Gomorra : Dans l'empire de la camorra de Roberto Saviano
( Gomorra : viaggio nell'impero economico e nel sogno di dominio della camorra)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Intense, brutal, la froideur du ciment.
Froid comme un rapport annuel. Thèse impressionnante quasi universitaire sur l’entreprise ultra libérale radicale : gagner ou mourir. Economie, finance et paramilitaire, indispensable quand un seul cartel pèse illégalement trente milliards d’euros annuels. Une composition de couteaux sur la couverture de l’édition anglaise est un bon raccourci.
Premier livre d’un journaliste de 29 ans, son succès retentissant vient plus de l’audace du sujet et de la précision des informations que de l’écriture à peu près aussi sensible qu’un bloc de ciment, l’anti journalisme gonzo. Mais Roberto Saviano est blindé comme une limousine après tout ce qu’il a vu, initié par son père dès l’age de 12 ans au maniement du Beretta. Son père, médecin, battu au sang pour avoir amené un blessé aux urgences, car l’usage veut que les infirmiers attendent que les tueurs reviennent achever leur travail, le plus souvent en interceptant l’ambulance. Logique, ces crimes sont contractuels.
Gomorra explore Naples et la Campanie dominées par la criminalité organisée, sur fond de guerres entre clans rivaux et de trafics en tout genre : contrefaçon, armes, drogue et déchets toxiques. Bâtiment et travaux publics pour la façade légale. La camorra, plus importante organisation criminelle d’Europe, n’existe pas, c’est un mot utilisé par les policiers, les magistrats, les scénaristes et les médias, les intéressés ou affiliés parlent du Système. Il profite de l’attention permanente accordée à Cosa Nostra.
Une idée de sa puissance : une famille d’entrepreneurs a construit le plus grand lotissement illégal du monde occidental, huit cents soixante trois mille m2 sans permis de construire. C’est inutile.
Chapitre pittoresque sur les armes, et son icône absolue, l’AK 47, avtomat kalashnikova, 47 pour l’année où elle a été adoptée par l’armée rouge, cent cinquante millions vendues dans le monde, il y a des sacs à dos et des sweat-shirts Kalachnikov. A peine réceptionnées, les armes ne s’essayent pas sur des boites de conserves, mais live, en pleine ville, sur des vitrines, des rideaux de fer, murs en béton, etc. De toutes façon, les vitriers appartiennent tous au Système.
Sur les femmes, excellentes dans le business, managers de clans rivaux, type vendetta, elles peuvent s’attaquer au fusil mitrailleur à bord d’Audi et Smart rutilantes, et être exécutées d’une balle dans la nuque.
Le ou la camorriste accepte le prix exorbitant de son choix forcené : la prison, être assassiné ou torturé à mort avec stigmates rituels à messages. Dans une lettre adressée à un prêtre du fond de sa cellule, un adolescent déclare : “Je veux devenir un parrain…….je veux des centres commerciaux, des usines, des femmes, 3 voitures……….Et puis je veux mourir. Mais comme meurent les vrais, ceux qui commandent pour de bon. Je veux mourir assassiné“.
Pour ceux qui s’intéressent au crime organisé.
Les éditions
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Gomorra [Texte imprimé], dans l'empire de la camorra Roberto Saviano traduit de l'italien par Vincent Raynaud
de Saviano, Roberto Raynaud, Vincent (Traducteur)
Gallimard
ISBN : 9782070782895 ; 21,30 € ; 18/10/2007 ; 356 p. ; Broché -
Gomorra [Texte imprimé], dans l'empire de la camorra Roberto Saviano traduit de l'italien par Vincent Raynaud
de Saviano, Roberto Raynaud, Vincent (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070379866 ; 9,70 € ; 17/09/2009 ; 480 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Une condamnation par une analyse fine
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 13 septembre 2021
Ce livre paraît salutaire, pour comprendre le crime et l'économie souterraine en bande organisée, la spiritualité parallèle qui rend les parrains intouchables, selon ce qu'ils arrivent à croire et à faire croire. Factuel, riche en comparaisons avec les liens chinois et siciliens, cet ouvrage assure une connaissance fiable du phénomène, ce qui ne peut être que salué, comme le courage de l'auteur et les apprentis résistants à ce système.
Juste inquiétant.
Critique de Maranatha (, Inscrit le 17 janvier 2019, 52 ans) - 20 septembre 2020
Même si ce livre a fait l'objet d'adaptations télévisuelles, qu'il date un peu, il n'a rien perdu de sa pertinence et de sa force.
On est bien mal de constater les forces du mal qui opèrent au sein de nos sociétés, de leur accointance avec le monde politique et de leur véritable pouvoir.
C'est un livre choc, un coup de semonce pour nos vies si nous voulons vivre dans un monde plus juste et plus humain.
Indirectement nous sommes tous complices des méfaits opérés par ces criminels sans foi ni loi.
On a le sentiment que leur pouvoir est sans limite.
Le livre n'évoque que la partie visible de l'iceberg car ne nous leurrons pas tous les pays ont leur propre pègre et les armes employées pour les combattre ne sont pas en faveur du camp du bien.
Un livre effroyable, mais indispensable?
Glaçant.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de Naples ...
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 8 janvier 2018
Le livre se compose de deux parties, qui se divisent en plusieurs chapitres. Chaque section repose sur des nombreux exemples et des descriptions précises des diverses familles ou de différents faits divers ayant défrayé la chronique. Les épisodes s’additionnent et c’est l'horreur et le dégoût qui envahissent le lecteur. Dans certains quartiers, nul ne peut y entrer tant ces endroits de Campanie sont des no man's lands. Même les adolescents sont embrigadés dans cette spirale infernale, fascinés par les figures des parrains comme certains le sont face à des figures légendaires de truands au cinéma. Mieux vaut mourir violemment en héros que vivoter en banlieue napolitaine. Tuer devient un passage obligatoire pour être respecté et accepté. L'argent coule à flots. Ce sont des million et des milliards d'euros qui sont en jeu. Les familles mafieuses ont des habitations monumentales et royales. Ce sont les nouveaux empereurs d'un monde corrompu aux multiples ramifications. La métaphore de la pieuvre souvent utilisée par les mafieux est très significative.
Il y a une déontologie du mafieux et Roberto Saviano l'explique précisément dans son texte. Ils ont des valeurs, des codes et une morale qui leur est propre. Ils sont aussi très croyants, ou superstitieux, malgré les dizaines de morts qu'ils laissent derrière eux ... Cet univers rappelle celui de "La Vierge des tueurs" de Fernando Vallejo où les jeunes truands de Medellin développent aussi cette croyance paradoxale.
Jean-Noël Schifano ne cesse de louer la beauté de la ville de Naples, ce n'est pas le même sentiment qui est véhiculé à la lecture de "Gomorra", nouvelle ville mythique dans laquelle règnent les vices. Les camorristes sont haïssables, une partie de la population a un travail grâce à ces mafieux et la ville se développe sur des tonnes de déchets qui contaminent toutes les terres environnantes. Si certains partent à Naples pour manger une bonne pizza Margherita et la pasta, à la lecture de cet ouvrage le lecteur ne ressent pas une envie irrépressible de goûter les mets du pays ...
Cet ouvrage a le mérite d'être documenté, organisé et clair. On pensait tout savoir sur la Camorra, on apprend tout de même pas mal de choses dans "Gomorra". L'écriture journalistique s'entremêle à des témoignages de l'auteur qui s'appuie sur son expérience et ses contacts. Ce point ne m'a pas dérangé du tout. Bien dommage en revanche les accusations de plagiat ...La Cour de Cassation a tranché, il n'y aurait que 0.6% de plagiat. Cela reste suffisant pour me déplaire ...
Intéressant mais parfois confus
Critique de Elko (Niort, Inscrit le 23 mars 2010, 48 ans) - 12 janvier 2014
Sur la forme j'avoue avoir parfois été perdu dans les noms des innombrables protagonistes, les nombreux compte rendus d'enquêtes et les énumérations de villes et régions (les cartes de fin d'ouvrage n'aidant qu'en partie). Le travail de l'auteur est également confus, mélange d'investigation et de souvenirs, mélange d'expositions de faits et d'émotions personnelles. Le tout ne suivant pas une chronologie ni un plan évident.
N'en reste pas moins une meilleure compréhension d'un Système terrifiant et brutal qui gangrène une partie de l'Italie et dont les ramifications s'étendent à l'international.
La camorra comme Gomorrhe
Critique de Jaafar Romanista (Rabat, Inscrit le 3 février 2013, 36 ans) - 23 août 2013
Les chapitres sur la kalachnikov et le rôle des femmes dans le système sont très intéressants, j'ai aimé aussi le chapitre de l'influence du cinéma sur les parrains de la mafia, ainsi que le chapitre sur Don Peppino Diana et la métaphore de Gomorrhe.
Brutal
Critique de Robusualsuspect (, Inscrit le 11 mars 2012, 31 ans) - 12 mars 2012
Le fond et la forme
Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 21 décembre 2009
Cependant, au delà des réactions sentimentales que tout ceci entraîne, le livre est curieusement construit. Des détails sont mélangés avec des réflexions plus générales. Il est difficile de se retrouver dans des allers et retours chronologiques incessants. On se perd dans la profusion de personnages. On se demande parfois, et il s'agit d'un effet du style, où se trouve la limite entre le certain, l'hypothèse, voire l'inventé, ce qui provoque une impression de malaise.
Remarquable
Critique de Virginie79 (, Inscrite le 28 avril 2009, 45 ans) - 28 avril 2009
Il nous plonge dans l'univers du "système", comme l'appelle ses affiliés. Originaire de Naples, il dévoile les identités des camorristes, leurs activités légales et illégales, les multiples trafics, l'insatiable conquête de nouveaux territoires, les guerres internes, les règlements de compte... bref leur contrôle total de la région. Il met en lumière ces familles qui imposent leurs règles et terrorisent les habitants en utilisant toujours les mêmes méthodes: menaces, intimidations, arrestations et meurtres.
De plus, il enrichit son roman d'expériences personnelles, ce qui le rend encore plus intéressant.
Un grand écrivain est né, sa plume est redoutable. Il m'inspire le plus grand respect et je me réjouis de lire son deuxième ouvrage "le contraire de la mort", déjà disponible.
Longue vie à Roberto Saviano.
Découvrez l'enfer du système Napolitain
Critique de Pierro13 (, Inscrit le 24 août 2008, 37 ans) - 23 février 2009
L'auteur nous montre comment le système a réussi à gangréner presque toute la société du Sud de l'Italie, en s'infiltrant dans le monde politique Italien et dans les plus grandes entreprises de la région.
Et, il faut tirer un grand coup de chapeau à Roberto Saviano pour son courage, sa détermination et son sens du sacrifice...
Car il a du fuir son pays, pour avoir été condamné à mort par la mafia Napolitaine.
Bref, un très bon reportage au sein de l'une des plus grandes mafias de l'Italie.
Contraste
Critique de Choufrog (, Inscrit le 14 février 2009, 46 ans) - 14 février 2009
Oui, il faut apprécier le ton personnel et engage qui donne toute sa vigueur au récit.
Mais, non, il ne faut pas encenser ce livre qui hésite constamment entre le récit documentaire et le roman, avec des passages laborieux qui évoquent la rubrique nécrologique d'un quotidien régional, et hélas un manque de style criant qui laisse le lecteur sur sa faim de la première à la dernière page.
La qualité intrinsèque du récit en tant que tel est médiocre donc, mais il n'en reste pas moins que l'auteur a ouvert une boite de Pandore qui, je l'espère, ne se refermera pas lorsque les médias auront trouve plus de viande sur un autre os.
Une plongée dans le système
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 17 décembre 2008
Roberto Saviano s’est infiltré parmi les membres de la camorra, et tout ce qu’il a vu et entendu est dans ce livre et cela est propre à nouer l’estomac. Ces informations émanent également des repentis, grâce à qui les procès peuvent avoir lieu. Mais gare à ceux qui trahissent la famille ! Les méthodes d’élimination sont diverses (ainsi on reconnaît la « signature » de l’auteur) mais toujours terribles.
Lors de sa sortie en Italie, ce livre est presque passé inaperçu et la mafia napolitaine n'a pas réagi. Mais devant l'ampleur de son succès, puis de celui du film qui en a été tiré, les choses ont changé pour Roberto Saviano qui est à présent menacé de mort et a dû fuir son pays. Il était récemment l’invité de « la grande librairie », où il a déclaré que si c’était à refaire il n’écrirait pas ce livre, car le prix à payer est trop lourd. « Mon livre a plus de liberté que moi » à été sa conclusion. Alors s’il n’y avait qu’une raison de lire ce best-seller elle est là : rendre l’assassinat de cet homme inutile puisque le monde sait déjà.
Déclaration de guerre au "système"
Critique de CptNemo (Paris, Inscrit le 18 juin 2001, 50 ans) - 12 novembre 2008
L'auteur braque les projecteurs sur la "camorra" le système mafieux des environs de Naples. Les trafics illicites, l'imbrication dans l'économie réelle, le rôle des femmes, l'influence du cinéma... tout est raconté, chiffré et minutieusement dénoncé.
La force du livre c'est son ton différent des livres documentaires habituels. L'auteur qui a grandi dans les quartiers populaires de Naples qui a vu la violence, les malversations, les morts a voulu jeter un pavé dans la mare. Il est donc particulièrement impliqué dans le bouquin et du coup le livre est une véritable déclaration de guerre à la Camorra.
Par contre ça pêche un peu au niveau du style pas très élaboré mais y'a des bons passages.
Bref un bon sujet de reportage, un angle d'approche plutôt original et un bon coup de poing pour le lecteur et surtout pour "le système"
Forums: Gomorra : Dans l'empire de la camorra
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Post scriptum. Une gifle pour les italiens. | 9 | Ciceron | 21 septembre 2008 @ 19:44 |
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