Mange-monde de Serge Brussolo

Mange-monde de Serge Brussolo

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par ArzaK, le 21 octobre 2008 (Inscrit le 19 janvier 2004, 45 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 083ème position).
Visites : 4 222 

Et si on demandait aux artistes de "refaire" le monde?

Une guerre mondiale perpétrée à coups de bombes sismiques a ravagé la terre, laissant tomber dans l’océan des millions de tonnes de terre ferme. La France, comme les autres pays du monde s’est rapetissée, disloquée en une multitudes de petites îles, vestiges épars d’une nation en miettes.

Mathias a grandi avec l’image enfantine d’un ogre qui mangeait peu à peu la France par petit bout, Mange-monde comme on l’appelle, stimula son imaginaire d’enfant avec force, horreur et poésie… Adulte, il est devenu un sculpteur d’île. Une fois la guerre terminée, les survivants ont voulu transformer leurs îles en Frances miniatures. C’est toute la vie de ce sculpteur qui nous est contée, son enfance, sa formation, son mariage… mais aussi et surtout sa carrière artistique, faite de gloire et de descente aux enfers.

Mange-monde n’est pas qu’une fable amusante et absurde, pour qui veut gratter, on trouvera vite dans ce court mais intense roman une profondeur assez vertigineuse. D’abord on peut y voir un regard amusé et sans complaisance sur une certaine franchouillardise, et ce nationalisme français, parfois si ridicule. Ensuite, on y trouvera une superbe satire, presque sociologique, sur les us et coutumes du champ artistique, avec ses règles, son snobisme, sa suffisance et sa cruauté. L’émotion est au rendez-vous, c’est un grand roman mélancolique et désabusé, d’une poésie qui rappelle, ce qui est étrange pour un roman de « science-fiction » une certaine France d’antan, un peu immortelle, celle des films de Marcel Carné ou des romans de Marcel Aymé.

Il s’agit, pour moi, d’un des plus beaux romans de Serge Brussolo, qui égale, par la force de son imaginaire débridé, « Le syndrome du scaphandrier » avec qui il partage pas mal d’interrogations très personnelles au romancier sur le thème de la création artistique.

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Les éditions

  • Mange-Monde [Texte imprimé] Serge Brussolo
    de Brussolo, Serge
    Gallimard / Folio. Science-fiction.
    ISBN : 9782070317196 ; 6,30 € ; 08/07/2004 ; 160 p. ; Poche
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Le visage de la France

8 étoiles

Critique de Lindy (Toulouse, Inscrite le 28 mai 2006, 45 ans) - 23 juillet 2013

Les bombes sismiques détruisent, grignotent le monde tel qu'on le connait actuellement. Les continents se disloquent, deviennent des archipels difformes, sans passé et en France, on cherche à sauver le patrimoine géographique avec ardeur. Enfin, surtout les anciens, ceux qui encore se souviennent de la France d'avant la guerre. Mathias est l'un de ces sculpteurs de petites France et sa gloire puis sa déchéance est racontée au travers de ces envies de vétérans et des controverses des jeunes voulant aller de l'avant, peu soucieux du passé.
C'est une histoire originale, qui fait malgré tout fi des détails logiques (on peut vivre sur la lune, mais on ne sait pas bien comment, peu de mots sur l'insalubrité de la vie dans ce nouveau monde avec une mer transformée en gelée aux fonds couverts de débris, peu d'évocation de la surpopulation et des soucis que ça entraine) qui font parfois défaut dans ce type de romans. En trame de fond, la vie de Mathias avec Marie et "le petit" qui est assez triste et le tout finit sur une note en suspension. Globalement, ça change un peu, j'ai passé un bon moment même si quelque chose de plus approfondi m'aurait plu.

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