Iphigénie en haute-ville de François Blais

Iphigénie en haute-ville de François Blais

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Calepin, le 28 avril 2008 (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 43 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 956ème position).
Visites : 4 479 

Verve comico-intello

C'est l'histoire d'un jeune homme qui découvre le numéro de téléphone d'une fille dans les toilettes publiques et l'appelle tout bonnement. S'en suit le rapprochement des deux protagonistes plutôt anti-sociaux par le biais d'Internet où chacun tente d'y tirer quelque chose de manière détournée et fantaisiste.

Une belle découverte que ce roman. Cynique, rafraîchissant, intelligent, étrange... un peu tout à la fois. Décidément, la plume de Blais se démarque de l'image de la littérature québécoise a l'habitude de présenter, ou du moins, ce que j'ai pu en voir moi-même. Il s'implique également dans le roman en passant moult commentaires amusants, un brin intello, glisse quelques blagues (qui portent une certaine forme de critique sociale) appuyées sur le contexte culturel québécois (certains lecteurs qui ne s'y connaissent pas s'y perdront, par contre) et regarde vivre ses personnages avec nous.

L'histoire demeure très simple. L'intérêt vient surtout des échanges loufoques et mi-sérieux des personnages. De véritables phénomènes sociaux en soi. Bien que le roman ait très bien commencé, les histoires que s'écrivent les personnages pour s'amadouer finissent par être longues inutilement et ennuyantes. Malgré ce passage un peu à vide et un retour à des histoires plus personnelles, le roman ne récupère pas complètement son efficacité initiale.

En fin de compte, je garde le souvenir d'une lecture surprenante et très distrayante.

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L'Amour à l'ère électronique

6 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 8 décembre 2013

Ce roman original s’évertuent à débusquer l’âme sœur au moyen du courrier électronique. L’auteur fuit la banalité des échanges séducteurs entre deux tourtereaux de la vingtaine. Mine de rien, il illustre les effets d'Internet sur leurs sentiments. Derrière l’écran qui protège leur anonymat, les correspondants peuvent communiquer sans se compromettre. Comme l’alcool, cette technologie enraye les inhibitions, d’autant plus que l’on se sent moins engagés par des relations ainsi créées.

C’est ce qui advient à Iphigénie, une étudiante de l’université Laval. Une nuit, elle reçoit un appel téléphonique d’Érostrate, qui a relevé son numéro sur un mur des toilettes d’un bar. Ils se rencontrent avant qu’elle ne retourne dans sa famille à Grand’Mère pour les vacances d’été. Solitaire et fuyant la vacuité de la vie sociale, elle lui écrit un message pour combler son désœuvrement. Ayant obtenu son adresse de courrier quand le jeune homme lui rendit une brève visite à son appartement de la Haute-Ville de Québec, l’héroïne veut exploiter l’intérêt commun qu’ils portent à la littérature russe.

S’entament alors des échanges qui révèlent l’âme des deux protagonistes. Partageant une misanthropie commune, ils s’en donnent à cœur joie, dans un premier temps, pour décrier les clients de Wal-Mart (magasin à grande surface) et, surtout, les adeptes d’ésotérisme. Pourquoi ne profiteraient-ils pas de l’imbécillité de ces « tarés » en exploitant l’aisance de leur plume pour rédiger un essai sur le sujet ? Un livre rentable qui emprunterait les paramètres du genre. On ne s’adonne pas à une telle activité sans qu’à un moment donné, Cupidon fasse sentir ses effets. On s’attend à « un amour à l’eau de rose », mais c’est méconnaître les effets cathodiques des gadgets électroniques. On se découvre des affinités, mais le partage des plaisirs qui en découlent se heurte à la froideur du médium, a écrit Marshall MacLuhan dans Pour comprendre les média. Comme une pile, l’ordinateur tombe à plat rapidement après avoir survolté les atomes crochus.

François Blais présente des jeunes cultivés et conscientisés qui jettent un regard acéré sur notre monde. Son petit guide des cogitations étudiantes, écrit sur un mode humoristique, provoque finalement la lassitude à cause de son enchevêtrement, d’autant plus que la structure reposant sur des courriels accroît cette sensation. Par contre, l’écriture alerte et bien tournée réussit à imposer ce jeune auteur fringant comme un poulain au printemps dans un pré d’herbes vertes.

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