans le patrimoine littéraire mondial, aurait mérité un meilleur traitement et une analyse plus poussée. Au lieu de ça, l’auteur l’abandonne purement et simplement pour ne nous livrer qu’un roman léger et finalement plutôt médiocre.

bof...

1 étoiles

Critique de Poki (, Inscrite le 1 mars 2010, 50 ans) - 21 juin 2011

J'ai été assez déçue par ce roman... La 4ème de couverture me faisait envie et puis la lecture m'a fait l'effet d'un pétard mouillé. Je n'ai pas du tout aimé le style que j'ai trouvé haché et passant du coq à l'âne, je ne sais pas si j'ai tout saisi d'ailleurs... Je n'ai pas ressenti la profondeur des personnages. Je crois que ce roman ne laisse pas insensible de toute manière, on aime ou on n'aime pas! Je ne veux dégoûter personne alors lisez-le pour vous faire votre propre opinion!

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