Des révolutions

Ce livre est le premier d’une trilogie qui nous fait visiter ce que l’auteur appelle le « long XIXe siècle » (1789-1914).

En ce qui concerne ce premier volume, il s’agit de « la période historique qui commence avec la construction de la première usine du monde moderne dans le Lancashire et avec la Révolution française de 1789 » et qui « s’achève avec la construction du premier réseau de chemin de fer et avec la publication du Manifeste Communiste ».

Toujours les deux volets révolutionnaires : la révolution industrielle, qui est britannique, et la révolution politique, qui est surtout française.

La plupart des lignes de chemin de fer ont été construites par les britanniques. Chose étrange, c’était assez irrationnel dans la mesure où l’intérêt des capitaux engloutis n’était en moyenne que de 3,7% ; mais les classes aisées avaient accumulé tellement d’argent qu’elles peinaient à trouver où l’investir ! A noter aussi que cette révolution industrielle demanda de nouveaux ouvriers en masse qu’il fallait extraire de leur campagnes, ce qui n’était pas chose si aisée : il fallut donc leur rendre la vie si difficile là-bas qu’ils affluent vers l’horreur des villes et des usines. Et il fallut les maintenir constamment au bord de la famine car « c’est dans l’intérêt de l’ouvrier lui-même qu’il soit toujours aux prises avec le besoin, parce que, alors, il ne donne pas le mauvais exemple à ses enfants et sa misère est le garant de sa bonne conduite ». Ben oui, comme le dit ce patron, si l’ouvrier travaille 18h par jour, il n’aura pas le temps de mal agir. Ils étaient sympas les patrons à l’époque…et plus explicites que maintenant.

Les curés aussi étaient sympas.

« Donnez-moi un peuple (…) qui considère cette terre comme un passage et l’autre monde comme sa vraie patrie (…) ; un peuple qui aime et adore en Jésus-Christ le premier né de tous les opprimés et en sa croix l’instrument du salut universel. Donnez-moi, dis-je, un peuple de cette trempe, et le socialisme non seulement sera facile à vaincre, mais il ne sera même pas possible de le concevoir » (ça, c’est un texte extrait de Civilta Cattolica, en 1850, revue apparaissant comme l’interprète fidèle des idées et directives du Saint-Siège). Bel exercice de sincérité là aussi.

Bon. Je pourrais comme ça vous raconter tout le bouquin, mais ce n’est pas le but n’est-ce pas. Disons qu’il se termine sur un suspens insoutenable : dans les années qui précèdent 1848, tout le monde s’attend à une révolution sociale. Qu’en sera-t-il ? Victor Hugo entendait le « bruit sourd de la révolution ». C’est que pour une fois le bruit précédait l’image. Mais je ne vous en dis pas plus ! La suite au prochain numéro.

Mais si vous avez envie de vous laisser aller au fil d’un long siècle extraordinairement riche, laissez-vous tenter par Hobsbawm. Chez lui, l’histoire n’est pas un gros sac plein d’événements, c’est un réseau de liens logiques et ce n'est pas que la politique ou les batailles (très peu, les batailles) mais aussi l'économie, les arts, les sciences, les idées...

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  L'ère des révolutions [Texte imprimé], 1789-1848 E. J. Hobsbawm trad. de l'anglais par Françoise Braudel et Jean-Claude Pineau

  de Hobsbawm, Eric John Braudel, Françoise (Traducteur) Pineau, Jean-Claude (Traducteur)
  Hachette / Pluriel (Paris. 1982)
  ISBN : 9782012790926 ; 12,00 € ; 09/10/2002 ; 434 p. ; Poche

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  L'Ère des révolutions [Texte imprimé] Eric J. Hobsbawm

  de Hobsbawm, Eric John
  Éd. Complexe / Historiques (Bruxelles)
  ISBN : 9782870272428 ; 5,59 € ; 01/01/1999 ; 416 p. ; Broché

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