Le coeur glacé de Almudena Grandes

Le coeur glacé de Almudena Grandes
( El corazón helado)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Papyrus, le 22 novembre 2008 (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 357ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 11 986 

PICASSO l'aurait aimé...

1059 pages pour plonger le lecteur dans « une histoire espagnole ». Une histoire étonnante et ambitieuse. Il aura fallu quatre ans de recherche à son auteur pour écrire cette extraordinaire saga familiale enkystée dans le XXième siècle et ses guerres. Almudena Grandes signe là une fresque de grande ampleur sur l'Espagne, un pays marqué par les blessures de la guerre civile. Son écriture à la fois lyrique et passionnée entraîne le lecteur au coeur des tragédies qui ont secoué ce pays dans un passé trop proche pour que les blessures en soient à ce jour refermées. Impossible de résumer cette histoire dont le charme réside aussi et surtout dans l'écriture, copieuse, enivrante parfois jusqu'à la saturation. Lyrisme, poésie, précision chirurgicale des descriptions émotionnelles, intensité des sentiments caractérisent une écriture si dense qu'il est parfois nécessaire de faire une pause pour respirer, reprendre une bouffée d'oxygène avant de repartir en apnée. Le néophyte y découvre,d'abord incrédule, puis bouleversé, la tragédie que ce pays cache aujourd'hui si bien aux hordes de touristes qui l'envahissent chaque été.
En suivant l'improbable rencontre de Rachel Fernandez Perea et d'Alvaro Carrion Otero de laquelle va naître une formidable passion amoureuse, le lecteur pénètre au coeur de cette histoire méconnue où s'affrontent républicains et franquistes, aujourd'hui encore, par delà les générations...
Si vous aimez les romans longs (et lourds), dont on sort transformé, n'hésitez pas à affronter la taille de celui-ci...

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Dommage

6 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 16 avril 2017

A travers deux familles, les Fernandez républicains pendant la guerre d’Espagne et les Carrion franquistes, Almudena Grandes nous fait revivre le destin douloureux de ce pays : la violence cruelle de la guerre civile, la souffrance de l’exil, la joie à la mort de Franco, l’émotion du retour pour certains, la difficulté à parler du passé. Deux familles qui se sont croisées, dont les descendants se recroisent... Et c’est là que ça se gâte. Car si tout le reste du roman est à la fois instructif et plaisant, les personnages attachants, leur destin passionnant, les émois amoureux de Raquel et Alvaro sont inintéressants et fastidieux. J’ai donc choisi de m’arrêter après le tome 1.

Très longue saga..

8 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 17 novembre 2013

En exergue:

L’une des deux Espagnes
Saura te glacer le cœur


Antonio Machado

1936/1939 : cette courte période a changé la vie de toute une génération espagnole et influé grandement sur les suivantes jusqu'à aujourd'hui. La guerre civile espagnole est le fond historique de ce très long roman ( plus de 1000 pages), à travers le récit du destin de deux familles. Cela commence par un enterrement, celui de Julio Carrion Gonzalez.
Auquel assiste bien sûr sa famille, mais aussi Raquel, que personne ne connaît. Ou plutôt ne reconnaît. Car ce n’est pas vraiment une inconnue.
Cette famille Gonzales, elle l’a déjà vue une fois, avec son grand-père. Rentré en Espagne d'un long exil en France après la mort de Franco. Et après cette visite, c’est la seule et unique fois qu’elle l'avait vu pleurer ce grand-père. Après, elle n’en avait plus entendu parler, car les histoires espagnoles, il vaut mieux ne pas trop en parler pour ne pas se glacer le cœur.

A travers une multitude de petites histoires ( qui sont, l’auteur l’explique dans le chapitre situé à la fin, tout à fait historiquement vraies) , Almudena Grandes raconte dans un désordre chronologique qui perd le lecteur un peu au début ( heureusement qu’il y a un arbre généalogique!) les engagements, les guerres au sein des mêmes familles, les drames, les atrocités de cette guerre, mais aussi la malhonnête et l’opportunisme de certains.
C’est très bien construit et tout à fait passionnant, du moins toute la partie historique. Moi qui adore découvrir l’histoire par le biais de récits de destins individuels, je ne peux pas cacher le plaisir pris à cette lecture. Même si c’est quelquefois un peu long, mélo,et laborieux essentiellement dans l’histoire passionnelle entre Alvaro,un des fils de Julio, et Raquel.
Mais comme le récit est bien mené, les révélations successives font qu’une fois commencé, il est difficile d’arrêter de tourner les pages pour savoir enfin ce qui s’est réellement passé!

La partie historique, donc, mais également ce qui est le vrai thème de ce roman, l’influence de l’histoire sur la vie actuelle dans les familles espagnoles. Ceux qui veulent tout savoir et ceux qui ne veulent rien savoir. Lourd à porter, dans une histoire nationale, une guerre civile..

COUP DE COEUR !!!

10 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 29 août 2010

La vengeance ne convient pas à tous.
La guerre civile espagnole a déchiré des familles et divisé les uns et les autres, entre républicains, communistes, socialistes, etc. Elle a laissé de vilaines marques qui se sont transmises de générations en générations. C’est ainsi que la famille Fernandez a dû quitter sa mère patrie pour s’exiler en France, après avoir vu deux de ses membres se faire tuer. Ils possédaient de nombreuses propriétés et richesses et se sont vus spoliés de tout par celui qu’ils considéraient comme leur ami, Julio Carrion Otero, à qui ils avaient donné procuration pour tout vendre. Julio avait décidé, adolescent, en voyant sa mère, socialiste et féministe convaincue, quitter le domicile avec son amant qu’il ne se battrait jamais pour quelque conviction que ce soit et qu’il ne pleurerait plus jamais. Ce qu’il considérait comme une trahison de la part de sa mère lui glaça le cœur pour toujours.
Les Fernandez se sont vus doublement trahis. En effet, en ces temps difficiles de guerre civile, ils avaient hébergé une cousine devenue orpheline, Mariana. Cette dernière était restée dans leur maison pendant leur exil et s’était approprié le tout, quitte à dénoncer un cousin qui avait eu la mauvaise idée de venir se reposer une nuit chez lui, pour qu’il se fasse fusiller. Julio était par la suite venu la déloger et la ruiner. Et quelques années plus tard, il épousa sa fille, Angelica.
Or voici qu’une descendante des Fernandez, Raquel, devenue adulte, entre par hasard en contact avec Julio, ce qui réveille les vieilles rancoeurs... A son décès, elle fait la connaissance d’un des fils de Julio et Angelica, Alvaro. Ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Même si Alvaro est heureusement marié et père d’un petit garçon. Cet amour va tout ravager sur son passage. Alvaro, scientifique qui aime tout prévoir et tout expliquer dans la vie, ne se reconnaît plus lui-même. Et il découvre petit à petit un père qu’il ne connaissait pas, mais qu’il ne pourra pas cesser d’aimer par ailleurs.
Ce roman est extrêmement long à lire, mais savoureux. Le lecteur voit les pièces du puzzle se reconstituer tout au fil de sa lecture, au fil du temps et des très nombreux membres de ces familles (au point qu’on s’y perd très souvent). J’ai adoré ! Un beau morceau de littérature. J’ai beaucoup appris à propos de la guerre civile espagnole, dont on parle fort peu. Concernant le style, l’auteur surprend en répétant fréquemment l’une ou l’autre phrase mot pour mot à une page d’intervalle pour souligner un point ou l’autre.
Le seul mini bémol que j’ai envie d’ajouter, c’est que la facilité avec laquelle un homme peut détruire son couple alors qu’il est heureux m’écoeure, alors qu’il est par ailleurs un homme intègre. Et le gros point noir, ce sont les innombrables fautes de français, orthographe, frappe, etc. Inacceptable !

"Coeur glacé", mais pas pour le lecteur...

10 étoiles

Critique de Galeopsis (Toulouse, Inscrite le 15 septembre 2006, 67 ans) - 8 février 2009

Pavé très émotionnant, très cinématographique.
J'ai pleuré à 2 reprises, et puis accéléré ma lecture à la description d'un accident de vélo (comme au cinéma je place parfois les mains devant les yeux pour ne pas voir les passages sanglants) ...
Aucune longueur, malgré le nombre de pages, le "scénario" est bien ficelé avec le récit du présent entrecoupé de flashback qui l'éclairent au cours desquels on suit les différents protagonistes de cette guerre civile. Une montée progressive, une fresque qui s'assemble peu à peu (c'est vrai qu'on pense à Guernica) sans aucun manichéisme.
Almudena Grandes nous fait vraiment éprouver et comprendre la véritable tragédie des espagnols d'aujourd'hui qui doivent vivre avec leur histoire récente, familles écartelées en fonction des faits de guerre (bravoure ou trahisons) de leurs membres. Que faire, il y en a qui ne veulent rien savoir, qui ont choisi "de fermer leurs oreilles au vacarme d'un silence plus bruyant que n'importe quel cri", d'autres comme Alvaro le physicien, le narrateur, qui traque la "vérité" quitte à tout écrouler autour de lui, malgré la souffrance de ses proches, pour pouvoir reconstruire sa vie même si c'est au milieu d'un champ de ruines.
Enfin, il y a la tactique du "coeur glacé", choisie par la mère d'Alvaro, magnifique personnage, qui réussit à sourire aux joies du présent malgré tout le poison qui est enseveli très profond dans son coeur.

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  Almudena Grandes n'est plus... 2 Radetsky 6 décembre 2021 @ 19:30

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