Claudine à l'école de Colette, Willy

Claudine à l'école de Colette, Willy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Le café de..., le 1 septembre 2008 (Perpignan - Bordeaux, Inscrite le 17 août 2008, 40 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 559ème position).
Visites : 6 622 

Vie, amours et études...

Retraçant la vie d'une écolière à la campagne, Claudine raconte l'année scolaire de ses quinze ans, aspirant au brevet élémentaire. Elle est intelligente, séduisante et plutôt cultivée. Elle voit ce qui se passe autour d'elle, amours, séductions et bassesses ; ce que ne perçoivent pas ses amies du même âge.

Ce livre, outre une écriture légère, vivante et déjà personnelle, montre l'école comme elle l'était à l'époque, avec ses fonctionnements et parfois ses immoralités : les amours des enseignantes, un médecin qui vient un peu trop souvent rendre visite aux écolières...

Colette s'est largement inspirée de sa propre vie pour écrire ce livre, qui sera tout d'abord publié sous le nom de son mari, qui s'appropriera un moment ses oeuvres. Il débute la série des "Claudine" qui seront le premier succès de Colette et la pousseront à s'émanciper des conventions littéraires comme de son mari.

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Une école burlesque

8 étoiles

Critique de Lison (, Inscrite le 6 février 2014, 74 ans) - 18 septembre 2014

Ne vous fiez pas à son titre sage, cet ouvrage n’est pas pour les petites filles : à l’instigation de Willy, Colette a pimenté ses souvenirs d’écolière… Aux antipodes de l’image d’austère discipline qu’évoque l’école de grand-maman, il règne à l’école de Montigny, dans laquelle l’impertinente Claudine prépare son brevet, un joyeux bazar où la morale est sérieusement mise à mal : Claudine aime la sous-maîtresse Mlle Aimée, qui lui préfère, par intérêt, la nouvelle institutrice, Mlle Sergent. Le sous-maître Rabastens, à l’accent savoureux, flirte avec les grandes élèves et en pince d’ailleurs un peu pour Claudine. Quant au délégué cantonal, le Dr Dutertre, il se permet quelques tripotages avec les grandes filles… Pendant ce temps, les élèves sont loin d’être tendres entre elles, se gratifiant volontiers de pinçons et coups d’épingle, et les petites s’en donnent à cœur joie durant les absences de leur maîtresse partie roucouler avec Mlle Sergent. Quant à l’examen du brevet, c’est un grand moment où ces demoiselles font preuve d’une grande inventivité en ce qui concerne les antisèches et autres tricheries, sous l’œil bienveillant de l’institutrice.

Ce roman parfaitement irrespectueux malmène pour le moins les valeurs de la jeune école de la 3ème République ! Mais j’imagine que le but était davantage d’appâter le lecteur avec quelques détails croustillants que de faire de l’anti propagande…
J’ai très souvent souri à l’évocation de cette école fantaisiste : le ton ironique, magnifié par l’exceptionnelle plume de Colette, est irrésistible. À la fois document sur l’école laïque malgré son côté subversif et roman surprenant par sa modernité, c’est mon préféré de la série des Claudine.

Un chef d'oeuvre ! ! !

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 15 juillet 2014

La jeune française, Claudine, habite à Montigny-en Fresnois en Bourgogne. Nous sommes à la fin du 19 ème siècle. Sa mère est morte – sans doute d’une maladie ou d’un accident-. Claudine vit donc chez son père qu’elle adore ; mais lui, à part ses limaces (il est malacologue), il ne se soucie pas trop de la vie privée de sa fille. Ce présent premier ouvrage de Colette raconte, de façon romancée, la dernière année de scolarisation de Claudine. Cette jeune personne a du caractère : indépendante, éveillée, intelligente, sensible, volontaire, cinglante, frondeuse, volontiers moqueuse, et pour tout dire : effrontée. Le tout à l’extrême ! Les amitiés particulières, les coups-bas, les vacheries, les tricheries, les railleries d’une société étriquée et hypocrite, tout y passe. N’oublions cependant pas qu’il s’agit d’un roman et que Colette n’est pas Claudine.

L’on s’y amuse beaucoup et je ne suis pas loin de penser ceci : si vous ne voulez lire qu’un seul bouquin dans votre vie, choisissez celui-là ! Avec ex-aequo « La légende de Saint-Julien l’hospitalier « de Flaubert, bien sûr !


Extraits :


- Nos maîtresses disent de vous ( donc de Claudine) : « C’est une jeune fille intelligente, hardie comme un page et dont il ne faut pas imiter les manières de garçon, ni la coiffure ». A Bellevue aussi, on vous connaît, on dit que vous êtes un peu folle, et passablement excentrique.

- Fanchette s’installe et se lave ; je referme la vitre sur elle, et son ronron prisonnier vibre avec un bruit de tambour voilé, incessant. De temps en temps, je la regarde, alors elle me fait signe avec ses sourcils, qu’elle lève, comme une personne. Belle Fanchette, que tu es intéressante et compréhensive ! ( Bien plus que Luce Lanthenay, cette chatte inférieure). Tu t’amuses depuis que tu es au monde ; tu n’avais qu’un seul œil ouvert que, déjà, tu essayais des pas belliqueux dans ta corbeille, encore incapable de te tenir debout sur tes quatre allumettes ; depuis, tu vis joyeusement, et tu me fais rire, par tes danses du ventre en l’honneur des hannetons et des papillons, pour tes appels maladroits aux oiseaux que tu guettes, par tes façons de te disputer avec moi et de me donner des tapes sèches qui résonnent dur sur mes mains. Tu mènes la conduite sur les murs, l’air fou, ridicule, une trôlée de matous autour de toi. Je connais même ton favori, perverse Fanchette, c’est un matou gris sale, long, efflanqué, dépoilé, des oreilles de lapins et les attaches canailles, comment peux-tu te mésallier avec cet animal de basse extraction, et si souvent ? (…)
Puis elle vagabonde dans les petites branches, toute blanche dans la nuit, et parle aux oiseaux endormis, avec simplicité, dans l’espoir qu’ils vont venir se faire manger complaisamment ; mais comment donc !

- (…) je ne verrai plus Mademoiselle, sa petite Aimée, aux yeux d’or, plus Marie la toquée, plus Anaïs la rosse, plus Luce, gourmande de coups et de caresses…

- Oui, on me disait quand j’étais petite, que j’avais des yeux de grande personne ; plus tard c’étaient des yeux « pas convenables « ; on ne peut pas contenter tout le monde et soi-même. J’aime mieux me contenter d’abord …

- Ma chère, montrer sa peau comme ça ! c’est une petite catiche !

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