La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan Coe
( The rain before it falls)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 32 avis)
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Le désespoir de la pluie.
Jonathan Coe est devenu célèbre par ses romans satiriques où il décrit avec ironie, humour, mélancolie aussi, la société anglaise contemporaine. « La pluie avant qu’elle tombe » est d’un tout autre registre, preuve que ce romancier qui se dit mineur est un grand écrivain qui sait aborder d’autres genres.
Une vieille dame, Rosamond, laisse, avant de se suicider, vingt photographies et quatre cassettes audio destinées à une petite cousine aveugle qu’elle a très peu connue et qui est, pour elle, la "juste, belle et inévitable" conclusion de drames, d’injustices, d’incompréhensions, de manipulations, de désamour. Une histoire qui tourne en boucle, où le présent renvoie au passé en une « suite inéluctable ».
Rosamond décrit très précisément chaque photo en insistant d’abord sur les lieux, la maison familiale, une plage au bord d’un lac, une caravane ; mais aussi sur les moments, un anniversaire, une remise de diplômes, un dîner de Noël, autant d’instantanés où la plupart du temps tout le monde sourit ce qui fait écrire à Coe que « c’est même pour ça qu’il ne faut jamais faire confiance [aux photographies] ». Au-delà de la première émotion, de la première évidence que suscite ce patchwork de moments éphémères, la vieille dame en donne le sens caché. L’auteur fait montre d’un brio et d’une subtilité tout à fait remarquables dans la construction de son récit que je crois impossible à résumer, sauf à le dénaturer. En effet la beauté de ce mélodrame – car c’en est un – se révèle par le style, les incidentes sur un caractère, un détail qui sera déterminant par la suite, le choix des mots, le rythme, tel celui de ces « Chants d’Auvergne » de Canteloube qui sont l’empreinte musicale du roman . Il vous suffit de lire la première page du livre pour comprendre que vous venez d’ouvrir un très bon roman, idéal pour un week-end d’hiver.
Cette histoire de femmes où « l’ordre naturel des choses, c’est le chaos et l’aléatoire » s’inscrit sur quatre générations et en décrit le malheur « au-delà de toute consolation » et aussi l’air du temps : le blitz de la guerre qu’accompagnent la première déchirure et le premier amour, les années d’après guerre et la grande passion de Rosamond pour Rebecca avec ce que ceci entraîne, à l’époque, de gène et de réprobation. Le temps qui passe, les visages qui disparaissent d’une photo l’autre, morts ou oubliés.
Certaines pages sont tout à fait bouleversantes. Jonathan Coe décrit ainsi un moment d’intense bonheur où le doute, la mélancolie, le regret et la certitude vont peu à peu s’installer, révélant ainsi que le bonheur s’évanouit. (Pages 152 à 156)
Toutefois, la fin est un peu moins réussie que l’ensemble du livre, ce que j’avais déjà remarqué dans un précédent roman de Coe. En effet, l’issue du récit est à la fois très conventionnelle et trop faussement romanesque. Mais ceci fait aussi partie du plaisir de lecture que d’imaginer une autre fin, une autre suite pas forcément inéluctable que celle de l’auteur tant il est vrai, qu’une fois publié, un roman appartient autant au lecteur qu’à son auteur.
C’est une belle promenade méditative, sombre, un peu grave, dans des secrets de famille où l’indifférence est la plus grande méchanceté et où on a oublié « qu’une chose n’a pas besoin d’exister pour rendre les gens heureux », comme l’inexistence de« la pluie avant qu’elle tombe » qui peut devenir désespoir si elle tombe.
PS: le titre de cette critique est un emprunt à Aragon dans "La semaine sainte".
Les éditions
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La pluie, avant qu'elle tombe [Texte imprimé], roman Jonathan Coe traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin
de Coe, Jonathan Chauvin, Serge (Traducteur) Ouahmane Chauvin, Jamila (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070785049 ; 22,00 € ; 08/01/2009 ; 248 p. ; Broché -
La pluie, avant qu'elle tombe [Texte imprimé] Jonathan Coe traduit de l'anglais par Jamila et Serge Chauvin
de Coe, Jonathan Chauvin, Serge (Traducteur) Ouahmane Chauvin, Jamila (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070416967 ; 8,10 € ; 01/04/2010 ; 267 p. ; Broché -
The rain before it falls [Texte imprimé] Jonathan Coe
de Coe, Jonathan
Penguin books
ISBN : 9780141033211 ; 0,80 € ; 01/01/2008 ; 277 p. ; Paperback
Les livres liés
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Les critiques éclairs (31)
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roman de femme
Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 11 juillet 2016
J’avoue ne pas avoir été complètement emballée par ce livre. D’abord, le procédé qui consiste à décrire les photos les unes après les autres et d’enregistrer le tout pour que la dernière descendante de la famille, aveugle, puisse en prendre connaissance, je ne vois pas bien le but.
Ensuite, la description des personnages me laisse aussi sur ma faim. Ils sont inconsistants. On ne comprend pas pourquoi une petite fille comme Théa, charmante, mignonne, gentille, attachée à sa tante Rosamond avec qui elle vit plus de 2 ans, devient cette femme méchante, égoïste, qui se jette dans les bras du premier idiot venu dont elle a un gosse dont elle ne s’occupera pas et qu’elle finira par maltraiter jusqu’à la rendre aveugle. Un peu simpliste de dire que la mère Beatrix n’a jamais désiré sa fille et que celle-ci fera de même avec sa propre fille.
Revenons à Béatrix, la mère qui a une relation fusionnelle avec sa cousine Rosamond et qui, de but en blanc, la renie. Là aussi, aucune explication.
Il y a d’autres incohérences, comme par exemple, l’histoire du chien que Béatrix perd en allant le promener, alors qu’elle déteste ce chien, le chien de sa mère, pourquoi alors aller le promener ? Je comprends que l’auteur a tissé un lien et qu’il poursuit son idée principale, que tout doit se tenir dans cette histoire pour prouver que les schémas se reproduisent, mais à mon avis, ils ne sont pas cohérents.
La dernière relation amoureuse de Rosamond me semble aussi un peu légère, on n'en connait pas grand chose sur les liens qui unissent Rosamond et Ruth. Est ce par dépit parce que Rebecca l'a quittée qu'elle débute cette relation ? Ou pour ne pas rester seule ?
Sinon, sur la forme, je ne me suis pas ennuyée une seconde, et j’ai bien apprécié cette lecture. Sauf que les caractères des personnages manquent de consistance et de cohérence.
Souvenirs...
Critique de Palmyre (, Inscrite le 15 avril 2004, 63 ans) - 3 avril 2016
Ces vies de femmes d'une même famille, pas forcément aventureuses ou tragiques reflètent bien la vie telle qu'elle est. Une succession d’événements gais ou tristes, de faits de la vie de tous les jours, pour en arriver inévitablement à la mort.
Ce n'est pas triste ni ennuyeux à lire, bien au contraire, mais cela donne à réfléchir sur le sens de notre présence ici-bas.
Du pur Coe
Critique de Lectio (, Inscrit le 16 juin 2011, 75 ans) - 30 mai 2013
Le roue tourne
Critique de Yotoga (, Inscrite le 14 mai 2012, - ans) - 1 octobre 2012
Ensuite, le contenu de l'histoire me gêne aussi : la grand-mère est très brutale avec sa fille, la fille de même avec sa descendance... L'une explique l'autre, oui, mais c'est plat... L'action du livre se résume à 20 pages, le reste ne représente que des descriptions et des remplissements de texte genre "oh, il faut que je me lève boire, j'ai la gorge sèche"
Les faits sont reportés, sans jugement. Mais en sous-jacents on comprend que Rosamond croit qu'elle aurait mieux élevé Imogen que les parents adoptifs ou que sa propre mère. Quelque part, elle reste frustrée de ne pas avoir eu son propre enfant. Elle se décharge complètement de ce poids amassé.
En fermant ce livre, une discussion s'impose : est ce que l'être humain reproduit automatiquement son vécu, sur le mode de "enfant battu battra ses enfants"...? J'ai énormément de problème avec cette théorie, je pense que la roue ne tourne pas toujours dans le même sens et c'est pourquoi ces caractères ne m'ont pas touchée.
La reproduction des schémas...
Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 5 juillet 2012
Une vieille tante qui laisse un magnétophone et vingt photos, je me suis dit qu'on allait sans doute avoir droit au récit confession, quelque chose de linéaire et pas forcément très original.
Et puis pas du tout.
C'est effectivement très déstructuré, et surtout, la narratrice choisit de décrire les photos, plutôt que de les analyser, même si le puzzle se met en place via ce qu'elles incarnent (un moment, une époque, une personne etc..), et c'est franchement plaisant.
Elle refuse justement le récit linéaire "Que c'est difficile de t'expliquer tout ça dans le bon ordre! Comme d'habitude, je suis censée te décrire une photo, et je te raconte tout pêle-mêle. Mais peut-être qu'il n'y a pas d'ordre, après tout", et tisse la toile de cette histoire de famille pas à pas, avec lenteur.
En plus de l'histoire à proprement parler, on note une belle évocation des temps qui s'enfuient, des sentiments qui se dénouent, des relations qui se défont...et est abordé implicitement mais de manière très forte le thème de la psychologie transgénérationnelle (ou psychogénéalogie), avec sa dramatique reproduction des schémas: Beatrix ne parvient pas à être une bonne mère, parce qu'elle n'a rien reçu de la sienne, et Thea se comportera de même avec sa propre fille.
Ce livre, c'est la volonté de casser des chaînes qui emprisonnent.
Patchwork
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 14 juin 2012
C’est Rosamond qui, arrivée en fin de vie, laisse un testament, un témoignage plutôt, sous forme de vingt photos, des photos qui jalonnèrent sa vie, commentées sur les bandes magnétiques d’un magnétophone retrouvé à ses côtés. C’est Gil, sa nièce, qui découvre les bandes et qui va les écouter avec ses filles (« La pluie, avant qu’elle tombe » est un roman très féminin). Et pourquoi pourriez-vous vous dire Rosamond a-t-elle commenté ces vingt photos puisque ces photos sont là, sur la table ? C’est que ces photos sont destinées à une aveugle. Une aveugle, et qui plus est une aveugle inconnue, Imogen, de Gill et ses filles. Inconnue ou quasi.
L’exercice de Jonathan Coe ne se limite donc pas à raconter une histoire kaléidoscopique mais aussi donc à faire surgir un secret dans ce que Gil et ses filles croyaient savoir de leur tante, Rosamond.
Il en profite pour nous raconter d’une certaine manière l’Angleterre d’hier et puis celle qui vient d’arriver alors que Rosamond a vieilli et qu’elle n’a plus trop la force de vivre. Un roman sociologique en même temps.
Belle performance pour cet auteur masculin d’avoir écrit un roman de femmes – les hommes ici ne sont réellement que des comparses – qui sonne réellement féminin. Mais Jonathan Coe n’a pas attendu d’avoir écrit « La pluie, avant qu’elle tombe » pour nous prouver sa valeur !
« - J’ai essayé de tout laisser en l’état. Il y a juste une ou deux choses que je me suis permis de faire. Eteindre l’électrophone, par exemple.
- L’électrophone ?
- Oui. Apparemment, elle écoutait de la musique quand … C’est assez réconfortant, à mon sens. Le disque tournait encore sur la platine lorsque je suis arrivée. Le diamant était bloqué dans le sillon en bout de face. » Elle se perdit un instant dans ses pensées ; et même si elles avaient quelque chose de morbide, elle faillit laisser échapper un sourire. « En fait, je me suis même demandé, au début, si elle ne chantait pas sur de la musique, quand j’ai vu le micro dans la main. »
Gill la dévisagea. C’était la chose la plus ahurissante qu’elle ait entendue de toute la semaine. Une vision de Tante Rosamond égayant son agonie d’une séance de karaoké improvisée lui traversa l’esprit.
« Il était branché à un vieux magnétophone, expliqua le Dr May. Un très vieux magnétophone , à vrai dire. Une relique des années soixante-dix. Il était encore sur « enregistrement ». »
Gill fronça les sourcils. « Qu’est-ce qu’elle pouvait bien enregistrer ? »
Le docteur secoua la tête. « Je n’en sais rien ; mais il y avait toute une pile de cassettes. Et puis des albums de photos. Enfin, vous verrez tout ça bien assez tôt. J’ai tout laissé en l’état. »
Une vague impression d'inachevé
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 2 mai 2012
Somme toute, c'est un récit plutôt banal malgré les efforts évidents de l'auteur pour y introduire une note dramatique. Je n'ai rien lu d'autre de monsieur Coe donc je ne peux comparer avec ses autres écrits mais il semble qu'il s'écarte ici un peu de son registre habituel. Il faudrait que je lise un autre de ses livres pour me faire une idée plus juste de l'écrivain.
L'écriture est irréprochable, d'une qualité certaine et le style typiquement anglais, s'attardant sur tous les petits détails parsemant un quotidien teinté de grisaille et souvent d'ennui, ennui que j'ai ressenti à quelques reprises en lisant toutes ces descriptions détaillées de photographies anciennes et plus récentes rassemblées par Rosamond. Pourtant, certains passages sont très vivants comme celui du petit chien qui s'enfuit et d'autres sont fort beaux et émouvants, je pense en particulier à celui où, dans la caravane de Théa, Rosamond tient Imogen contre elle une bonne partie de la nuit pour la consoler et la nourrir.
Un bouquin qui exhale un parfum de roses fanées. Il faut aimer le genre pour apprécier.
Un roman comme un autre
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 17 mars 2012
Un « pêle-mêle » bien rangé
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 28 février 2012
Malgré des descriptions quelquefois un peu longues, la montée en puissance de la narration rend le livre de plus en plus prenant.
Les souvenirs, bons ou mauvais sont racontés avec beaucoup d'émotion et de sensibilité.
« Il n'y a rien à dire, je crois, d'un bonheur qui ne comporte aucun défaut, aucune ombre, aucune tache – si ce n'est la certitude qu'il aura une fin. »
Et comme je partage le point de vue de la petite Thea:
« La pluie avant qu'elle tombe... Bien sûr que ça n'existe pas,... C'est bien pour ça que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai? »
Très surprise par les pages finales (j'ai ressenti le genre de choc de « Sukkwan island »).
Bien loin de « Testament à l'anglaise », seul titre lu de l'auteur, après un début mitigé, je me suis complètement plongée dans cette douloureuse mais attachante histoire familiale et son attendrissante narratrice.
Connaître son histoire pour pouvoir avancer dans la vie !!! Un pur moment de délice...
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 23 février 2012
D'abord l'originalité du livre : raconter une histoire de famille en décrivant de vieilles photos ! Vous me direz : quoi d'original !! Mais là le talent de l'auteur en a fait quelque chose de grandiose. Un auteur homme qui raconte avec autant de sensibilité féminine, c'est assez surprenant. C'est comme si on avait les photos devant les yeux ! C'est vraiment bien fait ! Entre chaque (photo), on peut respirer, intégrer ce que l'on vient d'apprendre ! Le rythme est assez bien trouvé, il me semble.
Cette histoire familiale m'a beaucoup plu car elle aborde avec subtilité des sujets pour l'époque pas forcément évidents, et en même temps avec beaucoup de subtilité. Le fil conducteur est là : la petite Imogen. Cela ne part pas dans tous les sens et pourtant la quantité d'informations est assez importante. J'ai lu quelques critiques ci-dessous et je répondrais à Lu7 qui ne voyait pas le but d'un tel livre que pour moi, le thème est le suivant et est loin d'être anodin. Connaître sa famille, ses racines, savoir d'où l'on vient (que ce soit des souvenirs heureux, malheureux, triste, que l'on ait été chanceux ou pas) ; c'est indispensable pour avancer dans la vie.
J'adore ! Merci la Sélection 2012 !
Froideur maternelle en cascade
Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 11 février 2012
On se laisse porter par l’histoire de ces vies qui dégagent un regret doux amer, une légère insatisfaction d’être.
IF-0212-3839
Je suis resté sur ma faim
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 29 janvier 2012
Certains passages sont très beaux et évocateurs : la rencontre entre Ruth et Johanna, le séjour au bord du lac en Auvergne, les moments intimes de Gil et ses enfants. J'ai quand même passé un bon moment en leur compagnie, comme chaque fois avec Coe.
Un Coe intime
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 29 janvier 2012
Le résultat est plutôt brillant et accrocheur. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de voir les ficelles. Le roman généalogique n’est pas ma tasse de thé. Néanmoins, j’ai été emporté par un certain suspense qui nous mène vers l’explication de la condition d’Imogen et je ne peux être qu’ébloui par le talent de Coe dans la fabrication d’histoires et de personnages.
Imogen
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 10 janvier 2012
L'auteur arrive à garder en haleine le lecteur tout au long d'une confession enregistrée se basant sur la description d'une vingtaine de photos.
Jusqu'à la fin on espère avoir un indice pour retrouver Imogen.
Coe va mettre en évidence l'importance de l'enfance, des racines qui se forment et qui vont avoir une importance capitale pour le reste de la vie.
Un roman poignant.
Les familles sont-elles fatalement programmées ?
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 9 janvier 2012
Gill et ses filles vont écouter les confidences de Rosamond, clairement organisées autour de 20 photos. Puisque Imogen ne peut voir les photos à cause de son handicap, Rosamond décrira méticuleusement les scènes représentées afin de les rendre perceptibles. Trois générations de femmes sont peintes, des femmes au tempérament bien trempé. Les schémas semblent se répéter, tout comme les gestes et les attitudes et l'on a l'impression de sombrer dans une spirale infernale à laquelle nul ne peut échapper.
Jonathan Coe parvient à construire tout un pan d'une histoire familiale avec ses secrets, ses non-dits, ses failles. L'on se sent fort intrigué par l'impudeur des anecdotes et par leur violence parfois !
Un récit douloureux, angoissant parfois suffoquant car on ne peut s'empêcher de faire quelques retours sur notre propre famille, quelques pointes d'humour, discrètes. Un roman qui permet une réflexion sur le destin et le hasard, sur des modes de fonctionnement propres à des familles, sur des évolutions programmées par avance, même si je n'ai pas envie de croire à ces destinées fatalement tracées, tragiquement orientées auxquelles on ne peut se soustraire ... Les enfants sont-ils condamnés à répéter les mêmes erreurs que leurs parents ?
Le testament d'une vie ...
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 7 janvier 2012
A 73 ans ,Rosamond s'est éteinte ; figée dans son fauteuil, un micro en main, en train d'écouter un disque de chants d'Auvergne.
Près d'elle , un verre de Whisky vide.
Sa petite nièce - Gill - venue récupérer les affaires, va découvrir 4 cassettes audio où sa tante a consigné le plus extraordinaire des témoignages destiné à sa petite-fille ; Imogen .
Témoignages oraux organisés autour de la description de 20 photos choisies de 1938 à 1983.
Un témoignage destiné à transmettre à Imogen la " conscience de son histoire , de son identité et de ses origines " .
Un roman magnifiquement construit autour de 20 photos dépeintes avec précision , sensibilité et amour .
" La plupart de nos souvenirs les plus vifs ne sont pas visuels. Ils sont faits d'odeurs , de sensations " .
" Une photo est souvent plus expressive que les mots pour la décrire " .
Un roman autour du souvenir , des " signes " du destin ( la répétition de même scènes d'une génération à l'autre... )
Hormis l'originalité de la construction; l'histoire est superbe , émouvante , poignante.
Jonathan COE fait coup double par le fond et la forme ; une oeuvre attachante !
" Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux ". C'est bien possible mais votre roman est bel et bien tangible et m'a enthousiasmé Mr COE !
Je me souviens de la photo au renard mort
Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 8 avril 2011
Une vignette :
« Ivy porte autour du cou quelque chose que personne ne tolérerait aujourd’hui. Ce n’est pas une simple étole en fourrure, c’est un renard mort. On voit les petits yeux fixer l’objectif par-dessus son épaule gauche, comme si la bête prenait la pose, bien décidée à être sur la photo comme tout le monde. [] Je ne serais pas surprise qu’Ivy ait chassé et tué elle-même la pauvre créature ».
l'architecte de l'écrit
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 18 mars 2011
Coe nous tient une fois encore en haleine avec un récit de vie à la fois simple et tellement complexe. La construction du roman est ici encore la base de tout...ce type n'est pas un romancier, c'est un architecte de l'écrit !!!!
Un très beau titre
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 21 février 2011
Je dois avouer que ce roman tranche particulièrement avec les précédentes oeuvres de Jonathan Coe.
Différent car assez mélancolique et nostalgique, "la Pluie avant qu'elle tombe" est tout de même un très beau roman, dont l'explication du titre est très émouvante, sentiment et pensée que je partage d'ailleurs avec l'auteur.
Un Coe différent donc, mais un bon Coe tout de même! Va pour 4 étoiles.
une surprise...
Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 62 ans) - 13 février 2011
Mais le désir de savoir... de saisir le sens de cela en font un roman plaisant
Les poils dressés, avant qu'ils retombent
Critique de Lutzie (Paris, Inscrite le 20 octobre 2008, 60 ans) - 22 janvier 2011
L’auteur parvient à faire ressentir le manque de façon quasi physique : en bon romancier, le manque d’info, déjà, on avance vite, on veut savoir. Le manque d’amour maternel, omniprésent, transgénérationnel, le manque amoureux aussi. Une vie entière ne suffira pas à Rosamond pour faire le deuil de quelques mois fusionnels avec Rebecca.
Mais, en définitive, de toutes ces occasions manquées, ratées, gâchées, subsiste la radieuse, la lumineuse Imogen. Dont le destin, lorsqu’il est enfin dévoilé, impose de revenir en arrière, sur une route montagneuse, orageuse et désertée. Un livre flamboyant, avec une écriture sobre et retenue : la marque d’un grand auteur.
sublime!
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 25 octobre 2010
Serais-je de pierre ?
Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 28 septembre 2010
L'enchaînement des photographies me paraît un truchement assez malhabile pour raconter une histoire, aussi inédite soit cette forme narrative; parce que la description minutieuse des photos, que l'on est en droit d'attendre, et qui permettrait de planter le décor, n'est pour moi pas assez poétique ni imagée, mais plutôt froide et distante. Les nombreuses digressions nécessaires à la progression du récit font parfois chanceler l'attention du lecteur.
Pour finir, quelle cruelle révélation à faire à une jeune femme de 30 ans, que de lui dire qu'elle est le fruit de 60 ans de désamour familial et de non-dits... Pourquoi Rosamund voulait-elle faire cela ? De quel poids voulait-elle se débarasser pour le poser sur les épaules d'Imogen ?
Non, vraiment, je ne comprends pas le sens de cette histoire.
Désenchantements romantiques
Critique de Paquerette01 (Chambly, Inscrite le 11 juillet 2008, 53 ans) - 18 août 2010
Prenons garde à nos enfants, notre empreinte peut tacher voire même coller pendant des siècles...
J'ai beaucoup aimé ce roman mais il ne laissera aucune trace à ma descendance!
l'art de narrer à travers les images
Critique de Haiter (, Inscrit le 13 octobre 2009, 55 ans) - 5 février 2010
La narration de Rosamond est inspirée par des images. Elle a choisi vingt-cinq photos, les plus saisissantes de son histoire et a décrit chacune d’elle, avec les détails inhérents à sa vie. Comme beaucoup d’enfants anglais de la grande guerre, Rosamond a été envoyé loin de Londres et des obus ; pour vivre à la campagne chez sa tante Ivy, son oncle Owen, et ses cousins, dont Beatrix. De là est née la relation ambiguë entre Rosamond et Béatrix, et qui sera le fil conducteur de l’histoire.
La technique de l’auteur Jonathan Coe est la partie la plus convaincante du roman. Quiconque a déjà regardé de vieilles photos de famille connaît le poids qu’ils véhiculent. L’enchaînement de l’histoire basée sur des images est sagace. C’est presque comme si le lecteur avait personnellement observé ces images. Elles sont minutieusement détaillées, mais jamais exagérée. C’est la meilleure façon de décrire l’écriture de Coe.
Dans ce roman, tous les personnages sont complexes, surtout Béatrix. Coe crée quatre sympathiques personnages féminins, là où d’autres écrivains ont du mal à en créer un. Ce roman, offre un coup de poing émotionnel profond.
Bravo Coe.
Un régal ...
Critique de NQuint (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans) - 8 septembre 2009
Il s'agit, une nouvelle fois, d'une saga familiale anglaise s'étendant sur plusieurs générations. Une fois encore, la narration est impeccable, le style sobre et efficace, les personnages prennent vie sans peine, un régal. Le procédé est également amusant puisqu'il s'agit d'une vieille dame qui transmet une sorte de testament enregistré sur magnéto en commentant 20 photos de famille.
Un must-read !
Très beau titre aussi.
Du côté des femmes
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 7 septembre 2009
Difficile d’oublier la voix de Rosamund, alternativement ferme dans sa volonté d’accomplir un devoir à l’égard d’Imogen « payer la dette, te rendre ce qui t’est dû » et hésitante lorsqu’elle ne sait comment dérouler le fil de ses explications, mais toujours sobre et rigoureuse, combinant la clarté de l’exposé et la spontanéité du discours oral, se refusant au pathos même dans la relation des scènes les plus terribles . Difficile d’oublier que tout en décrivant les photos, et en tentant de mettre de l’ordre dans « le chaos et l’aléatoire », elle vit ses derniers moments, donne un sens à sa mort et maîtrise son passage vers le néant .
Difficile d’oublier ce roman en raison même de sa construction basée sur le commentaire de 20 clichés épars dans le temps . Le lecteur est ainsi amené insensiblement à compléter par lui-même les zones d’ombre qui subsistent entre les différentes étapes évoquées . Il devient alors, comme le signale justement Jlc, en quelque sorte un peu le co-auteur de cette histoire familiale .
Un beau roman, juste, sobre et touchant .
un livre rare
Critique de ARTEMAJOR (, Inscrite le 16 juillet 2009, 71 ans) - 16 juillet 2009
...Un ouvrage troublant dans lequel à un moment ou à un autre chacun peut retrouver des émotions personnelles profondes; des sentiments peu souvent décrits par la littérature et dont on sent une origine "vécue" par l'auteur de façon très intime.
La fin comme cela a été exprimé par certains, a bien sûr un côté artificiel ; mais l'essentiel du roman est ailleurs, dans la vérité profonde de l'écriture, dans la sincérité des sentiments exprimés, dans la complexité des personnages et dans la magistrale construction des chapitres.
Coe récidive !
Critique de BiblioMan(u) (, Inscrit le 20 juillet 2008, 50 ans) - 2 juillet 2009
L'histoire, justement. Rosamond vient de mourir, et elle a chargé sa nièce, Gill, à qui elle a légué une partie de sa fortune, de retrouver une certaine Imogen. A charge alors pour elle de lui remettre l'héritage qui lui revient, de l'argent bien sûr, mais aussi des cassettes, sur lesquelles Rosamond s'est enregistrée. A travers vingt photographies, elle retrace en effet le parcours de sa vie, de sa famille, de ses amours. Mais surtout, elle révèle à Imogen les secrets de son origine et les causes de sa cécité.
Il ne manque plus que le son. On imagine sans mal cette vieille femme assise sur son fauteuil, son magnétophone à portée de bouche, en train de regarder ses photographies, celles jaunies et vieillies par le temps et celles plus récentes, puis de fermer les yeux et de se laisser emporter par ses souvenirs. On l'imagine mais surtout on l'écoute - tout comme Gill et ses filles - emportés par sa voix. Il souffle un air de nostalgie dans ses propos mais on ne doute pas un seul instant de la véracité des faits qu'elle relate. Le temps, cette fois-ci, n'a pas altéré sa mémoire. Pas à elle.
Emu et touché le BiblioMan(u), comme jamais Coe n'était encore parvenu à le faire malgré l'inénarrable Testament à l'anglaise, bijou de drôlerie et de cynisme. Peut-être est-ce parce que, pour la première fois, il a choisi de faire parler son personnage principal à la première personne ? Un « Je » féminin capable de faire oublier que c'est un auteur qui la fait parler.
On mesure les grands romans à la manière dont on parvient à s'immerger dans l'histoire, à la manière dont on se laisse emporter par la musique des mots, à la manière, enfin, dont les personnages nous habitent et nous deviennent si familiers, qu'ils nous accompagnent longtemps après avoir refermé le livre. A ce titre et sans en douter une seule seconde, La Pluie avant qu'elle tombe, est grand. Très grand.
Une histoire de femmes merveilleusement racontée par un homme
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 30 avril 2009
Et pourtant...
Critique de El grillo (val d'oise, Inscrit le 4 mai 2008, 51 ans) - 23 mars 2009
L'écriture, toujours belle mais simple, permet des émotions fugaces sans jamais tomber dans le pathos que je redoutais au départ. Rhalala, les à prioris, Coe les balaye et épure au mieux son récit pour ne laisser que l'essentiel: les sentiments entre les personnes et la vérité qui s'en dégage avec force. Tour de force aussi de me faire avaler un bouquin pas pour moi au départ.
Forums: La pluie, avant qu'elle tombe
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