Ritournelle de la faim de J.M.G. Le Clézio

Ritournelle de la faim de J.M.G. Le Clézio

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Falgo, le 9 novembre 2008 (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 070ème position).
Visites : 10 800 

Un classique épuré

Le destin d'Ethel, l'héroïne de ce livre, traverse les périodes troublées des temps qui ont précédé la deuxième guerre mondiale, du déroulement de celle-ci et de l'immédiat après-guerre.
Son histoire personnelle recouvre en partie celle de l'auteur ou plutôt de la mère de celui-ci. Ethel voit s'écrouler parallèllement la figure de son père et, le premier étant la cause de l'autre, la fortune familiale qui lui revenait par héritage. Originaire de l'ile Maurice, le père est venu s'installer à Paris où il compte jouer un rôle. Il réussit dans un premier temps et s'effondre par la suite. Ethel connaît donc d'abord une aisance certaine qui lui permet de voir la vie sous un certain angle. Elle évolue dans le milieu franchouillard de l'avant guerre dont les travers (par exemple l'antisémitisme) sont précisément décrits par des dialogues mondains criants de vérité.
Dans la deuxième partie du roman, Ethel rencontre la misère, la faim, la déchéance sociale à Nice où la famille s'est réfugiée. Elle fait alors petit à petit le deuil d'espoirs, de relations, d'amitiés, de modes de vie et de pensée qui avaient bercé sa jeunesse. La violence des évènements a balayé ses aspirations et elle se retrouve, survivante hébétée, tenue par la vie à rechercher ailleurs un avenir.
En fin d'ouvrage Le Clézio utilise la métaphore du Boléro de Ravel pour représenter l'état du monde après ces évènements hallucinants. Elle pourrait à nouveau être utilisée pour ces temps troublés.
Il s'agit d'un texte très classiquement écrit, dense, qui, curieusement, ne va peut-être pas jusqu'au bout de son propos. Sa pudeur l'emporte.

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Ennui profond

1 étoiles

Critique de Chene (Tours, Inscrit le 8 juillet 2009, 54 ans) - 7 décembre 2017

Franchement ce roman aurait-il été édité par Gallimard s'il ne portait pas le nom de Le Clézio?
L'histoire n'a aucun intérêt.... Le récit contient des erreurs historiques et d'importantes imprécisions, des jugements faciles, inadaptés... Mais surtout on s'ennuie, on s'ennuie, on s'ennuie jusqu'à plus faim...
Le Clézio nous a habitué à mieux. Quelle déception....!
Surtout ne perdez pas votre temps. La vie est trop courte. Passez votre chemin. Lisez tout autre chose, même une autre œuvre de "Le Clézio", tout sauf cette bricole littéraire....

Récit mélancolique d'un grand écrivain

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 11 mai 2014

Ce roman paru quelques jours avant que l’auteur n’obtienne le prix Nobel de littérature témoigne d’une grande sensibilité dans une œuvre évoquant probablement une partie de la vie de sa propre mère.
Il raconte la vie d’une jeune fille bourgeoise ayant vécu la déchéance, voire la misère et ce durant une période allant du début des années trente jusqu’à la libération.
La plume recherchée et le rythme de l’œuvre m’ont fait penser aux récits mélancoliques commentés par Frédéric Mitterrand, soit une histoire lancinante et un emballage subtilement romantique qui privilégie le style plutôt que la volonté d’accrocher le lecteur au récit ; ici donc je rejoins plusieurs critiques dénonçant ce défaut de l’œuvre.
Par contre, je suis resté véritablement extasié par la richesse de l’écriture qui m’a incontestablement subjugué. Un grand auteur sans conteste.

Des personnages déracinés en France

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 1 septembre 2011

Ethel vit à Paris avec ses parents, Alexandre et Justine, tous deux d'origine mauricienne. Le Clézio dépeint cette famille bourgeoise déracinée avec pudeur. Alexandre organise régulièrement chaque premier dimanche du mois des réunions un peu mondaines dans lesquelles l'on parle de l'île Maurice, de politique, de communisme et de la montée du nazisme. Il est intéressant de voir comment Hitler est évoqué et d'observer les réactions des personnages face à cet homme qui n'est pas considéré dès les premières secondes comme un monstre. Le roman couvre les années 1930 jusqu'à l'après seconde guerre mondiale.

La guerre est dehors, mais aussi dans la maison : les parents d'Ethel ne cessent de se disputer, les invités s'emportent durant les réunions où l'on vomit sur le communisme, les juifs et l'Angleterre. Les rêves et l'enfance d'Ethel sont flétris par la disparition de son oncle, monsieur Soliman, qu'elle aimait tant et par le refus paternel de poursuivre la construction de la maison mauve qui avait tant d'importance pour Ethel et pour son oncle.

Deux autres personnages occupent une place importante dans l'apprentissage de la jeune fille : Xénia, sa meilleure amie russe vivant dans l'inconfort et Laurent Feld anglais discret lors des réunions d'Alexandre.

La guerre brusque les sytèmes de valeur, les riches ne le restent pas indéfiniment, les sentiments évoluent ... cette ritournelle de la faim séduit le lecteur par sa force et ses nuances. Le Clézio est un fin observateur et donne de la véracité à ses portraits. Le roman regorge de détails qui font vrai et qui donnent l'impression que l'écrivain sait saisir ces éléments discrets tel un photographe. La retranscription des conversations de salon renseignent sur les réactions des hommes plongés en pleine guerre et sans recul pour savoir quels sont les choix les plus éthiques.

Un roman parfois dur, un peu désillusionné sans tomber dans le pathos, mais touchant, surtout si l'on considère l'importance accordée à l'île Maurice dans la réalité et l'imaginaire de Le Clézio.

Musique, faim, histoire, roman

10 étoiles

Critique de Printemps (, Inscrite le 30 avril 2005, 66 ans) - 5 décembre 2009

Ethel et son amie Xénia, l'entre-deux-guerres et la vie en France libre pour des émigrés, des réfugiés de la vie. L'Holocauste à la française. L'enfance et l'âge d'adulte, avec une adolescence escamotée par la récession, la guerre. Le rêve et sa désillusion. Un portrait de la France des expatriés mauriciens, qui sont toujours en voyage dans le rêve d'un nouvel avenir improbablement positif.
Une société qui disparaît et rêve de vivre dans un nouvel ailleurs. Ailleurs rime-t-il avec meilleur ?
Une maison mauve, sa chute et le silence avec quelques notes de musique. Une lecture agréable et musicale. Une faim toujours présente.

Une adolescence sous l'occupation

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 24 octobre 2009

Un très joli roman que celui-ci, où l'on vit la vie de réfugié à travers les yeux de cette jeune femme que la guerre et l'inconscience de son père vont faire passer de l'enfance à l'âge adulte sans lui laisser le temps de l'adolescence.
Un roman très sensible, une héroïne attachante et une très agréable écriture.

Que faut-il en dire?

10 étoiles

Critique de Kyp (, Inscrit le 4 septembre 2009, 31 ans) - 5 septembre 2009

Je crois que le jour où j'écrirai comme ça est loin d'arriver. Merci J.M.G Le Clézio, pour ce roman si parfait.

Un peu déçue

6 étoiles

Critique de Patsy80 (, Inscrite le 20 août 2009, 49 ans) - 31 août 2009

Ce livre est incontestablement bien écrit mais il m'a laissée sur ma faim. On ne peut pas parler d'histoire qui vous tient en haleine du début à la fin, seulement d'une suite d'idée à travers la vie d'Ethel. Je ne vois pas en quoi l'auteur en fait une héroïne. Il y a des amorces d'idées qui auraient mérité développement. C'est le plus grand reproche que je ferais à ce livre : on survole tout mais rien n'est approfondi. On glisse sur la vie d'Ethel et puis on la quitte comme on l'a connue. C'est dommage car Le Clézio en est largement à la hauteur.

Une oeuvre en mémoire de l'holocauste

7 étoiles

Critique de Le pingouin (, Inscrit le 27 février 2009, 35 ans) - 3 juillet 2009

Ethel, une jeune fille très mature, voit peu à peu sa famille aisée sombrer dans la pauvreté, sur fond de seconde Guerre mondiale. Une première partie de livre qui montre la richesse dans toute sa splendeur et sa misère. Puis, malgré les efforts d'Ethel, cette richesse surfaite devient pauvreté et misère.
Un roman qui débat une fois de plus, mais sous un angle nouveau, de l'holocauste et de la situation des juifs en cette période de remous. Une oeuvre pour la mémoire de tous les innocents qui sont morts.
Le point négatif, d'après moi, réside peut-être en des personnages trop vagues, que l'on peine à se représenter, à rendre réels. L'usage généreux de l'imparfait rend l'action quelque peu lointaine et passive.
Il s'agit néanmoins d'un texte ouvrant des débats sur tout, décrivant (pour une fois) l'histoire d'une France dévastée, immobile et pétrifiée dans le silence de l'après-guerre...

Roman d’apprentissage

7 étoiles

Critique de Béatrice (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans) - 2 avril 2009

Plus que l’histoire, c’est le style qui m’a séduit, surtout dans la deuxième moitié, avec les pages de la faim en point d’orgue. Des métaphores bien trouvées pour suggérer un monde des illusions : la société de prospection du trésor de Klondike, la décoration factice de l’immeuble en construction. La sensibilité l’emporte sur la tension dramatique.

Histoire triste

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 22 février 2009

Si « On ne choisit pas son histoire » comme le dit Le Clézio, on peut l’écrire. J’ai aimé dans le personnage d’Ethel cette énergie, ce courage à accepter la sienne qui fut sans vraie joie, une fois la tendre enfance enfuie. Les rêves de son grand oncle, M.Soliman, finiront dans le cauchemar comptable d’un notaire indifférent, l’amitié avec Xénia, d’abord absolue et exclusive, s’évaporera dans la banalité et elle aura pour ses parents plus de faiblesse que de tendresse. Quant à l’amour !!!
On n’est jamais heureux ; on se souvient seulement de l’avoir été.
Le Clézio sait très bien raconter l’histoire de cette femme de vingt ans « qui ne fut jamais jeune » dans la France bourgeoise des années trente et quarante, une société qu’il peint de façon certes cruelle - tant ces gens se sont trompés, engoncés dans l’étroitesse de leurs certitudes – mais jamais méchante tant il a pour eux une certaine tendresse sans illusion ni amertume.
La tonalité du livre change en 1940 avec « ce vide vertigineux de la défaite ». Le troisième chapitre, « Le silence », donne au roman tout son poids, toute sa signification. Jusque là, Le Clézio a écrit un roman d’apprentissage comme il en existe beaucoup, même si celui-ci est des meilleurs. Mais après 40, le drame bourgeois le cède à la tragédie lorsqu’apparaît le personnage de Léonora, image fugitive brisée par « l’égoïste silence du monde » dont le Boléro de Ravel est la « prophétie » musicale.
Ce beau roman, écrit de manière très classique, avec beaucoup de retenue, est finalement l’histoire triste d’une femme dont, pour reprendre un vers de Rimbaud, « la vraie vie est absente ».

un bel ouvrage !

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 2 février 2009

La petite musique de Le Clézio m'émeut toujours, la sincérité de l'auteur dans ce récit partiellement autobiographique est remarquable. Les personnages qu'il campe sont criants de vérité, particulièrement ces Mauriciens déracinés dans le Paris d'entre les deux guerres et dans le midi de l'occupation.

Oui, il fait un peu penser à Modiano, particulièrement lors des errances de son héroïne dans les rues parisiennes de son enfance. Son style est plus fluide pourtant, et la lecture est toujours agréable de ce point de vue.

Pour ce roman aussi, Le Clézio méritait bien le Prix Nobel...

un roman tendre de l'auteur

9 étoiles

Critique de Azilha (, Inscrite le 21 décembre 2008, 45 ans) - 16 janvier 2009

Il m'a été très agréable de lire "Ritournelle de la faim" de J.M.G Le Clézio, un roman surprenant et tendre de l'auteur qui s'inspire ici de sa jeunesse de sa propre mère.
L'histoire romancée commence en 1931, mais la guerre se profile déjà avec les déportations de juifs, et c'est bientôt l'exil, la faim et la peur. C'est bien écrit et c'est émouvant à lire, comme quoi même un auteur titré du Prix Nobel de Littérature à un coeur GROS comme çà !- bravo.

Sublime portrait d'une mère.....

9 étoiles

Critique de Francesco (Bruxelles, Inscrit le 16 février 2001, 79 ans) - 15 novembre 2008

Assurément un très bon roman avec une bonne part d'autobiographie car l'auteur nous raconte le parcours de sa mère cachée sous le prénom d'Ethel.
Dans un court préambule , Le Clezio nous raconte l'expérience de la Libération durant laquelle il trouvait un grand plaisir à assouvir sa faim avec les aliments (lait gloria , pain , pâté) distribués par les américains... ritournelle de la faim.
Ethel a 10 ans quand commence son histoire , fille de Alexandre avocat émigré de Maurice et de Justine émigrée de la révolution russe.
Elle aura une belle relation avec son oncle Soliman lequel l'emmène au Bois de Vincennes visiter l'Exposition coloniale et une fille Xenia aussi émigrée de Russie avec laquelle elle aura une grande amitié.
Quand elle devient adolescente elle écoute les conversations de salon chez elle où l'on parle beaucoup des menaces de guerre et d'Hitler... et par la suite c'est l'épique exode vers Nice.
Il y a beaucoup d'émotion , de sensibilité et de nostalgie dans ce magnifique récit de le Clezio toujours mélancolique de son enfance et de son passé tout comme Modiano auquel il fait penser

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