Pensées de Georg Christoph Lichtenberg

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Kinbote, le 4 novembre 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 9 étoiles
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Le penseur de Göttingen

Lichtenberg fut un des esprits les plus remarquables de son temps, la fin du XVIII ème siècle. Scientifique de formation, il introduisit la pratique expérimentale au sein même des études théoriques.
Il est l’auteur d'un manuel de physique ; un cratère de la Lune porte son nom ; il entretint une correspondance avec Kant, fut le précepteur des fils du roi d’Angleterre ; Goethe et Volta lui rendirent visite à Göttingen. Mais le fait marquant de sa vie restera sans doute qu'à la fin de 1764, alors âgé de 22 ans, et jusqu'à sa mort, il rédigera les carnets qui renferment ses réflexions et qui ne seront publiés qu’après sa disparition, en 1799. Les « livre-brouillard », c'est le nom que prirent ces carnets, du nom des livres des marchands, waste-book, dans lesquels ils inscrivaient quotidiennement leurs achats et ventes pêle-mêle.
Un des premiers, Lichtenberg pressent dans le rêve le rôle de révélateur du caractère des hommes (« le caractère des hommes se laisserait sans doute découvrir par leurs rêves pourvu qu’ils y soient attentifs »), le devenir du statut de la religion (« notre monde sera un jour si raffiné qu’il deviendra aussi ridicule de croire en un Dieu que de croire aux fantômes »), le rôle néfaste de l'université dans la transmission des savoirs (« ensevelir une oeuvre à l’église de l’université »). Comme les grands moralistes, il se montre un observateur attentif du comportement de ses contemporains, relevant les faux semblants du jeu social (« celui qui est amoureux de soi a au moins l'avantage de ne point avoir trop de rivaux ») et littéraire (« mettre sa dernière main à son oeuvre, c'est la brûler »).
Chez la plupart des hommes, dit-il aussi, l'incrédulité est une chose qui se fonde sur la croyance aveugle en une autre. Et de rappeler au passage la superstition de Pascal dont il précise par ailleurs la précoce intelligence. La France d’après 89 n'est pas épargnée : « Dans la France libre où l'on peut désormais pendre qui l’on veut », écrit-il. La préface de Charles Le Blanc, traducteur de cette même édition, nous apprend que bien que contrefait et bossu à cause d'une sévère déviation de la colonne vertébrale, Lichtenberg n’a pas cessé de chérir la gent féminine. Il est l’auteur de cet aphorisme explicite: « Il y a très peu de choses que nous pourrions connaître avec les cinq sens à la fois » et de cet autre : « Toute femme est la vestale des mystères féminins ». Il nous propose à notre sagacité cette énigme : « Peut-on rougir de honte dans l'obscurité ? » en nous indiquant pour alimenter notre réflexion que si on pâlit à cause de soi (« on peut pâlir d’épouvante dans le noir »), on rougit à cause d'autrui.
Des pensées que tout honnête homme se doit d'avoir lues.

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