Là où les tigres sont chez eux de Jean-Marie Blas de Roblès
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Récits fantastiques
Ce long roman (plus de 750 pages) s'articule autour de la vie d'un jésuite Athanase Kircher mort en 1680. Ce dernier a réellement existé, et l'on en parle longuement sur le site internet officiel de la Société de Jésus. D'ailleurs Roblès, sur son propre site, reproduit une abondante iconographie extraite des oeuvres de Kircher. Une consultation de ces deux sites complète utilement la lecture du roman.
Quoiqu'il en soit, le héros du roman, un journaliste français installé au Brésil (Alcantara) se fait remettre la copie d'un manuscrit retrouvé par hasard retraçant, sous la plume d'un compagnon du jésuite, la vie du fameux Kircher, un érudit curieux de tout, et inventeur de nombreuses machines. Il est chargé d'étudier et d'annoter le manuscrit en vue d'une publication dont le succès est probable.
Chacun des chapitres du roman de Roblès commence par la reproduction de plusieurs pages du manuscrit ; puis le romancier "se lâche" et nous conte plusieurs aventures en parallèle, sans relation apparente les unes avec les autres : l'épouse du journaliste, en instance de divorce, se lance dans une expédition archéologique dans le Mato Groso, leur fille adolescente expérimente drogue et sexe sans retenue, lui-même rencontre une jeune italienne mystérieuse. Le gouverneur de la Province, cruel et corrompu, est confronté à son épouse alcoolique ; on verra aussi les pérégrinations d'un jeune infirme misérable dans la jungle misérable des favellas.
On l'aura compris, on ne s'ennuie pas à la lecture de ce volumineux ouvrage sélectionné à l'automne 2008 par les lecteurs de la FNAC. Pour ma part j'ai apprécié la justesse de ton du manuscrit (apocryphe, cela va sans dire) et l'érudition qu'il manifeste. La relation des multiples aventures contemporaines est également plaisante. Les nombreux personnages sont attachants et bien "croqués". On peut toutefois reprocher à Roblès un ton moralisateur parfois excessif et une critique de l'Occident, de la religion et de la société de consommation qui sacrifient souvent à l'air du temps et au "politiquement correct". Reproches mineurs ! Il mériterait un prix à la rentrée...
Les éditions
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Là où les tigres sont chez eux [Texte imprimé], roman Jean-Marie Blas de Roblès
de Blas de Roblès, Jean-Marie
Zulma
ISBN : 9782843044571 ; 24,90 € ; 21/08/2008 ; 774 p. ; Broché -
Là où les tigres sont chez eux [Texte imprimé], roman Jean-Marie Blas de Roblès
de Blas de Roblès, Jean-Marie
J'ai lu / J'ai lu
ISBN : 9782290017104 ; 5,82 € ; 06/01/2010 ; 896 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (10)
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Les tigres n'y étaient pas !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 8 janvier 2018
Il y a bien sûr plusieurs façon d’interpréter un livre. Quand il s’agit d’une brique aussi touffue que celle-ci je crois qu’on lit différemment et voici ma synthèse :
Eléazard avait une épouse aimante, Elaine, qui l’a quitté, une fille (la jolie Noéma) partie renifler de longs ryes de coke et un perroquet incapable de répéter la phrase du poème d’Hölderlin « L'homme habite en poète » et répète inlassablement d’une voix criarde « l’homme a une bite en pointe ».
L’amour de toute sa vie c’est ce foutu jésuite Athanase Kimlher. Il y consacre tout son temps. La plupart des découvertes de Kimlher s’avèrent fausses ou obsolètes. Pour exemple il démontra qu’un homme riche ne peut avoir plus de 186624… cheveux ! Mais aussi que le monde fut créé le 27 octobre – 3488 à 8h (du matin) et 47 secondes.
Avez-vous lu la bande dessinée « le maître et Léonard » ?
Voici donc à quoi Eléazard a consacré sa vie. Se rendra-t-il compte un jour de la futilité de ses recherches ? Que de temps perdu, que de baisers oubliés !
Dans l’univers du félin il n’y a ni nom, ni passé, ni avenir rien que l’indubitable instant.
Que penser ?
C’est long, très long, trop long ! Mais contrairement à l’île du point Némo j’y ai trouvé une certaine cohérence Peut-être faudrait-t-il relire une seconde fois pour absorber toutes les subtilités cachées mais je n’en ai pas le courage tant cette lecture m’a semblé pesante ?
Ces séquences qui s’entrecroisent sèment la pagaille dans la compréhension : on ne sait pas où on va, on suit les petits cailloux blancs semés sur un sentier.
De bons moments certes mais le prix à payer est quand même lourd. Je quitte donc Jean-Marie de Roblès sans espoir d’y revenir un jour.
Surprenant, érudit et inégal
Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 20 novembre 2013
Car enfin, de quoi nous parle ce Jean- Marie Blas de Roblès, qui, il ne faut pas l’oublier car c’est important, est archéologue?
De la vie d’Athanase Kircher, donc, un jésuite allemand, graphologue, orientaliste, esprit encyclopédique et un des scientifiques les plus importants de l'époque baroque, nous dit Wikipedia.
Racontée en chapitres jusqu’à sa mort par un disciple, Caspar Schott, un autre scientifique allemand contemporain, qui a , lui aussi , existé.
( rechercher sur un moteur de recherche ces deux noms dès le début n’est pas une bonne idée… ou alors cherchez l'erreur pendant toute la lecture et gâchez-vous la fin, mais c'est bien sûr ce que j'ai fait..)
Et ceci grâce à un manuscrit totalement inédit trouvé à la Bibliothèque nationale de Palerme , et parvenu à quelqu'un qui connaît l’œuvre d’Athanase Kircher mieux que quiconque , et même de façon un peu obsessionnelle, Eléazard von Wogau .
A partir de là, on va lire, alternativement, les aventures d’Athanase, les réflexions que celles-ci inspirent à Eléazard, et, parallèlement les aventures de la famille von Wogau et de quelques autres au Brésil.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Eléazard n’aime guère Athanase. Un « artiste de l’échec » l’appelle-t-il. Alors lire et étudier à longueur de journée les louanges de Caspar Schott sur le génie de cet homme ne le met pas d’humeur joyeuse dans ses carnets, qui sont la partie je dirais "philosophique" du livre . Réflexions auxquelles il faut ajouter ses conversations avec un ancien jésuite devenu maoïste, Euclides. Il parlent de beaucoup de choses, et entre autres, de ce qu’est l’Histoire.
L’historien est un rêveur contraint, contraint à rêver devant les faits, à replâtrer les failles, à rétablir de chic le bras manquant d’une statue qui n’existe toute entière que dans sa tête.
Et l’art…? Toute l’histoire de l'art et même de la connaissance est faite de cette assimilation plus ou moins poussée de ce que d’autres ont expérimenté avant nous…
Qui a pensé quoi, qui a écrit quoi.. Ce qui importe, c’est la matière grise universelle, pas les individus qui s’en trouvent par hasard, ou s’en rendent sciemment, propriétaires ( j’ai appris dans ce roman qui avait -vraiment- écrit " Rome, Rome l’unique objet de mon ressentiment" etc, ) et tant d’autres choses , mais j'ai déjà oublié, comme beaucoup de choses, hélas..).
C’est dans ces réflexions que Jean -Marie Blas de Roblès, archéologue, donc, nous dit beaucoup sur l’histoire, donc, mais aussi la science , science et réalité, ou plutôt science et appréhension du réel , la religion etc, et c’est toujours passionnant. Très érudit aussi , et je recommande de lire l'index qui permet de moins se perdre dans toutes les références.
Cet Euclides va pousser Eléazard à se réconcilier avec le personnage historique qu’il étudie . Et à en tirer des enseignements sur sa propre personnalité, bien sûr.
Qu’ai-je aimé chez Kircher, sinon ce qui le fascinait lui-même: la bigarrure du monde, son infinie capacité à produire des fables, Wunderkamer: galerie des merveilles, cabinet des fées.. Grenier, cagibi, coffre à jouets où se lovent nos étonnements premiers, nos frêles destins de découvreurs.
L 'effet Kircher: le baroque. Ou, comme l’écrivait Flaubert, ce désespérant besoin de dire ce qui ne peut se dire…
C’est un personnage vraiment étonnant, Athanase! Qui au siècle de Galilée , à l’époque où les sciences expérimentales donnent accès à la compréhension, invente lui absolument n’importe quoi de façon complètement compulsive et dans n’importe quel domaine. Il a l’art de profiter de l’évènement, et bien sûr, bénéficiant des faveurs divines, ses inventions et découvertes ne sauraient être contestées. Il y a ainsi des épisodes très drôles au moment d’une épidémie de peste, où il saute sur les bubons pour étudier leurs contenus, découvrant le vermicelle de la peste ou installe dans les cercueils des alarmes pour les malheureux enterrés un peu vite, à chaque jour sa trouvaille!
Dans un autre domaine, il est donc persuadé d’avoir percé à jour la lecture des hiéroglyphes, de pouvoir communiquer en chinois et même de pouvoir reconstituer la langue de Dieu lui-même, celle qui était parlée en haut de la tour de Babel , et son dernier ouvrage, intitulé La Tour de Babel, donnait la preuve mathématique que la tour de Babel n’aurait jamais pu atteindre la Lune, attestant ainsi que sa destruction résultait plus de la folie de son entreprise que de la volonté divine. CQFD.
Et même au moment de sa mort! Avec la balance à peser l’âme que Caspar Schott devait utiliser juste au moment où il rendait son dernier soupir.. Un demi-scrupule, pesait l’âme de Kircher…
J’ai vraiment beaucoup aimé toute cette partie de ce roman, peut-être un peu moins le reste. Peut être y a-t-il trop de personnages , un peu survolés, du moins si on compare avec le duo Kircher- Eléazard.
Je ne vais pas tout reprendre, mais ces nombreux personnages qui évoluent dans cette histoire suivent chacun leur chemin- et quel chemin pour certains! Ils ont donc tous en commun un rapport plus ou moins familial avec Eléazard, et, comme dans tout bon roman choral, des liens entre eux. Et un destin commun.. En tout cas, pendant qu'Eléazard va se "trouver", les autres vont tous se "perdre".
Même si, à mon avis , les chapitres qui narrent leurs aventures sont d’intérêt inégal, c’est un roman qui est assez difficile à lâcher.
Quant à ce qu’il raconte vraiment, ce qui est vrai, ce qui est faux, alors là…
Le problème n’est pas de savoir si un tel a vraiment dit ce qu’on lui fait dire, mais de juger si on a réussi à le lui faire dire d’une façon cohérente. La vérité n’est-elle pas ce qui finit par nous convenir assez pour que nous l’acceptions en tant que telle? Le cas limite de la satisfaction, disait W.V. Quine.
J'ai été satisfaite;)
Bien sûr, si vous aimez les textes concis, vous évitez..
haut en couleurs
Critique de Zaza64 (Anglet, Inscrite le 1 février 2008, 52 ans) - 23 février 2011
Ces différentes histoires ne semblent pas avoir un lien commun, et pourtant, vont un moment donné se recouper. Le début est peut-être un peu difficile à appréhender, on ne sait pas toujours où on va...mais petit à petit, on se laisse embarquer...et ça vaut la peine.
J'ai apprécié ce livre, qui monte petit à petit en intensité....puis qui part en vrille, un peu à la manière des auteurs sud-américain.
Je le recommande, mais il faut être "bon" lecteur...
Une érudition impressionnante mais ennuyeuse
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 28 janvier 2011
Un immense livre
Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 30 décembre 2010
L'écriture est d'une rare beauté et si précise. Le style est enjoué et merveilleusement rythmé selon les temps et les histoires. Chaque page est un régal.
C'est typiquement le genre de livre qui me fait m'extasier sur le "métier" d'écrivain. Quel talent. Quelle imagination et quel travail de précision.
Ce livre ne ressemble à rien d'autre. Il est unique.
Un livre époustouflant
Critique de Florian1981 (, Inscrit le 22 octobre 2010, 43 ans) - 22 octobre 2010
On suit les aventures de Eléazar von Wogau et de sa petite tribu, aventures qui se croisent... ou pas!
Un livre vraiment intrigant, surprenant, et une fin tout sauf conventionnelle!
Ai-je aimé ce livre? Difficile à dire... Ce n'est pas un coup de coeur, mais je ne regrette pas de l'avoir lu! La performance de l'auteur est impressionnante
Une érudition impressionnante
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 26 août 2009
Ce "livre-somme", de presque 800 pages en petits caractères, réunit une biographie très minutieuse, des personnages contemporains reliés par des relations familiales inexistantes, des relations amoureuses, des drames humains, la situation politico-économique du Brésil et surtout de grandes questions philosophiques soulevées par pratiquement tous les protagoniste de ce roman.
Tout ceci écrit avec une langue recherchée mais fluide avec une construction ménageant le suspense donnant envie d'aller au prochain chapitre voire de les lire en pointillés pour connaître la réponse à la question du chapitre précédent.
Un livre rare et une grande admiration pour l'auteur, malgré la déception que j'ai ressentie pour la fin de certaines histoires.
Très inégal
Critique de Aldus (Nantes, Inscrit le 12 novembre 2005, 61 ans) - 28 mai 2009
28 mai 2009 18:08
Immersion dans l'intime
Critique de PPG (Strasbourg, Inscrit le 14 septembre 2008, 48 ans) - 31 janvier 2009
La longueur n’est pas un obstacle ici ; au contraire, il permet une passionnante immersion au coeur du Brésil pour sa partie contemporaine (avec sa galerie d’attachants personnages) et au coeur du XVII siècle via le manuscrit racontant la vie d’Athanase Kircher, jésuite allemand.
L’ensemble de ce roman (inracontable au final : il faut le lire !) semble vouloir dresser un parallèle entre notre siècle et le XVII siècle, où de profondes mutations sont en cours (remise en questions, perte de sens, conflits entre la science et les croyances...). Ce roman est celui de la remontée aux origines, de la recherche de la vérité, du sens de cette recherche, des croyances en un idéal, de l'absolu, qui n'est souvent que tromperie ou qui se transforme en une rédemption qui n'aboutit pas. D'un siècle à l'autre, les protagonistes s'agitent en parallèle, courent après le savoir, universel et intime, forts d'une érudition qui les guide, mais qui les encombre en même temps. Mais l’auteur va plus loin : ses propos, tout au long du roman, montrent un pessimisme qui fustige nos sociétés modernes, en pointant notamment la cupidité de certains dans l'empire de la consommation, de l'hypocrisie, de l'apparence sociale outrancière.
Très fort en émotions pour ceux qui aiment réfléchir à la petitesse de leur existence dans cet univers qui nous dépasse tous au final.
il a eu le femina...Tanneguy visionnaire
Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 28 décembre 2008
Comme la critique n’est pas seulement et en tous cas pas toujours l’art du résumé, je me réjouis de ne pas devoir me résoudre à cet exercice qui me fut si pénible durant mes années de cours de français et notamment dans la préparation du bac.
Car là où les tigres sont chez eux n’est pas résumable. Entre l’histoire d’Athanase Kircher, mais aussi l’évocation de M vonWogau, son ex-épouse Elaine, leur fille et toutes celles et ceux que ces personnages vont croiser nous disposons d’un roman où tout s’entrecroise et où les références érudites donnent parfois le tournis…dans un mélange de styles en fonction à la fois des circonstances et des personnages, ce roman est une épopée, tout simplement.
L’histoire du début du XVIIeme, les découvertes des cultures, le Brésil, mais aussi l’Amazonie, la chine et les hiéroglyphes…quelques uns des sujets abordés…pour notre plus grand plaisir.
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