Les Justes de Albert Camus
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Actuel
La fois passée, dans le train, en parlant à un juif de la situation actuelle suite aux attentats et voyant que la discussion ne menait en définitive nulle part, je lui ai conseillé de lire "les justes" de Camus pour aider à la réflexion.
Je vous propose la même chose. Je pense que la lecture de ce livre ( cette pièce de théâtre ) est essentielle dans le contexte mondial actuel. C'est de la haute philosophie qui nous pose la question du sacrifice. Qui sacrifier, que sacrifier, et au nom de quoi, au nom de qui?? Ce livre ne nous apporte bien entendu pas de réponse mais il nous permet de réfléchir. Et je crois que c'est le mieux que peut nous apporter un livre. Alors faites comme mon copain juif, lisez le et vous verrez comme une certaine lumière ( avec sa part d'ombre, évidemment ) sera apportée aux nombreuses questions que suscitent les conflits actuels...
Les éditions
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Les Justes [Texte imprimé], pièce en cinq actes Albert Camus [Paris, Théâtre Hébertot, 15 déc. 1949]
de Camus, Albert
Gallimard / Folio
ISBN : 9782070364770 ; EUR 5,40 ; 08/11/1973 ; 160 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (12)
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Les Justes, 1949
Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 20 août 2014
Est-ce que les idées valent qu'on tue pour elles ? Kaliayev a voulu préserver la vie des enfants ; c'est noble. Mais si les idées révolutionnaires sont un mauvais prétexte à la mort des enfants, en sont-elle un bon à celle des adultes ? Au fond, Kalieyev ne sait pas, et ses amis non plus. Ils ne savent qu'une chose : c'est pour un avenir meilleur où l'innocence aura sa place qu'ils se font coupables. Mais l'avenir est si incertain...
Camus soulève les vieux dilemmes des séditions antimonarchiques ; il présente cet instant fatal où l'homme sans Dieu doit se faire son propre jugement, doit prononcer un verdict sur lui-même. Si Kaliayev est un héros, est-il innocent pour autant ? S'il est innocent, sa vie n'a-t-elle pas du prix ?
La vie, la mort, l'héroïsme, l'innocence, la fierté, la grandeur d'âme, la certitude : les Justes ne peuvent pas tout avoir. Il faut faire des choix. La finesse des dialogues et la qualité littéraire du texte laisse admiratif : avec cette pièce, Camus s'élève déjà quasiment au rang d'Anouilh. J'ai d'ailleurs trouvé des similitudes de style chez ces deux auteurs.
Un texte extraordinaire
Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 27 novembre 2010
Poignant
Critique de John (, Inscrit le 2 novembre 2010, 34 ans) - 2 novembre 2010
Très agréable à lire , bien ancré dans son époque avec un amour impossible qui ne domine pas tout le récit pour ne pas tout centrer autour de lui , cette pièce est excellente .
Passionné d'histoire dont de la Russie , ce livre est ainsi d'autant plus intéressant à lire pour mieux comprendre la pensée du peuple russe du début XXe . Bonne lecture
Une cause juste justifie-t-elle la mort d’innocents ?
Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 6 avril 2010
Aprés "les mains sales", "les justes"
Critique de Adrien34 (, Inscrit le 18 janvier 2009, 34 ans) - 3 février 2010
Camus croyait profondément à la Justice, et cela se ressent dans cette pièce de théâtre. Les attentats au hasard, tuant trop de gens pour un idéal n'ont pas lieu d'être, surtout quand cet idéal prône la paix et "l'amour".
la fin ne justifie pas les moyens
Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 22 janvier 2010
A partir de ces faits réels, Camus a bâti une fiction, imaginant ce qui avait pu se passer entre les différents protagonistes de cet attentat manqué, cloîtrés dans un appartement qui est leur quartier général autant que leur refuge. Ces hommes et cette femme, unis par une cause qui leur semble juste et qui les dévore, ont toutefois un peu de mal à s’entendre sur la limite à ne pas franchir pour atteindre l’objectif qu’ils se sont fixés. La plupart – et sans doute est-ce là la voix de Camus – pensent que la fin ne justifie pas les moyens. Les innocents ne peuvent payer pour des actes dont ils ne sont en rien responsables.
Un couple émerge de ce quintette, Dora et Kaliayev. Magnifiques et flamboyants, ces deux héros au destin tragique, à l’amour impossible, illuminent cette pièce bouleversante, et on imagine sans peine que leur incarnation physique sur la scène du théâtre Hébertot (la pièce fut créée en 1949) par Maria Casarès et Serge Reggiani, a dû être un grand moment de théâtre. On sait que Maria Casarès et Albert Camus s’aimaient… et quelle plus belle preuve de cet amour l’auteur pouvait-il offrir à la comédienne que ce personnage féminin exceptionnel !
Je ne sais s’il existe un dictionnaire des citations de Camus, ce qui pourrait être le cas tant il a écrit de phrases belles et marquantes, souvent citées ces temps derniers qui l’ont vu revenir sous les feux de l’actualité. Voici celles que j’ai retenues dans ce texte :
«C'est facile, c'est tellement plus facile de mourir de ses contradictions que de les vivre.»
«Mourir pour l'idée, c'est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée.»
«Tout le monde ment. Bien mentir voilà ce qu'il faut.»
«La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre.»
Excellente pièce !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 7 février 2009
Un exemple de plus que ce serait une erreur que de se détourner des "classiques" et cela va jusqu'à Homère, Sophocle, Euripide, Eschyle et bien d'autres...
Grandiose
Critique de AIP83 (, Inscrit le 2 février 2009, 30 ans) - 2 février 2009
J'ai beaucoup aimé!
Un livre qui parle de liberté, de terrorisme, de despotisme, de conscience! Ces mots sont toujours d'actualité!
En 1949, Camus écrit cette pièce pour lancer un débat!
Il est toujours important de savoir les racines du livre et pourquoi il a été écrit!
Un mot qui caractérise ce livre: Grandiose
Les mains propres
Critique de Bételgeuse (, Inscrite le 7 décembre 2007, 45 ans) - 10 décembre 2007
Très fort et utile à la réflexion
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 13 janvier 2006
Les Mains sales ressemblent pas mal à cette pièce. Qui a influencé l'autre ?
« Je n’aime pas la vie, mais la justice qui est au-dessus de la vie »
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 19 juin 2004
Camus présente à peu près tous les cas de figure : l’irréductibilité jusqu’au-boutiste, l’abnégation d’une vie amoureuse pour la cause et même le compromis avec sa conscience. L’un de ceux qui n’ont pu jeter la bombe décide de se retirer de la ligne d’action ultime, tout en restant dans le mouvement révolutionnaire, et de travailler à la propagande, dans les comités. Il sait pourtant que son action permettra les meurtres qu’il ne peut, lui, perpétrer, il se sent lâche mais il s’agit pour lui de la seule issue. Un autre exemple, plus révoltant encore. Une bombe finit bien par être lancée. Arrêté, Yanek Kaliayev discute avec un co-détenu. Lorsqu’une pendaison doit avoir lieu, le bourreau, c’est lui. Il a accepté ce rôle car pour chaque exécution effectuée, on diminue sa peine d’un an. Et puis, « oh, ce ne sont pas des crimes, puisque c’est commandé ». (cf. Stanley Milgram)
Une des figures marquantes de la pièce est Dora, la seule femme. C’est elle qui fabrique les bombes et c’est elle aussi qui, depuis le début, oblige à réfléchir au sens de ces meurtres, de leur combat, à la fragilité, l’ambiguïté de l’idée de justice.
Ce livre est particulièrement éclairant sur tout ce qui peut traverser l’esprit d’un révolutionnaire. « Mourir pour l’idée, c’est la seule façon d’être à la hauteur de l’idée. C’est la justification » Voilà le thème de la pièce. Camus en parle superbement ; j’ai relevé un nombre impressionnant de passages dont voici un échantillonnage :
« Si je me suis trouvé à la hauteur de la protestation humaine contre la violence, que ma mort couronne mon œuvre par la pureté de l’idée. »
« Tout cela nous vieillit si vite. Plus jamais, nous ne serons des enfants, Boria. Au premier meurtre, l’enfance s’enfuit. Je lance la bombe et en une seconde, vois-tu, toute une vite s’écoule. Oui, nous pouvons mourir désormais. Nous avons fait le tour de l’homme. »
« Donne-moi seulement la bombe à lancer et tu verras. J’avancerai au milieu de la fournaise et mon pas sera pourtant égal. C’est facile, c’est tellement plus facile de mourir de se contradictions que de les vivre. »
le terrorisme en question.(2)
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 14 septembre 2003
De jeunes socialistes révolutionnaires préparent dans la Russie tsariste un attentat contre le grand-duc Serge. C'est l'occasion de débattre du terrorisme et de la mort des innocents, de s'interroger sur la justice et la légitimité des moyens employés au service d'une Idée. Seul Stepan, qui a connu la prison et le fouet, refuse tout état d'âme. C'est l'irréductible de la révolution. Dans cette pièce l'Ideal semble acquis pour tous. Place à l'action ! "C'est facile d'avoir des réunions, de discuter la situation et de transmettre l'ordre d'exécution. On risque sa vie, bien sûr, mais à tâtons, sans rien voir. Tandis que se tenir debout, quand le soir tombe sur la ville, au milieu de la foule de ceux qui pressent le pas pour trouver la soupe brûlante, des enfants, la chaleur d'une femme, se tenir debout et muet, avec le poids de la bombe au bout du bras, et savoir que dans trois minutes, dans deux minutes, dans quelques secondes, on s'élancera [...] voilà la terreur." . Mais on envisage les conséquences du terrorisme. (Dora) : [...]j'ai peur.D'autres viendront peut-être qui s'autoriseront de nous pour tuer et qui ne paieront pas de leur vie."
Les acteurs de ce drame s'interrogent sur le choix du bonheur ou du sacrifice, particulièrement Kaliayev et Dora, qui choisissent la fraternité du combat plutôt que le bonheur amoureux. Ont-ils tort ?
Une citation de Romeo et Juliette figure en exergue: "O love! O life! not life but love in death". Dans "Noces" Camus écrivait :"Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Etreindre un corps de femme, c'est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer", et il prenait à témoin Romeo et Juliette : "Rien n'invite ici à chérir des amants malheureux. Rien n'est plus vain que de mourir pour un amour. C'est vivre qu'il faudrait. Et [un amant] vivant vaut mieux que Romeo dans la terre et malgré son rosier."
Peut-on, comme le voulaient Dora et Kaliayev, se mettre par un attentat au service de la justice, et de l'amour de l'humanité ?
Le terrorisme de cette pièce n'est pas celui que nous connaissons actuellement, mais Camus montre ici, réponse explicite, le triomphe de Stepan, aspiré par la spirale de la violence, et devenu le serviteur de la haine.
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