Le facteur humain de Graham Greene

Le facteur humain de Graham Greene
(The Human Factor)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Saule, le 25 mai 2008 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 898ème position).
Visites : 6 346 

Dites moi ce que vous buvez...

Excellent, comme toujours (c'est du Greene quoi !). L'histoire se passe en pleine guerre froide, dans un obscur bureau de renseignement anglais à Londres qui traite des affaires africaines. Ce bureau est composé de Davis, un jeune célibataire coureur, amateur de porto et de belles voitures, qui est en outre amoureux de Cynthia, la secrétaire. Son responsable hiérarchique est Castle, un ancien d'Afrique du Sud, proche de le retraite . Lorsqu'une fuite est décelée en haut-lieu, les soupçons se portent naturellement sur Davis, mais beaucoup de choses ne sont pas claires là-dedans ! Une fois de plus Greene nous enchante avec cette histoire d'espionnage, hantée de fonctionnaires désabusés qui manient à la perfection l'auto-dérision, à tel point que ce serait triste si ce n'était si drôle. Un roman léger certes, mais loin d'être bête car les bons et les mauvais ne sont pas ceux qu'on pourrait croire et on retrouve la sympathie de Greene envers le communisme qu'on avait déjà vue dans son grand roman à thème "La Puissance et la Gloire".

Rayon Whisky et autre sirupeux on peut dire que Green en connait un bout, il est vrai que le verre d'alcool après la journée de travail est un un élément important de la vie des fonctionnaires anglais ! Dans ce roman on pourrait déterminer la sympathie de l'auteur pour ses personnages en fonction de ce qu'il leur fait boire : le pathétique Davis est amateur de porto. Pour Castle, c'est les doubles ou triples whisky, en fonction de ses tracas (mais attention, chaque fois la marque est spécifiée, le J & B n'est pas le Vat 69 ou le Johnny Walker), le colonel Daintry se laisse parfois aller à boire trop de pintes dans un pub, ce qui le rend loquace. Et le docteur aux méthodes de la gestapo, il est plus intéressé par le choix du vin sur la carte au restaurant que par la mort d'un de ses agents !

Enfin le petit monde de Greene est tout simplement tordant. Comme chaque fois celui-ci m'a procuré le frisson du livre auquel on pense pendant la journée et qu'on attend impatiemment de retrouver le soir. Mon tracas maintenant c'est que, même si Greene a écrit beaucoup, j'arrive petit à petit à la fin de sa production. Du coup pour ralentir je vais continuer mes lectures en anglais (mon prochain : "Our man in Havana" que j'ai en français et en anglais).

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Roman de divertissement ?

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 17 octobre 2012

Graham Greene classait, semble-t-il, ses romans entre « littérature » (la veine catholique) et « divertissement ». « Le facteur humain » rentrait apparemment dans cette catégorie ?
Il s’agit en fait plutôt d’un genre « espionnage » (Graham Greene eût une activité reconnue par lui-même dans les Services de Renseignements britanniques. Il a dirigé pendant la Seconde Guerre Mondiale l’agence de renseignements britannique à Freetown, Sierra Leone).
Ce qui décrirait le mieux le genre dans lequel rentre « Le facteur humain » serait plutôt du « pré-John Le Carré » !
Même dans ce qu’il qualifie de « divertissement », Graham Greene reste Graham Greene, avec sa profondeur de pensée, sa faculté à sonder les âmes pour mieux aider à comprendre le pourquoi d’un comportement humain donné. Ici, celui de Maurice Castle, fonctionnaire de rang moyen au MI6 (Renseignements Extérieurs).
Si Maurice Castle s’est décidé à donner du renseignement à « l’ennemi », les Russes, les communistes en l’occurrence, c’est parce que Sarah …, parce que l’Afrique du Sud …, parce qu’un homme n’est jamais que ce que son passé en a fait. Jamais innocent le passé !
Quel beau titre que ce « Facteur humain » ! Parfaitement en accord avec le type de démarche de Graham Greene. Et belle citation de Joseph Conrad en exergue, Joseph Conrad que Graham Greene donnait comme un de ses maîtres :

« Je sais seulement que nouer un lien
C’est signer sa perte.
Le germe de corruption
Entre dans l’âme. »

C’est une histoire d’amour et de fidélité avant que d’être un roman d’espionnage, un roman « Greenien », même si lui-même en disait ceci :

«J’ai essayé de décrire la vie dans les « services secrets » - il aurait pu s’agir tout aussi bien de la vie à la CIA, à Boss (le service des renseignements d’Afrique du Sud) ou au KGB, mais il se trouve que je n’ai eu aucune expérience personnelle de ces organismes, alors que j’ai passé quelques années dans les services secrets britanniques. Quiconque a menti à sa femme ou à sa maîtresse ou à son enfant pourra peut-être reconnaître cette corruption privée qui provient d’un secret que l’on ne peut pas révéler. »

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