Le château de Cène de Bernard Noël

Le château de Cène de Bernard Noël

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par FROISSART, le 22 juillet 2008 (St Paul, Inscrit le 20 février 2006, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 084ème position).
Visites : 3 800 

Le commentaire de Patryck Froissart

Titre : Le Château de Cène
Auteur : Bernard Noël
Editeur : Gallimard, 1990
ISBN : 2-07-078032-5
180 pages




Véritable exercice de style pornographique, ce livre expressément provocateur est une suite de scènes de copulation, de cènes de foutre, d’obscènes séances d’un sadomasochisme exacerbé, orchestrées par la mystérieuse Mona, Femme et Déesse.

Sur les cascades de stupre flottent des morceaux de poésie souvent réussis.

Mona est le centre, l’origine et la fin du monde.
Mona est à la fois l’imagination maîtresse qui débride, bride et emporte le poète dans une chevauchée fantastique au travers de l’anormalité, et l’aimée, l’idéale que rêve d’atteindre puis de conquérir le narrateur.

Mona est tout ensemble la poésie et celle qui l’inspire.
Elle est dans le poète, et aussi autour et hors du poète.

Mona est l’espoir du poète, le vase sacré à quoi il veut boire à la lie.
Mona est le désespoir du poète, le poème absolu qui se dérobe, qui échappe sans cesse à son créateur, qui ne désire pourtant qu’une chose : devenir la créature de sa créature.

Cette longue ode au sexe peut aujourd’hui paraître un peu jaunie par les années.
Certains passages en sont d’une outrance quelque peu démodée.
Ce qui se voulut choquant, souvent, ne l’est plus.

Mais Le Château de Cène reste un beau délire.

Patryck Froissart, St Gilles les Bains, le 22 juillet 2008

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Les éditions

  • Le Château de Cène [Texte imprimé] Bernard Noël
    de Noël, Bernard
    Gallimard / L'Arpenteur (Paris. 1988).
    ISBN : 9782070780327 ; EUR 13,57 ; 24/10/1990 ; 180 p. ; Reliure inconnue
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Le Château de Cène, suivi de Le Château de Hors, L'OUTRAGE AUX MOTS, La Pornographie...

8 étoiles

Critique de Henri Cachia (LILLE, Inscrit le 22 octobre 2008, 62 ans) - 28 septembre 2018

Le Château de Cène suivi de Le Château de Hors, L'outrage aux mots, La pornographie...

Seul le premier titre figure sur la couverture, parce qu'il a fait scandale à sa sortie en 1969 sous un pseudonyme. Son auteur Bernard Noël signe de son vrai nom une deuxième publication chez Jean-Jacques Pauvert (1971). Il fut le dernier écrivain à bénéficier d'un procès pour outrage aux bonnes mœurs, en France (1973).

L'histoire d'un homme, fasciné par une comtesse lointaine, qui cherche à la rencontrer, et se soumet, pour y parvenir, à des épreuves violentes, avant d'être intronisé hôte du château. 
Aux dires de l'auteur c'est le troisième chapitre qui le mènera au tribunal : parmi les épreuves, deux chiens le violent, et il y prend plaisir, devenant lui-même actif.

Ce serait dommage de laisser penser que Le Château de Cène n'est qu'un texte pornographique. L'auteur en avait marre de censurer sa propre parole, et a décidé d'écrire ce texte où il laissait libre court à sa liberté d'écrire sans retenue, sans peser un à un chaque mot, comme il l'avait fait jusque là.

Ce qui l'a amené, après son procès, en réponse à celui-ci, à écrire « L'outrage aux mots » (1975), dans lequel il développe son concept de sensure. Si la censure est nette et précise dans une dictature, la sensure bourgeoise est plus insidieuse, dépouille de sens une langue, par une « inflation verbale ».
Pour ma part « L'outrage aux mots » est un texte très important, qui résonne très fortement aujourd'hui, où toutes sortes d'informations fusent de toutes parts...

Quoi qu'il en soit, c'est du Bernard Noël :

... « ...L'homme fit un signe imperceptible, et les deux monstres bondirent sur moi. Avant d'avoir pu esquisser le moindre geste, je fus jeté sur le sable : l'une des bêtes me tenait à la gorge, l'autre me chevauchait. Ni l'une ni l'autre ne me faisait de mal, mais je les sentais prêtes à me déchirer au premier ordre. La peur faisait neiger des flocons rouges dans ma gorge et dans mes yeux. Derrière cet écran, mon cerveau travaillait, cherchant le pourquoi, observant, guettant, préparant les nerfs à lui obéir promptement. Et puis je me souvins : quoi qu'il arrive, disait-elle, serre ton ventre, respire profond, pose bien ton souffle... »...

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