Mon sang retombera sur vous : Lettres retrouvées d'un otage sacrifié, mars-mai 1978 de Aldo Moro
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CHRONIQUE DES ANNEES DE PLOMB...
Le 16 mars 1978 à l’angle de la via Fani et de la via Stesa, en plein Rome et en pleine journée, un commando de terroristes d’extrême gauche appartenant aux Brigades Rouges enlevait Aldo MORO, (1916-1978) président de la Démocratie Chrétienne (DC) et tuait les cinq hommes préposés à sa sécurité.
L'Italie est tétanisée, assommée et retient son souffle, les journaux télévisés et papier ne parlent que de cela...
55 jours plus tard, le 9 mai son corps était retrouvé via Caetani (à mi-chemin entre les sièges de la DC et du PCI) dans le coffre d’une Renault 4L, criblé de balles…
Entre ces deux dates, des lettres…95 pour être exact, rédigées par Aldo MORO pendant sa captivité, aujourd’hui accessibles au grand public et reproduites ici, adressées à sa femme, ses enfants, son petit-fils, ses amis, au Pape Paul VI (Giovanni Battista MONTINI (1897-1978) pape depuis 1963), ses collègues politiciens, son parti, à M. Kurt WALDHEIM (1918-2007, Secrétaire général de l’ONU de 1972-1981) …
Très vite Aldo MORO appelle à l’aide, il demande un échange de prisonniers : en fait, sa vie contre la libération et l’expulsion définitive hors d'Italie de 23 "brigadistes" emprisonnés à ce moment là. Mais, malgré ses demandes d'aide et de collaboration, puis de pitié, répétées aux plus grands politiciens Italiens de l’époque tous parti politiques confondus, - M. Giovanni LEONE (1908-2001, alors président de la République), M. Amintore FANFANI, (1908-1999, alors président du Sénat) M. Pietro INGRAO (né en 1915, alors président de l'Assemblée nationale), M. Benedettino "Bettino" CRAXI (1934-2000, alors secrétaire national du Parti socialiste italien), M. Giuseppe SARAGAT (1889-1988, alors sénateur socialiste, et ancien président de la République) ... ,- et de son propre parti, il sera «lâché» par tous, les dirigeants de la DC et du PCI (qui pourtant s’étaient alliés avec Aldo MORO pour former un gouvernement...) refusant même tout début de négociation, et allant jusqu’à prétendre que ce n’était pas Aldo MORO qui écrivait ces lettres, mais qu’elles lui étaient dictées par ses geôliers…
Au vu de cette situation, MORO comprendra très vite qu’il est définitivement condamné, littéralement sacrifié, par ses propres collègues politiciens, et devant la lâcheté de la classe politique toute entière, et des membres de son propre parti en particulier, il finira d’ailleurs par envoyer sa lettre de démission à son parti, et par demander à sa famille qu’aucun homme politique ne soit présent à ses obsèques!
Les lettres les plus émouvantes restent celles qu’Aldo MORO écrit à sa femme Eleonora «Noretta» MORO, à ses filles, et à son fils, où pas une fois on ne le verra se plaindre de la situation dans laquelle il est, et de sa mort qu'il sait pourtant imminente, mais toujours il pensera à eux, à leur santé, à son petit-fils Luca BONINI, à leur dire qu’il les aime, à la situation dans laquelle ils se trouvent à cause de lui, qu’il les embrasse et que quoi qu’il arrive, à leur dire qu'il sera toujours avec eux…
On pourrait encore écrire pendant longtemps, très longtemps sur les circonstances qui ont amené à la publication de ce livre : sur l’enlèvement d’Aldo MORO, sur l’assassinat des 5 membres de son escorte (les carabiniers Oreste LEONARDI et Domenico RICCI, les policiers Raffaele IOZZINO, Giulio RIVERA, Francesco ZIZZI), sur le «lâchage» de son propre parti, la Démocratie Chrétienne (manipulé ou non par la CIA?) de ses amis et des membres les plus éminents de son propre parti politique,- M. Francesco COSSIGA (né en 1928,alors ministre de l'intérieur), M. Giulio ANDREOTTI (né en 1919, alors président du Conseil)…-, mais aussi sur les Brigades Rouges (manipulées ou non par la CIA?), sur le Parti Communiste Italien (PCI) de l'époque et son secrétaire général historique M. Enrico BERLINGUER (1922-1984), sur le rôle de toute la classe politique italienne de l’époque, sur la validité du travail des forces de l’ordre, etc etc…
Tout cela appartient à l’histoire aujourd’hui, restent ces magnifiques lettres, d’un homme profondément croyant, comme autant de témoignages d’un homme sur la folie des autres…
Les éditions
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Mon sang retombera sur vous [Texte imprimé], lettres retrouvées d'un otage sacrifié, mars-mai 1978 Aldo Moro traduit de l'italien par Élisabeth Faure présentation par Emmanuel Laurentin
de Moro, Aldo Laurentin, Emmanuel (Préfacier) Faure, Elisabeth (Traducteur)
Points / Points (Paris)
ISBN : 9782757805350 ; 7,10 € ; 17/04/2008 ; 315 p. ; Poche
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