Le ministère de la peur de Graham Greene

Le ministère de la peur de Graham Greene
(The Ministry of Fear)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 17 novembre 2008 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 559ème position).
Visites : 6 082 

Tout ça pour un gâteau !

Nous sommes à Londres, en pleine guerre. Arthur Rowe est sans doute loin d’imaginer que le simple fait de gagner le gros lot d’une tombola (un gâteau) en évaluant son poids lors d’une kermesse va bouleverser sa vie. Insouciant, il fait mine de quitter la fête caritative avec son trophée, obtenu grâce à une diseuse de bonne aventure qui lui a soufflé la bonne réponse, lorsque les organisateurs du concours tentent de l’arrêter et de récupérer le gâteau. Mais Arthur, n’y comprenant rien, n’est pas prêt à lâcher son dû, résiste et finit par rentrer chez lui avec le précieux dessert. Où débarque rapidement un inconnu qui va tenter de l’assassiner… Tuer pour un gâteau ? Certes, nous sommes en temps de guerre, un gâteau avec du vrai beurre est rare, mais tout de même : tuer pour un gâteau ?!!! Arthur, dépassé, remet alors son sort entre les mains d’un détective privé.

Nous apprenons également assez rapidement qu’Arthur n’a pas un passé exempt de toute turpitude… Il a lui-même « assassiné » sa femme : la pauvre, atteinte d’une maladie incurable souffrait atrocement et Arthur lui a administré une substance léthale. Jugé, il sera incarcéré une courte période mais cette peine ne suffira pas à le débarrasser de son sentiment de culpabilité. Il ne se pardonne pas son geste, finit par croire qu’il a agi par pitié envers lui-même et non envers sa femme. Et c’est cet homme, rongé, que l’on tente d’assassiner…

Entre roman d’espionnage et problématiques d’ordre moral, ce livre, même s’il a légèrement vieilli (les espions sont un peu trop gentils et niais…) et qu’il souffre d’une lourdeur de traduction, reste agréable à lire. Mais sans plus…

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ici londres

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 7 février 2016

Londres est sous les bombes. C'est le Blitz, en plein cœur de la seconde guerre mondiale. Dans un champ de ruines, la vie s'organise malgré tout. Tiens, une kermesse ! On y propose des jeux, des concours, une loterie, au profit des "Mères libres", sous l'égide d'un pasteur tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Arthur Rowe, un veuf solitaire en quête de quelque distraction, s'y rend et gagne un magnifique gâteau, au beurre, une rareté en ces temps de privations ! À partir de là, tout dérape. Rowe n'était pas le destinataire de ce premier lot, et on va le lui faire vraiment payer très cher, ce gâteau qu'il croyait avoir mérité parce qu'il en avait deviné le poids au gramme près, grâce à l'aide d'une voyante extra-lucide. La suite ne se raconte pas, tant l'univers dans lequel va être plongé notre héros malgré lui est teinté d'irréel et d'inattendu. L'imagination de l'auteur est débordante et nous entraîne dans une danse macabre d'où surgissent quelques figures inoubliables : la belle et ingénue (?) Anna Hilfe, dont Arthur va tomber éperdument amoureux, et le bon (?) docteur Forester, dont l'institut psychiatrique invite les gens à y entrer mais jamais à en sortir. Et pour quelle cause tous ces gens se dévouent-ils ? Sont-ils ici ou bien de l'autre côté du miroir ? Bien des questions vont aiguillonner la perspicacité du lecteur. Laissez-vous gagner par la magie du récit et décollez pour une virée dans l'étrange univers de Graham Greene. La peur rôde, accrochez-vous…

Fritz Lang l’a tourné (Les espions sur la Tamise)

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 22 octobre 2012

« Le ministère de la peur » fut publié en 1943. Graham Greene le classe parmi les « divertissements ». Il s’agit en fait d’une histoire plutôt inclassable, d’espionnage diront certains mais …
D’après Graham Greene lui-même, c’est dans ce roman, écrit en 1942, à bord du cargo qui l’emmène vers la Sierra Leone, qu’il a écrit les pages les plus fidèles au « Blitz » que connût Londres pendant la guerre, ces bombardements nocturnes qui ravagèrent la capitale anglaise.
De fait, l’action se déroule à Londres, pendant la guerre. Arthur Rowe, un peu perturbé depuis qu’il a aidé sa femme à mourir pour la délivrer de souffrances terribles, est amené à gagner un cake lors d’une kermesse – une kermesse de guerre. Le cake est cuisiné au beurre, ce qui en fait toute sa valeur en ce temps de guerre. Il l’a gagné parce qu’une diseuse de bonne aventure, le confondant avec un autre, lui a soufflé le poids de celui-ci (le concours consistait à deviner son poids). Il l’a gagné mais il ne lui était pas destiné et tout de suite les choses se gâtent. Visiblement ce cake va manquer à quelqu’un, ou à quelque chose.
Arthur Rowe n’a pas quitté la kermesse que les organisateurs tentent de récupérer le cake. En vain. Mais cette quête va se poursuivre, même au prix des moyens les plus violents …
La suite est curieusement crépusculaire, comme détachée du début, plaquée. Comme si Arthur Rowe, et les intervenants, n’avaient plus tout à fait leur raison – la guerre ?
Tout cela va finir en happy end mais un happy end des plus improbables. Je ne sais pas ce que Fritz Lang a pu tirer de cela mais on imagine assez bien que ça rentre dans le cadre des histoires un peu bizarres qui se tournaient vers ces années là … Toujours est-il que Graham Greene s’est dit déçu des coupes qu’avait effectué Fritz Lang.
Mieux vaut lire l’original que subir des images !

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