Jour de souffrance de Catherine Millet

Jour de souffrance de Catherine Millet

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jeanro, le 19 septembre 2008 (Inscrit le 19 septembre 2008, 86 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (56 178ème position).
Visites : 4 289 

Sans issue !

Je me suis précipité sur ce livre car je croyais avoir compris que son propos était de tordre le cou, une bonne fois pour toutes, à vieille affaire de la jalousie. Le précédent roman de C.Millet "la vie sexuelle de Catherine M." racontait, dans les détails, la liberté sexuelle d'une femme qui a des amours multiples, des partenaires occasionnels, des expériences et des désirs menés jusqu'au bout sans tabous. Je pensais que dans la foulée, cette même femme libertine allait logiquement poursuivre son entreprise de désacralisation et mettre en pièce l'accablant système de la jalousie et le projet fou de possession de l'autre qui le sous-tend.

Erreur ! Dans « Jour de souffrance », la dame ne parvient pas à concilier sa façon de vivre et la soif de liberté de l’autre, son amant de cœur, Jacques. Elle découvre qu’il a lui aussi une vie, voire des vies parallèles. Elle ne le supporte pas et va fouiller dans ses secrets, ouvrir du courrier, un journal intime, regarder des photos jusqu’à aiguiser sa souffrance, au point de s’en délecter et de s’en faire jouir, au propre comme au figuré.
En quelque sorte la jalousie se définit plus ici par le fait d’être possédée par l’autre ( au sens fort d’une possession démoniaque) que par le fait de vouloir le posséder lui sans partage.

C’est un livre fort parce que suffocant et cruel. Il raconte une tentative désespérée pour sortir de la prison du mental par l’écriture. La masturbation et l’écriture sont les recours habituels des prisonniers. La langue est belle. De longues phrases s’étirent en méandres à la façon proustienne. Le lecteur est piégé dans ces eaux stagnantes et cherche l’issue… sans être certain qu’il y en ait une.

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Tout savoir sur l’onanisme féminin ?

2 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 4 juillet 2017

Vous avez rêvé lire un roman dans lequel on vous dit tout, des tenants et aboutissants au modus operandi de l’onanisme féminin ? Ne cherchez plus, c’est « Jour de souffrance » !
Sinon, ça devient rapidement lassant …
Catherine Millet avait connu son heure de gloire à la sortie de « La vie sexuelle de Catherine M ». Elle dévoile un autre aspect de sa vie sentimentale, sur le thème de la jalousie, ce qui peut paraître étonnant tant les relations entre son compagnon, Jacques Henric, et elle-même, les libertés qu’ils prenaient l’un comme l’autre, semblaient la mettre à l’abri de ce genre de ressentiment.
Non bien sûr … Et c’est traité sur un mode très « intellectualisant », cérébral au possible (je doute d’ailleurs que des anglo-saxons accrochent à ce genre d’ouvrage – j’aimerais avoir des échos en la matière).
Pour ma part, « Jour de souffrance » l’a été aussi au sens propre et avec un « s » à jour. Oui, malgré sa brièveté, il m’a fallu plusieurs jours pour en venir à bout et c’était du genre corvée. Lire à longueur de pages ses analyses, ses fantasmes, l’exposé de ses désirs et la souffrance que Catherine Millet ne peut s’empêcher de ressentir … bon, ça finit par être long. Le tout agrémenté d’innombrables séances de masturbation, je dois reconnaître que ça me laisse perplexe et plutôt « barbouillé ». Mais je conçois que d’autres, moins « fleur bleue » que moi, y trouvent leur compte. A ceux-là je laisse « Jour de souffrance » et probablement la lecture des autres ouvrages de Catherine Millet.

« Même lorsqu'il y avait dissimulation de sa part, mensonges, tromperies, le récit n'en donnait aucune explication psychologique (que Jacques, par exemple, ait voulu me punir ou se venger de quelque faute que j'aurais commise), tout ceci relevait d'une mécanique transcendante. Ma stupeur n'était comparable qu'au sentiment que j'éprouvais enfant lorsqu'on me parlait des commandements imposés aux hommes par les dieux antiques sans qu'il soit permis à ceux-là d'en comprendre les motivations. J'avais fait de Jacques un mythe. »

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