Indian Tango de Ananda Devi Nirsimloo
Catégorie(s) : Littérature => Africaine
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Transgressions en Inde
C'est la première fois que je lis un roman de cet auteur et j'ai été un peu dérouté par le style et l'exposé de l'intrigue (y en a-t-il une réellement ?) que j'ai trouvé confus. Il s'agit d'un récit à deux voix parallèles : un écrivain venant de loin peu satisfait de sa production, et une femme mûre vivant à Delhi et soumise aux coutumes traditionnelles du pays. Ils finiront par se rencontrer et s'aimer charnellement dans un moment de folie car le lecteur découvre subitement qu'il s'agit d'homosexualité féminine !
Le délire permanent des sentiments exprimés laisse parfois de la place à des descriptions sensibles et délicates de situations assez classiques dans l'Inde d'aujourd'hui : la soumission de l'épouse à son mari... et à sa belle-mère, la question religieuse entre hindous et musulmans, l'exploitation des enfants, la misère et le fatalisme. C'est ce que j'ai préféré, mais j'ai eu du mal à terminer ce volume !
L'auteur, native de l'Ile Maurice, semble écrire en français ; elle connaît manifestement remarquablement l'Inde dont elle doit être originaire. Le récit se déroule pendant la campagne électorale de Sonia Gandhi et cela donne un peu de "chair" à l'histoire.
Une lecture difficile...
Les éditions
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Indian tango [Texte imprimé] Ananda Devi
de Nirsimloo, Ananda Devi
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070361724 ; 7,50 € ; 12/02/2009 ; 253 p. ; Poche -
Indian tango [Texte imprimé], roman Ananda Devi
de Nirsimloo, Ananda Devi
Gallimard
ISBN : 9782070785254 ; 16,15 € ; 30/08/2007 ; 195 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Une femme indienne
Critique de Dudule (Orléans, Inscrite le 11 mars 2005, - ans) - 7 septembre 2010
Très beau livre sur la femme.
Superbe roman !
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 25 juillet 2010
La condition de la femme est un sujet cher à l'auteur (une femme déterminée et sympathique que j'ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer), que ce soit à travers son oeuvre ou dans son combat au quotidien. Elle ne sombre pas pour autant dans un militantisme primaire, au contraire; elle parvient, en nous plongeant dans le quotidien de ses protagonistes, à nous faire ressentir la cruauté et l'injustice de situations qui sont acceptées parce que c'est ainsi, la tradition emporte tout sur son passage. C'est une fois encore le cas ici et lorsque Subhadra, devant laquelle on s'est agenouillé, voit ses repères bouleversés et son corps s'éveiller, on ne peut que ressentir l'envie de l'accompagner dans ce nouveau voyage en quête de soi-même.
Les références à l'actualité, à Sonia l'étrangère, traduisent également le malaise de toute une société engluée dans le poids de l'histoire et des conventions, au mépris de ses habitants qui semblent figés au milieu de tout cela. Parallèlement, tout un pan de la société indienne, vit, grouille d'activité et de succès économique. Une Inde à deux visages qu'Ananda Devi donne l'envie d'aimer et de détester à la fois; c'est fort et évocateur.
Un superbe roman !
Très beau roman sur la femme indienne d'âge mur
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 25 juillet 2010
Et quelle belle écriture, d’une richesse incroyable et au rythme envoûtant. J’ai été littéralement charmée par cette prose incomparable décrivant à merveille les saveurs et l’atmosphère de cette grande ville. J’ai dégusté ce roman à petites doses, je lisais deux ou trois chapitres par soir, pas plus afin de bien extirper toute la saveur de ce récit magnifiquement bien mené. C’est un roman sur la féminité, sur l’anéantissement de la femme qui se voit emprisonnée par son couple et sa famille dans une prison dorée dont elle n’a pratiquement aucune chance d’échapper. Et lorsque par miracle, l’occasion de s’évader se présente, il n’y a aucun retour en arrière possible. Très beau !
Je n’enlève pas d’étoiles car j’ai tout aimé de ce roman, l’histoire, l’écriture, le message profond et le cadre enchanteur. Un roman que seule une femme dans la cinquantaine peut vraiment comprendre et apprécier à sa juste valeur.
Mitigée
Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 15 juin 2010
C’est un livre sur l’Inde, sur la sexualité, sur la sensualité, sur les femmes. C’est dommage que je ne suis rentrée dans l’histoire que vers la fin. L’idée de laisser le vocabulaire du narrateur écrivain neutre au début est excellente. J’essayais en vain de déterminer si celui-ci était homme ou femme.
Je ressors assez mitigée de ce livre, j’ai eu du mal à embarquer, il m’est longtemps resté mystérieux. Peut-être un autre de ses livres me convaincra plus ?
Ambiguïté
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 10 mai 2010
L'idée est originale.
Le montage des chapitres est déroutant.
Mais pour ma part, j'ai trouvé cette lecture à la fois perturbante et ennuyeuse malgré tout.
J'ai rien pigé :-(
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 3 mai 2010
"Méfiez-vous du mensonge du romancier"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 3 mai 2010
Ayant plus d'empathie pour Subhadra que pour l'écrivain (étonnant!!), j'ai été, comme Tanneguy très surprise de découvrir que cet écrivain était une femme; j'ai même relu le premier chapitre pour vérifier si c'était moi qui n'avais pas fait attention aux accords; à priori, c'est bien une volonté de nous laisser partir dans une autre direction.
Surprenant aussi, même si c'est moins rare, de lire une écrivain qui explique qu'il a peur de son pouvoir, que ses propres mots l'effraient parfois et qu'il n'est pas forcément maître de son personnage.
Malgré toutes ces idées originales, ce livre ne m'a pas passionné, sans vraiment pouvoir expliquer ce sentiment.
« Abattage de femmes ménopausées »
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 18 février 2010
Ananda, dresse un portrait très fort de la femme qui voit la ménopause arriver comme le début du chemin qui conduit à la mort et qui a l’impression de n’avoir rien fait de sa vie et de n’y avoir même pas goûté. Une ode à la féminité que toutes les croyances ont essayé d’occulter pour faire croire aux femmes que la chasteté était garante d’une vie meilleure dans l’au-delà. L’angoisse du créateur non reconnu, de l’écrivain sans lecteur.
Ce portrait de femme pourrait être aussi le portrait de l’Inde, un portrait sans concession, sévère, juste ? Ce pays qui refuse d’être dirigé par une femme étrangère comme toutes les femmes sont étrangères et intruses dans la famille de leur mari après leur mariage. Mais, ce portrait n’est pas le portrait d’une femme mais le portrait de la femme qui pourrait être constitué par le dénominateur commun entre celui de l’auteur, celui de cette femme indienne et celui du personnage que l’auteur écrit malgré sa promesse de ne plus écrire. Ananda nous embrouille volontairement en dressant des personnages indéfinis, mélangés, mêlés, évoluant entre réel et virtuel, présence et absence, concrétude et évanescence, des personnages qui s’évaporent pour ne laisser que leurs problèmes sur la scène du roman. Et, comme Shiwa prendre de multiples apparences selon les circonstances évoquées.
Ce roman, écrit dans une langue exigeante, dans un style qui sollicite fortement le lecteur, recourt à un montage un peu particulier, la première partie du récit est constituée de chapitres qui, alternativement, se réfèrent à mars 2004 et avril 2004 et la seconde de chapitres qui évoquent, avec la même alternance, des événements d’avril 2004 et de mai 2004. Une façon pour l’auteur de retenir le sable du temps, de stopper la dégradation des corps et de laisser le temps à ses héroïnes de vivre une autre vie, de goûter à ce qu’aurait pu être cette vie, de faire vibrer leur chair, celle de l’autre femme qui les attire, comme le sitar peut vibrer sous les doigts du musicien. Et, de se réincarner dans un personnage mythique que l’amour a rendu fou et ainsi échapper à la corruption du corps et de l’âme, des biens et des mœurs.
« Sonia pourrait nous apprendre à ne plus être ce que nous sommes. » mais « une étrangère ne pourra saisir toutes les nuances de castes, de religions, de langues, de classes, de couleurs. Toutes les divisions qui peuvent exister ici » dans cette « Inde, éternelle affamée de ses innombrables faims. »
Puérilité, vacuité, vaine existence…
Faire tomber les murs
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 16 février 2010
Pour moi, l’écriture imagée de Devi évoque avec justesse les sentiments les plus intimes. Et son texte est teinté d’un érotisme prude tout à fait envoûtant. J’ai particulièrement aimé cette manière de dériver d’un lieu à l’autre, sorte de voyage de l’intérieur dans un pays que je ne visiterai probablement jamais.
Toutefois, Il est dommage que l’émancipation du personnage principal soit faite d’autant de subtilités. Il y’avait là matière à faire des flammèches, briser des tabous, heurter des traditions millénaires. Le livre reste sage à cet égard et en quelque sorte rate son but.
Pas mon genre
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 10 février 2010
On sent beaucoup de l’effort dans l’écriture, mais j’ai trouvé ça lourd. Je n’ai pas embarqué, le sujet ou le traitement du sujet ne m’a pas touché. Bien que je n’avais pas accroché non plus, je préfère Ève de ses décombres de la même auteure.
Enfermé dans un style prometteur
Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 3 février 2010
L'une est une mère et une femme indienne qui vit dans l'ombre de son mari et sous le "règne" terrifiant de sa belle-mère, odieuse et intransigeante. Elle perçoit son corps comme étranger, essayant d'ignorer les désirs enfouis au plus profond de son être.
De ce point de vue là, l'auteur essaie de nous faire comprendre la frustration que peut engendrer pour une femme le fait de ne pas connaître son corps, ne pas pouvoir en disposer plus librement. Mais ce n'est pas seulement physique, c'est aussi le vide ressenti quant à sa personnalité brimée, notamment envers son fils (dans un premier temps).
L'autre personnage est écrivain et son identité est l'objet d'une cachotterie même si ce secret se devine facilement et relativement vite.
A travers celui-ci, l'auteur veut nous montrer la difficulté du métier d'écrivain et les conséquences qu'il peut impliquer. On peut très vite s'immerger dans ses personnages, vouloir parler à chaque fois de ses terreurs, ses folies... au point de sombrer à son tour.
Comme il est dit plus haut, Ananda Devi a choisi de ne pas raconter une histoire "bornée" par un début et une fin qui se caractériseraient par des évènements importants.
Non, ici c'est plutôt une tranche de vie que l'on suit. Trois mois, avec un principe d'alternance entre les narrateurs qui fonctionne plutôt bien.
Mais ce choix entraîne des conséquences qui peuvent aussi déplaire, ainsi le peu de descriptions décevra les personnes voulant apprendre, découvrir l'Inde. De la même manière certains points, certaines digressions auraient mérité un meilleur traitement (les élections par exemple). Tout cela est survolé... à tel point que l'on se demande ce qui justifie leur présence lorsqu'ils apparaissent dans le récit.
L'autre problème vient du début du livre, très confus (de par le vocabulaire notamment mais on y reviendra) et qui peut de ce fait décourager, ou générer un sentiment négatif après seulement quelques pages. De même l'ennui pointe à nouveau vers la fin du livre quand les sentiments, les expressions reviennent en boucle, le tout renforcé par la quasi-absence de dialogues.
Enfin concernant l'écriture en elle-même le bilan est tout aussi mitigé. Certaines idées font mouche, principalement lorsque l'écrivain est le narrateur mais la tournure parfois très brève des phrases, le vocabulaire employé qui est très imagé et sensitif, font que la confusion s'installe et que l'esprit du lecteur se perd un peu au milieu de ces jolies sentences.
A noter aussi des métaphores parfois maladroites... comparer la caresse de la courbe des seins à la montée d'une pente par un poids lourd... il fallait oser!
Tout ceci est bien entendu subjectif mais cela fait d'Indian Tango un roman moyen, enfermé dans un style pourtant porteur d'une esthétique prometteuse, mais rattrapé par ses carences (répétitions, vocabulaire confus...) et ses absences (thèmes pas assez approfondis, sujet survolés...).
New Delhi, 2004.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 28 décembre 2009
Ananda Devi est mauricienne, plus que probablement d’origine indienne comme 70% des mauriciens, et ce roman est tourné vers la nation d’origine ; l’Inde. Vers l’Inde et une femme, indienne de New Delhi, un peu à la croisée des chemins comme on peut l’être parfois sans que rien de particulier ne nous y ait préparé ou qu’on s’y soit attendu.
Subhadra a cinquante-deux ans et vit la vie difficile – et pourtant favorisée par rapport à l’écrasante majorité de ses congénères – d’une femme « middle-class », à New Delhi. Un appartement, un mari qui travaille, Mataji sa belle-mère, et un grand fils qui vit manifestement difficilement son débarquement dans l’âge adulte. Subhadra qui maintenait enfouies toutes ces contraintes sans même y penser se met d’un coup à prendre conscience de celles-ci, et bien évidemment à ne plus pouvoir les supporter. Alors, non, il ne s’agit pas d’un roman de révolte. Non, nous sommes en Inde, et Subhadra est une femme ; pas vraiment tous les ingrédients pour une révolte. Non, mais le vernis va se craqueler peu à peu et c’est ce craquèlement progressif que nous raconte Ananda Devi. Craquèlement qui d’ailleurs ira loin dans la transgression, vis-à-vis de sa belle-mère qui règne en potentat sur la maison, vis-à-vis des mœurs indiennes également.
Une belle plongée dans le quotidien « delhien », dans « l’indianitude », mais des passages par trop confus et qui font perdre parfois le fil du récit.
« Au bout de longues minutes de douces exhortations en guise de massages d’âme, Mataji daigne rentrer. Elle regarde son fils avec pitié. Il lui sourit avec un peu de détresse. Mère et fils, inséparable engeance. Subhadra lui rapporte son lait et ses biscuits. Elle mange du bout des lèvres. Le lait s’accroche à la fine moustache qui lui ponctue la lèvre supérieure. Le chocolat laisse une tache sur ses vêtements. Jugdish est rassuré. Il leur commente les actualités, comme il le fait chaque jour, petit rituel qui n’a aucun sens puisque la télévision leur dit déjà tout, mais qu’ils accomplissent quand même parce que c’est le rôle de l’homme que de partager son savoir. »
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