La valse des bâtards de Alain Ulysse Tremblay
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le bal des éraflés
L’auteur puise dans son expérience de travailleur de rue pour cette plaquette distribuée par une nouvelle maison d’édition québécoise. Tour à tour, six fugueurs récitent l’horreur de leur enfance et les conséquences de leur fuite à l’adolescence. La plupart d’entre eux se retrouvent sur les trottoirs de Montréal, coincés dans l’engrenage de la désocialisation, s’abaissant au pire pour survivre, s’injectant n’importe quoi pour oublier leur existence sans amour et sans but.
Cent pages nous confrontant à une vérité que l’on ne veut pas voir. Un texte cru, aucunement édulcoré, nous plongeant tête première dans la déchéance humaine. Toxicomanie – prostitution juvénile – vol. À travers les destins entrecroisés de ces jeunes, c’est la dénonciation de l’indifférence de l’entourage des fugueurs qui est soulignée. Un s’en sortira, mais tous les autres échoueront.
Bien qu’écrit en ‘québécois vulgaire’, un ton parfaitement juste pour le milieu dépeint, il est étonnant de lire autant d’éloquence. On peut douter qu’il en soit ainsi dans la réalité. Le but de l’exercice reste nébuleux. Le livre est silencieux sur les pistes de solution et n’arrive pas à nous interpeller en tant que citoyen. Faire le procès d’une société requiert beaucoup plus d’aplomb.
Les éditions
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La valse des bâtards [Texte imprimé], roman Alain Ulysse Tremblay
de Tremblay, Alain Ulysse
Coups de tête
ISBN : 9782923603032 ; 7,00 € ; 22/10/2009 ; 108 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Un chant pour enfants morts
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 11 mai 2013
L’auteur jette un regard compatissant sur les jeunes placés au ban de la société. Leur marginalité inspire plusieurs écrivains, lesquels considèrent leur vie, à l’instar de Patrick Brisebois, comme un « chant pour enfants morts ».
Mort de l’âme des jeunes qui ont élu comme Mecque le parc Émilie-Gamelin de Montréal, situé à la bouche de métro de l’UQÀM (université) et à deux pas du quartier gay. Qui se ressemblent, s’assemblent. Ils accourent des quatre coins de la province pour se soutenir dans leur combat qui les oppose au monde adulte. La plupart ont entre 18 et 30 ans. Soit qu’ils aient été abandonnés de leurs parents ou soit qu’ils veuillent fuir les contraintes familiales. L’irréconciliable entraîne les délaissés et les mal-aimés dans un tunnel infernal où drogue, violence et sexe composent leur menu quotidien. Ces planches de salut forment plutôt un tonneau percé. Le nouvel horizon qui s’annonce débouche plutôt sur la mort, comme l’indique la dernière page de l’œuvre.
Œuvre de mort découlant d’une réalité elle-même ostracisée. Nous laissons aux organismes charitables le soin de venir en aide à ceux qui ont vendu leur âme au diable. Souvent même, nous jetons un regard malveillant sur ces moins beaux fruits de la récolte. Au lieu de nous interroger sur nos responsabilités parentales, nous préférons plutôt accuser ceux que la vie nous a confiés.
Le roman reflète très bien l’image de ce que vivent les laissés-pour-compte. La balade de ces « bâtards » ressemble moins à une valse qu’à un chemin de croix qui mène au calvaire de l’opprobre. Et le salut ne s’annonce pas à l’horizon. Ce portrait d’une jeunesse qui se meurt fait frémir. Et en calquant l’oralité du discours des jeunes, l’auteur lance un cri de désespoir pour demander, comme Villon, que « la grâce du fils de Dieu ne soit pour eux tarie ». Bref, c’est une œuvre empathique à l’égard de tous ceux que nous n’aimons pas voir pour éviter de dire mea culpa.
coup de tête, coup de poing
Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 47 ans) - 18 octobre 2008
J’ai bêtement repoussé la lecture de ce court roman parce que la structure ne m’inspirait pas. Six personnes, la plupart des jeunes, qui viennent d’un peu n’importe où au Québec, finissent par se retrouver à errer dans Montréal, pour des raisons qui leurs sont toutes particulières, la plupart étant des problèmes familiaux. C’est un roman à six voix, des voix qui prennent tantôt une page, tantôt un seul paragraphe, pour conter leur bout d’histoire.
Inévitablement – le contraire serait bien malheureux – les chemins des protagonistes se croiseront pour créer des liens d’amitié, d’amour ou bien de haine. Mais la vie dans la rue est difficile, trouver la drogue (et de la bonne), se défendre, redouter la confiance, manger, et faire de l’argent, par tous les moyens. Quoi qu’on en pense, ça ne peut pas bien tourner, qu’on soit là par la force des choses, ou bien qu’on soit un fils de riches fugueur en quête de sensations.
La raison de ma réticence expliquée plus tôt est la langue utilisée. Un simple coup d’œil permet de constater que les récits sont écrits en langue parlée, et que c’est pas des Prix Nobel qui parlent. Chaque personnage a son propre niveau de langage, tout ça est très bien dosé, et même que ça vire dans le pas mal vulgaire. Mon problème, c’est que je doute qu’une personne qui dit des choses comme, mettons, « la grosse crisse de fucking chienne », utilise des tournures comme « donc », « J’ai dû » ou autres termes du même acabit. Mais c’est pas tant un problème que des petits moments qui sonnent bizarre, de temps à autre. Mais rien pour gâcher le plaisir, par exemple.
Un très bon roman coup de poing qui se lit en un rien de temps.
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