La San Felice de Alexandre Dumas
Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques
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Ecrire Naples et mourir …
Ce long roman historique a sa source principalement dans le séjour napolitain de l’écrivain.
Le Royaume de Naples, où règne le roi Ferdinand IV, est sous l’influence de la reine Marie-Caroline (sœur de Marie-Antoinette), et de son favori Acton, agent de l’Angleterre. Poussés par leur haine anti-révolutionnaire, ils vont participer à la coalition qui ouvrira les ports de Naples aux Anglais, et ce malgré l’armistice que le Roi Ferdinand avait signé avec Bonaparte, ce qui pousse les armées françaises à marcher sur Naples.
Les Anglais entrent donc à Naples avec à leur tête le fameux amiral Nelson, et l’ambassadeur Sir William Hamilton, ainsi que sa femme, courtisane, maîtresse de Nelson et favorite de la reine : Emma Lyonna très connue aussi sous le nom de Lady Hamilton.
Elle sera l’héroïne du roman dans une bonne partie de l’œuvre, ce qui justifie sûrement le fait que certaines éditions ont scindé ce « monument à la gloire du patriotisme Napolitain » en 2 parties, dont la première gardera le nom original de l’œuvre (la San Felice) et la seconde sera nommée « Emma Lyonna ». (Cette présente édition est la publication intégrale de ces 2 parties sous son nom original La San félice, dont l’ensemble compte près de 1600 pages). Cette héroïne qu’est Lady Hamilton est parfois mise au second plan pour laisser la place à un autre témoin de l’histoire au point de vue différent : l’héroïne Luisa Molina San Felice ; personnage que Dumas emprunte à l’histoire, et son amant Salvato ; personnage fictif.
Dans ce roman, Dumas respectera scrupuleusement la vérité historique, et celui-ci n’en est pas moins riche, et ses personnages moins complets au niveau de leurs caractères (même s'il lui arrive de diaboliser parfois, ou de glorifier). Dumas l’historien, Dumas le romancier nous offre un roman très riche (une fois de plus) qui nous fait vivre de nombreuses scènes dramatiques (parfois présentes dans les impressions de voyage), il nous présente les forces politiques, la tyrannie, le progrès révolutionnaire dans Naples sa ville de cœur. Encore un grand roman de mœurs et d’histoire, l’évocation de toute une époque, depuis le roi jusqu’au bandit, du Cardinal au simple moine, avec au dessus de cela la France républicaine incarnée dans les personnages de Championnet et Macdonald. Il nous mène à travers un pays moins « connu » dans une longue suite d’évènements : La prise de Naples par le général Championnet face au général autrichien Mack, Le roi Nasone (Ferdinand) et ses Lazzaronis s’opposant à l’invasion des troupes françaises, le cardinal Ruffo traversant la Calabre pour fédérer les soulèvements des loyalistes, des paysans, et des bandits, pour former l’armée Sanfédiste contre les Jacobins de Naples et les français, la bataille de Trafalgar,…
Si on comparait cette oeuvre à « La comtesse de Charny » - roman avec lequel on peut voir quelques points communs dont les principaux seraient : 1789, la révolution et la contre-révolution, un siècle qui s’éteint - , on peut se dire que la volonté de Dumas à faire l’éloge des républicains est encore plus forte dans l'écriture de « La San-Felice ».
L’emprisonnement à Naples du général républicain Dumas (père de l’écrivain), et les tentatives d’empoisonnement, dont il se tirera très diminué, y sont sans doute pour quelque chose.
Après six ans d’absence dans les journaux de Paris, ce roman n’était pas pour lui un simple roman, mais « l’espoir d’une renaissance ». Avec cet œuvre, Dumas, à l’age de la vieillesse tente une nouvelle conquête littéraire de Paris. On peut même l’apercevoir à travers son personnage fictif du vieux Chevalier San-Felice.
Sans aucun doute, pour moi, ce roman, c’est du Dumas et même du grand Dumas, en plus de tout ce que j’ai déjà déjà énoncé plus haut, on le sent aussi dans les personnages : Luisa San Felice est la femme pure et sage surprise par la passion et entraînée dans des évènements politiques, on peut y reconnaître Geneviève (Chevalier de Maison-Rouge), ou Diane (la Dame de Monsoreau), Salvato est le jeune amant brave et plein d’idéaux à la manière de Bussy (La Dame de Monsoreau), Michele Il Pazzo, sorte de Chicot, représente le camp républicain tandis que Fra Pacifico, sorte de Gorenflot, représente celui des Sanfédistes, Joseph Palmieri est un genre de prototype de Monte-Cristo, Lady Hamilton est un genre de Milady des temps modernes, le lecteur ne sera donc pas déçu. Avec ce roman historique passionnant, également véhicule de son idéologie républicaine, Dumas signe ,pour la (presque : Sainte-Hermine) dernière fois, une très grande œuvre romanesque.
Les éditions
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La San Felice [Texte imprimé] Alexandre Dumas établissement du texte, notes, postf., dictionnaire des personnages par Claude Schopp
de Dumas, Alexandre Schopp, Claude (Traducteur)
Gallimard / Quarto (Paris).
ISBN : 9782070747405 ; 26,00 € ; 26/11/1996 ; 1708 p. ; Poche
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Amour, politique et vengeance durant la révolution napolitaine
Critique de Koolasuchus (Laon, Inscrit le 10 décembre 2011, 35 ans) - 12 mai 2019
J'ai trouvé par contre que Dumas se perdait un peu trop souvent en tours et détours en se focalisant sur des personnages ou des évènements qui ont au final bien peu d'importance dans l'intrigue, cela à donc tendance à alourdir inutilement le roman et à le faire un peu trainer en longueur. J'ai également été un petit peu déçu du personnage de Luisa San Felice, elle a beau donner son nom au livre et donc en être l'héroïne, à part faire l'amoureuse éperdue et de ne se préoccuper que de Salvato, elle manque cruellement d'intérêt. Fort heureusement que d'autres personnages ont plus de relief tel que le Cardinal Ruffo ou l'Amiral Caracciolo qui eux auraient bien mérité quelques pages de plus.
C'est tout de même un bon roman, Dumas sait tout aussi bien raconter une histoire que l'Histoire et il faut bien saluer le travail de documentation qu'il a effectué pour la réalisation de cet ouvrage afin de rendre son récit plus vrai que nature. J'ai donc pris un certain plaisir à la lecture de cette oeuvre, mais je doit aussi bien reconnaître que je n'ai pas été mécontent d'en arriver à la fin.
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