Une chic fille de Collectif Inculte

Une chic fille de Collectif Inculte

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Numanuma, le 5 mars 2008 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 50 ans)
La note : 6 étoiles
Visites : 3 214 

Triste et drôle

Il existe des bouquins improbables et celui-ci en fait partie. Comment imaginer sérieusement d’écrire un roman sur Anna-Nicole Smith, feu blonde à (très) forte poitrine décédée de trop de tout, de trop de vide dans sa vie ?
C’est bien ce qu’a fait le Collectif Inculte, aréopage de jeunes écrivains bien en verbe et forts en mots. Car il en faut du talent pour réussir à tenir 156 pages sur du vide.
Pour ce que j’en sais, et pour ce que le public pas branché Voici-Gala-Paris Match en sait, Anna-Nicole est une ancienne playmate aux formes généreuses qui a fait revivre à l’Amérique en manque d’idole le mythe de Marylin, la liaison avec le Président en moins. Pour le reste, tout y est : le sexe, le scandale, la drogue, un mariage plein de fric…
L’idée du bouquin est de nous faire voir Anna-Nicole selon les points de vue de divers témoins de sa vie, du plus proche au plus anecdotique. J’imagine assez bien les séances de travail du Collectif Inculte, genre « moi je prend les deux flics débiles qui découvrent son corps, toi, le chirurgien sans scrupule… »
Ce qui est fort dans tout ça, c’est de me faire voir à moi, qui me contrefout de la vie de cette pauvre jeune femme – en plus, elle ne m’a jamais provoqué de grands émois sexuels, je préfère les brunes – une personnalité à la dérive, une femme mal partie dès la naissance mais qui est arrivé à la gloire qu’elle voulait tant obtenir. Gloire qui n’est en fait qu’un grand vide, une illusion désespérante et mortelle.
Le titre nous dit en creux le genre de personne qu’elle a pu être : une naïve pas assez futée pour comprendre qu’elle resterait toujours incompréhensible pour le reste de l’humanité. Il n’y a pas à se bercer d’illusion : son mariage avec un octogénaire richissime ne risquait pas de passer pour un mariage d’amour même si, peut-être, elle l’aimait.
Quant-à la couverture, elle nous donne l’image d’une Anna-Nicole sous pochette plastique, comme une revue pour adulte. Car c’est la playmate que les hommes verront toujours en elle et les fantasmes qui vont avec. Les femmes la verront, pour les plus empathiques, comme un modèle de réussite, pied de nez à la phallocratie.
C’est probablement trop et c’est peut-être ce qui l’a le plus détruite, cette impossible compréhension.
Le roman n’est pas triste car de nombreux passages sont furieusement jouissifs et vachards. Et puis, il y a ce truc de potaches qui me fera toujours rire : la traduction littérale anglais-français. Pour être plus clair, le texte est souvent orné de tournures anglo-saxonnes typiques, du genre que même le plus nul de la classe va comprendre. C’est ainsi que l’on peut lire « It’s my bloody money, I don’t give a shit » joyeusement traduit par « Il s’agit de mon argent saignant, je ne donne aucune matière fécale » !!!!
Va trouver une conclusion après ça…

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