Mauvaise pente de Keith Ridgway
( The long falling)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Péchés et pénitences
La pauvre Grace Quinn n’est jamais à sa place. Elle est anglaise, mais aboutit dans une contrée perdue d’Irlande, mariée à un homme abusif qu’elle n’aime pas vraiment. Lorsque ce dernier tue une jeune femme alors qu’il conduit sa voiture en état d’ébriété, tout le village évite Grace. Cette condamnation tacite amplifie un isolement déjà affadissant, de part les remords qui la ronge suite à la mort accidentelle de son deuxième enfant à l’âge de trois ans. Afin de donner un sens à sa vie et stopper cette impression de chute, elle happe mortellement son mari avec sa voiture, au même endroit où il avait fait une victime. Puis Grace s’enfuit, mais elle n’est pas à sa place non plus dans l’appartement de son fils homosexuel à Dublin.
Vous avez compris qu’il s’agit d’un drame domestique aux proportions épiques. Un drame encore plus triste et poignant en raison de la grisaille irlandaise présente dans chaque paysage ou dans le cœur des personnages plus ou moins malheureux. Ridgway démontre un talent certain pour le romanesque. Il évoque admirablement les émotions de ces figures modernes hantées par des questions morales millénaires, notamment celle de la valeur d’un être humain.
Par contre, il est dommage qu’il ait choisi d’étaler les grandes lignes de son histoire dans un premier acte. Le reste n’est donc qu’une étude des réactions des différents personnages qui vont croiser le chemin de Grace et conséquemment n’offre pas de nouvelle surprise. Ceux qui sont friands d’interrelations complexes seront comblés par ce roman d’ambiance réussi et comportant des moments très forts.
(Prix Fémina étranger, Prix du Premier roman étranger)
Les éditions
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Mauvaise pente [Texte imprimé], roman Keith Ridgway trad. de l'anglais, Irlande, par Philippe Gerval
de Ridgway, Keith Gerval, Philippe (Traducteur)
Phébus / D'aujourd'hui. Étranger (Paris).
ISBN : 9782859407544 ; 1,50 € ; 31/08/2001 ; 336 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (3)
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Ultra moderne solitude
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 2 septembre 2012
Grace, comme en exil en Irlande, ayant coupé les ponts avec sa famille anglaise pour suivre Michael Quinn, « elle avait toujours été l’étrangère, l’Anglaise, une Anglaise assez cinglée pour être venue s’installer ici ». Grace qui a vu disparaître son jeune fils Sean à cause d’une minute d’inattention, dont la vie conjugale a été brisée, devenue victime des coups par lesquels son époux alcoolique voulait lui faire expier ce qu’il considérait comme un crime, seule sans protection ni possibilité de confidence après la fuite de Martin à Dublin, seule face à l’unique solution pour échapper à son calvaire et seule enfin à Dublin face à Martin, un Martin devenu un étranger, plus affecté par l’absence de son ami Henry que par le sort de sa mère. Grace, murée dans son silence, « elle sentait que toutes ces choses, ces séparations, étaient survenues parce qu’elle avait laissé ce silence gris s’installer sur elle, qu’elle avait tout fait pour le retenir, parce qu’elle le respirait, qu’elle l’avait accueilli en elle et ne connaissait rien d’autre » Grace, qui « s’était retirée du monde », enfermée dans le secret qui la hante «je voulais le cracher, je l’ai avalé »
Les seuls personnages aux yeux desquels elle existe et avec lesquels elle prend plaisir à échanger sont Sean, le journaliste roublard et inquiétant(mais son intérêt est dicté par l’envie de tirer un scoop de leurs conversations), Brady l’ enquêteur « les sentiments qu’il éprouvait pour Grace étaient ceux d’un père, d’un frère ou d’un frère aimant » (mais c’est un policier qui doit passer outre ses sentiments personnels), Philip, l’ami de Martin (mais on ne sait quels motifs poussent cet homme jeune à s’interesser à elle, une femme si différente), et Ida, sa logeuse ( mais on se demande aussi si la sollicitude qu’elle lui témoigne ne prend pas sa source dans la chance que Grace, seule pensionnaire féminine parmi de nombreux hommes, lui offre de satisfaire son habitude du bavardage ). Ce sont ces deux derniers personnages qui l’entoureront lors de la dernière scène, s’inquiéteront de son état, lui donneront le bras pour défiler alors que son fils Martin sera en dehors du cortège des manifestants, la repérant de loin, puis détournant son regard et s’éloignant en silence.
Un roman d’une portée universelle sur la chute progressive de l’individu dans la solitude par l’effacement du regard des autres, par la perte des liens familiaux mais qui s’inscrit dans une société contemporaine où l’homosexualité commence à trouver sa place dans la vie urbaine, dans l’actualité irlandaise secouée en 1992 par l’affaire de l’adolescente X***, violée et enceinte et par l’interdiction qui lui avait été faite de quitter le sol irlandais pour aller se faire avorter en Angleterre .
Se rejoignent dans le dénouement le destin de 3 femmes victimes de la « machine à broyer » : Grace, arrêtée par la police, et la jeune fille morte dans l’accident de voiture causé par son mari , dont le visage se superpose dans l’esprit de Grace à celui de X***, broyée par un système de lois archaïque .
Un roman sans effets pathétiques d’où le bonheur est absent, d’une noirceur lancinante, sur un monde où les êtres semblent s’effacer dans la grisaille.
Dead end
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 20 novembre 2010
Pas de temps mort, pas de quoi reprendre son souffle.
Hypocrisie, abandon, revirements, liens déchirés, dissolutions familiales, questionnements existentiels erratiques et finalement peu probants.
On ne sent l'élévation nulle part.
J'ai apprécié le retour dans les rues de Dublin, dans ce que cette ville a de contrasté.
Mais il manquait un petit quelque chose pour que j'y croie vraiment. Personnages fuyants, dans une démarche introspective (et encore) mais dont il ressort peu...
Quelques sursauts de dignité chez l'héroïne, qui ne sait pas toujours se positionner entre bourreau et victime. Mais n'est-ce pas notre cas à tous?
En pente douce
Critique de Bizart (, Inscrit le 8 avril 2009, 44 ans) - 16 août 2009
En revanche la seconde partie du livre qui se déroule en ville est bien moins intéressante car Grace que l'on suit depuis le début se perd en pensées et en élucubrations . Du coup le lecteur se perd aussi dans une fin de livre brouillon et redondante ...
Dommage
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