Baguettes chinoises de Xin ran

Baguettes chinoises de Xin ran
( Kuai zi gu niang)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Pascale Ew., le 10 août 2008 (Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 793ème position).
Visites : 5 653 

L'adversité peut rendre plus fort

Ce livre m’a un peu déçue. Il n’est pas à la hauteur des deux autres livres de Xinran que j’avais énormément appréciés. Il s’agit ici d’un roman, mais qui se base sur la vie de trois jeunes femmes issues de la campagne chinoise profonde et émigrées vers la ville de Nankin. La mentalité, les coutumes, le niveau de vie sont tellement différents entre la campagne et la ville que des siècles semblent les séparer. Trois, Cinq et Six - devenues sœurs pour le roman d’une fratrie de six filles - n’ont pas reçu d’éducation et ont l’impression de ne rien comprendre à la ville. Elles trouvent un travail sans trop de difficultés, mais doivent s’adapter à toutes les nouveautés qui les entourent.
Les Chinois considèrent leurs filles comme des animaux aussi insignifiants que des baguettes comparées aux poutres que sont leurs fils. Ces trois filles vont mettre un point d’honneur à démontrer à leur père qu’elles valent la peine et qu’elles peuvent soutenir financièrement leur famille.
A part ça, ce livre n’a rien d’un roman d’aventures et manque d’action. Il n’a pas non plus le poignant des témoignages de « Chinoises ». Xinran s’y répète parfois dans des réflexions ou anecdotes déjà écrites dans son premier livre. Il n’empêche que ce livre se lit relativement vite. L’auteur s’attache à bien marquer le fossé qui sépare les paysans des citadins, un remake du rat des villes et du rat des champs, mais sans plus…

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Gentilllet

6 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 21 octobre 2018

Dans la société chinoise très patriarcale, avoir des filles n’est pas un cadeau du ciel. Pour fuir la misère de la campagne et les mariages obligés, trois sœurs vont venir en ville à Nankin et se battre pour gagner leur vie, prouver qu’elles sont capables de soutenir leur famille comme des « poutres » et qu’elles ne sont pas de simples « baguettes ».
Le roman est très beau, très touchant, nous fait plonger dans la Chine moderne, découvrir le décalage qu’il y a encore entre ville et campagne. Mais il a des allures de conte de fées gentillet (et encore, dans les comptes de fées il y a des méchants et des épreuves à traverser). Les trois sœurs arrivent dans une ville inconnue, trouvent des personnes serviables qui les aident sans essayer d’abuser d’elles, chacune trouve le travail de ses rêves où elle peut s’épanouir grâce à ses facultés... Comment y croire ? L’épilogue vient tout de même donner un peu de plus de réalisme au récit. Si on ajoute que le style est un peu plat, descriptif, lui aussi dépourvu de relief on a au final un livre décevant.

tiercé gagnant à Nankin

6 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 26 mai 2018

Un roman sur la condition de la femme chinoise, en prenant comme exemple trois jeunes filles de la campagne chinoise, venues à Nankin pour échapper à la malédiction qui frappe leur famille, et plus particulièrement leur père, incapable de "fabriquer" un garçon. Méprisées, les filles, que l’on appelle par dérision des "baguettes" (par opposition aux "poutres" que sont les garçons), sont à peine tolérées et vouées aux travaux les plus pénibles. Dans leur famille on n’a même pas pris la peine de leur donner un prénom à leur naissance : elles sont donc appelées par un numéro, correspondant à l’ordre de leur naissance. Car on ne transige pas avec la tradition dans ces coins reculés de la Chine profonde où les mentalités ne semblent pas avoir évolué depuis des siècles voire des millénaires. Arrivées dans la grande ville, Trois, Cinq et Six vont devoir se débrouiller pour gagner leur vie, et elles vont y parvenir très vite, y compris Trois, qui n’a pourtant jamais été scolarisée, ne sait pas lire, et passe pur une idiote. Débrouillardes, elles vont "faire leur pelote" et apporter une aide financière bienvenue à leur famille, où elles seront enfin reconnues pour leur valeur et permettront à leur père de sortir du déshonneur. Le roman se lit aisément et l’empathie est totale avec les trois héroïnes, dont on suit pas à pas les tribulations jusqu’à leur retour triomphal dans leur village natal. Hélas, ce tableau idyllique, et cette défense, empreinte d’une touchante sincérité, de la condition féminine, laisse un goût bizarre lorsque l’on compare ce destin exemplaire à la vie des personnages réels ayant inspiré le roman, rapportée avec honnêteté en fin d’ouvrage.

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