Le révizor de Nicolas Gogol
( Revizor)
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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ou l'art du quiproquo...
Les révizors étaient, dans la réalité, des hauts fonctionnaires que le gouvernement de Nicolas Ier, soucieux de renforcer le contrôle de la machine administrative, envoyait en mission secrète d'inspection sur tout le territoire de l'empire..
On peut rattacher ce scénario à celui de "Tartuffe" où l'intrigue repose sur le même type de méprise: un jeune scribouillard de Saint-Pétersbourg est pris pour le révizor par toute une ville de province. L'arrivée du gendarme, annonçant la visite d'un vrai révizor fut rapprochée de celle de l'exempt, mandé par le gouvernement pour arrêter Tartuffe l'imposteur.
Khlestakov, celui qu'on prend pour un révizor, ne devient véritablement un imposteur qu'à l'acte IV lorsqu'il discerne les véritables raisons de la générosité des fonctionnaires qui l'ont accueilli. A la différence du Tartuffe de Molière, ce n'est qu'à ce moment là qu'il courtise le femme et la fille du gouverneur et promet le mariage à celle-ci avant de prendre la fuite. A la différence de Tartuffe, le jeune fonctionnaire ne consacre pas l'essentiel de son temps à séduire les femmes et, à la différence de nombreuses comédies, "Le Révizor" est dépourvu de l'intrigue amoureuse traditionnelle, ce qui a pu faire conclure à l'absence de toute intrigue. Endetté et affamé, Khlestakov profite d'abord de ce qu'il croit être de la considération, l'hospitalité d'un gouverneur provincial envers un voyageur pétersbourgeois, pour rembourser son aubergiste et savourer un bon déjeuner. Le goût des femmes passe ici après celui de la gastronomie, des vins, du cigare, des cartes, des vêtements et équipages élégants, bref, de tout ce qui permet de cueillir "les fleurs du plaisir", sans que s'y engage sa personne.
"Peut-être "Le révizor", comme l'ensemble de l'oeuvre de Gogol, demeure-t-il une énigme, à accepter comme telle.Dans ce scénario, il a trouvé des corrélats dans la réalité sociale de son temps, même s'il y projeta son propre moi. C'est une oeuvre littéraire, donc irréductible à quelque signification univoque ni à ses seules virtualités de sens. C'est aussi et surtout, une comédie en cinq actes." ( De Grève)
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Les éditions
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Le révizor [Texte imprimé] Nicolas Gogol trad. du russe par Arthur Adamov introduction, notes, bibliographie et chronologie par Claude de Grève,...
de Gogol, Nicolas Grève, Claude de (Préfacier) Adamov, Arthur (Traducteur)
Flammarion / G.F..
ISBN : 9782080704979 ; 2,00 € ; 07/01/1993 ; 250 p. ; Poche
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Dénoncer en amusant
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 19 avril 2021
Dans la Russie de la 1ère moitié du 19ème siècle, le révizor était un fonctionnaire de l'Etat chargé de contrôler la bonne marche de l'administration de villes, de district, de région et de vérifier notamment qu'il n'y ait pas de malversations. Or, dans l'histoire que nous propose Gogol, l'arrivée prochaine annoncée dans une petite ville de Russie, qui n'est jamais explicitement nommée, mais se trouverait dans la région de Saratov, au fin fond de la Russie, met dans tous ses états la petite élite dirigeante de la ville, éminemment corrompue et qui se demande avec angoisse comment ils vont faire pour lui cacher les diverses forfaitures et abus de pouvoir dont ils se savent être rendus coupables. Or ne voilà-t-il pas que dans l'auberge de leur ville, un jeune homme y séjourne depuis 2 semaines, venant de Saint-Petersbourg la capitale ? La conjonction de l'arrivée annoncée du révizor, qui vient nécessairement de la capitale et la présence de ce jeune homme venant précisément aussi de la capitale ont fait déduire à cette élite, gouverneur en tête, que jeune homme et révizor ne font qu'un. De là, les quiproquos qui vont s'ensuivre et s'enchaîner, où seront révélateurs de bassesses, de veuleries, de mensonges, d'abus, de corruption, d'impostures...
Tout un certain état d'esprit d'une certaine société de son temps que Gogol s'amuse à ridiculiser tout en le dénonçant. Mais à la fin, le véritable révizor apparaît et légitime au final le système en place, puisqu'arrivant comme sauveur de la morale et vengeur du mal corrupteur et réhabilitant l'Etat (j'extrapole). Le Tsar a dû apprécier !
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