Le paradis des bourgeois

Après la révolution de 1848, ce n’est plus la révolution politique qui est à l’ordre du jour. C’est la révolution industrielle qui impose son rythme au monde. On coule le fer, on tire des câbles sous-marins, on creuse le canal de Suez, on bourre les grandes villes d’une population venue des campagnes, et on émigre par millions. C’est le drame du « progrès ».

Pour les pauvres, c’est un changement de vie radical et souvent malheureux. Pour les peuples de ce qui deviendra le tiers-monde, c’est encore pire.

Sur le plan strictement économique, peut-être que les bourgeois auraient préféré que le paysannat n’existât pas, mais c’est tout de même grâce au conservatisme opiniâtre de l’homme des campagnes que le bourgeois avait réussi à imposer sa loi aux autres classes ; c’est grâce à la nombreuse progéniture rurale que s’étaient constituées les armées gouvernementales (y compris celles qui allaient se saisir des colonies) et les réserves d’hommes solides pour faire tourner les usines.

Les employeurs pensaient tous qu’il fallait maintenir les salaires aussi bas que possible. L’ouvrier devait rester pauvre parce que c’était la preuve de son infériorité sociale. L’inégalité devait se perpétuer. Et on élargissait joyeusement le nouveau concept de « survie du plus fort » pour faire du darwinisme social, comme si la « race » des bourgeois transmettait sa supériorité par consanguinité, de génération en génération.

Pour le travailleur, l’arrivée de la vieillesse (la quarantaine pour les manœuvres…) était une catastrophe sans solution. Dans les classes pauvres, la force physique et la bonne santé étaient la condition de survie, au point que les hommes choisissaient leurs épouses non pas en fonction de leur charme mais de leur puissance de travail.

Eric Hobsbawm nous fait visiter la période de 1848 à 1875 : l’essor industriel, le monde global (déjà), les guerres et les conflits (la Commune de Paris par exemple), les différentes classes sociales, les sciences, les religions, les arts…
Passionnant.
(ce livre est le deuxième volet de la trilogie consacrée au « long XIXe siècle », qui comprend aussi « L’Ere des révolutions » et « L’Ere des Empires »)

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  L'ère du capital [Texte imprimé], 1848-1875 E. J. Hobsbawm traduit de l'anglais par Eric Diacon

  de Hobsbawm, Eric John
  Hachette / Pluriel (Paris. 1982)
  ISBN : 9782012791060 ; 12,00 € ; 09/10/2002 ; 464 p. ; Poche

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