Un dur au coeur tendre

Jean-Pierre Trépanier a situé son histoire dans un milieu qu’il connaît bien ayant travaillé pendant une quinzaine d’années comme bibliothécaire dans un pénitencier.

Colomia est un détenu condamné à dix ans pour vols à main armée. Un jour, il reçoit la visite d’un inspecteur de police qu’il connaît bien pour avoir déjà eu affaire à lui lors d’un de ses vols et l’avoir blessé à la jambe. Donc, l’inspecteur Levarois vient voir Colomia dans le but d’obtenir des informations au sujet du possesseur d’une arme ayant déjà appartenu à Colomia et qui aurait servi lors du viol et du meurtre d’une toute jeune enfant. À qui Colomia a-t-il vendu cette arme ? Mais le détenu sait que s’il révèle le nom, il rend ainsi plusieurs de ses anciens amis vulnérables et susceptibles d’être arrêtés à leur tour. L’inspecteur jure qu’il n’en fera rien et que tout ce qui l’intéresse est d’arrêter le coupable de ce meurtre sordide et qu’aucun des amis de Colomia ne sera jamais inquiétés. Colomia se retrouve donc face à un choix difficile et moralement tortueux. Quelle sera sa décision ?

Voilà pour le début de cette histoire pathétique d’un homme qui a gâché sa vie et celle de ses proches et qui souffre d’un fort sentiment de culpabilité face à cela. Colomia sous des dehors de dur est un sentimental qui rêve de changer de vie et de trouver l’amour. Issu d’un foyer dominé par un père violent qui battait sa femme, Colomia a appris très jeune à se bagarrer et à se faire respecter par la violence. En prison, il doit se battre pour souvent simplement rester en vie. L’histoire et le personnage peuvent sembler clichés mais la belle écriture poétique et profonde de Monsieur Trépanier sauve la mise. En effet, certaines situations sont assez invraisemblables mais malgré ses défauts, j’ai beaucoup aimé ce livre. Jamais je n’ai été irritée ni agaçée par le récit. Au contraire, je m’y replongeais chaque fois avec délice et curiosité et je voulais connaître le sort de ce criminel au grand cœur dont le seul but est de refaire sa vie et de trouver le grand amour. Touchant ! La fin est prenante et m’a beaucoup émue.

L’auteur est originaire de la Mauricie au Québec et ce livre est son deuxième. Un écrivain à suivre.

« Dans une minute, il allait sortir de sa cellule et démolir à coups de poing le gros Morenne. Il le ferait devant les autres. Pas un d’entre eux n’oserait intervenir. Morenne était fini. Il ne le savait pas encore, mais il était fini. Son règne venait de s’achever. Personne ne lèverait le petit doigt pour lui venir en aide. Ils étaient comme ça. Des loups prêts à se dévorer entre eux. Ils formeraient un cercle. Ils demeureraient à distance, silencieux. Il leur démolirait leur chef sous leurs yeux et eux ne feraient rien. Il les connaissait trop bien. Ils se rangeaient toujours derrière le plus gros, le plus fort, le plus habile, le plus rapide. Il en ferait de la bouillie, du gros Morenne. Il deviendrait chef à son tour. Il deviendrait leur chef, même si c’était lui qui avait enfreint la règle. C’était à vomir. »

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  Colomia [Texte imprimé] Jean-Pierre Trépanier

  de Trépanier, Jean-Pierre
  Sémaphore Canada
  ISBN : 9782923107066 ; 38,00 € ; 01/10/2007 ; 199 p. ; Broché

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