Les Romanichels de Edmée de Xhavée
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un premier roman réussi
Dès les premières pages, Olivia nous explique ses relations avec sa mère : "Elle n'a jamais été capricieuse, ni vraiment égoïste. Pas proche de moi non plus, ni moi d'elle, mais sans hostilité. Un peu comme si nous étions tante et nièce, sans l'intimité qui semble parfois exister entre certaines mères et filles. Ni la froide rivalité qui existe entre d'autres (...) Elle ne m'a jamais appelée pour me dire que quelque chose de bien lui arrivait...ce n'est pas le genre de choses qu'elle partage avec moi. Nous sommes plutôt du style à nous échanger bouquins, recettes de cuisine et adresses de bons hôtels".
Aussi Olivia est intriguée par la demande insistante de sa mère de renoncer à son départ en vacances et de revenir de Turin une semaine à Bruxelles... A son arrivée en Belgique, Suzanne/Mammita (53 ans) lui annonce avec beaucoup de sérénité qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle souhaite que l'espace d'une semaine, Olivia apprenne à la connaître et lui pose toutes les questions qu'elle veut sur sa vie.
Mammita remonte quelques décennies en arrière pour raconter l'histoire de sa famille, son enfance, ses vacances en Italie, la perte de sa virginité avec Rinaldo, son mariage sans amour avec Sébastien d'Entremont-van Zwyn, le décès de son père Max, sa rencontre avec son amant Sergueï, la naissance d'Olivia. Rebondissement au treizième chapitre lorsque les révélations de Mammita touchent directement Olivia qui se rend compte des sacrifices faits par ses parents pour elle... Heureusement, la génération suivante s'affranchit des conventions et de l'hypocrisie qui régnaient dans certaines couches sociales élevées, et mène sa vie comme elle l'entend : Olivia est heureuse en Italie avec Pierluigi. Le roman se termine par l'explication du titre et une bouffée d'enthousiasme et d'optimisme, la maladie d'Alzheimer paraissant bien loin.
De ce premier roman d'Edmée De Xhavée bien écrit et agréable à lire, j'ai noté une citation à méditer que j'approuve totalement : "Le passé, c'est bon seulement quand on y retourne pour se faire plaisir, pour se dire qu'on a eu de la chance d'avoir vécu çà, ou vu çà. Mais des larmes, on a assez d'occasions d'en verser sans en plus aller les rechercher dans le passé!".
Enfin, deux petites critiques : la ponctuation incorrecte des dialogues et la quatrième de couverture qui en dit trop sur le contenu du roman. J'y aurais mis un peu de suspense en me contentant du résumé du premier chapitre : pourquoi Mammita insiste-t-elle autant pour qu'Olivia vienne passer une semaine à Bruxelles?
Message de la modération : Editeur amateur – réalisation de la maquette par l’auteur
Les éditions
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Les Romanichels de Edmée De Xhavée
de Xhavée, Edmée de
Chloé des Lys
ISBN : 9782874592959 ; 01/04/2008 ; 261 p. ; Relié
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« Che casino !»
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 16 mai 2012
Avec une écriture raffinée, pleine de délicatesse et de sensibilité, elle fouille les cœurs et les âmes plus qu’elle n’analyse les comportements et les sentiments, elle nous confie ce qu’elle ressent, ce qu’elle éprouve, ce qu’elle perçoit, et même parfois ce qu’elle pressent. Déroulant, sans ordre chronologique, la vie sentimentale de ces femmes entre la Belgique (Verviers, Bruxelles), l’Italie (Istrie, Turin) et la Provence (Aix), elle raconte les mariages arrangés, les relations éphémères, les couples qui se défont plus vite qu’ils se construisent, les amours déçus, … tout ce qui peut un jour relier les hommes et les femmes mais aussi les mères et les filles, les filles et les mères, les amoureux, les amants et même les amis.
Un regard qui comporte une pointe d’acidité, d’aigreur, un récit qui laisse filtrer une certaine frustration et qui dénonce sans ambages les contraintes sociales et religieuses qui ont pesé sur ces femmes qui n’avaient pas la possibilité d’aimer qui elles voulaient, quand elles le voulaient, comme elles le voulaient. Et, même si elle fait dire à l’un de ses personnages que c’est l’amour qui pourrait bien être l’opium du peuple, on sent bien qu’elle aime l’amour, pas forcément l’amour toujours, plutôt l’amour quand il surgit et qu’il saisit en dehors de toutes ces contraintes.
Ce récit est aussi, pour Edmée, l’occasion d ‘aborder les problèmes liés à la fin de la vie : la maladie, la déchéance, l’appréhension de la mort. Et ceux qui, avant cette échéance, conditionnent l’existence des femmes : la naissance, l’argent, le patrimoine, la position sociale, l’image, toutes ces valeurs issues du XIX° siècle et qui pesaient encore sur cette aristocratie rurale désargentée qui fut contrainte de se compromettre avec une bourgeoisie affairiste qui détenait les nouvelles fortunes. Une page de l’histoire rurale européenne où les structures sociales étaient restées figées depuis des siècles et se trouvaient brutalement confrontées à la montée de nouvelles forces.
Une lecture remplie d’une belle sensibilité qui laisse deviner qu’une part de vécu nourrit ce récit, même si cette histoire n’est pas autobiographique, l’auteure semble très bien connaître le milieu – petite noblesse rurale et bourgeoisie industrielle – dans lequel elle situe l’intrigue et elle a dû connaître, dans son entourage, des femmes qui ressemblaient à celles qu’elle met en scène. Et si toutes ces femmes n’étaient finalement qu’une femme sœur jumelle de l’auteure ?
"Bon sang, quel beau roman !"...
Critique de Lascavia (, Inscrite le 2 avril 2010, - ans) - 4 août 2010
Une jolie couverture aux couleurs -terre et feu- et 260 pages pour une croisière sur trois générations. Des escales en Belgique, dans le sud de la France, sans oublier l’Italie, Torino en particulier. Un beau voyage avec trois familles, pour une histoire émouvante à plus d’un titre.
Les romanichels s’inscrivent dans la lignée des fresques familiales où les personnages s’animent en 3D sous les yeux du lecteur : un univers tout en relief.
Les secrets de famille auraient pu dormir pour l’éternité si la maladie d’Alzheimer n’avait brandi son épée de Damoclès sur la tête de Suzanne. Elle est la mère d’Olivia, devenue femme. Mère et fille se connaissent en surface, Olivia ayant été élevée par sa grand-mère sans vraiment savoir pourquoi.
Si l’annonce de la maladie fait figure de menace, elle sera aussi pour Suzanne l’occasion de lever le voile sur un secret à la portée fondamentale, avant qu’il ne disparaisse, englouti par les trous noirs de la mémoire. Un secret conséquent, bien gardé par le clan familial, injuste pour la mère comme pour sa fille qui ne peut avoir eu jusque là qu’une vision parcellaire de la femme que fut sa maman. Un secret offert en héritage avant qu’il ne soit trop tard…
Un voyage aussi au cœur de deux familles dont les équilibres et les relations sont soumis aux épreuves du temps, aux convenances, aux carcans éducatifs, aux rêves et aux désillusions... Les destins s’entrelacent ou s’éloignent, tantôt soudés par l’amour, la tendresse ou les obligations, tantôt dispersés par les aléas de l’existence, les contingences sociales et les rancœurs. Un récit où conventions et conformismes, soumissions et rébellions conduisent en cadence l’évolution du roman.
Il faut du souffle, de l’endurance et une maîtrise certaine pour mettre au monde un tel roman. L’entreprise, périlleuse, compliquée, ne pouvait être portée que par un auteur de talent. Une écrivaine.
Dans Les Romanichels, Edmée De Xhavée ne se contente pas d’écrire. Elle compose une partition complexe, elle dessine des tableaux animés, elle sculpte les émotions et les sentiments, elle parfume les ambiances et les lieux. Elle imprime sa marque par un style élégant, limpide et dense, ouvragé comme une pièce de dentelle de luxe quand les circonstances s’y prêtent. Une écriture qui éprouve les cinq sens pour le plus grand bonheur du lecteur. Présent et passé, narration et dialogues s’associent sans rupture et sans discordance préjudiciables à la visibilité du lecteur ou susceptibles de rompre l’enchantement.
J’ai tourné la dernière page comme on ferme la porte sur un univers familier. L’esprit réquisitionné par les souvenirs et le plaisir, le cœur encerclé par la nostalgie. Pour ne pas quitter les Romanichels trop vite, j’ai relu les premières pages, puis les nombreux extraits signalés par un post it en cours de lecture ; et j’ai résumé pour moi-même ce que j’expose plus largement ici : « Bon sang ! Quel beau roman… ».
Josy Malet-Praud
J'ai lu
Critique de Martine_12 (, Inscrite le 4 mars 2009, 72 ans) - 12 avril 2009
C'est le seul commentaire que j'aurais envie de faire!
Car enfin, je referme ce livre sur... trois semaines de lecture.
Ma lecture est terminée. Tristesse! Bonheur! Aucune ambivalence pourtant et il est rare que je prenne autant de temps à lire 250 pages: j'avais si peu l'envie de l'achever, si peu l'envie d'abandonner les personnages qu'à chaque fois, je les laissais prendre forme. J'avais envie d'en savoir plus encore et encore plus sur chacun d'entre eux; or je savais qu'une fois le point final rencontré, ce serait fini. Et je voulais tout, sauf ça!
Abandonner les personnages, quelle idée! On ne les abandonne pas quand on a la chance de connaître un tant soit peu l'auteur! Elle y est omniprésente. Mais quand même! Suzanne me manque! Et Mado, et Grand-Daddy, et Philippe, et. Sergueï, et..., et tous les autres!
Seul un chat ronronnant manque à cette atmosphère de détente. Je souris en l'écrivant, car n'ayant pas dérogé à ma sacro-sainte habitude, une fois une cinquantaine de pages lues, je suis une fois encore allée voler les mots des deux dernières pages. Et ils furent ceux que j'attendais, sans aucune surprise ni aucune déception. Que du contraire! Ils m'ont apporté la quiétude que je désirais avoir afin de pouvoir savourer tranquillement chaque réaction des personnages.
Edmée DE XHAVEE, grâce à sa sensibilité et à son style superbe (*), nous fait ressentir toutes les émotions vécues par les membres de deux grandes familles partagés, tiraillés entre le sens du devoir et l'appel vers « l'ailleurs ». Chacun est acteur de sa propre existence mais ce sens du devoir en est bien souvent « le maître ». On ne fait pas une croix ainsi sur toute une éducation et il faut la sagesse des années pour pouvoir faire co-exister les deux et en retirer tout l'enseignement qu'il y a à en retirer.
Une semaine à partager avec sa mère fait vivre à Olivia la saga de sa famille dont elle ignorait quasiment tout hormis les convenances. A l'opposé, Angelina, la domestique, lui fait découvrir le sens profond du mot « vie » telle que la ressentent et la subliment les Italiens et Italiennes. S'opposeront le « quant à soi » et « le plaisir du toucher », la « haute restauration » et les « petits restaurants familiaux », les rencontres de salon et celles des rues.
A chaque fois, les deux extrêmes, en totale contradiction, sont aussi riches les uns que les autres. Tiraillement et dilemme de l'existence pour qui connaît ces deux mondes et qui doit « choisir »!
Enfin, au-delà de cette dualité, en filigrane jusqu'à la fin, viscérale, coule la source de vie des Rrom dont la Chakra à seize rayons est leur emblème. Mais de leur rôle dans ce livre, je n'en dirais pas davantage. Il faut leur laisser l'étrange, la croyance.
Et puis s'il faut absolument lire ce qu'a écrit Edmée DE XHAVEE, ce n'est qu'à partir d'un certain âge et d'un certain vécu qu'on peut le vivre jusqu'au fond des tripes. Un peu à l'instar du film de Clint Eastwood, « Sur la route de Madison , réellement et intiment appréciable qu'à partir d'un certain...temps, d'une certaine maturité.
Merci, Edmée, de nous avoir offert tes « Romanichels »!
m.
12/04/2009
(*) il suffit d'aller sur son blog pour s'en rendre immédiatement compte:
http://edmee.de.xhavee.over-blog.com/
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