Anna, soror... de Marguerite Yourcenar
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Quel écrivain que Marguerite Yourcenar !... Sa place n'était pas à l'Académie !
Nous sommes au royaume de Sicile vers 1580. L'Espagne occupe la région ainsi que la Calabre. on Alvaro, marquis de la Cerna, est gouverneur du Fort Saint-Elme. On y enferme les opposants aux espagnols ou les prisonniers de la Sainte Inquisition qui a été installée dans les territoires occupés.
don Alvaro est marié avec Agnès de Montefeltro, une très belle femme, dont il a une fille, Anna et un fils don Miguel. Son épouse est bien plus jeune que lui, mais il la délaisse préférant les rapports charnels avec des moresques des établissements du port. Valentine n’en a cure et s'adonne à la religion, mais sans excès. « Valentine acquit jeune la gravité et le calme de ceux qui n’aspirent pas même au bonheur. »
Anna et don Miguel s'aiment d’un amour qui nous semble bien vite dépasser celui d’un frère pour une sœur et vice versa. Avant de mourir leur mère leur dira « .quoi qu’il arrive, n'en arrivez jamais à vous haïr. » Elle meurt et laisse ses enfants avec leur père qui ne s'en occupe absolument pas. Il est bien trop occupé par son ambition ou par ses crises de mysticisme et de pénitence après ses excès de la chair. Nous sommes dans un milieu espagnol et le poids de la religion y est encore bien plus lourd qu’ailleurs !. Les deux enfants restent donc seuls avec leur chagrin… Quel sera leur avenir ?.
Surtout, ne ratez pas la postface de vingt six pages écrites par Marguerite Yourcenar en 1981. Elle nous explique superbement cette œuvre, son climat, son objectif. Elle nous dit l’avoir écrite comme une partie d’un roman qui devait se composer de trois parties. Celles-ci, nous dit-elle, contenaient la substance d'une grande partie de toute son oeuvre. L'une d'elles donnera naissance à « Un homme obscur » et une autre à une partie de « L’oeuvre au noir ».
En 1935, elle réécrira « Anna Soror » dans un but d’en améliorer le style qu'elle tenta de rendre plus strict et plus concis. Il sera publié ainsi cette année là. En 1981, elle l'écrira à nouveau et supprimera la plus grande partie des modifications de 1935, estimant que son texte d’origine y avait perdu beaucoup de son âme.
Il est aussi très intéressant de la voir comparer le sujet de ce livre avec des oeuvres du dramaturge élisabéthain John Ford, de Byron, de Goethe, de Montesquieu, de Chateaubriand, de Martin du Gard et de Thomas Mann ayant le même thème.
Elle nous dit aussi : « Si j'insiste sur ce que ces pages ont pourtant d'inchangé, c'est que j'y vois, parmi d'autres évidences qui peu à peu se sont imposées à moi, une preuve de plus de la relativité du temps. Je me sens tout autant de plain-pied avec ce récit que si l’idée de l’écrire m'était venue ce matin. »
Une dernière citation que je trouve particulièrement belle et vraie : « Les constructions inachevées, dont l'aspect, comme pour décourager le maître d'œuvre, imite par avance la ruine qu'elles seront un jour, lui rappelaient que tout bâtisseur, à la longue, n’édifie qu’un effondrement. »
Les éditions
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Anna, soror [Texte imprimé] Marguerite Yourcenar
de Yourcenar, Marguerite
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070383306 ; 6,90 € ; 12/02/1991 ; 114 p. ; Poche
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Eblouissant
Critique de FemmeChouette (, Inscrite le 6 avril 2013, - ans) - 6 avril 2013
3 étoiles!
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 13 novembre 2010
Miguel, dolor …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 10 décembre 2007
Le contexte particulier de leur situation, occupants en terre étrangère et enfants de la plus haute autorité locale, amène les deux jeunes gens à se tourner l’un vers l’autre. Marguerite Yourcenar nous fait vivre la montée progressive de l’amour incestueux d’Anna et Don Miguel. Progression irrésistible et cataclysmique, telle la survenue d’un éternuement. La transgression aura lieu, déchaînera des évènements incontrôlés conduisant à la séparation des deux amants, à la mort de Don Miguel et à l’expiation le restant de sa vie de la part d’Anna. Soror …
« Anna, soror … est une oeuvre de jeunesse, mais de celles qui restent pour leur auteur essentielles et chères jusqu’au bout. Ces quelques cent pages faisaient originellement partie d’une vaste et informe ébauche de roman, Remous, dont j’ai parlé ailleurs, esquissée entre ma dix-huitième et ma vingt-troisième année, et qui contenait en germe une bonne part de mes productions futures. …
Je tiens à parler plus longuement des quelques corrections apportées à ce texte, ne fût-ce que pour répondre d’avance à ceux qui croient que mon temps se passe, de façon maniaque, à tout refaire et à tout changer, ou encore au jugement trop rapide qui ferait d’Anna, soror … une « oeuvre de jeunesse » republiée telle quelle. Les corrections apportées en 1935 au texte de 1925 étaient grammaticales, syntaxiques ou stylistiques. La première Anna datait encore de l’époque où, aux prises avec une immense fresque destinée à rester inachevée, j’écrivais rapidement, sans souci de composition ou de style, puisant directement dans je ne sais quelle source qui était en moi. C’est plus tard seulement, à partir d’Alexis, que je me suis mise à l’école stricte du récit à la française ; c’est plus tard encore, vers 1932, que je me suis adonnée à des recherches de techniques poétiques dissimulées dans la prose, et crispant parfois celle-ci. Le texte de 1935 portait la marque de ces diverses méthodes : j’avais resserré certaines phrases, comme par une série de tours de vis, au risque de les faire éclater ; un effort maladroit de stylisation raidissait çà et là l’attitude des personnages. Presque toutes mes corrections de 1980 ont consisté à assouplir certains passages. »
C’est ainsi que s’exprime Marguerite Yourcenar dans une postface particulièrement éclairante. On comprend mieux la « densité », l’aspect touffu de son écriture, entière et exigeante.
Partagée...
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 6 août 2002
Critiquer Yourcenar.
Surtout qu’j’ai pas été emportée…
Commençons par le positif.
L’histoire, tragique sans être larmoyante, est bien construite.
La psychologie des personnages est dépeinte avec justesse, précision et vraisemblance.
Tout cela avec style, sans emphase.
Comment se fait-il alors que je n’ai pas été transportée par cette histoire ?
Que je ne l'aie pas habitée ?
Peut-être le nombre de pages restreint contraint le récit, qui couvre toute une vie quand même, à rester en surface, à brosser rapidement les traits, à ne pas s'appesantir.
Du coup, j'ai survolé le livre.
Peut-être même suis-je passée à côté…
La grande dame
Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 5 novembre 2001
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Pour Eric B. | 3 | Le petit K.V.Q. | 4 novembre 2004 @ 21:15 |