Les derniers Indiens de Marie-Hélène Lafon

Les derniers Indiens de Marie-Hélène Lafon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Klein, le 5 février 2009 (Inscrit le 16 octobre 2004, 60 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 245ème position).
Visites : 5 056 

Derniers survivants d'une autre époque

Présentation de l'éditeur
" Les Santoire vivaient sur une île, ils étaient les derniers Indiens, la mère le disait chaque fois que l'on passait en voiture devant les panneaux d'information touristique du Parc régional des volcans d'Auvergne, on est les derniers Indiens. " Les Santoire, le frère et la sœur, sont la quatrième génération. Ils ne se sont pas mariés, n'ont pas eu d'enfants. En face de chez eux, de l'autre côté de la route, prolifère la tribu des voisins qui ont le goût de devenir. Sentinelles muettes, les Santoire happent les moindres faits et gestes. Et contemplent la vie des autres. Des vrais vivants.
Voilà pour le résumé.

Ecrit à la première personne par Marie, la soeur. Qui rumine l'échec de sa famille, la résignation devant la disparition annoncée de son nom, la fin de leur "domaine". Tout ça à cause de la mère, celle qui les a élevés d'une main de fer, mais constamment rabaissés, jusqu'à la fin, ils n'étaient ceux "choisis" par la mère.
Un livre sur l'orgueil, la solitude. Et sur la fin annoncée de toutes ces familles sans descendants, comme on en rencontre tant dans nos campagnes reculées.
Merci Marie-Hélène Lafon, on se laisse happer par le train lent des pensées de Marie.

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la fin des paysans

10 étoiles

Critique de Cyclo (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans) - 18 juillet 2019

Dans ce monde austère, aux hivers longs, presque hostiles, le petit monde de l'auteur cherche sa survie. Dans Les derniers Indiens, Marie et Jean sont de vieux paysans à la retraite : "On n'allait pas se presser, on ne se presserait plus, plus du tout jamais, on avait fini de se presser, et pour qui, pour plaire à qui". Ils ne se sont pas mariés, n'ont pas eu d'enfants et observent autour d'eux les occupants de la ferme voisine, une vraie tribu, nombreuse, activiste, agitée, avide de nouveautés (au contraire de Jean : "Il ne veut pas, il n'aime pas le nouveau, il ne veut rien changer, rien ajouter, il veut que tout reste comme avant, avant quoi, avant toute vie, avant") et qui ne cesse d'agrandir et de diversifier l'exploitation, d'y rajouter le tourisme vert, en attendant la mort des deux vieux pour récupérer leurs terres et s'agrandir encore.
Un livre magnifique.

Au bord du monde

6 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans) - 22 mars 2010

Bien que ses romans soient très réalistes, précisément datés et géographiquement définis, il ne faut pas voir en Marie-Hélène Lafon un écrivain régionaliste comme l’entendent parfois certains, un tantinet condescendants. Elle écrit sur ce qu’elle connaît, ce qu’elle a vécu, observé et fait au-delà de son travail de romancière œuvre de sociologue en décrivant un monde qui meurt, celui de la paysannerie française.

« Les derniers indiens » est bien l’acte de décès d’un monde qui s’achève, se rétrécit, se rabougrit, s’assèche, se referme et se renferme, se délite et dont la tombe ne sera bientôt plus qu’une friche parmi d’autres. L’auteur a sacrifié l’histoire, notamment celle de « l’Alice », jeune fille handicapée dont on aurait aimé savoir ce qui lui était arrivé, au profit de l’entomologie funèbre de la famille Santoire séparée par une frontière infranchissable, le fil à linge à sécher des gens d’en face qui ne sont que vie, cris, rires, embrassades,

Ce roman est antérieur à « L’annonce » et il lui est, d’un point de vue strictement romanesque, inférieur. Le style est le même avec ses longs paragraphes, animés par des phrases parfois saccadées, des mots qui se télescopent quand le cœur bat trop vite, mais il y a dans « L’annonce » une histoire qui vous prend car on voudrait tant que les deux protagonistes principaux réussissent à enfin vivre, malgré l’opposition sourde et butée des oncles et de la sœur. Ici tout est trop intérieur pour se prendre de compassion pour Marie ou Jean qui sont restés au bord du monde, comme le dit Marie-Hélène Lafon, qui sont passés à côté de la vie et on étouffe, ne rêvant que de franchir la frontière pour aller vivre chez les autres, ceux qui croient en l’avenir et s’en donnent les moyens.

Sur un monde qui se sent abandonné, qui se fige dans ses rituels dérisoires et ses secrets trop lourds, Marie-Hélène Lafon en dit bien plus que toutes les études technocratiques qui oublient que si l’agriculture est une activité économique qui crie sa colère, le monde agricole est pétri d’une humanité qui garde sa dignité en cachant sa détresse la plus intime.

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