Premières fois de Sibylline (Scénario), Alfred (Dessin), Dominique Bertail (Dessin), Olivier Vatine (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes

Critiqué par Shelton, le 31 mai 2008 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 482ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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C'est la première fois ?

Ohhhh ! Sibylline, tu as osé écrire toutes ces histoires… Tu as pu les confier à des dessinateurs sans rougir, sans avoir peur du quand dira-t-on… As-tu vécu cela, l’as-tu seulement rêvé ? Pourra-t-on te voir, te croiser chez Delcourt sans être aussitôt envahi par ces interrogations malvenues puisque ces « premières fois » sont aussi les nôtres, réalités, rêves ou fantasmes, et que le dessin n’enlève aucune de nos illusions ou espérances… Mais, quand même, il fallait oser le faire…
De quoi s’agit-il, tout simplement de dix nouvelles portant systématiquement sur une première fois, la toute première, le sex-shop, le fantasme, le 1+1, le 2+1, la nulle, le club échangiste, la séance de soumission, la sodomie ou le X-rated… Tout y est et à chaque fois Sibylline trouve un dessinateur pour se plonger dans cette histoire qui le concerne ou pas… J’ai entendu dire qu’un «certain» dessinateur a du s’initier, au moins de loin, à des milieux qu’il ne connaissait pas…
Ce qui est étonnant dans cet album érotique – il l’est, c’est indiscutable – est le ton. En effet, il existait dans la bande dessinée de nombreuses tentatives fortement teintées de sexe, souvent violent et de mauvais goût. Cette fois-ci, on se coince, se glisse, se frotte à l’intime, à l’expérience de chacun… « C’était comment ta première fois ? » Tout est poétique et délicat, même le plus glauque comme ce jeune homme recevant sa commande – fort volumineuse par la taille – de sa poupée gonflable… La rencontre aurait pu se limiter à l’adjectif nulle… et pourtant…
Mais cet album – oui, c’en est bien un – est-il seulement une invitation au rêve… à la lecture à une main comme on disait à la fin du dix-neuvième siècle en parlant des livres coquins… ou, est-ce tout simplement la victoire de Sibylline sur elle-même ? Les dernières lignes de la postface signée par elle-même sont significatives de ce que représente cet ouvrage : « J’espère que ce livre sera lu en cachette. A un, à deux ou à plein, peut-être dans le métro ou dans un bain. Qu’il laissera des souvenirs tendres et des sensations caressantes ».
Ce qu’il me laissera c’est un agréable temps de lecture ou les dessins de Capucine, Vince et Bertail prennent le dessus sans que cela n’enlève rien aux autres…
Une fois que le livre se referme, après la première lecture, on se demande si on aura envie de le rouvrir… puis, on se laisse tenter à un second voyage, plus sélectif et on se dit que décidément la collection Mirage des éditions Delcourt ose partir à la découverte de nombreux domaines encore inexplorés de la bande dessinée… Quelle chance pour le lecteur – pour la lectrice aussi – et pour cet art narratif qui devient de plus en plus adulte… A quand l’adaptation, dans la collection « Ex Libris » du même éditeur, de Justine de Sade ???
Un ouvrage pour adultes ? Oui, de toute évidence, même si de nombreuses premières fois touchent des mineurs… Non ?

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Les éditions

  • Premières fois [Texte imprimé] [Sibylline] [dessins de Alfred, Capucine, Jérôme d'Aviau, et al.]
    de Sibylline, (Scénariste)
    Delcourt
    ISBN : 9782756012728 ; 17,50 € ; 13/03/2008 ; 95 p. ; Album
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Un album précurseur

8 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 13 janvier 2012

Plusieurs années après sa sortie, je reste admiratif de cette bande dessinée collective, qui a su relancer la bande dessinée pour adultes après des années d'obscurantisme de la part des éditeurs.

Voici une bd aussi bien destinée aux hommes qu'aux femmes (c'est évidemment du vécu) et qui par le sujet évoqué, reste d'une élégance et d'un style bien prononcé.
Évidemment lorsqu'il s'agit d'un collectif, certaines histoires ressortent par rapport à d'autres : Capucine, Virginie, Augustin, Vince, Bertail et Olivier Vatine sortent particulièrement leur épingle du jeu...

Une bd à lire à deux, et surtout à relire.

Et chapeau aux éditions Delcourt qui, après "Filles perdues" d'Alan Moore, osent s'aventurer sur de pentes encore plus ardues.

Un très bon album dans le genre de l'érotisme.

A lire de nombreuses fois!!

10 étoiles

Critique de Numanuma (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans) - 25 novembre 2008

Cette BD m’a fait de l’œil un bon moment dans les rayonnages des libraires avant que je me décide à l’aborder. La couverture rouge enrobant le dessin au trait noir du visage d’une jeune femme visiblement en train de prendre son pied m’intimidait presque. Et puis un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai foncé en caisse.
Il faut dire que je ne suis pas un aficionado des BD érotiques ; je suis plutôt du genre exclusif et hormis Manara et Serpieri, voire Magnus, point de salut. Quant-aux mangas érotiques, les hentai, pourquoi pas mais j’avoue que voir toujours les mêmes types de femmes aux seins lourds et aux couleurs de cheveux improbables ne ma va que cinq minutes.
Bref, j’ai pas mal hésité mais je ne regrette pas mon achat ! Loin d’être un simple recueil de nouvelles pour adultes, le principe de mettre en scène une série de premières fois rend l’ouvrage plus intéressant et plus malin que beaucoup d’autres. L’intérêt de la première fois n’est pas tant d’être unique, après tout, il n’y a qu’une seule deuxième fois et ainsi de suite, que d’être le rite initiatique à une pratique, l’entrée dans un nouveau monde, plus particulièrement en ce qui concerne le sexe.
C’est avec une certaine justesse que le livre s’ouvre sur LA première fois, le récit de la défloraison d’une jeune fille amoureuse par cette même jeune fille, ce qui permet de singulariser l’histoire, de la rendre personnelle et touchante. C’est une de mes préférées.
Faut-il parler d’érotisme ou de pornographie pour cette œuvre ? J’ai toujours entendu dire qu’à partir du moment où l’on voit le sexe d’un homme en érection, c’est du porno… En ce qui me concerne, je pense que la différence se situe à un niveau plus subtil. Le porno ne touche qu’aux instincts primaires, ne vise qu’à la satisfaction immédiate d’un désir impérieux. Du cul, du cul, du cul !!
Il me semble qu’à l’inverse l’érotisme s’adresse à une autre partie du cerveau, vise la partie la plus tendre et la plus rêveuse de la psyché humaine et dans ce cas, le plaisir sexuel qui en découle n’est que la partie visible de l’iceberg d’une évocation plus profonde et plus intime. J’ai tendance à penser que l’érotisme touche à l’individu parce qu’on peut s’approprier une histoire érotique alors que le porno touche tout le monde et donc personne et reste global.
Pour faire plus simple, la lecture d’un ouvrage érotique, quel qu’il soit n’est pas systématiquement accompagné d’un plaisir manuel solitaire : le plaisir est dans l’évocation plutôt que dans l’accomplissement : le plaisir peut accompagner naturellement la lecture mais ce n’est pas une fin en soi.
Il me semble donc que nous sommes bien en présence d’un ouvrage érotique dont la qualité scénaristique est mise en valeur par dix dessinateurs différents qui ont su insuffler au texte une vie et une innocence qui ne va pas de soi avec un sujet aussi délicat que le sexe. Une grande réussite !

Un art difficile

6 étoiles

Critique de Le rat des champs (, Inscrit le 12 juillet 2005, 74 ans) - 13 juin 2008

L'érotisme est un art difficile dans lequel le plus important à mon avis, est l'élégance. Tout est permis ou devrait l'être tant qu'on garde une certaine esthétique dans le scénario ou dans le dessin. La distance entre l'érotisme et la pornographie est comme chacun sait des plus floues, et chacun a ses limites. Je trouve ce recueil très hétéroclite à cet égard. Tout est sexuel et cru, mais quand le scénario suggère une certaine tendresse, même si le dessin est un peu maladroit comme celui d'Alfred dans la première histoire, ça passe très bien. Dans l'histoire du club échangiste, c'est le contraire, l'histoire est un peu plus éloignée de la morale traditionnelle, mais le dessin élégant et le trait lyrique d'Olivier Vatine, dont la dernière case est l'apogée font de cette petite tranche de vie un véritable bijou de finesse. L'histoire intitulée 2+1 (pas besoin d'explications) est une bel exemple d'un cocktail réussi entre érotisme, tendresse et élégance du trait. Il y a donc du très bon dans cet album inégal et du salace assez glauque...

Je suis donc nettement moins enthousiaste que mon ami Shelton. Faut-il acheter ce livre? A mon avis, globalement non, malgré l'une ou l'autre nouvelle qui en vaut vraiment la peine. Sybilline, la scénariste de cet album a du moins le mérite d'avoir osé. J'espère qu'elle n'en restera pas là, et qu'elle fera mieux la prochaine fois.

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  Premier désaccord avec Shelton 14 Le rat des champs 17 juin 2008 @ 15:10

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