Comme Dieu le veut de Niccolò Ammaniti
( Come Dio comanda)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
Moyenne des notes : (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : (24 422ème position).
Visites : 6 550
L’Italie des perdants
Près de 600 pages lues en 4 jours, j’ai toujours un faible pour ce genre de livre, même si on sent çà et là le procédé qui fait tourner la page : la stimulation du lecteur par un nouvel événement déconcertant ou choquant.
Passons sur la couverture dissuasive, sans doute le fourgon pourri de Rino Zena, marginal chômeur et alcoolique vaguement bestial qui vit avec son fils Cristiano de 12 ans dont il a la garde, sous l’œil inquisiteur des services sociaux. Un grand drapeau nazi décore sa chambre qui n’a jamais vu une femme de ménage.
Les “ingrédients“ du drame sont au complet, avec deux amis louches et dépravés avec qui il projette le casse minable d'un distributeur automatique, et les deux plus belles collégiennes du coin.
Le précipité chimique qui va créer l’explosion est une nuit où orage, tempête, crues du fleuve et torrents de boue balaient tout sur leur passage : forcément la nuit du casse. Une vraie mise en scène, Spielberg n’est pas loin.
L’auteur nous montre que vulgarité, abrutissement et déchéance sont aussi présents en Italie que partout ailleurs où l’économie crée des exclus, paumés, violents, féroces et sans repères.
A côté de ce constat finalement assez attendu, on sent affection et compassion pour les personnages.
Les éditions
-
Comme Dieu le veut [Texte imprimé], roman Niccolò Ammaniti traduit de l'italien par Myriem Bouzaher
de Ammaniti, Niccolò Bouzaher, Myriem (Traducteur)
B. Grasset
ISBN : 9782246723516 ; 23,00 € ; 03/09/2008 ; 542 p. ; Broché -
Comme Dieu le veut [Texte imprimé], roman Niccolò Ammaniti traduit de l'italien par Myriem Bouzaher
de Ammaniti, Niccolò Bouzaher, Myriem (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253129233 ; 8,30 € ; 12/05/2010 ; 544 p. ; Poche
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (3)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Chez les déshérités
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 9 octobre 2015
affreux, sales et méchants mais aussi...
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 15 août 2009
Je ne reviendrai pas sur l’histoire que d’autres lecteurs ont fort bien évoquée. Ce livre écrit par un Italien sur l’Italie d’aujourd’hui, qui se referme sur elle-même, bien loin de l’élégance de la Renaissance, est aussi celui de toutes les sociétés européennes en ce début de vingt-et-unième siècle .Ici comme ailleurs, et maintenant, on ne respecte plus les travailleurs, comme le faisait un personnage du livre, Marchetta père, mais on abuse de la main d’œuvre immigrée, sous payée, comme le fait Marchetta fils. Les cathédrales d’aujourd’hui sont ces centres commerciaux où on trouve tout… mais où « il manquait une librairie ». Faillite intellectuelle, éducative, morale et sociale qui est une terre fertile à tous les populismes quant ce n’est pas au fascisme et au nazisme.
Mais, et c’est ce qui fait tout le charme de ce roman qu’on lit avec une impatience captivante, cette misère cache une tendresse, une humanité qui sont autant de signes que tout reste possible. L’amour entre Rino et Cristiano est dit par Ammantini avec une sobriété touchante et une très grande force pudique. Certes l’éducation se résume pour le père à apprendre à son fils à savoir se défendre. « Tu sais ce qu’il faut pour se battre ? De la méchanceté… et ne regarder personne dans les yeux ». Oui, mais Cristiano ne sait pas ne pas regarder dans les yeux.
C’est écrit comme un découpage de film et ces chapitres très courts donnent un rythme à ce récit qui tient en haleine, Niccolo Ammantini sachant passer de la violence la plus crue et la plus sordide à une délicieuse drôlerie.
Au-delà de la misère, de la fuite dans l’alcool, de la religion qui n’est plus ici que superstition, de l’abrutissement par la télévision, seul véhicule « culturel », des femmes qui ne sont trop souvent que fantasmes, idéalisés ou pornographiques, il y a cette volonté de survivre. « Peu importait comment, mais vivre. » Il y a aussi l’empathie ironique d’un écrivain pour ses personnages, aussi minables soient-ils, « affreux, sales et méchants » certes, mais aussi « accidentés de la vie » et il y a l’amour d’un garçon qui veut sauver son papa. La rédemption, ça existe aussi.
Tragico
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 6 novembre 2008
Un jour d’orage, alors qu’est organisé le vol d’une distributrice de billets par Rino et ses potes, un des sbires commet l’irréparable, par son action fait basculer l’équilibre précaire autrefois maintenu pour le bien-être de l’enfant. Le destin sera cruel pour certains.
Le roman offre une bonne dose de divertissement bien qu’il s’agisse d’un portrait de perdants. J’y ai vu en quelque part, un procès de l’Italie moderne, encore marqué par le machisme mais profondément changé par l’émancipation des femmes. Ces dernières sont des figures de rêve, des êtres presque inatteignables. Les hommes eux sont seuls, perdus, mal dans leur peau et à la recherche d’un rôle.
(Prix Strega)
Forums: Comme Dieu le veut
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Comme Dieu le veut".