La vie devant moi de Soukaïna Oufkir
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Arabe
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Le prix de la liberté
Il est intéressant de lire ce livre après ceux de sa sœur Malika et de constater la différence de caractère. Soukaïna a vécu le même enfer/enfermement que sa famille, mais elle fait montre d’un caractère bien trempé, qui refuse de se laisser dompter. Elle est très attachante.
J’avais oublié les détails sordides de l’emprisonnement des Oufkir et la durée (19 ans !).
Le style de Soukaïna est très particulier, haché, laconique et ne facilite pas toujours la compréhension. Il traduit par contre bien le désir de l’auteur de ne pas se plaindre (les faits suffisent à exprimer l’horreur) et de se battre pour survivre. Quel gâchis que ces vies disparues et quel courage !
Les éditions
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La vie devant moi [Texte imprimé] Soukaïna Oufkir
de Oufkir, Soukaïna
Calmann-Lévy
ISBN : 9782702139073 ; 19,90 € ; 13/03/2008 ; 203 p. ; Broché
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Les parents boivent, les enfants trinquent !
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 9 novembre 2009
Commence alors une longue détention de plus en plus dure, de plus en plus cruelle et de plus en plus humiliante pour punir cette famille qui a le tort d’être celle du renégat qui s’est opposé au roi. Ainsi, Soukaïna, gamine de neuf ans et demi va partager avec sa famille et deux femmes qui étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, une longue, longue, vie de réclusion, de privation, de souffrance, d’humiliation mais jamais de soumission, d’acceptation ou d’abaissement. Dignité et fierté a toujours été la devise de cette famille insoumise qui a toujours voulu croire à l’impossible, au miracle avec l’aide du Coran et de la Vierge Marie unis dans une même mission. La lutte prendra même des formes extrêmes qui auraient pu mettre leurs jours en danger mais pour triompher, il faut risquer même sa peau.
Soukaïna raconte avec ses mots, ses phrases courtes, percutantes, violentes, harcèle le roi, ne le laisse jamais en paix, même après sa mort, pour lui rappeler sa veulerie, sa lâcheté, de s’en prendre à des enfants innocents et inoffensifs. La route était étroite cependant car Gilles Perrault avec « Notre ami le roi » et sa sœur Malika, avec la collaboration de Michèle Fitoussi, dans « La prisonnière » et « L’étrangère », avaient déjà largement défloré le sujet. Soukaïna a su parler d’elle, de son enfance en prison, de son éducation, de son instruction, de son adolescence volée, de son impossibilité de se construire dans de telles conditions. A dix-huit ans, « Je n’étais plus rien et je devenais un tout du même coup. Un rien qui recommençait de rien. Un rien qui démarrait de rien. Un rien qui se régénérait de lui-même. Un tout que pour lui-même. Un nombril. Une victime. »
Elle nous raconte aussi l’après, sans avant, difficile, erratique, errant. Mais comment ne pas avoir envie de se gaver ce qu’on a jamais eu, de ce dont on a été privé, de ce qu’on a tant désiré… Un témoignage fort, émouvant, jamais larmoyant, jamais pathétique, pas forcément littéraire mais vrai et sincère. La vie d’une femme et d’enfants qui ont payé le choix d’un autre car souvent, trop souvent, surtout dans ce Maroc « l’homme agit et décide de sa vie. La femme subit, colmate les dégâts, assume les conséquences. »
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