La ballade de Baby de Heather O'Neill
( Lullabies for little criminals)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Celle qui n’a jamais connue l’innocence
Le premier roman remarqué de cette auteur canadienne est inspiré de sa propre vie. Avec la voix d’une jeune fille de douze ans au surnom de baby, elle raconte ses mésaventures dans le quartier « red-light » de Montréal. Né d’un père drogué et d’une mère adolescente disparue, elle est trimbalée ici et là par un homme ou un autre. C’est une visite glauque et cruellement réaliste des mécanismes de support social à l’enfance. D’une famille d’accueil en passant par un centre de détention jusqu’à la rue, l’histoire de baby n’est qu’une succession d’adultes négligents ou exploiteurs.
Toxicomanie, prostitution et pauvreté font partie du quotidien de baby. Il n’est pas étonnant que cette dernière soit plus confortable parmi sa bande de gosses mal aimés. O’Neill nous offre un récit d’une lucidité à glacer le sang et évoque le regard de l’enfant avec une justesse saisissante. Il s’agit de quelque chose ressemblant aux films « Christiane F. » et « Kids » avec un angle peut-être moins désespérant de part l’habileté de l’héroïne allumée à trouver des petits moments de bonheur dans la grisaille.
Le genre de roman qui est beau et laid à la fois, pour ceux qui ont le cœur solide.
(lu en version originale)
Les éditions
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La ballade de Baby [Texte imprimé] Heather O'Neill traduit de l'anglais par Michèle Valencia
de O'Neill, Heather Valencia, Michèle (Traducteur)
10-18
ISBN : 9782264045140 ; 13,00 € ; 02/04/2008 ; 377 p. ; Poche
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Complainte d'une prostituée de 12 ans
Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 31 décembre 2013
Son activité l'amène à délaisser Baby, qui n'a d'autre choix que de se tourner vers la rue pour combler ses besoins. Il lui est difficile d'y parvenir à cause de sa tenue vestimentaire, qui fait fuir ses pairs. Vêtue comme un olibrius à cause de sa pauvreté, elle parcourt le quartier, le plus mal famé de la ville, jadis appelé le Red Light à cause des nombreux lupanars que l'on identifiait par une ampoule rouge à la porte. Ses conditions de vie attirent le travailleur social, mais aussi le prédateur qui veut se faire vivre en obligeant sa protégée à se prostituer.
Dans un premier temps, c'est la famille d'accueil qui l'attend avant de connaître l'horreur d'un centre de la DPJ (direction pour la protection de la jeunesse). De retour avec son père, c'est un proxénète qui l'attrape dans ses filets. Que fera-t-elle pour ne pas s'enliser dans ces ornières ? Heureusement, tout concourt à son sauvetage. Les dérives ont préservé par miracle son âme d'enfant. Un rien l'émerveille et la rend heureuse : un toutou, une marque d'affection. Elle a même gardé une infinie confiance envers les adultes, même les tarés comme son père qu'elle ne renie pas. D'après tout, c'est le seul qu'elle a et qui souffre autant qu'elle de leur situation. Pourtant elle aurait mille et une raisons de le haïr, mais, sous la carapace, elle sent que son salut dépend de l'amour qu'il lui porte.
Comme pour Christiane F., la drogue et la prostitution servent de béquilles aux adolescentes qui sont victimes des carences parentales. La thématique est traitée avec un réalisme à faire dresser les cheveux et exempte du sensationnalisme qu'elle peut susciter. Si le lecteur est déjà familier avec le parcours sexuel des jeunes péripatéticiennes, cette complainte (ballade) lucide et triste ne parviendra à l'intéresser qu'au cours de son dernier tiers. Le plus gros bémol vient de la traduction. Montréal n'est qu'un vain mot. Le traducteur décrit plutôt un milieu parisien où ça caille.
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