L'Art de la Fugue de Guillaume Corbeil

L'Art de la Fugue de Guillaume Corbeil

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Dirlandaise, le 15 décembre 2008 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 346ème position).
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Les vagues glissent sur le sable

Il s’agit d’un recueil de six nouvelles de longueurs variables et qui donnent toutes dans l’absurdité que Guillaume Corbeil a écrites dans les années 2000 et 2002 et qu’il a fait éditer six années plus tard après les avoir légèrement remaniées. Pour vraiment apprécier ces nouvelles, il faut se laisser aller complètement dans l’univers incohérent de l’auteur et avancer lentement, sans repères ni chemin connu d’avance, progresser dans l’obscurité la plus totale et ne pas craindre de s’y perdre. C’est ce qui fait la beauté de ces courts récits habités par des personnages angoissés et souvent dépassés par les événements, des personnages parfois bizarres, souvent absurdes et grotesques tout comme ce qu’ils vivent et côtoient. Les thèmes du voyage, du temps, de l’amour, de la guerre, de la maternité et de la mort sont abordés d’une façon bien personnelle par l’auteur et c’est ce qui donne envie de lire et relire ces textes car ils sont infinis et ne semblent pas prendre fin lorsqu’on les termine. Ils continuent à vivre en nous et leur monde nous attire irrésistiblement et on ne souhaite que de s’y replonger avec délice encore et encore. La nouvelle que j’ai préférée s’intitule « Le relais » pour les thèmes abordés dont la guerre, la maternité, la mort et l’océan. La fin est très belle et je pouvais presque sentir les vagues lécher mes jambes. Une très agréable sensation !

« Les vagues continuent de venir s’échouer au pied du phare vers lequel Véronika Nirhové se dirige. Tout près de la rive, elles se soulèvent, puis vont se fracasser sur la terre ferme. Elles glissent sur le sable pour s’avancer le plus loin possible, mais elles finissent toujours par faire demi-tour et retourner d’où elles sont venues. » (Le relais)

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Comme un albatros

7 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 25 mai 2013

Baudelaire a été frappé par le vol majestueux de l’albatros en quête d’un banc de poissons. Mais « ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule » quand il aborde la terre. Comme le poète, Guillaume Corbeil saisit l’humanité en plein vol. Une fuite pour un ailleurs qui ne sent pas le naufrage du Vaisseau d’or d’Émile Nelligan.

En somme, ce recueil de nouvelles est une invitation au départ. Pas n’importe lequel, celui qui répond aux questions existentielles. Voyage qui précise en somme les contours de notre finitude. L’océan est une étendue d’eau qui semble infinie, mais elle n’est entourée que de terre. Et celui qui traverse l’océan de la vie doit se fier aux relais qui, de phare en phare, conduisent à bon port. Cet éloge de la fuite s’inscrit dans la découverte d’une humanité de tous les horizons. La Genèse nous dit que Dieu a créé l’univers en six jours, mais elle ne dit pas ce qu’il faut y faire. L’auteur a cru bon de lui ajouter une « annexe ». Elle manquait grandement. L’humanité ne serait-elle qu’un magma dans une vallée de larmes ? Doit-on clamer la misère comme Job sur son tas de fumier ? Il faut se regarder aller comme dans un miroir pour apprécier la manière de s’y prendre afin d’affronter le mouvement qui porte la finitude.

Le recueil est construit comme une fugue qui ramène toujours le thème de variation en variation. Cette structure littéraire empruntée à la musique pourchasse l’humanité en quête de sa destinée, comme Schubert suit la course de la truite qu’il perd de vue entre les récifs, mais qui réapparaît à la reprise du thème. Oeuvre éblouissante certes, mais œuvre de jeunesse écrite pour épater le lecteur. L’écriture éclatée est empreinte d’un maniérisme qui multiplie des répétitions fort peu élégantes. Bref, comme Baudelaire avec son albatros, Guillaume Corbeil dénonce les marins infâmes qui profanent l’existence.

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