Un Anglais sous les tropiques de William Boyd
( A good man in Africa)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Métamorphose d’un « plouc » en héros
Morgan Leafy est ce que j’appellerais un planqué, paresseux, transpirant et grassouillet fonctionnaire de l’ambassade britannique en poste au Kinjanja, pays africain qui offre un éventail de possibilités infinies à tout qui voudrait exercer manipulation, farniente et sexe. Effrayant de voir ce personnage pitoyable se gausser pour un rien. Lorsque les élections kinjanjaises se profilent, Leafy se voit confier une mission de corruption : imaginez comme il va se faire mousser ! Pour compléter le tableau, ce minable en diplomatie l’est aussi en amour. Soi-disant désespérément amoureux de la fille de l’ambassadeur qui vient de l’abandonner pour se fiancer avec un sous-fifre, il n’entretient pas moins une petite amie en ville, louant pour elle un minuscule appartement, non par compassion par rapport à l’état de délabrement de l’ancien, mais par pur intérêt, uniquement pour assurer son confort d’amant égoïste.
Ce personnage grotesque et peu courageux m’a, je l’avoue, assez agacée. Aucune empathie avec cette espèce de pantin guidé par sa sensualité et qu’il suffit de flatter pour voir faire le beau (enfin, essayer de faire le beau, parce qu’en plus, il est moche et il s’y prend mal). Là où j’admire Boyd, outre pour son humour typiquement anglais mais là je ne vous apprends rien, j’admire Boyd, donc, dans la faculté qu’il a de faire effectuer un revirement radical à ce « plouc » pour le transformer en « héros ». Bon, cela ne concerne malheureusement que les quelques dernières pages, mais ça vaut le détour. Ca, plus la note un tantinet plus dramatique de la fin.
P.S. Sean Connery figure sur la couverture du livre, j'en conclus qu'il incarne Morgan Leafy dans un film. Je trouve cet acteur physiquement aux antipodes du Leafy décrit par Boyd : gras et transpirant... Autant voir Brad Pitt en "Elephant man"...
Les éditions
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Un Anglais sous les tropiques [Texte imprimé], roman William Boyd trad. de l'anglais par Christiane Besse [présentation par Claude-Michel Cluny]
de Boyd, William Cluny, Claude-Michel (Préfacier) Besse, Christiane (Traducteur)
Seuil / Points (Paris).
ISBN : 9782020238205 ; 7,90 € ; 21/02/1995 ; 404 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (6)
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Un bon auteur sous les tropiques
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 8 octobre 2019
Le fait d'avoir, dans une vie antérieure, connu les affres de la vie d'expatrié dans des ex-colonies britanniques lui permet d'utiliser ses expériences en y ajoutant de l'humour et de la loufoquerie.
Un très bon roman.
Le charme désuet des colonies
Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 16 novembre 2012
Enfin je ne vois pas ce qu'il y a de spirituel là-dedans, tout cela n'est que véritablement pathétique, et en dépit du fait que l'auteur semble s'amuser comme un petit fou dans ses lignes surtout l'absence de vie dessert ce roman. J'ai d'abord cru avoir affaire à un de ces contes sur le mensonges sous toutes ses formes, et finalement on obtient vers les chapitres de fin essentiellement une situation de départ renforcée ! Le non-sens peut plaire mais à petites doses, moi ça me dérange de plus si les britons jouent sans cesse à être les indigènes et vice versa, on aura du mal à prendre quelque personnage au sérieux (et ce sans même relever par ailleurs cette atmosphère à l'air vicié des plus déplaisantes.) Peu passionnant.
Ou peut-être trop anglais.
Remarquable
Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 14 mai 2009
L’Afrique post-coloniale
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 3 mai 2009
Nkongsamba est la capitale imaginaire du jeune état ; Kinjanja, tout aussi imaginaire. On le situerait facilement en Afrique occidentale ou centrale, près du Ghana par exemple ! Morgan Leafy est premier secrétaire au Haut-Commissariat britannique. Aussi adapté à l’Afrique que certain à la fonction présidentielle. Il est gros, sue excessivement, a une peau peu adaptée au soleil et est affublé d’une moralité et d’un moral … peu reluisants. Pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier « d’homme de la situation ».
Et William Boyd va se régaler à nous exposer les petitesses et les tares de nos sociétés occidentales dans des régimes mal décolonisés, et les incohérences et les méfaits qu’elles peuvent y provoquer via les actes immanquablement malheureux de Morgan Leafy.
C’est très drôle (parfois, pas la fin), à mon avis parfaitement documenté du fait du vécu du sieur Boyd, et remarquablement écrit, comme toujours avec Boyd.
« La fille derrière le bar fouillait paresseusement dans la glacière. Elle avait des fesses puissamment musclées qui faisait remonter sa robe trop serrée sur le haut de sa croupe. Elle choisit une bouteille et la posa sur le comptoir. Ses yeux étaient pâles de fatigue et d’ennui. Elle allait faire sauter la capsule quand Morgan s’aperçut qu’il s’agissait d’un Fanta Orange :
« Arrêtez, dit-il. Attendez. Moi demande Coca Cola. » Il retombait naturellement dans le petit-nègre, adoptant inconsciemment l’accent épais et nasillard.
« Pas de Coke », dit la fille. Elle déboucha la bouteille, prit une paille et la laissa tomber dedans.
« Un shilling », exigea-t-elle.
Morgan tâta la bouteille : tiède.
« Pourquoi lui pas froid ? » demanda-t-il.
Machine y en a cassée, dit-elle, retournant s’asseoir avec son shilling en traînant les pieds.
OK, dit-il. Toi y en a donner Seven Up à la place.
De la limonade tiède serait plus supportable que de l’orangeade sucrée chaude. A peine plus.
La fille le regarda avec l’air de lui dire : te fatigue pas, mon pote :
« Y a que du Fanta », énonça-t-elle catégorique.
Désopilant
Critique de Jeronimo1068 (Fontenay sous bois, Inscrit le 4 février 2009, 56 ans) - 5 février 2009
William Boyd fait feu de tout bois, véhicule les idées reçues et les incarne dans des personnages plus vrais que nature. L'action se déchaîne de page en page, Morgan étant incapable de cesser de s'agiter. Un mal-léché de première, qu'on ne peut s'empêcher de trouver au plus haut point sympathique. Le colonialisme en prend pour son grade, tout autant que l'esprit africain, tourné en dérision mais jamais remis en cause.
Un très, très bon roman, le premier de l'auteur, et pour moi son meilleur !
William Boyd c'est le fameux auteur qui a inspiré la phrase de Pivot "Achetez-ce livre, si vous ne l'aimez pas, je vous rembourse" au sujet de son roman "Comme neige au soleil".
Agréable divertissement
Critique de Cyrus (Courbevoie, Inscrit le 3 novembre 2008, 47 ans) - 12 novembre 2008
Donc si un manque de réalisme et par là même de crédibilité a pu me gêner, la lecture de ce roman n'en demeure pas moins un aimable divertissement qu'il faut prendre comme tel.
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