La psychanalyse du feu de Gaston Bachelard

La psychanalyse du feu de Gaston Bachelard

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Kinbote, le 14 février 2009 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 043ème position).
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Le feu dans tous ses états

Ce livre se situe à la charnière de deux périodes, celle où Bachelard définit ce qu’est l’esprit scientifique, contre quoi il doit combattre (les préjugés, les séductions du rêve, les illusions de la connaissance immédiate) et celle où il analysera les bases matérielles de l’imagination au cours de ses livres fameux sur la poésie. Il écrit au début de l’ouvrage : « Les axes de la poésie et de la science sont d’abord inverses. Tout ce que peut espérer la philosophie, c’est de rendre la poésie et la science complémentaires, de les unir comme deux contraires bien faits. »

D’abord il examine le feu à la lumière de divers complexes (Prométhée, Empédocle, Hoffman, Novalis) en partant du principe que lorsqu’ « on a reconnu un complexe psychologique, on comprend mieux certaines œuvres poétiques. » Il analyse ensuite la sexualisation attachée au feu après avoir signalé que le feu est lié à l’interdit de toucher. Dans un autre chapitre, il analyse le feu tel qu’il a été étudié par les chimistes (Bachelard, avant d’être philosophe, fut licencié en mathématiques et exerça en tant que professeur de chimie) et tel qu’il opposa une résistance à l’esprit scientifique. Ainsi, rappelle-t-il, « il faudra de grands efforts d’objectivité pour détacher la chaleur des substances où elle se manifeste, pour en faire une énergie qui ne peut être latente et cachée. »

Il indique que « moins on connaît et plus on nomme » et « si, dans une connaissance, la somme des convictions personnelle dépasse la somme des connaissances qu’on peut expliciter, enseigner, prouver, une psychanalyse est indispensable. »
Il nous dit aussi que le rêve est plus fort que l’expérience et que « c’est la rêverie qui prépare le mieux à la pensée rationnelle ».Ou encore : « Plus que la volonté, plus que l’élan vital, l’Imagination est la force même de la production psychique. »
Tout cela est écrit avec une volonté de ne pas ennuyer en indiquant des éléments de son vécu susceptible de trouver un écho dans l’expérience propre du lecteur.

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Les éditions

  • La Psychanalyse du feu [Texte imprimé] Gaston Bachelard
    de Bachelard, Gaston
    Gallimard / Folio. Essais.
    ISBN : 9782070323258 ; 8,60 € ; 04/11/1985 ; 190 p. ; Poche
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Erreurs sur le feu, reflet des difficultés de l'élaboration de la connaissance

7 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 28 juillet 2013

Dans La formation de l’esprit scientifique, essai sans doute le plus lu de Bachelard, ce dernier évoquait déjà la nécessité d’une « psychanalyse de la connaissance », ainsi que la plupart des thèses qu’il défend dans La psychanalyse du feu.

Comme un poète qui déclinerait ses vers à partir d’un thème sensible, propice aux métaphores et autres figures de style, Bachelard choisit ici d’étayer son discours philosophique grâce à l’exemple du feu. Les idées intuitives, naïves, que l’on porte habituellement sur ce phénomène physique, rapportés dans des discours et écrits, illustrent pleinement les erreurs que nous commettons lorsque nous nous intéressons à une connaissance objective. Bachelard s’appuie essentiellement sur des extraits d’ouvrages des siècles derniers, écrits par des philosophes, romanciers, poètes ou scientifiques. Leurs raisonnements ne sont pas exempts de biais épistémologiques majeurs, que l’on retrouve de manière itérative et similaire à travers les siècles, à savoir : le substantialisme et l’animisme. On proclame par exemple souvent que le feu est difficile à allumer ou à éteindre, comme s’il était sans cesse de mauvaise volonté.
Bachelard dénonce surtout les convictions personnelles, ces habitudes d’esprit, ces « complaisances pour les intuitions premières ». Le jugement ne se base pas assez sur des expérimentations.
Tout en nous prévenant des méfaits des métaphores abusives comme outil d’explication de faits scientifiques, il n’hésite pas à y recourir.
« La science se forme plutôt sur une rêverie que sur une expérience et il faut bien des expériences pour effacer les brumes du songe. »

Il s’agit du second livre que je lis de Bachelard. J’apprécie la prose de ce philosophe des sciences. Même si elle n’est pas toujours aisée à comprendre, elle a le mérite d’être agréable. Son attrait pour la propagation d’un esprit scientifique, le moins entaché possible d’impressions subjectives, m’attire également. Je pense que l’on peut facilement se familiariser avec les propos de Bachelard à mesure que l’on avance dans la découverte de ses œuvres.

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