Ce que savait Maisie de Henry James

Ce que savait Maisie de Henry James
( What Maisie knew)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Opalescente, le 30 octobre 2008 (Inscrite le 8 novembre 2005, 42 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (878ème position).
Visites : 8 324 

Le secret de l'innocence

Une petite fille se retrouve au coeur des démêlés sentimentaux et mesquins de ses parents qui souhaitent l'utiliser comme instrument de vengeance. Elle se retrouve condamnée à vivre six mois chez son père et six mois chez sa mère.
De prime abord ils se révèlent heureux d'avoir la garde partagée de Maisie, pour le préjudice que l'autre parent subit. Toutefois rapidement la présence de l'enfant s'avère être une gêne, et les parents ne tardent pas à la livrer aux bons soins de leurs nouveaux conjoints.
Maisie, dont l'intelligence est vive malgré le peu de soin qui est apporté à son éducation observe et analyse la situation avec une gravité et une perspicacité qui se trouvent accrues avec les années. S'éveillera en elle une conscience morale, une conscience du bien et du mal et les prémices d'un amour incestueux qu'elle tentera de refouler en même temps que s’évanouissent les derniers moments de candeur de son enfance.

Un roman véritablement brillant, qui exsude l'intelligence. L'analyse d'un monde d'adulte, vu par le regard d'une enfant qui comprend de mieux en mieux l'enjeu dont elle est l'objet, et que tentent de dissimuler les adultes qui l'entourent.

C'est très bien écrit, finement pensé, un très grand roman.

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Les éditions

  • Ce que savait Maisie [Texte imprimé], roman par Henry James traduit de l'anglais par Marguerite Yourcenar,... préface de André Maurois,...
    de James, Henry Maurois, André (Préfacier) Yourcenar, Marguerite (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264003188 ; 1,00 € ; 01/11/1980 ; 395 p. ; Poche
  • Ce que savait Maisie [Texte imprimé] par Henry James trad. de l'américain par Marguerite Yourcenar préf. d'André Maurois
    de James, Henry Maurois, André (Préfacier) Yourcenar, Marguerite (Traducteur)
    10-18 / 10-18. Série Domaine étranger
    ISBN : 9782264038517 ; 8,10 € ; 18/03/2004 ; 397 p. ; Poche
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Merci Monsieur James !

10 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 6 novembre 2014

Quel plaisir de voir grandir la petite Maisie. Maisie, c'est une enfant déchirée par des parents qui se la renvoient comme un ballon, qui se réfugie auprès de gouvernantes engagées pour pallier l'indifférence de ses géniteurs, et desquelles on exige tant et plus... Que dire de plus sans risquer d'en révéler trop, la petite se forge une personnalité en puisant en chacun(e) les bons ou mauvais côtés, influençable, puis influencée, elle finira toutefois par faire ce qu'elle veut, tournant en bourrique son entourage. On ne peut que s'attendrir, à lire l'histoire de Maisie, bien qu'Henry James nous la présente très pragmatique, cachant son jeu, et bien à l'écart de toute sensiblerie...

Un beau, et très bon livre. Quelle écriture ! Une écriture qui demande un certain effort, beaucoup de concentration, mais on se laisse charmer par ce phrasé, ces constructions qui me laissent pantoise.

Merci Monsieur James !

Lire Henry James pour la première fois...

10 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans) - 28 août 2011

Enfin, j’ai fait la rencontre littéraire d’Henry James et j’ai du même coup complété ma première lecture sur ma tablette de lecture électronique Kindle, reçue en cadeau au début de l’été…
Deux expériences des plus heureuses!
Je connais ce formidable auteur depuis presque toujours, pour avoir apprécié l’adaptation de ses œuvres au cinéma d’abord, et surtout pour avoir lu et adoré « Le Maître » de Colm Tobin dans lequel cet auteur se glisse dans la peau du grand Henry James et livre un roman d’une extraordinaire intelligence littéraire.
D’après la plupart de ses bibliographes, « Ce que savait Maisie » serait son roman à la lecture la plus difficile…, ce fait n’aura nullement entaché mon plaisir!
De cette œuvre au sujet difficile écrite au XIXe siècle, mais toujours tout autant actuel, exulte aussi d’une intelligence littéraire toute aussi extraordinaire, et de Maisie, émouvante et attachante petite héroïne, émane un souvenir inoubliable.
Qu’ajouter de plus sur l’immense raffinement de l’écriture de cet homme de lettres américain qui s’est complu à vivre en Angleterre la plus grande partie de sa vie sans jamais renier son statut de New-Yorkais d’origine, sauf que je nourris plus que jamais l’ambition de découvrir le plus tôt possible ses autre grands romans qui sont d’ailleurs déjà tous téléchargés sur ma tablette de lecture…
Quel formidable support de lecture, j’adore!
Sa légèreté et son extrême facilité de manipulation, l’accès instantané à la grosseur souhaitée des caractères, le dictionnaire intégré, bref, rien de négatif en ce qui me concerne, au contraire…
Une simple extension pratique à ma passion de lire!
N.B. J’ai lu cet ouvrage dans sa version originale anglophone : What Maisie Knew

L'adieu à l'enfance, grâce ou à cause des adultes

10 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 54 ans) - 17 juillet 2011

Ce que sait et comprend Maisie ? Tout. Tout ce qui se trame devant elle ou derrière son dos, dans cette vaste comédie humaine où elle se trouve reléguée au rang d’objet.
Objet de convoitise de ses deux parents, qui n’aspirent qu’à se haïr à travers elle. Objet qui gêne et qui encombre, lorsque ces mêmes deux parents se trouvent accaparés par de nouvelles amours. Objet en tant qu’enjeu financier. Objet par l’utilisation qu’on fait d’elle en tant qu’espionne. Objet en tant qu’entité invisible qu’on ne considère pas. Objet des rivalités incessantes entre tous les protagonistes : père, mère, gouvernantes, maîtresses, amants.
Victime de la cruauté, la cupidité, le cynisme mais surtout l’égoïsme des adultes, la jeune Maisie observe, écoute, se tait souvent, interroge un peu, se résigne et attend.

« Maisie trouva dans cet échange de mauvais propos une raison de plus d’adhérer à ce vague fatalisme dans lequel le spectacle de sa propre vie l’obligeait depuis longtemps à chercher refuge. »

Puis au fil des pages elle évolue. Pose de plus en plus de questions, finit par s’affirmer et rendre les coups qu’elle reçoit.
De simple interrogatrice elle devient une interlocutrice qui prend part à sa propre vie et joue un rôle actif dans le déroulement des choses.
Ce que sait sans doute le plus Maisie, c’est qu’au terme de cette histoire, son enfance a pris la fuite.

D’une écriture d’un extrême raffinement, Henry James nous livre un récit très abouti, où le comique de répétition et le ridicule de certaines situations contrebalancent quelque peu le drame que vit l’héroïne.
Peu d’indications sur le temps global écoulé, mais la métamorphose de la jeune fille est implicitement et finement dite, par le biais d’infimes petits détails distillés intelligemment, telle cette jupe, devenue trop courte, auxquels s’ajoutent des analyses toujours plus pointues, un comportement plus affirmé et une façon de s’exprimer plus élaborée.

Intelligente et fabuleuse Maisie.

« Mrs Wix lui jeta un regard de côté. Ce que savait Maisie n’avait pas fini de l’étonner. »

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