L'enchanteresse de Florence de Salman Rushdie
( The enchantress of Florence)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un enchantement
Quelle histoire que celle de cette héritière des princes moghols, de Tamerlan à Gengis Khan, qui revient hanter la cour d'Akhbar ( le Grand ) à Sikrit ! Au XVème siècle elle aurait, après des aventures étonnantes, été obligée de fuir à Florence et de côtoyer les princes florentins qui lui donnèrent l'occasion de vivre encore d'autres aventures extraordinaires ( on y voit les Médicis, mais aussi Machiavel ou Pic de la Mirandole et Savonarole) avant de gagner le Nouveau Monde en compagnie d'un parent d'Amerigo Vespucci.
Difficile de rentrer dans le détail des multiples intrigues qui jalonnent le récit, mais on ne s'y ennuie pas. Bien sûr, cela demande un effort initial, en particulier pour rechercher les innombrables références historiques qui étayent ce roman. D'ailleurs l'auteur nous livre en fin d'ouvrage une très longue liste bibliographique.
Bien sûr cela semble complètement irréaliste, voire farfelu, mais Rushdie "colle" étroitement à la réalité historique et cela rassure le lecteur (j'ai personnellement vérifié quelques points, concernant notamment l'empire Moghol, ou les Florentins cités dans le récit : ils ont réellement existé et ont fait des choses analogues). L'imagination féconde de l'auteur a fait le reste.
Lancez-vous dans ce roman sans arrière-pensée, vous ne le regretterez pas !
Les éditions
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L'enchanteresse de Florence [Texte imprimé] Salman Rushdie traduit de l'anglais par Gérald Meudal
de Rushdie, Salman Meudal, Gérard (Traducteur)
Plon / Feux croisés (Paris)
ISBN : 9782259193450 ; 4,53 € ; 02/10/2008 ; 288 p. ; Broché -
L'enchanteresse de Florence [Texte imprimé] Salman Rushdie traduit de l'anglais par Gérald Meudal
de Rushdie, Salman Meudal, Gérard (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070399055 ; EUR 9,10 ; 28/01/2010 ; 480 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Le plaisir d'écouter de grandes histoires ...
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 29 février 2020
L'auteur établit des correspondances entre l'est et l'ouest, entre l'orient et l'occident. Un voyageur florentin, Niccolo Vespucci, en tenue d'Arlequin débarque en Orient, en terre moghole et ne cesse de raconter des histoires et révèle un véritable talent de conteur. Puis il y a Akbar, ce roi qui possède plusieurs femmes, mais celle qu'il aime par-dessus tout n'existe pas, il l'imagine tellement fort qu'elle existe pour lui et tout son entourage doit faire comme si elle était vivante. Il y a aussi Qara Köz, la princesse aux yeux noirs, qui intrigue tout le monde et qui envoûte qui la regarde. Autour de ces personnages gravitent tant d'histoires et d"hypothèses qui rapprochent l'Italie de l'Empire moghol.
Le roman de Rushdie est animé d'un souffle narratif incroyable. Il contient de nombreux rebondissements et des situations qui rappellent celles des contes. Tout est possible, voire magique. Il y a de la poésie dans certaines évocations et ce roman permet de voyager et de se perdre parfois dans les méandres de la narration. Et il y a tous ces noms italiens ou orientaux qui parlent à notre imaginaire. L'Histoire s'entrelace à l'histoire. Beaucoup de personnages racontent des histoires et donnent naissance à d'autres personnages. C'est un peu le métier d'écrivain que l'on voit se dessiner à travers ce roman qui donne vie aussi à ses personnages. Il y a cette importance de la transmission, l'importance de narrer afin d'éclairer et de ne pas oublier.
Un bon roman pour voyager dans le temps et l'espace dans un univers à la fois familier et surprenant.
Un somptueux divertissement
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 24 août 2009
Salman (ou Aladin ?) Rushdie nous propose un somptueux divertissement où la magie se nimbe de merveilleux, où la poésie adoucit le récit, où la sensualité se fait tendrement exubérante et l’imagination créatrice, où la réflexion sur le pouvoir affronte l’Histoire.
L’auteur raconte superbement cette rencontre de deux civilisations où le choc redouté laisse la place au raffinement et à la délicatesse, même si parfois le complot, les pièges, la dureté du pouvoir altèrent cette douceur. Car « le drame des hommes n’est pas que nous soyons tellement différents les uns des autres mais que nous soyons tellement semblables ».
Ce roman est donc un ravissement très souvent poétique et Rushdie semble s’être beaucoup amusé à chercher ce qui pourrait nous surprendre, nous toucher, en un mot nous enchanter. Ainsi, parmi tant d’autres trouvailles, celle de cet éléphant aveugle qui écrase les condamnés mais qui, ensorcelé par le parfum de son maître dont le supplicié s’est aspergé, ne va pas piétiner le malheureux mais le prendre tendrement par sa trompe. Ou de cet homme qui se baigne dans une eau qui lui révèle les secrets de ceux qui l’ont précédé dans le bassin. Ou « ce rêveur qui pouvait devenir son propre rêve ». Ou encore cette femme qui dit s’appeler « Le Palais des Souvenirs ». Et tout fonctionne magnifiquement.
Cette énigme palpitante est donc un divertissement captivant et c’est un peu aussi sa limite. J’avoue avoir préféré d’autres livres de cet immense écrivain –« Les enfants de minuit » ou « Shalimar le clown »- qui tout en ayant un côté merveilleux et magique ont aussi une autre dimension politique à peine esquissée ici, soit avec humour quand il écrit, dans une allusion sans équivoque, que « la barbe tire sa nourriture des testicules », soit avec un réalisme bien pessimiste quand, contrairement à ce que croyait Akbar, il estime que « dans l’avenir c’est la violence qui mènera le monde, pas la civilisation ».
Mais ne boudons pas notre plaisir et laissez-vous enchanter.
Le commentaire de Patryck Froissart
Critique de FROISSART (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 77 ans) - 26 mai 2009
Auteur : Salman Rushdie
Editeur : Plon (2008)
Traduit de l’anglais par Gérard Meudal
Titre original : The Enchantress of Florence
ISBN: 9782259193450
407 pages
L'Enchanteresse de Florence est un livre qui m'a trois ou quatre fois agacé, deux ou trois fois ennuyé, cinq ou six fois déçu, et mille et une fois enchanté, comme le voulait son titre.
J’ai aimé le foisonnement des personnages, même si j'ai eu, parfois, du mal à m’y retrouver.
J’ai aimé les clins d'yeux de l’auteur au lecteur, les références explicites ou masquées à l'Histoire, même si je me suis parfois perdu dans la multiplication et l'imbrication, qui m’ont semblé quelquefois forcées, des histoires et des destins individuels.
J'aime les écrivains cultivés, et dont l'écriture enrichit ma culture, et ici j'ai été comblé, d'autant mieux que, par coïncidence, j'ai lu beaucoup ces derniers temps à la fois sur le quattrocento/quintocento, l'épidémie de vérole napolitaine et l'Inde des Moghols (il se trouve que j'ai visité il y a 3 ou 4 ans Fatehpur Sikri, et que les émotions de lecture sont toujours aiguisées par la connaissance du lieu de l'histoire). Sur ce point, l'Enchanteresse m'a passionné, même si foison parfois est quasiment devenue poison, par une trop forte pollution de l'Orient par l'Occident et réciproquement (je ne suis pas persuadé que les deux mondes aient pu s'interpénétrer ainsi, même dans l'esprit de grands personnages: on sait d'ailleurs que le grand Akbar n'avait rien d'un lettré).
J'aime le style de Rushdie, même si j'ai déploré ici des faiblesses, une certaine tendance à la facilité, que j'ai tenu à attribuer à la traduction.
J’ai aimé le mélange du réalisme et du merveilleux, le recours au dessein narratif des Mille et Une Nuits). Je trouve que dans l'Enchanteresse le passage de l'un à l'autre est toujours réussi, et ces transferts poétiques m’ont charmé.
J’ai aimé, comme dans ses autres romans, la fantaisie, volontairement débridée, de Rushdie (en particulier dans Les versets sataniques). J’ai tiqué sur le choix de l'appellation "Mogor d'ell amor", qui fait Commedia dell’Arte, puis j’ai admis que le nom que s’est ainsi attribué le héros correspond à son caractère florentin, et s’inscrit naturellement dans la propension de ses contemporains à se parer de titres.
Un ami lecteur m’a confié qu’il voit en Jodha, l’épouse irréelle que se donne Akbar, la femme idéale, réunissant la science amoureuse et la retenue musulmane que l’empereur quête et qu’il ne trouve pas en ses femmes officielles. L’idée est intéressante, et donne quelque apparence au rêve des empereurs moghols de syncrétiser islam et hindouisme : j’y superpose l’image de Marie, parce que le roman se déroule en parallèle dans le Rajastan et dans la bulle papale. Voir la sensualité légendaire de l’hindoue et la sagesse présumée de la musulmane transposées dans les apparitions de la Vierge chrétienne me séduit, et ne m'étonne pas de la part de Rushdie.
Rushdie excelle dans l'art de mêler le comique au tragique. Cela me plaît.
Les références bibliographiques à la fin du livre constituent un petit trésor, qu'il faut porter au crédit de l'auteur (rien ne l'obligeait à citer ses sources).
En conclusion: j’ai lu avec délectation l'Enchanteresse de Florence, bien que pour moi ce roman ne soit pas des meilleurs de Rushdie.
Patryck Froissart, Plateau Caillou, le 26 mai 2009.
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