Tête de chien de Morten Ramsland

Tête de chien de Morten Ramsland
( Hundehoved)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par BMR & MAM, le 10 octobre 2008 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 63 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 794ème position).
Visites : 4 613 

Saga mi-danoise mi-norvégienne

On avait déjà eu droit à une saga norvégienne avec Le demi-frère, de Lars Saabye Christensen.
Voici une autre saga familiale qui lui ressemble beaucoup.
Tête de chien, du danois (stop, j'évite les mauvais jeux de mots) Morten Ramsland.
Une famille de danois, mais de danois qui oscillent entre la Norvège et le Danemark.
La Norvège n'est pas le seul point commun avec le Demi-frère évoqué plus haut : on retrouve ici la peinture (il est d'ailleurs question de peinture) d'une famille haute en couleurs (décidément) avec par exemple le grand-père, magouilleur collabo puis rescapé des camps allemands, ingénieur naval, qui dessine des plans de bateaux d'inspiration ... cubiste, ce qui lui vaut quelques déboires professionnels.
Ou la grand-mère vieillissante qui se fait expédier des boîtes de conserves emplies de l'air de sa bonne ville de Bergen que la vie et le grand-père l'auront obligée à quitter trop vite.
À travers les années et l'histoire de l'arrière-grand-père, du grand-père, du père et du fils, toute la famille défile sous nos yeux. Avec ses personnages attachants et leurs histoires.
Car Morten Ramsland (qui a écrit également des livres pour la jeunesse) possède l'art de raconter les histoires.

[...] «Dieu est venu cette nuit, et Il a emporté tes chatons.»
Voilà ce qu'avait dit un jour Hans Carlo Petersen, le précédent patron de l'atelier d'encadrement, à sa fille Leila, alors âgée de six ans, en lui tapotant doucement la tête de cette même main qui, la veille au soir, avait mis les sept chatons dans un sac avant de les noyer dans le ruisseau derrière la maison. Leila, à qui son père venait d'offrir une grosse glace, sentit un goût amer se mêler à celui de la crème glacée. Cinq ans plus tard, lorsqu'il vint la chercher chez sa tante maternelle et la conduisit au bord du lac où il acheta la plus grosse glace du marchand, il déclara : «Dieu est venu cette nuit, et Il a emporté ta mère.» Par ces mots, il ne causa pas seulement un profond chagrin à sa fille, mais il lui inspira une aversion durable à l'égard de Dieu et des sucreries.

Quel talent ! Tout est dit, l'air de rien.
L'art de raconter des histoires, mais pas n'importe lesquelles :
[...] Stinne et moi, nous n'avions plus envie d'entendre des histoires. Elles traînaient avec elles un je-ne-sais-quoi de douloureux et de mensonger. À cette époque, aucun de nous ne savait que ces histoires formaient le ciment qui liait notre famille, et c'est seulement quand elles ont disparu que tout a commencé à s'effriter, et que nous nous sommes dispersés aux quatre vents.

Des histoires de famille, des histoires qui touchent, qui touchent à tout au travers d'une galerie de personnages, tous profondément humains et tous plus pittoresques les uns que les autres.

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Les éditions

  • Tête de chien [Texte imprimé], roman Morten Ramsland traduit du danois par Alain Gnaedig
    de Ramsland, Morten Gnaedig, Alain (Traducteur)
    Gallimard / Du monde entier (Paris)
    ISBN : 9782070779574 ; 13,00 € ; 04/09/2008 ; 439 p. ; Broché
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Trois générations

8 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 11 juin 2011

Comme chez John Irving, cette saga familiale scandinave cultive l'improbable et l'affranchissement des tabous. Il s'agit presque de la bande-dessinée (sans les images) tellement les scènes sont plus grandes que nature. Par exemple, un bébé naît directement dans la cuvette de la salle de bain, ses oreilles sont si grandes que les autres enfants les remplissent de saletés et sa mère lui installe un corset anti-masturbation sur la tête. Chaque chapitre amène son lot de péripéties loufoques. Bref, une série d'aventures comiques.

Derrière cette franche comédie se cache tout de même des personnages qui ne sont pas vraiment rigolos. Le livre offre une vision pessimiste de la nature humaine. Il s'agit donc d'un roman à moitié réussi mais dont la lecture est quand même très divertissante.

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