Sur la nature humaine : Comprendre le pouvoir Interlude de Noam Chomsky, Michel Foucault

Sur la nature humaine : Comprendre le pouvoir Interlude de Noam Chomsky, Michel Foucault

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Bolcho, le 1 juin 2008 (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans)
La note : 9 étoiles
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Bande de natures humaines !

En 1971, Noam Chomsky et Michel Foucault ont eu un débat sur « la nature humaine ». Il est intégralement repris ici. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux « révolutionnaires » ne sont pas d’accord. Mais rien ne vole bas. Au contraire…
J’avoue avoir été personnellement plus convaincu par l’approche de Foucault mais chacun se situera en fonction de sa propre histoire bien sûr…ce qui pourrait bien être le signe qu’il n’y a pas de « nature humaine ».
Quelques exemples.
Chomsky : « Je m’intéresse surtout aux capacités intrinsèques de l’esprit ; tandis que vous apportez une attention particulière à l’organisation des conditions sociales, économiques et autres ».
Foucault, voulant montrer que la « nature humaine » est terriblement dépendante de l’époque et du lieu : « (…) ne risque-t-on pas de définir cette nature humaine (…) dans des termes empruntés à notre société, à notre civilisation, à notre culture ? Je vais prendre un exemple (…). Le socialisme (…) admettait que, dans les sociétés capitalistes, l’homme ne recevait pas toutes les possibilités de développement et de réalisation ; que la nature humaine était effectivement aliénée dans le système capitaliste. Et il rêvait d’une nature humaine enfin libérée. Quel modèle utilisait-il pour concevoir, projeter, réaliser cette nature humaine ? C’était en réalité le modèle bourgeois. Il considérait qu’une société désaliénée était une société qui faisait place, par exemple, à une sexualité de type bourgeois, à une famille de type bourgeois, à une esthétique de type bourgeois. C’est d’ailleurs tellement vrai que cela s’est passé ainsi en Union Soviétique et dans les démocraties populaires : une sorte de société a été reconstituée, transposée de la société bourgeoise du XIXe siècle. L’universalisation du modèle bourgeois a été l’utopie qui a inspiré la constitution de la société soviétique ».
"(...) ces notions de nature humaine, de justice, de réalisation de l'essence humaine sont des notions et des concepts qui ont été formés à l'intérieur de notre civilisation, dans notre type de savoir, dans notre forme de philosophie (...), par conséquent ça fait partie de notre système de classes (...)."
Mais les deux hommes sont proches l’un de l’autre quand ils glissent vers la politique. Chomsky, en bon libertaire, termine ainsi : "(...) si nous devions choisir entre faire confiance à un pouvoir centralisé ou à de libres associations entre communautés libertaires pour prendre une décision juste, je ferais plutôt confiance à la seconde solution. Car je pense qu'elle peut servir à maximaliser des instincts humains honnêtes, tandis qu'un système de pouvoir centralisé tendra de façon générale à maximiser l'un des pires instincts humains, l'instinct rapace, destructeur, qui vise à acquérir la puissance pour soi-même et à anéantir les autres."

Le livre contient aussi deux textes célèbres de Chomsky : « Langage et pensée » et « langage et nature ». C’est surtout le linguiste qui s’y exprime.
Dans le premier, il met en évidence les aspects innés du langage humain (allez voir l’article Chomsky dans Wikipedia) :
"(…) pendant la période d'apprentissage maximal du langage, de deux à six ans, un enfant apprend des mots à une vitesse moyenne d'environ un mot par heure, donc après une exposition unique et dans des circonstances très ambiguës. Abstraction faite des miracles, ce qui doit se produire, c'est que l'enfant s'appuie sur les 'parties de sa connaissance' qui tirent leur origine de 'la main originelle de la nature' (...)".
"(...) les conditions de l'acquisition du langage nous amènent à admettre que, dans un sens fondamental, il n'existe qu'une seule langue".
"Les langages sont assimilables, car il n'y a pas grand chose à assimiler".
Dans le second texte, Chomsky tourne autour des idées sur la relation "corps-esprit", allant jusqu'à citer John Wheeler qui "suggère qu'à un niveau très profond, le monde est constitué uniquement de bits d'information" : "il n'y a donc pas de problème corps-esprit".
Ouf ! On l’a échappé belle.

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Les éditions

  • Sur la nature humaine [Texte imprimé], comprendre le pouvoir Noam Chomsky et Michel Foucault
    de Foucault, Michel Chomsky, Noam
    Éd. Aden / Petite bibliothèque d'Aden
    ISBN : 9782930402178 ; 134,72 € ; 14/10/2005 ; 196 p. ; Poche
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