Jeune fille de Anne Wiazemsky

Jeune fille de Anne Wiazemsky

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ambreen, le 16 mai 2008 (Inscrite le 14 mai 2008, 40 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
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On ne nait pas femme, on le devient

Agréable roman autobiographique que ce récit, par la petite-fille de François Mauriac, de sa première expérience cinématographique au cours de l'été 1965 et de la relation particulière qu'elle noue avec le cinéaste Robert Bresson.

Alors qu'elle vient de fêter ses dix-huit ans et que l'été se profile, Anne, qui rêve secrètement de cinéma, se voit attribuer le rôle féminin principal du film 'Au hasard Balthazar' de Robert Bresson, réalisateur vieillissant qui s'est entiché d'elle dès leur première rencontre. Pendant plus d'un mois, la jeune fille inexpérimentée découvre l'univers du septième art et se livre à un jeu ambigu avec le réalisateur qui s'est érigé en un Pygmalion séducteur, possessif et dominateur. D'abord entièrement sous son emprise psychologique, Anne se transforme peu à peu, passant de l'état de jeune fille à celui de jeune femme, ce qui lui confère une nouvelle assurance et lui permet de s'affirmer et de tenir tête plus fermement à un Bresson un rien désorienté par ce bouleversement du rapport de force mais fier de cette élève-modèle qui a appliqué à profit les conseils qu'il n'a cessé de lui prodiguer tout le long du tournage.

Anne Wiazemsky décrit avec émotion et justesse cette épisode de sa jeunesse qui a été décisif dans la détermination de sa vie à venir, le tournage de ce film lui faisant prendre conscience qu'elle avait désormais un avenir, elle qui doutait jusque-là de ses capacités, et relate méticuleusement les diverses initiations ayant joué un rôle dans sa métamorphose. Elle nous offre également le portrait d'une grande figure du cinéma dont elle évoque les différents visages : le réalisateur tyrannique mais génial, le séducteur acharné et le père de substitution, protecteur et affectueux.

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figuration potiche

5 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 68 ans) - 27 mai 2008

Elle est discrète, elle est légère la jeune fille désirant devenir actrice. Fille femme, genre, délicate porcelaine blanche, transparente et pourtant, si résistante au toucher. Une tonalité dans le phrasé me renvoie aux dialogues des films de Truffaut, déclamés par l’excellent Jean Pierre Leaud (en Doinel). C’est une ambiance des années « quatre cents coups », teintée d’émancipation timide, gorgée de malice vestimentaire, prémices d’une révolution de jeunes engagés dans la vie libérée.

L’approche d’un grand réalisateur tel que Bresson donne aux heureuses élues la retenue débordante d’euphoriques attitudes chuchotées, à peine le temps d’absorber son regard profond, ses colères chimériques, sa singulière approche des vivants, projetés sur grand écran.
L’auteure flirte avec le bonheur de vivre ou plutôt le « bonheur de se sentir vivre », tant l’insouciance de cette « vedette » l’ensoleille au point qu’elle se sente protégée du reste du monde et des affres de la misère des guerres ou autres drames contemporains, dès lors que monsieur Robert Bresson, d’autorité lui souffle ses répliques devant caméra, micros et projecteurs éblouissants. Faut-il venir d’une famille aisée (ici celle de François Mauriac), pour oublier les inconvénients futiles du quotidien, pour ne jamais s’inquiéter des nécessaires obligations financières dont tout jeune à cet âge, s’enlourdit la vie, qui n’a rien de Bohême ? Anna vit dans un rêve, épaulé par ses parents, sans se rendre compte de sa chance du moment.

L’écriture de Anne Wiazemsky virevolte autour de Bresson, son maître dieu, héroïque mécène de sa découverte du septième art, au moins le temps du tournage « au hasard Balthazar ».
Les acteurs portés haut devant les projecteurs (Florence Carrez dans « le procès de Jeanne d’Arc ») sont de véritables objets malléables, exécutant pantomime, articulations phonétiques de chiens savants. Ils restent à la merci des phobies d’artistes plus ou moins géniaux.

Mesdames, Messieurs, n’offrez pas ce livre à vos filles, elles risqueraient de prendre goût à l’ambiance éphémère des plateaux de tournage, de « s’y perdre ». Jeunes filles, ne lisez pas ce journal très bien romancé : vous pourriez envisager une carrière de potiche dérisoire destinée à vous identifier aux statu…ts, des intermittents du spectacle.

Petite note désagréable à l’intention de Gallimard : la présentation de l’éditeur est scandaleuse. Doit-on dévoiler un livre avant de l’avoir ouvert ?(bertrand-môgendre)

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