Chaleur et poussière de Ruth Prawer Jhabvala

Chaleur et poussière de Ruth Prawer Jhabvala
( Heat and dust)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Béatrice, le 26 avril 2008 (Paris, Inscrite le 7 décembre 2002, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 3 étoiles (57 473ème position).
Visites : 3 580 

L’Inde, objet de fascination

Le charme de ce texte tient en partie de ses zones de pénombre. Volontairement flou. S’il y avait eu plus de détails, plus de sentiment ou de tension dramatique, cela aurait donné une banale romance. Tel quel, c’est une métaphore sur l’Inde qui fascine et repousse. L’Inde change les êtres, parfois les rend malades ou les pousse à la transgression.

Rajasthan, les années 20 dans le milieu des colons britanniques. La jeune Olivia s’ennuie, car son mari est fort occupé par son travail dans l’administration coloniale. Elle est seule dans son bungalow, portes et fenêtres closes pour se protéger contre la chaleur et la poussière. Et puis il y a le prince indien qui aime à recevoir les Européens. Olivia tombe sous son charme. Le Nawab Sahib de Khatm jouit d’une réputation douteuse. On dit qu’il est de mèche avec les hors la loi. Impardonnable transgression d’Olivia, elle s’enfuit auprès du Nawab.

« Il est très joli d’aimer l’Inde, mais toujours avec un sentiment viril, mesuré, européen. On ne devrait jamais se permettre de se laisser amollir par un excès de sentiment, parce que, dès cet instant on se trouve en danger d’être entraîné de l’autre côté », dit Major Minnies, amoureux de l’Inde lui aussi, mais pétri de raison.

Habilement construit, le roman fait alterner deux époques. Les années 20 avec l’épisode d’Olivia. 50 ans plus tard, une jeune femme ayant retrouvé les lettres d’Olivia part sur ses traces. Elle croise des mendiants, des malades qui partent en pèlerinage, une sage-femme aux pouvoirs magiques, un européen sur son trip bouddhiste... Le Nawab est mort depuis longtemps, son palais n’a pas trouvé acheteur. Cette narratrice plus proche de nous se laisse à son tour séduite par l’univers indien aux mille facettes.

Le bouquin a eu le Booker Prize en 1975. En 83 il y a eu le film de James Ivory avec Greta Schacchi et Julie Christie d’après le scénario de R. P. Jhabvala

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Bête et méchant

1 étoiles

Critique de ALF (Ondres (40), Inscrit le 13 mars 2004, 43 ans) - 27 octobre 2009

Voilà un bouquin qui m'a sacrément énervé, et ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Cette envie d'arracher des pages et d'y mettre le feu. Depuis Invisible Man de Ralph Ellison, en fait, et pour les mêmes raisons. Comme quoi, je dois les repérer de loin.

Comment vous décrire Ruth Prawer Jhabvala en quelques mots, sans verser dans le mépris, et sans vous parler de ses relents d'incitation à la haine raciale?

Anglaise de naissance mais ayant plus ou moins renié ses origines (ça pourtant, ça me plaisait bien), Ruth Prawer Jhabvala est une avant-gardiste de l'occidental(e) moderne, qui pour une raison encore floue, culpabilise de tas de choses mais surtout d'être blanc(he), riche, et en bonne santé.

On va faire simple : tout se passe en Inde, où deux anglaises se suivent à quelques décennies d'intervalle et y racontent de façon on ne peut plus mièvre leurs amours (non non, le bouquin date de 1974, Marc Lévy n'a donc rien à voir là-dedans).

Les anglais (tous blancs, merci la mixité) dépeints au long du roman ne sont que des méchants-pas-beaux-pas-gentils qui refusent obstinément de comprendre les spécificités culturelles de l'Inde. Pire, les limites intellectuelles flagrantes de certains laissent davantage l'impression d'assister à la grande réunion annuelle de l'amicale des trépanés qu'à des diners entre Lords. Pourquoi? Aucune idée, Ruth Prawer Jhabvla n'a pas souhaité s'étendre d'un point de vue approche psychologique des personnages. Ils sont bêtes, ils sont moches, un point c'est tout. Na!

Comme vous l'avez sans doute deviné, les Indiens, eux, se révèlent rapidement truffés de qualités, ouverts d'esprit, calmes, accueillants, etc... Ben ouais, forcément! T'oses prétendre le contraire? T'es qu'un sale raciste!

Bref. Rajoutez à toutes ces conneries une trame amoureuse digne des grands moments de la collection Harlequin, et vous obtiendrez Heat And Dust, un étron liquide et puant, à des années lumière du fabuleux (et pas manichéen pour un sou) A Passage To India et E.M. Forster.

Ah, si. J'oubliais. La dame se veut lettrée et intelligente. C'est pourquoi elle a rajouté du vent et de la poussière partout. Les deux anglaises (les gentilles) laissent leurs volets ouverts et la poussière rentrer chez elles. Les autres rosbeefs (zut, me voilà raciste à mon tour!) ferment toute aération, et se battent à longueur de journées pour dépoussiérer leurs demeures. Mais... mais... attendez... Mais c'est bien sûr! Est-ce que par hasard cette poussière ne symboliserait pas la culture indienne? Hein? HEIN??? (accent du sud) : Mong Dieu que je suis maling!

Vous l'avez compris : Heat And Dust est un roman idiot, mais qui prouve que lorsque l'on est dénué de tout talent, il suffit de se rattacher à un courant de pensée en vogue pour recevoir les récompenses les plus prestigieuses. Parce qu'en fait, et c'est ce qui me semble le plus invraisemblable dans cette histoire, ce torchon raciste et niais s'est vu attribuer le Booker Prize en 1975.

Rien de surprenant à cela vous me direz, hein? Tenez, prenons les reportages de Yann Anus-Bertrand, vous savez, ce type qui fait 1000 kilomètres en hélicoptère pour vous répéter que vous êtes un pourri, un salaud, une ordure, et que c'est à cause de blancs comme vous que le monde s'effondre.

C'est ça l'effet de mode. Si un occidental osait vomir sur ceux dont la couleur de peau diffère de la sienne, tout le monde crierait au scandale. A raison, d'ailleurs, et plus encore. En revanche, depuis quelques années déjà, cracher sur tout ce qui émane du monde occidental est assimilé à un signe d'intelligence, de grandeur, d'ouverture d'esprit. Pour moi, étrangement, il s'agit pourtant du même raisonnement pervers, de la même soupe infâme. M'enfin, j'ai dû manquer un épisode. Probablement.

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